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Chapitre 4
Le matin s'étend sur la pièce, mais Isla ne ressent rien de la lumière qui inonde la chambre. Elle se lève, les muscles tendus, le regard lourd d'une frustration qui ne cesse de grandir. Elle s'approche de son téléphone posé sur la table de nuit. Le verrouillage est rapide, instinctif. Elle glisse ses doigts sur l'écran, s'attendant à voir son message d'hier soir, mais l'écran reste figé. Un message. Pas d'appel. Rien. Rien du tout. Elle tente de l'éteindre, de le redémarrer. En vain. Une boule d'angoisse monte en elle, mais elle serre les dents, son cœur battant plus fort. Elle sait.
La porte s'ouvre. Damian entre sans prévenir, comme toujours. Il scrute la pièce d'un regard rapide, mais il la voit. L'expression figée sur son visage. Ses yeux ne mentent pas. Il sait exactement ce qu'elle faisait. Il se rapproche d'elle, et son ombre semble englober la pièce.
« Tu voulais contacter quelqu'un ? »
Sa voix est calme, mais il y a cette note de menace dissimulée dans chaque syllabe.
Isla ne répond pas tout de suite. Ses mains tremblent à peine, mais il peut lire la tension dans ses gestes. Il a tout contrôlé. Son téléphone. Ses mouvements. Tout. Elle veut crier, mais elle ne le fait pas. Elle ne veut pas lui donner la satisfaction de voir sa vulnérabilité.
Elle pose enfin les yeux sur lui, ses bras croisés sur sa poitrine. « C'est ce que tu voulais, n'est-ce pas ? »
Il s'assoit sur le canapé, l'observant avec une intensité glaciale. « C'est ce que tu mérites. »
Elle serre les dents, un peu plus dure, mais ses pensées s'embrouillent. À quoi bon se battre ? Il l'a déjà enfermée, isolée dans ce monde qu'il a créé, ce monde où elle est une simple pièce de plus dans son jeu de pouvoir.
Il se lève alors, décontracté, comme si de rien n'était. « Viens. On va faire un tour. »
Elle le suit sans protester, bien que chaque mouvement soit un affront à son esprit rebelle. Mais elle sait que ce qui l'attend n'est rien d'autre qu'une cage dorée. Et elle commence à comprendre à quel point elle est vulnérable dans ce piège qu'il a tendu autour d'elle. Le château qu'il lui a offert n'est que l'extension de son emprise.
Damian la conduit à travers des corridors où l'air semble dense, lourd de promesses et de secrets. Chaque regard qu'elle croise porte une lourde implacabilité. Il la guide dans un univers où elle n'a pas sa place, mais il veut qu'elle la voie. Il lui montre les murs solides de son empire. Les gens qu'il contrôle. Le pouvoir qu'il exerce sur chaque recoin de ce monde.
Elle ne peut s'empêcher de regarder les visages des hommes et des femmes autour d'eux. La crainte, la soumission. C'est la marque de Damian. Ses employés ne sont que des instruments, des marionnettes qu'il manipule comme bon lui semble. Isla pourrait voir dans leur regard un reflet d'elle-même, comme une ombre d'avertissement qui flotte autour d'elle. Ce sont ses yeux, sans doute, qui l'ont trahie à chaque instant depuis qu'elle est entrée dans ce jeu. Elle n'est qu'une autre pièce sur l'échiquier, une parmi tant d'autres.
Ils arrivent enfin dans une pièce qu'elle reconnaît à peine. Ce n'est pas un bureau, mais un espace plus intime. La lumière se pose délicatement sur les meubles, sur les objets soigneusement disposés. Le décor est tout aussi parfait que l'ensemble de ce qui l'entoure : beau, calculé, mais sans âme. Un décor de façade.
Damian la fixe, les bras croisés. Il a un sourire en coin, celui qu'il réserve quand il sait que son pouvoir sur elle se renforce. « Voilà ton monde maintenant. Ne t'y trompe pas, Isla. Tu es ici parce que tu n'as pas le choix. »
Elle n'arrive même plus à lui répondre. Les mots se bloquent dans sa gorge. Ce qu'il lui montre n'est rien d'autre qu'une cage dorée. Il veut qu'elle comprenne qu'il est le maître ici, et qu'elle, elle n'est rien d'autre qu'une détenue dans cette pièce. Elle pourrait lutter, mais il la tient dans la paume de sa main.
Elle prend une profonde inspiration, se retenant de tout casser autour d'elle. « Tu veux me prouver quoi, Damian ? » Elle se rapproche de lui, défiant. Mais sa voix est tremblante, malgré l'apparente confiance qu'elle tente de projeter.
Il ne répond pas tout de suite. Il la jauge, comme s'il mesurait la force de sa résistance. « Je te montre que tu n'as rien à prouver. Tu n'es pas là pour jouer un rôle. »
Ses mots frappent plus fort que n'importe quel coup. Il la regarde droit dans les yeux. « Ce que tu as toujours cru être ta liberté, c'est juste une illusion. Tu m'appartiens maintenant. »
Elle se force à ne pas fléchir. Mais c'est dur. Parce qu'au fond, elle le sait. Il a raison. Tout ce qu'elle croyait savoir, tout ce qu'elle croyait posséder, elle l'a perdu. Il a tout pris. Et cette cage dorée, cette maison pleine de luxe, de richesses et de pouvoir, c'est tout ce qu'il a voulu qu'elle voie. Un spectacle. Un piège.
Elle veut briser quelque chose. Tout. Mais elle sait que ce n'est pas le moment. Pas encore. Chaque chose en son temps. Elle le regarde, le défi toujours intact dans son regard, bien que son esprit crie de se libérer.
Damian s'avance, lentement. Il s'arrête juste devant elle, leur visage si proche qu'elle peut sentir sa chaleur. « Tu crois que tu as encore une chance de t'échapper ? »
Elle lève la tête, un défi dans les yeux. « Si tu pensais que c'était fini, tu te trompes. »
Il sourit, cette fois, il y a quelque chose de presque amusé dans son regard. Il ne répond pas. Il se contente de l'observer comme un fauve surveillant sa proie. Elle ne sait pas encore combien de temps elle pourra rester forte dans ce jeu. Mais elle va y parvenir. Même s'il faut tout briser autour d'elle pour s'échapper.
Mais pas aujourd'hui. Pas ce jour-là.