L'héritier au trône
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Chapitre 2 Chapitre 2

Marcus avança plus profondément dans la capitale, prenant soin d'éviter les soldats en patrouille. Ils portaient l'armure du royaume, mais leur posture et leur comportement trahissaient leur véritable nature. Ils n'étaient pas là pour protéger, mais pour surveiller. Pour écraser toute tentative de rébellion avant même qu'elle ne prenne forme.

Soudain, un cri perça la nuit. Un cri de douleur, suivi d'un bruit sourd. Marcus et Elias s'arrêtèrent net, se plaquant contre un mur. Plus loin, près de la place centrale, un groupe de soldats encerclait un vieil homme agenouillé sur les pavés.

« Je vous en supplie ! » s'étrangla l'homme, levant une main tremblante vers ses bourreaux.

Le plus grand des soldats le frappa d'un revers de main, le jetant au sol comme un animal.

« Les taxes ont augmenté, vieillard. Si tu ne peux pas payer, tu sauras ce qui t'attend. »

Le vieil homme se recroquevilla sur lui-même, serrant contre sa poitrine un morceau de tissu élimé. Derrière lui, une jeune fille, peut-être sa fille ou sa petite-fille, le regardait avec des yeux écarquillés de terreur.

Marcus sentit la colère monter en lui comme une vague brûlante. Ses doigts se crispèrent sur le manche de son épée, et il fit un pas en avant, prêt à intervenir.

Une main ferme se referma sur son bras.

« Pas maintenant », souffla Elias.

« Ils vont le tuer », répliqua Marcus entre ses dents.

« Et si tu interviens, c'est toi qui mourras. »

Marcus serra les poings, chaque muscle de son corps tendu par la frustration. Il avait passé des années à rêver de revenir ici, à imaginer comment il sauverait son peuple, comment il renverserait l'usurpateur. Mais il n'avait jamais envisagé l'impuissance, la nécessité d'attendre, de se cacher pendant que son peuple souffrait.

Il détourna le regard juste au moment où l'un des soldats asséna un dernier coup au vieil homme avant de s'éloigner en riant avec ses compagnons.

Dès qu'ils furent hors de vue, Marcus s'approcha rapidement.

« Ça va ? » demanda-t-il en s'agenouillant près du vieil homme.

Celui-ci leva des yeux fatigués vers lui, méfiant.

« Qui... qui êtes-vous ? »

« Juste un voyageur. »

Le vieil homme toussa et cracha un peu de sang avant de secouer la tête.

« Un voyageur ? Alors partez. Ce royaume est un tombeau pour ceux qui osent y rester. »

Marcus échangea un regard avec Elias avant de reporter son attention sur l'homme.

« Dites-moi... que s'est-il passé ici ? »

Le vieil homme lâcha un ricanement amer.

« Ce qu'il s'est passé ? Un roi est mort, un autre a pris sa place, et nous sommes devenus des fantômes dans notre propre ville. »

La jeune fille à ses côtés baissa les yeux, serrant les pans de sa robe entre ses doigts.

« Chaque mois, les taxes augmentent », murmura-t-elle. « Ceux qui ne peuvent pas payer... disparaissent. »

Marcus sentit son sang se glacer.

« Disparaissent ? »

Le vieil homme hocha lentement la tête.

« Ils viennent la nuit. Des hommes en capes noires. Ils emmènent ceux qui n'ont plus rien à donner. On ne les revoit jamais. »

Marcus sentit un frisson lui parcourir l'échine. Ce n'était pas qu'une simple tyrannie. C'était un règne de peur, une oppression méthodique, calculée.

Il serra les poings, sa décision se gravant plus profondément dans son cœur.

« Je vais arrêter ça », murmura-t-il.

Le vieil homme eut un rire sans joie.

« Un seul homme ne peut pas combattre un monstre. »

Marcus le regarda droit dans les yeux.

« Je ne suis pas un simple homme. Je suis Marcus. Fils du roi Marcel. L'héritier légitime du trône. »

Un silence de plomb s'abattit sur la ruelle.

La jeune fille recula d'un pas, les yeux écarquillés. Le vieil homme le fixa, incrédule, avant de secouer lentement la tête.

« Non... ce n'est pas possible... »

Marcus posa une main sur son épaule.

« Je suis bien vivant. Et je jure sur mon nom, sur mon sang, que je rendrai à ce royaume la justice qu'il mérite. »

Le vieil homme le regarda un instant, puis, lentement, il s'agenouilla devant lui, la tête baissée.

« Alors peut-être... qu'il y a encore de l'espoir. »

Elias, resté silencieux jusqu'alors, posa une main sur l'épaule de Marcus et murmura :

« Maintenant, nous devons trouver comment rallier ce peuple à ta cause. »

Marcus hocha la tête. Il n'était plus seulement un prince en exil. Il était un roi en devenir. Et il était temps de se battre.Les murs du palais n'étaient plus que des vestiges rongés par le temps et l'abandon. Là où jadis s'élevaient des tours imposantes, il ne restait que des pans de pierre effondrés, des colonnes brisées, des escaliers menant vers le vide. Marcus s'arrêta devant les grandes portes éventrées, son cœur battant à un rythme douloureux. C'était ici qu'il avait grandi. Ici que son père avait régné. Et maintenant, il ne restait qu'un champ de ruines, un tombeau silencieux de ce qu'avait été sa famille.

Elias s'arrêta à ses côtés, observant les lieux en silence.

- Le traître a fait en sorte d'effacer jusqu'à ton souvenir, murmura-t-il.

Marcus avança lentement à travers les débris, effleurant du bout des doigts une colonne gravée où subsistaient encore des symboles du royaume. Il se souvenait à peine de cet endroit, mais en fermant les yeux, il pouvait presque entendre l'écho des rires, le bruit des pas résonnant sur le marbre poli, la voix grave de son père qui le portait sur ses épaules.

Un craquement le fit sursauter. Instinctivement, il porta la main à son épée et se tourna vers l'origine du bruit.

Une silhouette émergea de l'ombre d'un mur effondré. Un homme, voûté par les années, la barbe grise et la peau marquée par le temps. Ses vêtements étaient en lambeaux, mais ses yeux brillaient d'une intelligence vive.

Marcus sentit une étrange reconnaissance le traverser.

- Vous...

L'homme s'arrêta net en l'observant. Son souffle se coupa, et un tremblement agita ses lèvres.

- Par tous les dieux...

Il fit un pas en avant, comme s'il n'osait pas croire à ce qu'il voyait.

- Ces yeux... Vous avez les mêmes que votre père.

Marcus sentit sa gorge se serrer.

- Vous me connaissiez ?

L'homme hocha la tête, et soudain, il tomba à genoux devant lui, les épaules secouées par l'émotion.

- Je vous croyais mort, mon prince...

Marcus se précipita pour l'aider à se relever.

- Relevez-vous. Dites-moi qui vous êtes.

L'homme se redressa lentement, scrutant son visage comme pour s'assurer qu'il ne s'agissait pas d'un rêve.

- Je suis Orlan, autrefois intendant du palais. J'ai servi votre père jusqu'à la fin... jusqu'à ce que...

Sa voix se brisa, et il détourna le regard, incapable de prononcer les mots.

- Jusqu'à ce qu'il soit trahi, acheva Marcus d'une voix dure.

Orlan hocha la tête.

- Après votre exil, le nouveau roi a fait brûler ce palais. Il voulait effacer toute trace de votre famille. Moi... J'ai survécu en me cachant parmi les ruines. Depuis toutes ces années, j'attends le jour où la justice sera rendue.

Marcus sentit un mélange de douleur et de rage monter en lui.

- Ce jour est venu.

Orlan le fixa, ses yeux brillants d'un espoir qu'il semblait avoir perdu depuis longtemps.

- Vous comptez reprendre votre trône ?

- Pas seulement reprendre mon trône. Je compte libérer ce royaume.

Un silence s'installa. Puis Orlan baissa la voix, regardant autour de lui comme s'il craignait d'être entendu.

- Vous n'êtes pas seul.

Marcus et Elias échangèrent un regard.

- Que voulez-vous dire ? demanda Elias.

Orlan inspira profondément.

- Depuis des années, la colère gronde. Les gens souffrent sous le règne du tyran. Il y a ceux qui se résignent... et ceux qui résistent. Un groupe de fidèles, cachés dans l'ombre, attendent une occasion de se soulever. Mais ils manquent d'un leader.

Marcus sentit son cœur accélérer.

- Où sont-ils ?

- Suivez-moi.

Orlan les guida à travers les décombres du palais, passant par un passage caché dont Marcus ignorait l'existence. Ils descendirent des escaliers sombres jusqu'à une crypte souterraine, où des torches vacillantes éclairaient des silhouettes rassemblées autour d'une table de pierre.

Lorsqu'ils entrèrent, le silence tomba. Tous les regards se tournèrent vers Marcus. Des visages marqués par les épreuves, mais dont les yeux brillaient d'une lueur de détermination.

Orlan s'avança et, d'une voix forte, déclara :

- Voici Marcus. L'héritier légitime du trône. Notre roi.

Un murmure parcourut l'assemblée. Certains semblaient incrédules, d'autres laissaient l'émotion envahir leurs traits.

Marcus inspira profondément et fit un pas en avant.

- Je suis revenu pour reprendre ce qui nous appartient. Pour mettre fin à la tyrannie. Mais je ne peux pas y arriver seul.

Il balaya la salle du regard, son cœur battant à tout rompre.

- Qui est prêt à se battre avec moi ?

Un instant de silence. Puis un homme se leva.

- Je suis avec vous.

Une femme, à ses côtés, hocha la tête.

- Moi aussi.

Bientôt, une vague d'approbation parcourut la salle. Des poings se levèrent, des voix s'élevèrent.

Et Marcus sut qu'il n'était plus seul. La rébellion venait de commencer.Le feu crépitait dans l'âtre, projetant des ombres dans la grande salle souterraine où s'était réunie la résistance. Marcus, debout au centre, sentait les regards peser sur lui. Certains rebelles l'observaient avec espoir, d'autres avec méfiance. Il comprenait leur hésitation. Après tout, il était un prince déchu, un héritier qu'ils avaient cru mort depuis dix-sept ans. Pourquoi lui feraient-ils confiance aussi facilement ?

Orlan posa une main sur son épaule avant de s'adresser au groupe.

- J'ai servi son père, et je peux vous assurer que ce jeune homme porte en lui le même feu. Il est l'héritier légitime de ce royaume !

Un murmure parcourut l'assemblée, mais un homme se leva brusquement, les bras croisés.

- Héritier légitime ou non, cela ne fait pas de lui un chef.

Marcus soutint son regard. L'homme était robuste, avec une barbe sombre et des yeux durs.

- Vous avez raison, répondit Marcus d'une voix calme. Je ne vous demande pas de me suivre par simple respect pour mon sang. Mais je suis prêt à me battre à vos côtés. À risquer ma vie, comme chacun d'entre vous.

L'homme haussa un sourcil.

- Prouve-le.

Un silence s'abattit sur la salle.

- Comment ? demanda Marcus.

Le rebelle jeta un regard aux autres avant de revenir vers lui.

- Un convoi de ravitaillement destiné aux troupes du roi traverse la route du nord cette nuit. Si tu veux gagner notre confiance, viens avec nous et participe au raid.

Marcus hocha la tête sans hésiter.

- J'en serai.

Elias posa une main sur le pommeau de son épée, un léger sourire en coin.

- Ça devient intéressant.

            
            

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