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La pièce était silencieuse, à peine éclairée par la lumière tamisée d'une lampe posée sur une table en verre. Alexandre, assis face à Clara, semblait étrangement calme, comme si ce moment n'était qu'un autre rendez-vous d'affaires parmi tant d'autres. Pourtant, Clara savait que ce qui se jouait ici n'était pas qu'une simple transaction. Elle s'était préparée à cette rencontre depuis des jours, mais plus elle y pensait, plus elle sentait la pression monter. Cette décision allait changer sa vie. Pour le meilleur ou pour le pire.
Il posa le contrat sur la table avec une lenteur délibérée, les yeux plongés dans les siens. Clara avait passé des heures à réfléchir, à analyser chaque détail de l'offre. Mais maintenant que le moment était venu, une part d'elle restait hésitante. Alexandre semblait avoir anticipé ce doute, et son regard perça le silence.
« Je suppose que tu as beaucoup de questions », dit-il d'une voix calme, mais ferme, comme un homme qui avait l'habitude de diriger des conversations de ce genre.
Clara se redressa légèrement sur sa chaise, les mains serrées sur ses genoux, ses pensées confuses. Elle avait décidé de venir, de l'écouter encore une fois, d'essayer de comprendre ce qu'il attendait vraiment. Elle avait tout à perdre, mais elle savait aussi qu'elle ne pouvait plus ignorer l'évidence : elle avait besoin de cet argent, de ce soutien. Elle avait besoin de ce contrat, si absurde qu'il paraisse.
« Je t'écoute », répondit-elle d'une voix qu'elle voulait assurée, mais qui trahissait une pointe de nervosité.
Alexandre la fixa un instant, ses yeux d'un bleu intense semblant lire au plus profond d'elle. Puis, il prit une grande inspiration, avant d'entamer son discours, chaque mot pesé avec une précision presque chirurgicale.
« Je sais que cela peut paraître... peu conventionnel, mais je ne veux pas de fausses illusions. Il n'y a aucune forme d'amour ou d'engagement émotionnel dans cet arrangement. Il s'agit uniquement d'une façade sociale. Tu deviendras mon épouse, mais ce n'est qu'un rôle à jouer. Une formalité. » Il marqua une pause, ses yeux se posant sur le contrat. « En échange, je te fournirai le financement nécessaire pour relancer ton entreprise. Et tu auras tout ce dont tu as besoin pour mener la vie que tu veux. »
Clara sentit son cœur battre plus fort. Il était direct, froid, mais d'une manière presque... honnête. Il n'essayait pas de la séduire par des promesses. Il lui offrait une solution, aussi improbable soit-elle. Elle se mordit la lèvre inférieure, repoussant une vague de frustration.
« Donc, tu veux dire que c'est... juste un mariage de façade. Rien d'autre ? » demanda-t-elle, s'efforçant de masquer son scepticisme.
« Exactement », répondit-il d'une voix calme. « Il n'y a pas de sentiments impliqués de ma part, ni des tiens. Ce n'est qu'un contrat. Une forme d'entente mutuelle, dans laquelle tu m'apportes ce que je recherche socialement, et en retour, je t'offre l'aide financière que tu désires. Je ne vais pas m'engager davantage. C'est simple. »
Clara laissa ses pensées s'entrelacer. Un mariage sans amour, sans engagement réel, sans rien de plus que des formalités. Était-elle prête à accepter cela ? Était-elle prête à vendre son âme à cet homme pour sauver son entreprise ? Mais pouvait-elle vraiment se permettre de refuser une telle offre ?
Elle se souvint de l'angoisse qu'elle avait ressentie en voyant les créanciers se présenter à sa porte, leur patience ayant atteint ses limites. Elle avait tout donné à son entreprise, chaque heure de son temps, chaque parcelle d'énergie. Était-elle prête à laisser tout ça partir en fumée ?
Alexandre continua, comme s'il anticipait ses doutes. « Je comprends que cela puisse paraître choquant, mais dans ce monde, il y a des règles. Et parfois, il faut savoir les jouer pour s'en sortir. Si tu acceptes, nous serons tous les deux gagnants. »
Clara ferma les yeux un instant, laissant les mots d'Alexandre se frayer un chemin dans son esprit. Tout ce qu'il disait avait du sens, mais l'idée de se lier à un homme qu'elle ne connaissait pas, dans un mariage vide de tout sentiment, l'effrayait. Pourtant, elle se retrouva à réfléchir à ses priorités, à ses désirs, à ses rêves. Elle avait une chance de tout sauver, mais à quel prix ?
Elle prit une profonde inspiration et tourna son regard vers lui. « Je veux être claire avec toi », commença-t-elle. « Je n'ai pas l'intention de passer une année entière à faire semblant. Il y a des règles que je veux poser. Ce mariage, si je l'accepte, devra avoir une date de fin. » Elle marqua une pause, son cœur battant fort. « Je veux que nous soyons libres de tout engagement après un an. Nous devrons avoir une clause de divorce, sans complications. »
Alexandre la fixa un moment, une étincelle d'intérêt passant dans ses yeux. Il sembla peser sa proposition, puis hocha lentement la tête.
« Très bien », dit-il d'une voix basse et réfléchie. « Je suis d'accord. Un an, avec une clause de divorce. Mais il n'y a pas de retour en arrière une fois que ce contrat est signé. »
Clara sentit une étrange sensation se former dans son ventre, un mélange d'excitation et d'inquiétude. C'était un compromis, un pari. Mais l'idée de se donner une porte de sortie la rassurait, d'une certaine manière. Elle avait un filet de sécurité. Et si tout devenait trop insupportable, elle pourrait repartir.
« Je veux aussi m'assurer que tu comprendras bien ce que cela implique », poursuivit-elle, cherchant à solidifier ses conditions. « Je veux une totale indépendance dans ma carrière. Pas de pression de ta part sur mes décisions professionnelles. Je suis prête à être ton épouse de façade, mais je garderai le contrôle sur mon entreprise. »
Alexandre la regarda longuement, comme s'il analysait chaque mot qu'elle venait de dire. Puis, un léger sourire se dessina sur ses lèvres.
« Je suis d'accord. Je ne chercherai pas à t'impliquer dans mes affaires, et je n'interférerai pas avec ton entreprise. Tu auras toute la liberté que tu désires. Le seul point où nous devrons être d'accord, c'est l'image que nous projetterons en public. Nous serons un couple respecté et exemplaire, mais seulement devant les autres. »
Clara hocha la tête. Il était prêt à accepter ses conditions. Elle se leva lentement, sentant un frisson d'adrénaline parcourir son corps. C'était une décision qu'elle n'avait jamais imaginée prendre, mais dans cet instant précis, elle savait qu'elle n'avait plus le choix. Elle avait besoin de cet accord. Elle avait besoin de cet homme, même si ce n'était que pour un an.
Après un long moment de réflexion, elle se tourna vers le contrat qu'il avait posé sur la table. Il était toujours là, immobile, attendant qu'elle fasse le dernier pas. Le souffle court, elle prit la plume, signant d'une main tremblante. Ce geste, aussi simple qu'il soit, semblait sceller son destin.
La signature se posa sur le papier. Le contrat était signé.