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Dominic se tenait là, immobile, les bras croisés, son regard fixant intensément la louve inconsciente étendue devant lui. Ses yeux, aussi perçants qu'un couteau bien aiguisé, s'attardaient sur les blessures qui la défiguraient partiellement. Il avait vu des batailles, des affrontements sanglants, mais rien ne ressemblait à l'état de cette louve-là. La fureur de la meute qui l'avait laissée dans cet état était évidente.
La question qui se posait dans l'esprit de Dominic n'était pas celle de savoir ce qui avait bien pu arriver à cette inconnue, mais plutôt pourquoi elle se trouvait ici, sur son territoire.
Le vent soufflait doucement à travers les arbres, et l'air lourd semblait s'alourdir davantage à mesure que le silence entre eux grandissait. L'Alpha n'était pas du genre à poser des questions avant de connaître la situation. Sa meute était sa priorité, et il ne laissait jamais de place à l'incertitude ou à la faiblesse. Mais la détresse qui se dégageait de cette louve était palpable. Un mélange de douleur et de honte. Il n'avait pas besoin de plus d'explications pour comprendre que cette créature n'était pas un danger immédiat, pas pour lui du moins.
Cependant, il n'était pas du genre à se précipiter. Il savait qu'offrir l'hospitalité à un étranger, surtout une louve dans l'état de celle-ci, pouvait engendrer des conséquences qu'il n'avait pas prévu. Sa meute était loyale, mais ils n'étaient pas d'accord avec ce genre de gestes. Ses lieutenants, plus jeunes et plus impulsifs, murmuraient déjà entre eux, les yeux pleins de suspicion. Ils avaient peur de ce qu'une inconnue pourrait apporter. Une meute trop vulnérable n'était pas une meute forte, et Dominic l'avait bien compris. Mais il savait aussi que la bonté, parfois, forgeait plus de loyauté qu'une simple démonstration de puissance.
D'un signe de tête, il ordonna à ses lieutenants de s'éloigner. "Laissons-la reposer," dit-il d'un ton ferme, mais calme. Un ordre que les autres se résignèrent à suivre, même s'ils n'étaient pas entièrement convaincus de la sagesse de la décision. Aria, plongée dans un sommeil profond, ne se rendit compte de rien. Mais son corps, tout comme son esprit, avait trouvé un bref répit.
Quand elle se réveilla, c'était une lumière tamisée qui l'enveloppait. Le sol dur avait été remplacé par une couche de fourrure et de tissu. Elle se sentit en sécurité, mais ce n'était qu'un instant avant qu'une onde de panique ne traverse son esprit. Elle était dans un endroit qu'elle ne connaissait pas, au milieu de personnes qu'elle ne comprenait pas. Comment était-elle arrivée là ?
Les souvenirs de sa fuite refirent surface : la traque, la douleur, l'agonie des blessures, les bruits de pas derrière elle, la peur qui la poussait encore et encore à avancer malgré tout. Et puis, tout à coup, ce vide... Ce vide qui la mena à ce lieu étrange. Un grondement profond se fit entendre dans la pièce. Dominic, debout près de la porte, l'observait en silence. Elle ne l'avait pas entendu entrer.
Il la regarda, et quelque chose dans son regard l'effrayait. Ce n'était pas la colère, ni l'hostilité. Non. C'était autre chose. Quelque chose de plus mystérieux, plus insondable. Comme si, à travers son regard, il percevait toute la souffrance qui l'habitait. Il s'approcha lentement, sans brusquerie, mais avec la certitude d'un homme habitué à ce que les autres se plient à ses attentes.
« Tu es en sécurité ici, » dit-il enfin, sa voix grave et mesurée. Il marquait une pause, avant de poursuivre : « Je ne sais pas qui tu es, ni pourquoi tu es là, mais je te le répète : tu es en sécurité. »
Les mots se frayèrent un chemin dans son esprit encore embrouillé. Aria chercha des mots pour répondre, mais sa gorge était trop nouée. Elle avait l'impression que son corps entier était tendu, prête à réagir à la moindre menace. Pourtant, au fond d'elle, un étrange apaisement s'installait lentement. Pourquoi cet homme, cet Alpha, semblait-il si calme ? Pourquoi l'accueillait-il de cette manière ?
Elle ne répondit rien. La prudence avait pris le dessus. S'il lui offrait l'hospitalité, elle ne pouvait pas se permettre de se montrer trop vulnérable. Elle avait été trahie par son propre compagnon, une expérience qu'elle ne voulait pas revivre. Peut-être était-ce la dernière chance qu'elle avait de se reconstruire, de se cacher, et de survivre. Ses instincts lui criaient de fuir, de prendre les jambes à son cou, mais quelque chose en elle l'empêchait de bouger.
Dominic la scrutait, attendant une réaction. Un geste, une parole. Mais il savait qu'elle n'allait pas céder facilement. Il l'avait vue. Cette fierté cachée derrière ses yeux, ce caractère farouche. Une louve qui refusait d'être brisée, même par l'abandon de sa propre meute. Il avait vu des loups faibles, des âmes brisées par le rejet. Mais Aria n'était pas comme eux. Elle était différente.
« Je te propose de rester ici, sous ma protection, pour un temps, » dit-il enfin, son ton ferme mais mesuré. « Mais je ne te forcerai pas à rester ici si tu ne le souhaites pas. »
Les mots le touchaient à peine. Les oppositions au sein de sa meute se faisaient entendre plus fort maintenant. Ses lieutenants n'étaient pas loin, murmurant et critiquant son choix. Mais il n'y avait pas de retour en arrière. Il avait pris sa décision.
Aria leva les yeux, ses prunelles profondes se plantant dans les siennes. Elle n'avait jamais vu un regard aussi déterminé, mais aussi... doux d'une certaine manière. Mais elle ne pouvait pas. Pas encore. « Je ne veux pas de votre protection, » répondit-elle, sa voix rauque, hésitante. « Je n'ai rien à vous offrir en retour. »
Les mots tombèrent comme des pierres dans l'air entre eux. Il la dévisagea sans rien dire. Il n'insista pas, il savait que ce genre de décision ne pouvait être prise à la légère. Tout en la regardant, il savait qu'elle restait sur ses gardes, qu'elle ne lui confierait pas ses secrets, du moins pas avant d'être certaine de sa sécurité. Il respectait cela. Il n'allait pas la forcer à parler.
Mais il savait également que, tôt ou tard, elle finirait par céder. Il n'avait pas la patience de certains de ses lieutenants, mais il avait une grande expérience de la confiance et du temps. Il attendrait, et lorsqu'elle serait prête, elle lui dévoilerait ce qu'elle cachait. Mais en attendant, il ne pouvait que lui offrir l'hospitalité, cette protection, jusqu'à ce qu'elle trouve le courage de se confier.
Elle, cependant, n'était pas prête à tout lui dire. La peur de l'être rejetée, de se retrouver vulnérable à nouveau, avait trop profondément marqué son âme. La trahison de Liam, l'abandon, et le rejet. Tout cela était encore trop récent, trop douloureux.