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Aria se sentait encore perdue au sein de cette meute, comme un puzzle incomplet dans un tableau qu'elle n'avait pas choisi. Chaque jour, elle observait Dominic de loin, analysant ses gestes, ses décisions, sa manière d'imposer son autorité sur tous ceux qui l'entouraient. Il n'avait pas besoin de lever la voix pour se faire obéir, pas besoin de recourir à la violence. Son simple regard suffisait à ramener l'ordre dans ses rangs. Cette maîtrise de soi, cette puissance silencieuse qu'il dégageait, la perturbait. Il y avait quelque chose chez lui qui transcendait l'Alpha qu'il était censé être.
Il n'était pas seulement un leader, il était une force de la nature, un homme d'une aura magnétique qui forçait les regards et dominait même les plus forts.
Un jour, alors qu'elle le suivait en silence à travers la forêt, une scène se déroula sous ses yeux qui marqua profondément sa perception de lui. Dominic, seul, s'arrêta près d'un groupe de ses lieutenants, leur adressant un ordre bref, d'une voix basse mais chargée d'autorité. Aucun d'eux ne protestait. Au contraire, ils se mirent immédiatement à l'œuvre, prenant chacun leur place avec une obéissance sans faille. La puissance de sa présence s'exprimait à chaque mouvement, chaque parole, comme une force palpable qui modifiait l'air autour de lui. Il n'avait même pas besoin de lever le poing, son simple regard suffisait à faire plier ceux qui se trouvaient dans son sillage.
Aria, à distance, ressentit une étrange sensation. Elle avait toujours connu des Alpha au caractère plus brut, plus empressés de montrer leur pouvoir. Mais Dominic semblait différent. Il imposait le respect sans le demander. Ce n'était pas la violence ou la brutalité qui faisaient de lui un leader, c'était la manière dont il contrôlait son propre esprit, comme si, en étant maître de lui-même, il devenait maître de tout. Une calme assurance émanait de chaque geste. C'était une domination subtile, mais implacable, qui exigeait une soumission sans faille.
Lorsqu'il se tourna enfin vers elle, ses yeux perçants la transpercèrent. C'était comme si, en un instant, il avait mesuré toute sa détresse, ses faiblesses et ses doutes. Il la connaissait déjà, bien plus qu'elle ne l'aurait cru. Sans un mot, il s'approcha, ses pas lourds sur le sol, et se plaça devant elle. Il la regarda un instant, pesant chaque mot avant de parler.
« Tu n'es pas ici pour faire de l'ombre à la meute, Aria. Tu es ici pour apprendre à t'intégrer, ou tu partiras. La loyauté est la seule monnaie qui a de la valeur dans ce clan. Et ta présence, aussi fragile soit-elle, doit s'aligner à cela. »
Les mots frappèrent Aria comme un coup de poing dans l'estomac. Elle savait que sa situation était précaire, mais il l'avait mise devant une réalité brute : elle n'était pas là par faveur, elle était là parce qu'elle devait prouver qu'elle méritait cette place. Dominic n'accordait ni indulgence, ni pitié. Il avait imposé une condition simple : obéissance totale.
« Je ne tolérerai pas de faiblesses. Ni de trahisons. Ni de doutes. » Son ton était froid, mais il n'était pas cruel. Il n'y avait pas de colère dans sa voix, seulement une dureté silencieuse. « Tu devras t'intégrer à la meute comme tous les autres. C'est la seule manière pour toi de rester ici. Tout écart, et tu seras rejetée. Il n'y a pas de retour en arrière. »
Elle acquiesça d'un mouvement furtif. Elle savait que ses options étaient limitées. Que pourrait-elle faire si elle refusait ? Retourner dans sa meute ? Ce n'était plus une option. Elle avait été rejetée, trahie. Elle n'avait plus rien, sinon l'espoir de se reconstruire, ici, parmi ces loups qui la regardaient avec méfiance. Elle n'avait pas le choix.
Dominic s'éloigna ensuite d'elle, sans un mot de plus, la laissant dans une solitude qu'elle connaissait trop bien. Elle se tenait là, son cœur battant dans sa poitrine, une lourde pression sur les épaules. L'obéissance. La loyauté. Ces deux concepts résonnaient en elle, chacun comme une clé qui ouvrait la porte de son avenir dans cette meute. Mais tout cela avait un prix. Un prix qu'elle ne savait pas encore quel il serait.
Le temps passa, et les journées se déroulaient dans une routine stricte, un enchaînement d'ordres, de combats d'entraînement, de surveillance, de silence. Aria se plongeait dans cette vie avec une intensité qu'elle n'avait pas anticipée. Chaque matin, elle se levait, se soumettant à la discipline de Dominic, sans jamais poser de questions, suivant les règles sans discuter. Peu à peu, elle sentit la dureté de la meute se glisser sous sa peau. Les autres membres semblaient aussi observer ses moindres gestes, guettant chaque faux pas, chaque hésitation. Mais il n'y avait pas de place pour l'erreur ici. Elle devait devenir l'une des leurs, ou disparaître.
Tout aurait pu continuer ainsi, jusqu'à ce que la menace qui pesait sur la meute se manifeste enfin.
Un soir, alors qu'Aria était en train de préparer son campement, elle entendit des bruits furtifs à la périphérie. Des mouvements rapides, des ombres qui se faufilaient entre les arbres, à la limite du champ de vision. Quelque chose n'allait pas. Aria se figea, tendant l'oreille. Puis, un cri lointain déchira l'air, une note aiguë, désespérée, suivie par un grondement profond. Un grondement menaçant. La meute n'était pas en sécurité. Une menace extérieure s'approchait.
Les sentinelles avaient déjà repéré les intrus. Des loups, probablement d'une meute rivale, avaient pénétré sur le territoire de Dominic. Les tensions, jusque-là contenues, se déchaînèrent d'un coup. Les loups se rassemblèrent, prêts à défendre leur territoire. Aria sentit une vague de nervosité la saisir. Elle n'était pas sûre de sa place dans cette hiérarchie, mais elle comprenait que chaque meute vivait dans l'ombre de la menace. L'ennemi était là, et il n'était pas question de faillir.
Dominic apparut au centre du campement, son regard aussi perçant que jamais. Il fit un signe de tête à ses lieutenants, et tous se mirent en mouvement, organisant la défense avec une efficacité redoutable. Aria le suivit instinctivement, bien qu'elle ne fût qu'une spectatrice de cette scène, une étrangère dans un monde de loups. Mais son regard croisa celui de Dominic, un instant suspendu. Il n'avait pas besoin de mots. Le message était clair : il était prêt à tout pour protéger ce qui était sien. Et, à cet instant, Aria ne pouvait s'empêcher de se demander si, malgré tout, elle n'était pas, d'une certaine manière, déjà une part de ce « sien ».