Chapitre 3 Chapitre 3

Clara n'avait jamais mis les pieds dans un restaurant aussi luxueux de toute sa vie.

Dès qu'elle franchit l'imposante porte en verre du **La Belle Époque**, elle fut enveloppée par une atmosphère feutrée et enivrante. Le lieu dégageait une élégance raffinée : un lustre massif en cristal diffusait une lumière tamisée, des nappes en satin d'un blanc immaculé recouvraient les tables, et un doux parfum de truffe et de vin boisé flottait dans l'air. Des conversations murmurées, des rires mesurés, un fond de musique jazz... Tout ici transpirait la richesse et le contrôle absolu.

Elle serra les pans de son manteau contre elle, se sentant étrangement déplacée dans cet univers où elle n'avait pas sa place. Elle n'avait pas dormi de la nuit, hantée par l'étrangeté de la situation. **Pourquoi Alexandre Duval, un milliardaire influent, voulait-il la voir à nouveau ?** Elle ne connaissait de lui que ce que les journaux en disaient : un homme d'affaires impitoyable, un stratège redoutable, et surtout, un homme qui n'accordait jamais rien sans une raison précise.

Le maître d'hôtel l'accueillit avec un sourire professionnel.

- Bonsoir, mademoiselle. Monsieur Duval vous attend.

Bien sûr qu'il l'attendait. Il était probablement arrivé bien avant elle, parfaitement à l'aise dans ce décor qu'il maîtrisait.

Elle le suivit à travers la salle jusqu'à une table isolée près d'une baie vitrée donnant sur Paris illuminé. Et là, assis avec une aisance naturelle, vêtu d'un costume anthracite irréprochable, **Alexandre Duval l'attendait bel et bien.**

Lorsqu'il leva les yeux vers elle, Clara sentit son estomac se contracter. Il y avait quelque chose d'indéchiffrable dans son regard, une intensité qui la déstabilisait.

Il se leva légèrement alors qu'elle s'installait en face de lui.

- Clara, murmura-t-il avec un sourire en coin. Je suis ravi que vous ayez accepté mon invitation.

Elle s'humecta les lèvres, nerveuse.

- Je n'allais pas refuser. Après tout, ce n'est pas tous les jours qu'un homme comme vous propose un rendez-vous.

- Un homme comme moi ? répéta-t-il, amusé.

- Puissant. Riche. Mystérieux.

Il esquissa un sourire en coin, attrapant distraitement son verre de vin.

- Et vous ? Vous êtes une femme ambitieuse et perspicace. Vous savez que je n'ai pas simplement voulu partager un dîner pour le plaisir de votre compagnie.

Clara croisa les bras, s'efforçant d'afficher une assurance qu'elle ne ressentait pas.

- Alors pourquoi suis-je là, monsieur Duval ?

Alexandre Duval posa lentement son verre et la regarda droit dans les yeux.

- Parce que j'ai une proposition à vous faire. Une proposition qui pourrait résoudre tous vos problèmes.

Elle retint son souffle.

Le serveur arriva à ce moment précis, leur présentant une carte de plats hors de prix qu'elle ne prit même pas la peine de lire. Elle hocha vaguement la tête, commandant ce que recommandait le chef sans réellement écouter.

Lorsque le serveur s'éloigna, Alexandre s'adossa à sa chaise, croisant les mains devant lui.

- Vous avez besoin d'argent, Clara. Beaucoup d'argent.

Elle sentit une vague de honte la traverser. **Il n'y allait pas par quatre chemins.**

- Je ne vais pas nier l'évidence, murmura-t-elle.

- Et moi, j'ai besoin... d'une épouse.

Un silence pesant s'abattit sur la table.

Clara cligna des yeux, persuadée d'avoir mal entendu.

- Pardon ?

Il resta impassible.

- Un mariage. Un contrat. Vous épousez mon nom, et en échange, je vous offre tout ce dont vous avez besoin.

Elle éclata d'un rire incrédule, un rire nerveux, presque hystérique.

- Vous êtes sérieux ?

- Toujours.

- Vous voulez que je vous **épouse** ?

- Uniquement sur le papier.

Clara secoua la tête, tentant de comprendre l'absurdité de la situation.

- Pourquoi feriez-vous ça ? Vous êtes Alexandre Duval. Vous pourriez avoir n'importe quelle femme. Une femme qui voudrait sincèrement vous épouser, sans que cela ne soit un contrat.

Il haussa un sourcil, son regard s'assombrissant légèrement.

- Justement. Une femme qui voudrait m'épouser pour **moi**. Pour mon argent. Pour mon pouvoir. Pour ce que je représente.

- Et moi ? Vous pensez que je suis différente ?

Il esquissa un sourire énigmatique.

- Oui. Parce que vous avez quelque chose à perdre. Vous ne cherchez pas à me séduire, à m'amadouer. Vous cherchez simplement à survivre. Ce qui signifie que nous aurions un arrangement honnête, sans hypocrisie, sans attentes sentimentales.

Clara resta interdite.

- Je ne comprends toujours pas. Pourquoi avez-vous **besoin** d'une épouse ?

Il inspira lentement, son regard s'attardant un instant sur la baie vitrée avant de revenir à elle.

- Les affaires, Clara. Dans mon monde, certaines choses ne peuvent être conclues que si vous donnez l'apparence parfaite. Un homme seul soulève des doutes. Un homme marié inspire la stabilité, la confiance. J'ai des négociations en cours où mon statut matrimonial joue un rôle clé.

- Donc tout ceci n'est qu'une question d'image ?

- Tout est une question d'image, murmura-t-il.

Elle le scruta, cherchant une faille, une trace d'émotion cachée derrière cette façade impénétrable.

- Et combien de temps ce... mariage durerait-il ?

- Un an. Peut-être deux, selon les besoins.

Elle laissa échapper un rire nerveux.

- C'est insensé.

- C'est un contrat, rectifia-t-il calmement.

Clara secoua la tête, cherchant ses mots.

- Vous pensez réellement que je pourrais accepter quelque chose d'aussi fou ? Me marier avec un inconnu en échange d'un chèque ?

- Je ne suis pas un inconnu, Clara.

- Vous l'êtes pour moi.

Un silence. Puis Alexandre pencha légèrement la tête.

- Réfléchissez-y. Je ne vous demande pas de réponse immédiate.

Elle se mordit la lèvre, le cœur battant à tout rompre.

- Et si je refuse ?

Il haussa les épaules.

- Alors vous repartez d'ici avec une addition salée et toujours les mêmes problèmes financiers.

Clara sentit une colère sourde monter en elle. Il était sûr de lui. **Trop** sûr de lui.

Elle planta ses yeux dans les siens.

- Je ne suis pas à vendre.

Un sourire amusé effleura ses lèvres.

- Je ne vous achète pas. Je vous propose un partenariat.

Elle se leva brusquement, faisant crisser sa chaise sur le sol.

- Merci pour le dîner, mais ma réponse est non.

Elle s'attendait à ce qu'il la retienne, à ce qu'il essaie de la convaincre. Mais il ne bougea pas.

- Très bien, murmura-t-il simplement.

Clara fronça les sourcils, déstabilisée.

- C'est tout ?

- Je vous laisse du temps pour réfléchir.

- Je n'ai pas besoin de temps.

- C'est ce que vous croyez.

Elle ouvrit la bouche, puis la referma. **Pourquoi avait-elle l'impression d'être tombée dans un piège ?**

Elle fit volte-face et se dirigea vers la sortie, le cœur tambourinant dans sa poitrine.

Mais alors qu'elle quittait le restaurant, une seule pensée lui traversa l'esprit :

**Et si... et si c'était la seule solution ?**

            
            

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