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- Et si je refuse ? murmura-t-elle.
- Alors tu seras considérée comme une intruse pour toujours, répondit Caelan sans se retourner.
Son ton était sec, mais elle ne pouvait ignorer une note d'avertissement sous-jacente.
Ils arrivèrent enfin à une clairière. Au centre, un cercle de pierres anciennes était disposé autour d'un feu mourant. L'air était chargé d'une énergie étrange, presque palpable. Amara sentit une pression invisible peser sur ses épaules, comme si quelque chose de puissant observait leur arrivée.
- Approche, dit Alaric, qui attendait déjà là, sa silhouette imposante illuminée par les flammes vacillantes.
Amara hésita avant de s'avancer vers le cercle.
- Que dois-je faire ? demanda-t-elle, sa voix tremblante.
- Écoute, murmura Seraphina, ses yeux brillants dans l'obscurité. Écoute ce que la forêt veut te dire.
Amara fronça les sourcils, confuse, mais fit de son mieux pour calmer sa respiration. Un silence lourd s'installa, ponctué seulement par les craquements du bois dans le feu.
Puis elle l'entendit.
Des murmures.
- Amara...
Elle tourna brusquement la tête, cherchant la source de cette voix qui semblait surgir de nulle part.
- Qui a dit ça ? demanda-t-elle, sa voix plus forte que prévu.
Les membres de la meute échangèrent des regards, mais personne ne répondit.
- Amara... viens...
Les murmures devinrent plus pressants, plus insistants. Elle recula instinctivement, mais une main ferme attrapa son bras.
- Reste concentrée, dit Caelan, son visage grave. La forêt te teste.
- Ça... ça n'a rien de normal, balbutia-t-elle.
- Rien ici ne l'est, répondit-il.
Alors qu'elle tentait de se calmer, un hurlement résonna soudainement dans l'obscurité, suivi par d'autres, plus proches. L'ambiance changea instantanément. Les membres de la meute se redressèrent, leurs muscles tendus, leurs regards alertes.
- Des intrus, grogna Alaric.
Avant qu'Amara ne puisse comprendre ce qui se passait, une silhouette massive jaillit des ombres, ses yeux rouges brillant comme des braises. Un loup rival bondit directement sur elle.
- Amara, baisse-toi ! cria Caelan.
Elle se jeta au sol juste à temps, évitant de peu les griffes acérées de la créature. Le chaos éclata. Les loups-garous de la meute d'Ébène se transformèrent rapidement, leurs hurlements se mêlant aux grognements féroces des assaillants.
Amara rampa en arrière, cherchant désespérément un endroit où se cacher, mais la forêt semblait se refermer autour d'elle.
- Ne bouge pas ! ordonna Caelan en surgissant devant elle.
Il était déjà partiellement transformé, ses yeux d'un or intense et ses crocs scintillant à la lueur du feu. Il chargea le loup rival qui s'approchait d'elle, les deux créatures s'affrontant dans un combat brutal.
Amara regarda, pétrifiée, alors que Caelan utilisait sa force brute pour renverser son adversaire. Les crocs claquèrent, le sang jaillit, et finalement, le loup rival recula, blessé.
Mais ce n'était pas fini. D'autres arrivaient.
Amara se redressa, les mains tremblantes, cherchant désespérément une arme ou quelque chose pour se défendre. Elle attrapa une branche épaisse tombée au sol.
- Caelan ! cria-t-elle en voyant un autre loup se précipiter sur lui par derrière.
Sans réfléchir, elle lança la branche avec toute sa force. Le projectile frappa le loup à la tête, le désorientant juste assez pour que Caelan puisse lui asséner un coup fatal.
Il se tourna vers elle, essoufflé, mais avec un mélange d'étonnement et de respect dans les yeux.
- Pas mal pour une humaine, dit-il, presque en souriant.
Avant qu'elle ne puisse répondre, Alaric hurla :
- Ils battent en retraite !
Les assaillants se retirèrent, leurs hurlements se perdant dans l'obscurité. Le calme revint progressivement, mais la tension restait palpable.
Amara se laissa tomber sur le sol, épuisée. Ses mains étaient encore couvertes de boue et de sueur, et son cœur battait toujours à un rythme effréné.
Caelan s'approcha d'elle, tendant une main pour l'aider à se relever.
- Tu as bien fait, dit-il doucement.
Elle le fixa, incertaine de ce qu'elle devait répondre.
- Pourquoi viennent-ils ici ? demanda-t-elle finalement.
- Cette forêt renferme des secrets, répondit Caelan, évitant son regard. Des secrets que d'autres convoitent.
Amara sentit un frisson la traverser.
- Et ces murmures que j'ai entendus ? Qu'est-ce que c'était ?
Caelan resta silencieux un instant, puis murmura :
- Les ombres de cette forêt sont anciennes, Amara. Elles savent des choses que nous ignorons.
Elle fronça les sourcils, méfiante.
- Et moi ? Pourquoi ai-je été appelée ?
- Peut-être que la forêt a vu quelque chose en toi, répondit-il, son regard grave. Quelque chose que même nous ne comprenons pas encore.
Amara se sentit plus troublée que jamais. Elle avait survécu à cette nuit, mais une certitude grandissait en elle : ce n'était que le début des épreuves qui l'attendaient.
Le matin se leva sur la forêt sombre, mais l'air restait lourd, comme si quelque chose de sinistre persistait dans l'atmosphère. Amara, les yeux cernés par les événements de la veille, se leva lentement. La peur et la fatigue se lisaient sur son visage, mais elle n'avait d'autre choix que d'avancer.
Caelan l'attendait déjà près du feu, son regard intense fixant l'horizon. Quand il la vit arriver, il ne dit rien, mais un léger mouvement de tête lui indiqua de le suivre.
Amara n'eut pas besoin d'être guidée plus longtemps. Elle savait déjà qu'ils allaient à l'endroit où la meute se rassemblait. L'heure du rituel était venue.
La clairière où ils se dirigeaient était celle qu'Amara avait vue lors de son premier rituel, mais cette fois-ci, l'atmosphère n'était pas empreinte de mystère, mais de lourdeur. La meute d'Ébène était rassemblée en cercle autour d'un autel de pierres, et au centre, Alaric se tenait droit, entouré par plusieurs figures imposantes, dont Seraphina et Silas. Leur présence donnait un air solennel à ce qui semblait être une cérémonie d'une importance capitale.
- Amara, Caelan, avancez, ordonna Alaric d'une voix autoritaire.
Amara s'approcha lentement, ses pas résonnant dans l'air lourd de la forêt. Elle se sentait à la fois terrifiée et piégée, mais il n'y avait aucune échappatoire. Le pacte qu'elle s'apprêtait à sceller serait bien plus que symbolique. Il marquerait son avenir, à jamais.
Caelan ne lui adressa pas un seul regard en se dirigeant vers l'autel. Il semblait être en transe, absorbé par la gravité du moment. Amara le suivit, les mains tremblantes.
Une fois arrivés devant Alaric, ce dernier les observa longuement, puis parla d'une voix basse et empreinte de pouvoir.
- Le pacte de sang qui se forme entre vous scellera non seulement votre destinée, mais celle de toute la meute. Le mariage entre vous n'est pas une simple union, c'est un lien éternel.
Amara sentit son estomac se nouer à l'idée de prononcer des paroles qu'elle ne comprenait pas totalement. Mais elle n'avait pas le choix. Elle leva les yeux vers Caelan, cherchant à capter un peu de soutien dans son regard, mais il restait froid, indifférent, comme un loup prêt à défendre son territoire.
- Caelan, répéta Alaric, il est temps de jurer allégeance à la meute.
Caelan se tourna alors vers Amara, et un frisson la parcourut lorsqu'il saisit sa main avec force. Ses yeux s'assombrirent en un instant, et Amara sentit quelque chose d'étrange se manifester dans son propre corps, comme si les battements de son cœur s'accéléraient soudainement.
- Nous jurons fidélité et force à la meute d'Ébène, dit Caelan d'une voix basse et presque mécanique, son regard ne quittant pas Amara. Que notre sang coule ensemble, que nos âmes soient unies à jamais.
Amara, les lèvres serrées, s'efforça de répéter les mots :
- Nous jurons fidélité et force à la meute d'Ébène...
Lorsqu'elle prononça le dernier mot, une douleur fulgurante traversa son bras, là où Caelan la tenait. Elle écarquilla les yeux, surpris par la sensation. Un frisson glacé parcourut son corps entier, et tout autour d'elle sembla se figer. Les murmures de la meute s'éteignirent soudainement, remplacés par un silence pesant.
Amara chercha à retirer sa main, mais Caelan ne la lâcha pas. Ses crocs apparurent à peine, et il murmura, presque pour lui-même :
- Il est trop tard maintenant.