Chapitre 4 Chapitre 4

Les premiers jours passèrent dans un silence relatif, un murmure de méfiance flottant à l'intérieur du camp. Aria, encore marquée par la fuite et les cicatrices de sa trahison, s'adaptait lentement à sa nouvelle condition. La meute de Dominic était d'une structure rigide, implacable dans son organisation. Tout y avait sa place, et chaque individu, du plus faible au plus fort, savait où il se situait dans l'échelle de pouvoir. Aria, bien que sous la protection de Dominic, sentait le poids de la hiérarchie peser sur elle.

Elle n'était qu'une intruse dans un monde qui ne lui appartenait pas, un simple étranger dans un territoire qui ne serait jamais le sien, à moins de prouver sa valeur.

Les regards des autres loups étaient souvent méfiants, parfois hostiles. Ils n'étaient pas tous prêts à accepter la présence d'une louve venant d'une meute rivale, surtout pas sans qu'elle n'ait fait ses preuves. Quelques rares étaient discrets, mais la plupart ne cachaient pas leur mécontentement, préférant ignorer sa présence ou la juger d'un œil hautain. Ils parlaient peu d'elle, mais leurs murmures étaient comme des griffes griffant l'air, chargés de suspicion. Cependant, aucun ne s'aventura à la confronter directement, au moins pas avant qu'ils n'eussent l'assurance de la faiblesse qui semblait marquer chaque fibre de son être. Ils la voyaient comme une proie, une brebis égarée, fragilisée par la trahison, et ils attendaient qu'elle se brise pour pouvoir en tirer un quelconque profit.

La hiérarchie de Dominic était claire : l'Alpha régnait sans partage, ses décisions étaient des ordres. Derrière lui, les lieutenants, puissants et respectés, faisaient respecter la loi. Parmi ces lieutenants, il y avait Isabella, une louve au regard froid et à la mâchoire sévère, qui n'avait jamais accepté l'idée que sa position puisse être remise en question, même par un étranger. Elle observait Aria, l'esprit tordu par une jalousie silencieuse, prête à se saisir de la moindre occasion pour montrer à la nouvelle arrivante qu'elle n'avait pas sa place ici.

Un matin, alors qu'Aria s'aventurait à l'extérieur du camp, un groupe de loups se regroupait autour d'un feu. Isabella, profitant de la moindre occasion, s'avança vers elle, son regard perçant la suivant du coin de l'œil. Un rictus étrange se dessina sur ses lèvres.

« Tu te crois à ta place ici, n'est-ce pas ? » lança-t-elle, sa voix froide mais clairement provocante. « Tu es bien loin de chez toi, petite louve. Qui t'a permis de poser une patte sur nos terres ? »

Aria, crispée, n'avait jamais été du genre à se laisser intimider, mais la situation était différente. Elle était vulnérable, encore marquée par ses blessures et les événements traumatisants qui l'avaient menée ici. Elle haussait les épaules, ne cherchant pas à répondre. Mais Isabella ne laissait pas le silence s'éterniser.

« Tu n'as rien à faire ici, tu sais ? » ajouta-t-elle, s'approchant davantage. « Tu n'es pas de la même trempe que nous. L'Alpha t'a accordé son hospitalité, mais la moindre erreur de ta part, et je n'hésiterai pas à t'éjecter. »

Aria resta calme, gardant son regard baissé. Le souvenir de Liam, de la trahison, lui revenait en mémoire. Elle aurait aimé se défendre, mais la fatigue et la confusion la submergeaient encore. Elle n'était plus que l'ombre d'elle-même, et cette louve devant elle n'était qu'une menace de plus qu'elle n'était pas prête à affronter.

Mais Isabella, plus que tout, attendait sa réaction, savourant chaque seconde de ce petit duel. Elle se tenait là, fière et dominante, certaine qu'elle faisait valoir son autorité. Tout à coup, un grondement profond se fit entendre, lourd et menaçant. C'était Dominic. Il s'était approché sans que personne ne le remarque, observant la scène avec un regard dur. Il était implacable, et sa présence faisait instantanément taire toute tentative de rébellion.

« Isabella, » dit-il d'une voix basse, mais pleine de puissance, « je t'ai dit que toute provocation serait inutile. » Il se tourna alors vers Aria, son regard s'adoucissant légèrement. « Tu veux prouver ta valeur, Aria ? » demanda-t-il d'un ton presque pragmatique.

La jeune louve, sous le poids du regard de Dominic, se redressa. Ses muscles tendus, elle serra les dents et hocha la tête. Elle savait ce qu'il attendait d'elle. Une réaction, une forme de défi, quelque chose qui puisse prouver sa place ici.

« Si tu désires rester, il faudra le mériter. Je vais t'accorder une période d'essai. Montre-nous que tu peux être digne de ma meute. » Le ton de Dominic était autoritaire, et il n'avait pas besoin de rajouter plus. L'avertissement était clair. Aucune place pour les faibles.

Isabella, vexée, se tut immédiatement, mais son regard restait empli de rancune. Elle ne voulait pas perdre cette guerre. Pas maintenant. Elle se tourna lentement, lançant un dernier regard perçant à Aria avant de s'éloigner. La jeune louve, bien que perdue, se sentait soudainement emplie d'un sentiment étrange. Peut-être que Dominic croyait en elle plus qu'elle ne l'aurait cru possible. Ou alors, c'était la dureté de la réalité qui lui ouvrait les yeux : elle n'avait pas le choix.

La décision de Dominic était décisive. Elle devait maintenant prouver qu'elle avait sa place ici, au sein de cette meute. Cela ne serait pas facile. Tout autour d'elle, la tension se tissait en silence. Les autres loups la jugeaient, pesaient ses faiblesses et attendaient qu'elle cède. Mais elle n'avait pas l'intention de le faire. Elle n'était plus cette louve brisée qu'ils pensaient avoir sous-estimée. Non, elle allait montrer à Dominic et à tous ceux qui doutaient d'elle qu'elle n'était pas qu'une victime. Elle n'était pas une proie. Elle était une louve. Et cela, ils allaient bien finir par l'apprendre.

Les jours suivants furent remplis d'une tension latente. Aria s'entraînait avec acharnement, refusant de se laisser démoraliser. La hiérarchie de Dominic ne permettait aucune place à la faiblesse. Et même si la douleur l'habitait encore, la volonté de survivre, de trouver sa place, grandissait. Elle observait la meute avec un regard plus acéré, analysant les stratégies de défense, les comportements des lieutenants, et apprenant chaque jour un peu plus sur cette nouvelle vie qu'elle n'avait pas choisie.

Le temps de la souffrance était passé. Le temps de la lutte, de la rédemption, était venu.

            
            

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