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- Je ne comprends même pas pourquoi je suis là, rétorqua Amara, rassemblant tout son courage.
Un silence pesant suivit. Alaric échangea un regard rapide avec sa compagne, puis il s'approcha, dominant Amara de toute sa hauteur.
- Tu es ici parce que les traditions l'exigent. Depuis des siècles, nos deux espèces sont liées par un pacte ancien. Une union tous les cinq cycles de génération est nécessaire pour maintenir l'équilibre.
Amara fronça les sourcils.
- Un équilibre ? Quel genre d'équilibre ?
Seraphina descendit gracieusement les marches pour se placer à côté d'Alaric.
- Les humains et les loups-garous coexistent grâce à cet arrangement. Chaque mariage scelle une trêve et nous protège des conflits qui pourraient nous anéantir tous.
Amara secoua la tête.
- Mais pourquoi moi ? Je ne suis personne d'important.
Seraphina esquissa un sourire froid.
- C'est précisément ce qui fait de toi la candidate idéale. Une humaine ordinaire, sans attaches significatives.
Cette réponse la fit vaciller. Était-ce tout ce qu'elle représentait pour eux ? Une inconnue sacrifiée sur l'autel d'une paix qui ne la concernait pas ?
- Je ne veux pas de ça, murmura-t-elle, mais sa voix tremblait.
Alaric fronça les sourcils.
- Ce n'est pas une question de vouloir ou non. C'est une obligation.
Caelan, jusqu'ici silencieux, intervint enfin.
- Peut-être qu'on pourrait lui laisser du temps pour comprendre, suggéra-t-il calmement.
Alaric lui lança un regard dur, mais Seraphina leva une main apaisante.
- Soit. Nous lui expliquerons plus en détail demain. Ce soir, elle doit se reposer.
Dans sa chambre, Amara se sentait comme une prisonnière. La pièce était grande, ornée d'un mobilier somptueux, mais l'absence de fenêtres accentuait son malaise. Elle déposa sa valise sur le lit et s'assit, le regard perdu.
Un murmure dans son esprit la poussait à agir. Elle savait qu'elle ne pouvait pas rester ici, à attendre passivement un destin qu'on lui imposait. Elle devait fuir, même si cela semblait impossible.
Sans perdre de temps, elle ouvrit sa valise et en sortit quelques vêtements qu'elle enfila rapidement. Elle fouilla la pièce à la recherche de quelque chose pour se défendre, mais à part un chandelier lourd, elle ne trouva rien d'utile.
Le couloir était silencieux. Amara ouvrit la porte lentement, priant pour que personne ne soit dans les parages. Ses pas résonnaient légèrement sur le sol, mais elle continuait d'avancer, le cœur battant à tout rompre.
Arrivée au rez-de-chaussée, elle trouva une porte menant à l'extérieur. Elle poussa lentement, sentant l'air froid de la nuit caresser son visage. Elle était presque libre.
Mais un grognement sourd derrière elle la fit se figer.
- Où crois-tu aller ?
Amara se retourna brusquement pour se retrouver face à un loup gigantesque. Ses yeux brillaient d'un éclat doré dans l'obscurité, et sa gueule laissait entrevoir des crocs acérés. La panique la submergea. Elle fit un pas en arrière, mais trébucha et tomba lourdement au sol.
Le loup s'approcha lentement, son regard fixant le sien comme pour la sonder. Juste au moment où elle croyait que tout était fini, une voix familière retentit.
- Assez, ordonna Caelan.
Le loup recula immédiatement, baissant la tête en signe de soumission. Caelan s'avança, une expression indéchiffrable sur le visage.
- Pensais-tu vraiment que tu pouvais t'échapper ? demanda-t-il, croisant les bras.
- Je ne peux pas rester ici, répondit Amara, les larmes aux yeux. Vous me traitez comme un objet.
Caelan poussa un soupir, puis tendit une main pour l'aider à se relever.
- Ce monde est dangereux, Amara. Tu ne survivrais pas seule.
Elle ignora sa main et se releva par elle-même, défiant son regard.
- Peut-être que je préfèrerais mourir que de vivre enchaînée à vos traditions absurdes.
Un éclair de colère passa dans les yeux de Caelan, mais il se contint.
- Retourne dans ta chambre, dit-il froidement. Demain, tu comprendras mieux ta situation.
Amara hésita, mais elle savait qu'elle n'avait pas d'autre choix. Alors qu'elle remontait les marches, elle sentit les regards pesants de Caelan et du loup qui l'avait capturée.
Dans sa chambre, Amara s'effondra sur le lit, le corps tremblant. La peur, la colère, et l'impuissance tournaient en elle comme une tempête. Mais au fond de son esprit, une idée persistait : elle trouverait un moyen de s'enfuir, peu importe les risques.
Car si ce monde était impitoyable, elle était prête à devenir tout aussi déterminée pour reconquérir sa liberté.
Le lendemain matin, Amara fut réveillée par des coups secs frappés contre la porte de sa chambre. Encore engourdie par une nuit agitée, elle se redressa lentement. Avant qu'elle ne puisse répondre, la porte s'ouvrit, et Caelan apparut dans l'embrasure. Il portait une veste noire ajustée, qui accentuait sa silhouette athlétique, et son regard était aussi froid que la veille.
- Habille-toi. Nous avons une présentation à faire, dit-il d'un ton ferme.
- Une présentation ? répéta-t-elle, confuse.
- Tu vas rencontrer la meute, expliqua-t-il. Ils doivent savoir qui tu es et pourquoi tu es ici.
Amara sentit une vague de panique monter en elle. Elle n'avait aucune envie d'affronter un groupe de loups-garous, encore moins après ce qu'elle avait vécu la veille.
- Et si je ne veux pas ? demanda-t-elle en croisant les bras, essayant de masquer sa peur.
Caelan s'approcha, réduisant la distance entre eux en quelques pas.
- Ce n'est pas une option. Ce monde ne tolère pas les faibles ni les indécis. Soit tu fais face, soit tu seras écrasée.
Il tourna les talons sans attendre de réponse et quitta la pièce, la laissant seule avec ses pensées tourmentées.
Quelques minutes plus tard, Amara suivait Caelan dans un long couloir bordé de portraits anciens. Elle se demandait si ces visages solennels appartenaient à d'autres alphas ou membres influents de cette mystérieuse meute. Finalement, ils débouchèrent sur une porte massive en bois sombre, gravée de symboles qu'Amara ne reconnaissait pas.
- Ne parle que si on t'interroge, murmura Caelan en posant une main sur la poignée.
Avant qu'elle ne puisse répondre, il ouvrit la porte, révélant une vaste salle remplie de figures imposantes.
La meute d'Ébène.
Amara sentit son souffle se couper. La pièce était dominée par une immense table en bois brut autour de laquelle siégeaient une vingtaine d'individus. Certains avaient des traits humains, mais leurs regards brillaient d'une intensité animale. D'autres semblaient plus sauvages, leurs corps musclés et leurs postures presque bestiales. Tous se tournèrent vers elle lorsqu'elle entra, leurs yeux la scrutant avec une curiosité mêlée de méfiance.
Alaric et Seraphina trônaient au bout de la table, irradiant une autorité incontestable.
- Voici Amara, annonça Alaric d'une voix résonnante. L'humaine choisie pour perpétuer le pacte.
Un murmure parcourut la salle. Amara se sentit minuscule sous leurs regards. Elle aurait voulu disparaître.
- Elle n'a pas l'air très impressionnante, lança une voix moqueuse depuis le fond de la salle.
Un homme grand et robuste se leva, un sourire narquois sur les lèvres. Ses cheveux en bataille et son allure désinvolte contrastaient avec la gravité des autres.
- Silas, intervint Seraphina d'un ton glacial. Ne te méprends pas sur son rôle.
- Oh, je comprends bien son rôle, répondit Silas en s'approchant. Mais peut-elle vraiment survivre ici ?
Amara serra les poings, sentant la colère remplacer peu à peu sa peur.
- Je peux très bien survivre, répliqua-t-elle, sa voix plus forte qu'elle ne l'avait prévu.
Un silence tendu suivit sa déclaration. Silas haussa un sourcil, puis éclata de rire.
- Intéressant. Tu as du cran, je te l'accorde. Mais ça ne suffira pas.
Avant qu'elle ne puisse répondre, il bondit en avant avec une rapidité terrifiante. En un instant, il se retrouva face à elle, sa main agrippant fermement son poignet.
- Ici, la force est la seule chose qui compte, murmura-t-il.
Amara tenta de se libérer, mais son emprise était implacable. Elle sentit son cœur s'emballer.
- Lâche-la, ordonna Caelan d'un ton menaçant.
Silas tourna lentement la tête vers lui, un sourire provocateur aux lèvres.
- Ou quoi ?