Chapitre 9 Chapitre 9

Premières failles dans le contrat, Clara commence à percevoir que ce qui semblait être un simple arrangement contractuel pourrait bien être beaucoup plus complexe que prévu.

C'était une journée comme les autres, ou du moins, c'était ce que Clara s'efforçait de se dire. Elle se trouvait dans le bureau spacieux d'Alexandre, un lieu empreint de prestige, où l'élégance s'associait à l'isolement. L'ombre des grandes fenêtres semblait se poser sur elle comme un voile. Alexandre, de son côté, était occupé à examiner des documents, l'air détaché, comme si rien de tout cela n'avait vraiment de prise sur lui.

« J'ai réfléchi à ta situation, » dit-il, brisant finalement le silence pesant qui régnait entre eux. Clara le regarda, surprise par cette déclaration. Elle n'avait pas remarqué qu'il l'avait observée en silence, mais à présent, il semblait vouloir la mettre au courant d'une décision importante.

Il posa un chèque sur la table, une somme considérable. « Je pense que cette aide te permettra de remettre ton entreprise sur pied. Je te l'offre. »

Clara fixa le chèque, incrédule. Elle avait entendu parler de la fortune d'Alexandre, mais en voir l'ampleur sous forme de chiffres écrits noir sur blanc la rendait presque muette. La tentation était là, de plonger dans l'offre alléchante, de saisir l'occasion. Après tout, sauver son entreprise, c'était ce qu'elle avait toujours voulu. Mais une autre pensée surgit en elle, plus puissante, plus douloureuse.

« Je ne suis pas à vendre, Alexandre, » dit-elle, ses yeux ne quittant pas le chèque. « Ce n'est pas ainsi que je veux que les choses se passent. Je ne veux pas être la femme que tu achètes avec ton argent. »

Elle sentit son cœur battre plus fort en prononçant ces mots, comme si un poids énorme venait de se poser sur ses épaules. Alexandre leva les yeux vers elle, un éclair d'incompréhension traversant brièvement son regard avant que sa posture ne se fasse plus détendue. Il posa lentement ses mains sur le bureau et se leva. Ses pas étaient lents, mesurés, comme si chaque geste était bien réfléchi.

« Clara, » dit-il d'une voix plus douce, presque inattendue. « Je ne te propose pas un achat. Je t'offre une chance. Une chance de sauver ton entreprise, de relancer ta carrière, de réussir. » Il s'approcha d'elle, mais sans pression. « Je ne t'oblige à rien. Je sais que cela semble étrange, mais je tiens à ce que tu comprennes que je ne cherche pas à te manipuler. »

Clara hésita, ses doigts serrant nerveusement la lanière de son sac. Elle savait qu'elle n'était pas dans une position facile. Ses finances étaient au bord de la rupture. Mais au fond d'elle, une voix persistante lui murmurait que son intégrité valait plus que tout l'argent du monde. Elle se leva, fit quelques pas vers la fenêtre, et observa le monde extérieur. Le vent faisait frémir les arbres, et une sensation de vertige la saisit. Elle se tourna enfin vers Alexandre.

« Je ne veux pas tout cela si je dois le prendre en échange de ma dignité. »

Alexandre resta un instant silencieux, avant de répondre, sa voix plus grave. « Je comprends, Clara. Mais sache que ce n'est pas une question de dignité. Je te propose une solution, pas un échange. »

Clara se força à sourire faiblement, mais la tension restait palpable dans l'air entre eux. Ce n'était pas facile d'accepter de l'aide de cette manière. Alexandre n'avait pas l'air de comprendre tout de suite ce que signifiait ce refus. Elle se demandait si, finalement, il comprenait seulement ce qu'il voulait vraiment de cette situation.

La conversation s'interrompit, mais alors qu'elle s'apprêtait à quitter la pièce, Alexandre proposa quelque chose de totalement inattendu.

« Viens faire une promenade avec moi ce soir, Clara, » dit-il soudainement, un sourire en coin. « Il y a des choses que je crois que nous devons discuter, mais ce n'est pas ici que cela doit se faire. »

Clara se tourna vers lui, surprise par cette invitation. Il n'y avait pas d'insistance dans ses paroles, pas de pression. C'était presque une simple proposition, comme une tentative de la comprendre mieux. Elle se prit à hésiter un instant. Mais elle accepta, n'ayant nulle part ailleurs où aller, aucune autre solution immédiate à sa disposition. Ce soir-là, elle se rendit à sa résidence, vêtue d'une robe décontractée, mais élégante.

Ils marchèrent dans le parc, sous un ciel étoilé, la brise légère soufflant doucement entre les arbres. Le silence qui régnait entre eux n'était pas gênant. Il y avait quelque chose d'étrange, de presque intime dans cet instant, comme si le monde extérieur avait disparu. Ils ne parlaient pas, mais la présence de l'un et l'autre était suffisante. Clara se sentait apaisée par cette tranquillité, par l'air frais qui effleurait sa peau.

« Je sais que cela n'est pas facile pour toi, » dit finalement Alexandre, brisant le silence. « Tout ceci est compliqué, et je comprends que tu sois perdue. Mais sache que je ne suis pas ton ennemi. »

Clara tourna son regard vers lui, cherchant quelque chose dans ses yeux. Elle n'avait jamais été bonne pour décoder ce genre de choses, mais cette fois, elle pouvait presque voir la sincérité dans son regard. Un instant, elle oublia leur situation, oublia le contrat. Il y avait juste lui et elle, dans cette promenade tranquille, comme deux êtres qui se comprenaient sans vraiment se connaître. Elle se sentit, pour une fraction de seconde, humaine à nouveau.

« Je ne sais pas ce que tu attends de moi, Alexandre, » dit-elle à voix basse. « Je ne sais même pas si j'attends quelque chose de toi. Mais cette situation est tellement... » Elle s'arrêta, cherchant les mots. « Bizarre. »

Il sourit légèrement. "Je sais. Mais parfois, la vie nous pousse à faire des choses que l'on n'aurait jamais imaginées. Et au final, on se rend compte que ce n'est peut-être pas si terrible que ça. »

Ils continuèrent à marcher en silence, une sorte de complicité grandissant entre eux sans qu'aucun mot ne soit prononcé. Clara se laissa emporter par l'atmosphère de la nuit, par la sensation d'être moins seule, moins isolée. Mais ce moment de complicité ne dura pas longtemps.

Le lendemain, alors qu'elle se rendait à son bureau, Clara entendit une conversation qui la fit se figer. Elle s'était arrêtée dans le couloir, espérant ne pas être vue, mais les voix étaient suffisamment fortes pour qu'elle les entende clairement. C'était Alexandre et un homme d'un âge moyen, dont elle ne connaissait pas le nom. Ils étaient dans la salle à côté, la porte à moitié ouverte.

« Tu sais qu'elle commence à poser des questions ? » disait l'homme. « Elle va finir par tout savoir, Alexandre. C'est trop risqué. »

Clara se colla contre le mur, figée sur place, son cœur battant la chamade. Elle n'osa pas bouger. Alexandre répondit, sa voix plus froide que jamais.

« Je sais ce que je fais. Mais je ne peux pas encore lui dire tout, pas maintenant. Elle n'est pas prête. Et tant qu'elle ne l'est pas, il vaut mieux que tout reste secret. »

Clara sentit une vague de confusion l'envahir. Un secret ? Qu'est-ce que cela signifiait ? Elle se précipita rapidement hors du couloir, un poids dans le ventre. Mais dans son esprit, une seule question tournait en boucle : quel secret Alexandre cachait-il à ce point ?

            
            

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