Chapitre 2 Chapitre 2

Chapitre 2

Le téléphone vibre sur la table. Ella lève les yeux, hésite un instant, puis saisit l'appareil. Un message. Un seul. Il est court, direct. Elle lit :

« On se voit bientôt ? Lorenzo. »

Elle sourit, un sourire sans joie, un peu amer. Il l'a bien eue, il le sait. Et maintenant il veut plus. Il a joué à son jeu, il l'a piégée, et maintenant il lance l'invitation. Elle le sent, ce piège. Et elle hésite. Pourquoi ? Elle n'a rien à prouver à ce type. Rien. Elle a déjà donné. Elle s'est protégée. Elle s'est promis de ne plus jamais se laisser manipuler, d'ignorer les hommes comme lui, ceux qui ont tout, ceux qui n'ont jamais besoin de rien.

Elle respire profondément. Le message est là, sur l'écran. Son regard court dessus encore et encore. « On se voit bientôt ? » Une phrase simple, mais qui fait tourner son esprit. Elle sait que ce n'est qu'un début. Un début d'une histoire qu'elle ne veut pas commencer, mais dont elle sait qu'elle ne pourra pas fuir.

Elle se lève brusquement, les doigts serrant le téléphone, puis le laisse retomber sur la table. Pourquoi elle ? Pourquoi maintenant ?

Elle attend. Quelques minutes. Puis, la tentation la rattrape. Elle prend le téléphone. Ses doigts flottent au-dessus du clavier. Elle le relâche une seconde, puis tape. « On verra. » Elle relit, appuie sur envoyer. Trop facile. Trop rapide.

Elle attend la réponse.

Les secondes semblent s'étirer. Puis il répond, presque immédiatement. « Ce soir, à 20h. Un endroit calme. Je déteste les foules. »

Elle se mord la lèvre. Elle aurait dû lui dire non. Dire non, partir loin de lui. Mais elle sait au fond qu'elle va y aller. Parce qu'il a ce pouvoir sur elle. Il l'a dit, il l'a suggéré, et elle, elle va céder. Elle n'a pas le choix.

Elle est en retard. Elle sait que ça ne l'arrêtera pas. Lui, il est toujours là avant, toujours le premier à arriver. Elle déteste ça. Elle s'arrête devant la porte, souffle un coup, puis entre. Il est là, comme prévu, avec son regard perçant. Il la voit, et lève un sourcil, presque amusé.

Elle s'approche, une impression d'être dans une cage. Il se lève lentement, comme si ce n'était pas une surprise.

- Tu es en retard.

Elle déteste cette remarque. Il pourrait au moins feindre de ne pas avoir remarqué. Mais il est là, impassible, et elle se sent obligée de répondre.

- Tu sais bien que je n'aime pas être pressée.

Un sourire s'étire sur ses lèvres. Aucun mot. Juste ce regard, froid et chaud à la fois. Ce regard qui traverse la peau, qui te fait sentir vulnérable sans un mot, sans un geste.

Elle prend place en face de lui, presque sur la défensive. Il la regarde, sans parler. La tension monte, plus palpable que jamais. Elle est coincée, piégée dans ce cercle de désir et d'incertitude. Et elle le sait. Elle va craquer.

- Tu veux savoir pourquoi je t'ai invitée ?

Elle le fixe. Bien sûr qu'il va poser la question. Mais elle n'a pas de réponse.

- Non.

- Pourtant, tu en as envie.

Le ton est affirmé, presque accusateur. Elle sent la chaleur lui monter aux joues. Elle veut répondre, mais rien ne sort. Pas un mot. Elle veut lui dire qu'il est fou, qu'il ne la connaît pas, qu'il ne comprend rien, mais elle reste là, silencieuse.

Il continue.

- Tu vois, ce que tu ressens maintenant, ce malaise, cette envie de fuir, je l'ai déjà ressenti. Et je sais que tu ne pourras pas partir.

Elle le défie du regard.

- Tu parles beaucoup pour rien.

Il se penche légèrement en avant, réduit la distance entre eux.

- Vraiment ? Je t'ai piquée, hein ?

Elle se redresse brusquement, se sent attaquée, mais il la devance.

- Tu me détestes, mais tu veux plus.

Ses mots sont comme des griffes qui viennent déchirer ses barrières. Elle sent son cœur accélérer, son esprit s'embrouiller. Elle a envie de fuir, de partir, mais elle reste. Elle est là, dans ce piège, et elle n'arrive plus à trouver la sortie.

Il sourit, comme s'il savait exactement ce qu'elle pense.

- Tu veux jouer à ça ? Parce que tu sais bien que si tu restes, il n'y a pas de retour en arrière.

Elle se sent exposée, comme une proie à laquelle il ne manque plus qu'un mouvement. Un pas de trop, et elle tomberait. Mais elle reste là, les yeux dans les yeux, incapable de bouger.

Lorenzo prend son verre, le porte à ses lèvres avec une lenteur calculée. Puis il repose son regard sur elle.

- Tu m'intéresses, Ella. Et je sais que tu ne résisteras pas.

Le défi est lancé. Le jeu est en marche.

Elle ne répond pas. Elle n'en a pas besoin. Elle le sait aussi bien que lui : tout ça ne fait que commencer.

            
            

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