Le Choix : Entre Amour et Promesse
img img Le Choix : Entre Amour et Promesse img Chapitre 3 Chapitre 3
3
Chapitre 6 Chapitre 6 img
Chapitre 7 Chapitre 7 img
Chapitre 8 Chapitre 8 img
Chapitre 9 Chapitre 9 img
Chapitre 10 Chapitre 10 img
Chapitre 11 Chapitre 11 img
Chapitre 12 Chapitre 12 img
Chapitre 13 Chapitre 13 img
Chapitre 14 Chapitre 14 img
Chapitre 15 Chapitre 15 img
Chapitre 16 Chapitre 16 img
Chapitre 17 Chapitre 17 img
Chapitre 18 Chapitre 18 img
Chapitre 19 Chapitre 19 img
Chapitre 20 Chapitre 20 img
Chapitre 21 Chapitre 21 img
Chapitre 22 Chapitre 22 img
Chapitre 23 Chapitre 23 img
Chapitre 24 Chapitre 24 img
Chapitre 25 Chapitre 25 img
Chapitre 26 Chapitre 26 img
Chapitre 27 Chapitre 27 img
Chapitre 28 Chapitre 28 img
Chapitre 29 Chapitre 29 img
Chapitre 30 Chapitre 30 img
img
  /  1
img

Chapitre 3 Chapitre 3

Il savait désormais qu'il était piégé. Entre son devoir et son cœur.Julien sentit l'air devenir plus lourd dès l'instant où Lisa s'éloigna. Son parfum flottait encore dans la pièce, une fragrance subtile, mélange de fleurs blanches et de mystère. Il avait vu l'éclat furtif dans ses yeux, ce trouble qu'elle tentait de dissimuler derrière une façade impassible. Elle jouait l'indifférente, mais il n'était pas dupe. Elle était aussi déstabilisée que lui.

Moretti, assis derrière son bureau, alluma lentement un cigare et l'observa avec un intérêt calculé.

- Lisa est une femme fascinante, n'est-ce pas ?

Julien ne répondit pas immédiatement. Il savait qu'il devait choisir ses mots avec précaution.

- Elle a une présence indéniable, finit-il par dire, sa voix maîtrisée.

Moretti souffla un nuage de fumée avant d'esquisser un sourire en coin.

- C'est une qualité rare. Mais comme toute chose précieuse, elle est destinée à un avenir précis.

Le message était clair. Lisa n'était pas libre. Pas pour lui.

Un bruit de pas retentit dans le couloir, plus lourds, plus assurés. Un frisson désagréable remonta le long de la colonne vertébrale de Julien. Il tourna légèrement la tête au moment où un homme apparut dans l'encadrement de la porte.

Enzo Ricci.

Il était grand, imposant, avec une carrure taillée par des années de combats dans l'ombre. Son costume gris anthracite épousait parfaitement son torse puissant, et son regard sombre était aussi tranchant qu'un rasoir. Un sourire froid s'étira sur son visage lorsqu'il vit Julien.

- Ah, voici donc l'avocat, lança-t-il d'une voix légèrement moqueuse.

Julien se redressa légèrement dans son fauteuil, gardant son expression neutre.

- Enzo, entre, invita Moretti d'un ton détendu.

Enzo pénétra dans la pièce et referma la porte derrière lui, comme pour marquer son territoire. Il jeta un regard appuyé à Julien avant de s'approcher du bureau.

- J'ai entendu dire que vous alliez nous débarrasser de cette petite affaire, continua-t-il en croisant les bras.

Julien soutint son regard sans ciller.

- C'est mon travail.

Enzo eut un rictus amusé, mais quelque chose dans ses yeux trahissait une hostilité sous-jacente.

- J'espère que vous êtes aussi bon qu'on le dit. Marco ne confie pas ses affaires à n'importe qui.

- Il doit avoir ses raisons, répondit Julien calmement.

Un silence tendu s'installa, un duel muet entre les deux hommes.

Lisa réapparut alors dans l'encadrement de la porte, et Julien sentit immédiatement la dynamique changer. Elle s'arrêta en voyant la tension qui flottait dans l'air, son regard allant de Julien à Enzo avec une lueur d'inquiétude.

- Tout va bien ? demanda-t-elle d'une voix douce.

Enzo se tourna vers elle avec un sourire qui sonnait faux.

- Bien sûr, princesse. On discutait simplement du futur.

Lisa pinça légèrement les lèvres avant de s'approcher, posant une main sur le bras d'Enzo dans un geste qui se voulait naturel. Mais Julien remarqua la tension imperceptible dans ses doigts, comme si ce contact lui coûtait.

- Julien est ici pour aider, ajouta-t-elle, comme pour apaiser la situation.

Enzo haussa un sourcil et posa son regard perçant sur elle.

- C'est ce que j'espère.

Julien remarqua alors le léger serrement des doigts d'Enzo autour du poignet de Lisa. Un geste possessif. Instinctivement, une vague de colère monta en lui.

Moretti, toujours silencieux, observait la scène avec un amusement à peine dissimulé.

- Lisa, ma chérie, pourquoi n'irais-tu pas montrer à Julien la vue depuis la terrasse ? proposa-t-il soudainement.

Lisa releva brusquement la tête, surprise par la suggestion.

- Je...

Enzo se raidit légèrement.

- Marco, est-ce bien nécessaire ?

- Pourquoi pas ? Après tout, Julien va passer du temps ici, il devrait apprécier les atouts du domaine, répondit Moretti avec un sourire énigmatique.

Lisa hésita une fraction de seconde, puis hocha lentement la tête.

- Bien sûr.

Elle se tourna vers Julien et lui fit signe de la suivre. Il se leva, sentant le regard brûlant d'Enzo dans son dos.

Alors qu'ils quittaient la pièce, Julien sentit une étrange satisfaction.

Lisa n'était pas indifférente.

Et Enzo l'avait compris.La nuit était tombée sur la villa Moretti, enveloppant les jardins d'une obscurité feutrée où seules quelques lanternes projetaient une lumière tamisée. Lisa marchait devant, silencieuse, le bruissement de sa robe glissant sur le marbre résonnant doucement dans l'air tiède. Julien la suivait, le cœur battant plus vite qu'il ne l'aurait voulu.

Lorsqu'ils atteignirent la terrasse, elle s'arrêta près de la balustrade en pierre, posant ses mains délicates sur la surface fraîche. La vue sur la ville était saisissante, un océan de lumières s'étendant à perte de vue sous un ciel étoilé. Mais Julien n'avait d'yeux que pour elle.

- Ça fait longtemps que je ne suis pas venue ici, murmura-t-elle, plus pour elle-même que pour lui.

Il s'approcha lentement, laissant une distance respectable entre eux, même si tout en lui criait de combler cet espace.

- C'est un bel endroit, admit-il, même si son attention était bien loin du paysage.

Lisa tourna légèrement la tête vers lui, son regard plus sombre qu'il ne s'en souvenait. Il y avait une mélancolie dans ses yeux, une lutte intérieure qu'elle ne prenait plus la peine de cacher maintenant qu'ils étaient seuls.

- Qu'est-ce que tu fais ici, Julien ?

Il sourit légèrement, croisant les bras contre son torse.

- Tu connais la réponse.

Elle baissa les yeux, effleurant machinalement la pierre du bout des doigts.

- Je veux dire... Pourquoi toi ? Pourquoi c'est toi qui dois défendre mon père ?

- Ce n'est pas moi qui ai choisi cette affaire, Lisa. Ton père m'a choisi.

Elle secoua doucement la tête, l'ombre d'un sourire triste effleurant ses lèvres.

- Bien sûr qu'il l'a fait. Il ne laisse jamais rien au hasard.

Un silence s'installa, seulement troublé par le chant lointain des grillons et le murmure du vent dans les arbres. Julien sentit une tension grandir dans l'air, quelque chose d'indicible, de fragile et d'explosif à la fois.

- Tu fais semblant, finit-il par dire d'une voix plus basse.

Lisa se raidit imperceptiblement.

- De quoi ?

- De ne pas être troublée.

Elle inspira lentement avant de relever les yeux vers lui.

- Ce qui s'est passé ce soir-là...

- Ce n'est pas juste "ce qui s'est passé ce soir-là", coupa-t-il doucement. C'était plus que ça, Lisa.

Elle détourna le regard, sa mâchoire se contractant légèrement.

- Ça ne change rien, Julien.

- Bien sûr que si.

Il fit un pas vers elle, pas assez pour la toucher, mais suffisamment pour qu'elle sente sa présence.

- Si ça ne changeait rien, pourquoi es-tu incapable de me regarder dans les yeux quand tu dis ça ?

Elle ferma les paupières une seconde, comme si elle voulait effacer cette conversation, puis expira lentement avant de croiser à nouveau son regard.

- Parce que ce n'est pas une question de sentiments, Julien. C'est une question de choix. Et je n'en ai pas.

Il serra les poings malgré lui.

- Tout le monde a le choix.

Elle eut un rire sans joie.

- Pas dans mon monde.

Elle se détourna, posant ses coudes sur la balustrade, fixant la ville comme si elle cherchait une échappatoire dans l'horizon lointain. Julien sentit son cœur se serrer. Il n'avait jamais cru aux histoires impossibles. Mais celle-ci en avait toutes les caractéristiques.

- Enzo... commença-t-il, mais il s'arrêta en voyant le frisson qui traversa ses épaules.

- Il n'est pas celui que tu crois, murmura-t-elle.

- Il est dangereux.

Elle serra un peu plus fort le rebord de pierre sous ses doigts.

- Ils le sont tous.

Julien sentit une vague de colère monter en lui.

- Et toi ? Tu vas juste accepter ça ? Faire semblant toute ta vie ?

Elle tourna la tête vers lui, son regard brillant d'une lueur douloureuse.

- Je n'ai pas le luxe de rêver, Julien.

Il ouvrit la bouche pour répondre, mais un mouvement dans l'ombre attira son attention. Un frisson lui parcourut l'échine. Il sentit qu'ils n'étaient plus seuls.

Il balaya discrètement la terrasse du regard et aperçut une silhouette dans l'ombre, debout derrière une vitre légèrement entrouverte.

Moretti.

Il était là, immobile, les bras croisés, observant leur échange avec un calme glacial.

Julien se redressa légèrement, reprenant un air détaché, tandis que Lisa, elle, ne se retourna même pas. Elle savait.

Elle savait qu'ils étaient surveillés.Julien sentit la présence de Moretti peser sur lui comme une ombre menaçante. Il ne bougea pas, mais il savait que l'homme avait tout vu, tout entendu. Lisa, elle, resta figée face à la ville, comme si ignorer son père pouvait effacer la réalité.

Après un instant qui parut une éternité, Moretti fit un pas en avant et ouvrit davantage la porte vitrée.

- Julien, une minute, s'il te plaît.

Sa voix était calme, presque amicale, mais Julien savait reconnaître une convocation qui ne laissait pas place à l'interprétation. Il échangea un dernier regard avec Lisa avant de se retourner et de suivre Moretti à l'intérieur.

Ils marchèrent en silence à travers le couloir faiblement éclairé, les bruits de leurs pas résonnant sur le marbre. Moretti s'arrêta devant une autre pièce, ouvrit la porte et entra. Julien le suivit.

Le bureau était sombre, éclairé seulement par la lueur d'une lampe posée sur un meuble en acajou. Moretti s'installa derrière son immense bureau et désigna un fauteuil en face de lui.

- Assieds-toi.

Julien s'exécuta, gardant un air neutre. Moretti l'observa un instant, comme s'il analysait chaque détail de son visage.

- Je ne vais pas tourner autour du pot, déclara-t-il enfin en croisant les mains devant lui.

Julien attendit, son cœur battant plus fort qu'il ne l'aurait voulu.

- Lisa est ma fille unique. Elle est précieuse pour moi.

- Je comprends, répondit Julien d'un ton maîtrisé.

Moretti esquissa un sourire qui n'avait rien de chaleureux.

- Non, Julien. Tu ne comprends pas.

Il se pencha légèrement en avant, et son regard se fit plus perçant.

- Lisa est promise à Enzo. Ce mariage n'est pas qu'une formalité. C'est une alliance.

Julien sentit sa mâchoire se serrer.

- Et si elle ne veut pas de cette alliance ?

Moretti le fixa un instant, puis laissa échapper un petit rire sans joie.

- Lisa n'a pas le luxe du choix.

Julien inspira lentement pour contenir la colère qui menaçait de monter.

- Vous pensez réellement qu'un mariage forcé est la meilleure chose pour elle ?

Moretti posa ses coudes sur le bureau et joignit ses mains.

- Ce n'est pas une question d'amour ou de bonheur, Julien. C'est une question de pouvoir, de loyauté. Enzo est un allié essentiel. Ce mariage renforce une union qui doit perdurer.

Il marqua une pause avant de poursuivre d'une voix plus grave.

- Toi, en revanche... tu n'as pas ta place ici.

Julien soutint son regard sans flancher.

- Si Lisa est malheureuse, cette alliance ne tiendra pas.

Moretti esquissa un sourire lent, presque amusé.

- Tu es un idéaliste. C'est charmant. Mais dangereux.

Julien sentit le poids de la menace derrière ces mots.

- Je ne suis pas ici pour causer des problèmes, répondit-il prudemment.

- Bien. Assure-toi que ça reste ainsi.

Moretti se leva lentement, signe que la conversation était terminée. Julien se leva à son tour.

- Bonne nuit, Julien.

- Bonne nuit, Monsieur Moretti.

Julien sortit du bureau, les nerfs en feu.

***

            
            

COPYRIGHT(©) 2022