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Cette fois, je n'hésitai pas.J'avais l'impression d'avoir perdu le sens du temps depuis que j'étais entrée dans ce monde dévasté, gouverné par Adrian et ses règles impitoyables. Mais ce matin-là, tout semblait étrangement calme. Il n'y avait pas d'explosions, pas de cris, juste un silence lourd et oppressant. J'étais dans le salon de la villa, assise sur un canapé en cuir blanc, les yeux rivés sur l'horloge. Adrian m'avait dit qu'il serait occupé, qu'il devait rencontrer des associés. Je ne savais pas s'il mentait ou si c'était la vérité. De toute façon, cela ne m'avait pas beaucoup importée.
Je me levai lentement, l'ennui pesant sur mes épaules comme une couverture trop chaude. Je n'avais pas de véritable place ici. Je n'étais qu'une pièce dans ce puzzle qu'il avait créé autour de moi. Je n'avais aucune chance de m'échapper, aucune chance de revenir à ma vie d'avant. Il avait tout pris.
J'étais en train de regarder par la fenêtre, cherchant à fuir mes pensées, quand un bruit de pas se fit entendre derrière moi. C'était étrange, presque trop silencieux pour être un simple domestique, ou même l'un des hommes de main. Je me retournai, et mon cœur rata un battement en voyant Adrian entrer dans la pièce, accompagné d'une autre femme.
Elle était grande, élégante, habillée d'une robe noire qui semblait plus fine qu'une feuille de papier. Ses cheveux bruns tombant en cascade sur ses épaules étaient impeccables, et ses yeux, d'un vert perçant, brillaient d'une certaine malice. Elle se dirigea directement vers Adrian, sans même me jeter un regard. Mais lui, il m'avait vue.
Je sentis ma gorge se nouer.
Il la prit dans ses bras, un geste si naturel, si familier, qu'il me coucha comme une brume glacée. Elle se serra contre lui, son visage se posant contre son torse. Il répondit à son étreinte en lui caressant les cheveux, sans aucune réserve, comme s'il l'avait fait mille fois auparavant.
Mon souffle se coupa. Je ne pouvais pas détacher mes yeux d'eux. Pourquoi est-ce que je ressentais ce pincement au fond de mon ventre ? Pourquoi est-ce que chaque geste qu'ils échangeaient me brûlait de l'intérieur ?
Elle leva les yeux vers lui, et leurs regards se croisèrent dans une intimité évidente. Quelque chose dans ses yeux, dans son sourire, me fit mal. Un rictus amical et presque possessif. J'avais la sensation de ne pas être la seule à le regarder. Elle semblait... sûre d'elle, si naturelle avec lui, bien plus que je ne le serais jamais.
Je voulais partir. Je voulais m'éclipser de cette scène, fuir ce moment où je me rendais compte à quel point j'étais insignifiante à ses yeux. Mais je n'avais pas la force. J'étais clouée sur place, tremblant légèrement, comme une poupée de chiffon.
Je détournais le regard, essayant de calmer les battements frénétiques de mon cœur, mais c'était déjà trop tard. Il l'avait remarqué.
- **Tu ne peux pas t'empêcher de regarder, n'est-ce pas ?**
Sa voix me fit sursauter. Je le vis s'approcher lentement, son regard durci par une étrange amusement. Il se tenait à quelques pas de moi maintenant, ses bras croisés sur sa poitrine, un sourire en coin.
- **Tu veux savoir qui elle est ?** Il attendit une réponse, mais je ne pus rien dire. Mon corps tout entier semblait figé. Il s'approcha encore, jusqu'à ce que ses yeux soient juste au niveau des miens. **C'est Gina. Elle travaille avec moi.**
Je fis un effort pour lever les yeux vers lui. Son ton était tout à fait normal, presque décontracté. Mais quelque chose dans sa posture, dans l'intensité de son regard, me fit comprendre qu'il savait ce qui se passait dans ma tête.
- **Tu penses que tu es la seule ?** Il murmura presque, un souffle chaud sur ma peau.
Un frisson me parcourut. Je n'étais pas prête pour cette conversation. Ni pour la jalousie qui me consumait sans raison.
- **Je ne pense rien.** Ma voix était faible, incertaine. Je m'efforçai de reprendre contenance, de ne pas lui laisser voir ma vulnérabilité.
- **Tu mens, Elena.**
Il s'approcha encore, comme un prédateur qui perçoit la moindre faiblesse de sa proie. Ses yeux étaient fixés sur moi, perçant et intransigeants. **Tu te sens exclue, n'est-ce pas ?**
Je n'avais pas le courage de lui répondre. Comment pouvais-je ?
- **Regarde-moi.** Il attrapa mon menton avec une douceur glaciale, forçant mes yeux à se poser sur les siens. **Tu sais pourquoi tu te sens comme ça ? Parce que, malgré tout ce que tu dis, tu n'es pas aussi distante que tu voudrais le croire.**
Un silence lourd s'installa entre nous. Mon cœur battait à tout rompre, résonnant dans mes oreilles. Je pouvais sentir la chaleur de sa main qui était encore sur mon visage, et la colère, la frustration, la confusion s'entrechoquaient en moi.
Il s'éloigna enfin, comme s'il savait que le seul fait de rester près de moi serait trop perturbant.
- **Ne te laisse pas envahir par ce genre de sentiment, Elena.** Sa voix avait perdu son amusement, devenant froide, presque tranchante. **Ça ne te va pas.**
Je déglutis, essayant de calmer mon esprit tourmenté. Mais à l'intérieur, c'était un chaos. Il avait raison, bien sûr. Je ne devais pas ressentir ça. Mais c'était plus facile à dire qu'à faire.
- **Et si c'était plus fort que moi ?** murmurais-je, sans m'en rendre compte.
Adrian se tourna lentement vers moi, une lueur presque imperceptible d'intérêt dans les yeux.
- **Tu penses vraiment que tu peux me comprendre ?** Il s'avança d'un pas, me prenant au piège de son regard, comme une araignée tissant sa toile. **Tu crois que tout cela ne me touche pas ?**
Je n'eus pas de réponse. J'étais prisonnière, coincée entre la peur et une attirance que je n'arrivais pas à comprendre, une force magnétique qui m'attirait malgré moi. Je ne pouvais pas le nier, même si je le voulais. Une partie de moi était, en effet, attirée par lui. Mais à quel prix ?
Il soupira, comme s'il devinait mes pensées, avant de se tourner brusquement vers la porte.
- **Tu veux tout savoir, Elena ?** Il se figea, me jetant un dernier regard. **Tu m'appartiens maintenant. Et tout ce que tu ressens pour moi... c'est la conséquence de ta place dans ce monde.**
Je le fixai, totalement perdue. Mais au fond, je savais une chose : ce lien entre nous ne serait jamais aussi simple que je l'avais imaginé.Je n'avais jamais eu l'impression d'être aussi acculée de ma vie. La colère bouillonnait en moi, prête à exploser, tout comme les pensées qui se bousculaient dans ma tête. Adrian était là, devant moi, son regard froid me transperçant comme une lame. Chaque mot qu'il prononçait, chaque geste qu'il faisait, m'enfonçait un peu plus dans ce tourbillon d'émotions contradictoires que je n'arrivais plus à contrôler.
- **Tu te crois libre, n'est-ce pas ?** Il haussait les épaules, son ton presque amusé. **Mais tu n'es rien d'autre qu'une marionnette.**
Je serrai les poings, la rage me montant à la tête. Je n'étais pas une marionnette. Je n'étais pas une simple victime dans son jeu. Je n'avais pas choisi de me retrouver ici, dans cet enchevêtrement de mensonges et de manipulations. Mais plus j'essayais de lutter, plus il semblait me resserrer ses chaînes invisibles autour de moi.
- **Tu n'as aucune idée de ce dont tu parles !** Ma voix tremblait, mais pas à cause de la peur. C'était la colère qui me faisait vibrer de l'intérieur. **Tu crois pouvoir tout contrôler ? Tu crois que tu peux me faire plier comme ça, juste parce que tu me regardes avec tes yeux glacés ?**
Je sentais mes mots, mes cris, glisser sur lui comme de l'eau sur du verre. Il ne réagissait pas. Pas immédiatement. Mais je pouvais voir la lueur dans ses yeux. Ce petit éclat, ce petit détail qui me disait que, sous cette façade implacable, il était en train de se battre avec quelque chose. Et je ne savais pas quoi.
- **C'est ça, Elena.** Il avança d'un pas, lentement, comme un prédateur qui joue avec sa proie. **Tu te crois libre, tu te crois capable de me défier, mais tu n'as aucune chance contre moi.**
Je le défiai du regard, bien que mon cœur batte à tout rompre. Mais chaque mot qu'il prononçait m'enfonçait un peu plus dans l'idée que je ne pouvais pas gagner. Que, peut-être, il avait raison. Que, peut-être, tout était déjà décidé. Que j'étais déjà tombée dans son piège.
- **Tu n'as aucune idée de ce que je ressens.** Je serrai les dents, ma voix presque rauque. **Tu n'as pas le droit de me traiter comme ça.**
Et puis, il se rapprocha. Trop près. Je pouvais sentir son souffle sur ma peau, l'électricité de son corps presque collé au mien. Un frisson parcourut mon échine, bien que je m'efforçais de ne pas le laisser voir.
- **Tu veux que je t'explique, Elena ?** Il souffla ces mots d'une voix douce, pourtant menaçante. **Tu veux vraiment savoir pourquoi tu ne peux pas m'échapper ?**
Je n'avais pas la force de lui répondre. Je voulais crier, je voulais partir, je voulais qu'il cesse de jouer avec mes nerfs. Mais chaque mot qu'il prononçait semblait me clouer un peu plus sur place. Et là, dans cet instant suspendu, je sentis une pression contre mes lèvres.
Il m'embrassa.