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Chapitre 5
Les couverts crissent contre la porcelaine. Des rires graves éclatent. Isla ne bouge pas. Elle observe. Damian a réuni ses associés. Ils parlent affaires, frôlent les limites de la légalité sans jamais les nommer. Elle comprend. C'est un test.
Elle est la seule femme. Tout est calculé. Chaque regard posé sur elle. Chaque silence entre deux phrases. Une tension sourde plane sur la table. Damian parle peu. Il écoute. Il jauge. Isla sent le piège.
Un homme à la voix trop rauque se penche vers elle. Il s'appelle Russo. Elle ne l'aime pas. Il la détaille. Un sourire tordu aux lèvres.
- Alors c'est toi, la petite princesse ?
Personne ne réagit. Isla serre sa coupe entre ses doigts.
- Jolie prise, Lockhart. T'as bien choisi. Une femme pareille, on la garde sous clé.
Les dents d'Isla se serrent. Son ventre se tord. Elle déteste cette sensation. Cette impuissance.
- Dommage, ajoute Russo en ricanant. Moi, je l'aurais dressée autrement.
Un bruit sec. Un éclat de verre. Un mouvement trop rapide pour être anticipé. Russo bascule en arrière, sa chaise heurte le sol. Son nez explose sous le poing de Damian. Du sang gicle.
Les rires cessent. Les visages se figent.
Russo grogne. Il porte une main tremblante à son visage.
- Putain, Lockhart, c'est quoi ton problème ?!
Damian se redresse lentement. Il prend une serviette. Essuie méthodiquement ses doigts.
- Personne ne parle de ma femme comme ça.
Silence pesant. Isla retient son souffle. Russo se redresse, titube. Son regard brûle de rage. Il veut répliquer. Mais Damian est déjà debout.
- Assieds-toi.
La voix est tranchante. Incontestable. Russo hésite. Ses yeux cherchent du soutien autour de la table. Mais personne ne bouge. Il ravale sa fierté et se rassoit.
Le dîner reprend.
Les assiettes se vident. Les conversations dérivent. Mais Isla ne suit plus. Elle a vu.
Ce n'était pas une défense. Ce n'était pas de la colère.
C'était une mise en garde.
Un avertissement.
Elle le sent dans l'air. Dans la façon dont Damian reprend sa fourchette, comme si de rien n'était.
Il ne l'a pas défendue.
Il a marqué son territoire.
Et c'est bien pire.