- Il est hors de question que je fasse ça, faite-le vous-même ou appelez le cuistot, mais c'est pas mon travail ça.
- Quoi, t'es une gonzesse ou quoi ? Ils sont déjà mort, ils vont pas te bouffer, hein ! Allez, viens avec moi.
Je me retrouve en cuisine avec un tablier, à côté du patron et des gants en plastique, face aux cadavres et l'outillage à portée de main.
Je me prendrais pour Dexter.
Il m'explique:
- Bon regarde, tu fais comme ça.
Il prend la feuille de boucher avec sa lame large et plate.
Il coupe la tête du premier, elle se sépare d'un seul coup.
- À toi ! Attention hein, tu coupes pas la main !
Je n'ai pas envie de faire ça.
Il sent que je ne suis pas chaud, il prend les choses en main, il coupe la tête du deuxième. Crack ! Puis les pattes.
- Tiens, ça te fera un porte-bonheur.
Puis il les éventre avec une dextérité et une assurance impressionnantes.
- Je te les ouvre et toi, tu les vides. Quoi, t'as des gants, ça va !
J'insère la main dans les entrailles de la peluche avec dégoût.
J'y attrape les viscères tièdes et visqueux pour les délivrer de la carcasse. Je tire pour tout arracher avec répulsion et écœurement.
L'odeur de méthane me rappelle celle des souris retrouvées dans l'auberge de mes parents, tranchées par les tapettes.
Ensuite mon patron décharne les mignonnes petites bêtes.
- Voilà, tu tires comme ça, c'est prêt ! Tu vois c'est pas si dur.
C'est pas mal pour commencer la nuit. Ça met bien en confiance, ça met bien dans l'ambiance.
Argh, y a un sadique qui vient de m'appeler au téléphone.
Avec une voix vicieuse, il commence par une phrase bien sympathique.
- Tu suces ?
Oh non, ça va être comme ça toutes les nuits là ?! Ça ne s'arrête pas. Alors je raccroche.
Le téléphone sonne à nouveau. Je me dis que c'est le même type et je n'ai pas envie, mais je suis bien obligé de décrocher.
- Hé, tu m'as raccroché au nez connard, je vais venir dans ton hôtel là et je vais te défoncer la gueule et après ...
... je vais défoncer ton petit cul.
Qu'est-ce que je fais ? Je raccroche et ça l'énervera encore plus ou je le laisse terminer sa persécution ?
À ce moment-là, je repense au sadique de la dernière fois en me disant que c'est peut-être lui qui m'appelle.
À moins qu'ils soient aussi nombreux que le nombre de nuits que je vais passer dans cet hôtel. C'est peut-être juste un gars qui s'amuse.
Le type enchaîne:
- Je vais te ligoter dans la cave et je vais te découper morceau par morceau avec ma machette. Je vais commencer par...
Je laisse le combiné sur la réception pour ne pas entendre les détails. Je le laisse parler seul, jusqu'à ce qu'il s'en aperçoive.
Je repense à ce que le patron m'a fait faire aux pauvres petits lapins, c'est finalement ce que celui-ci veut reproduire.
Soit c'est un vrai tueur en série, soit un mec qui s'ennuie et qui veut faire peur. C'est fou ce que certains peuvent faire avec la parole.
Ils arrivent à insuffler une émotion forte comme la peur ou l'angoisse uniquement par plaisir et ça marche, même si on sait que c'est faux.
Le mépris reste une arme étonnante, mais c'est trop tard, l'angoisse est présente, on se pose toujours la question: "Et s'il disait vrai ?"
Après quelques minutes, je reprends le combiné. Le type a raccroché. J'espère qu'il ne rappellera pas, mais surtout qu'il ne vienne pas.
Du coup, à chaque voiture arrivant sur le parking, je me pose la question si c'est lui ou pas. L'angoisse. Toute la nuit comme ça là ?! Pfff.
Heureusement, je peux compter sur les flics pour un petit moment de détente.
Ils arrivent pour prendre leur petit café nocturne.
Ça me rassure.
Ils se marrent en me racontant leur ronde. Ils me disent qu'en allant à la gare, Stéphane a tapé dans un sac plastique.
Ce sac posé sur le quai était rempli d'un liquide qui a éclaboussé chaussures et pantalons de leurs uniformes.
Ils ne savent pas vraiment quel était ce liquide, mais ils imaginent le pire.
Ce qui est dingue, c'est que moi je sais ce que c'est.
Donc je leur dis.
- Vous savez quoi ? Je sais ce que contenait ce sac. J'ai vu et je sais.
Ils sont intrigués et sceptiques.
- Comment ça, tu sais ?
- Je sais d'où ça vient.
Je leur décris le sac, couleur, marque, motifs. Tout concorde, ils veulent en savoir plus.
- Voilà, j'étais dans le train pour venir travailler et sur les sièges d'à côté une dame est installée avec sa fille.
La petite a envie de faire pipi et les toilettes sont fermées.
Les flics sont dégoûtés: "Oh non !" Ils ont la confirmation de leur crainte.
Je continue:
- Comme c'est une envie pressante et que la petite insiste et se tortille, la mère cherche et trouve une solution originale:
Elle sort Le sac plastique en demandant à sa fille, qui était en jupe, d'enlever sa culotte et d'enjamber le contenant.
Après un moment de gêne, la fille s'exécute finalement n'ayant pas le choix. Je détourne le regard ...
... mais j'entends le liquide couler. Je me dis que ce serait con si le sac était percé. Apparemment, non.
Puis ce sac reste bien droit entre les sièges à la vue de tout le monde jusqu'à l'arrivée en gare, à ma station.
Je me lève. La mère et sa fille restent assises, elles continuent le trajet. Le train s'arrête et la mère prend le sac à bout de bras ...
... en disant "pardon, pardon" pour écarter les gens qui descendent. Je m'écarte pour ne pas être éclaboussé par le fétide liquide.
Elle descend du train pour déposer le paquet sur le quai et remonter aussitôt.
- C'est dingue ! Parce que vous venez me raconter cette histoire-là, en toute ignorance et moi je vous en donne l'origine,
...vous permettant d'avoir tous les petits détails de l'histoire.
On en rigole et quand ils partent je ne pense plus au coup de fil du serial.
@Tweet_270
Replying to @veilleurnuit
Noooon tu as pas le droit de t'arrêter comme ça ! Je veux la suite !
A moins que ce soit le taré qui est venu et que tu es mort ?
Non, non, il n'est pas venu, je n'ai pas pu beaucoup tweeter, j'avais beaucoup de travail, en fait. J'ai dû préparer un salon.
J'ai dû y passer l'aspirateur et installer une trentaine de tables de 15 kilos et 120 chaises. Je n'ai pas eu le temps de penser au taré.
Vu le temps que je devais y mettre, le patron m'a fourni un baby-phone. J'installe l'émetteur à l'accueil pour savoir si un client arrive.
Et le récepteur dans le salon, là où je suis occupé. Le souci, c'est qu'on n'entend pas très bien, donc j'ai mis le haut-parleur au max.
Du coup, ça crachouille, j'entendais énormément de grésillements. J'ai cru entendre des bruits, des voix, des chuchotements.
Je me suis souvent déplacer pour rien, c'était étrange. Et à chaque fois je me mets à courir dans le couloir.
Finalement, j'ai préféré éteindre l'appareil et me déplacer toutes les 5 minutes en passant par le petit couloir donnant sur le bar,
... bloquant les portes pour les laisser ouvertes. La visibilité y étant parfaite.
À un moment donné, j'ai entendu du bruit à travers la paroi escamotable donnant sur le premier salon, celui du médium,
... encore présent pour la journée de dimanche. En m'y rendant, je m'aperçois que la porte est restée ouverte, alors que je l'avais fermée.
Avec une frousse pas possible j'allume la lumière pour inspecter les moindres recoins. Je repense à la colombe, mais ce n'était pas pareil,
... ce n'était pas le même bruit, plutôt un tapotement comme si on déplaçait du mobilier. Je n'y ai vu personne, ni même derrière les rideaux.
Ça sentait l'encens. En retournant vers la porte, j'ai vu le médium dans l'entrebâillement qui m'observait, sans bruit, de son air étrange.
Après avoir été scotché un moment, le temps que le frisson remonte de l'anus jusqu'au cœur en passant par les intestins et l'estomac.
Je m'explique avec une certaine gêne:
- Euh, bonsoir. C'est parce que j'étais à côté et j'ai entendu du bruit, donc, je suis venu vérifier.
- Non, mais y a pas de souci, vous faites votre travail.
Finalement, il a pris une verveine et on a parlé d'expérience médiumnique.
Il m'a parlé de sa première fois et de ses nombreuses expériences, de la meilleure façon de sortir de son corps physique ...
... pour voyager avec son corps astral. Il m'a fait une séance d'hypnose, il est entré en moi pour y déceler mes peurs les plus profondes.
Ça a été une nuit assez calme, y a juste un type qui avait soif. Il m'a demandé de lui monter une bouteille.
En frappant à sa porte, j'ai entendu "ouiiii" qui voulait dire "entreeez", donc je suis entré. Il était à poil.
Oh mais non, il a la quéquette qui pendouille !!!
On n'est pas dans Game of Thrones, merde !!!
Apparemment il m'attendait, j'ai détourné la tête, posé la bouteille au sol et demandé l'argent.
À part ça rien de spécial, ah si une charmante jeune femme qui était déjà venu la semaine dernière avec un gars, est repassée avec un autre.
Je les ai mis dans une chambre à un étage, parce que je me rappelle de la dernière fois, elle gémissait très fort au RDC, c'était gênant.
Et puis, les petits lapins ? Maintenant, je ne les regarde plus comme avant, les pauvres.
J'espère qu'ils ne vont pas vouloir se venger.
Voilà, à part ça, j'avais pris mon vélo cette fois-ci, pour rentrer chez moi en passant par des petites routes. Me suis fait courser par ...
... un gros sanglier, j'ai eu les boules ! Je n'ai jamais pédalé aussi vite. J'aime pas trop ça, ils sont impressionnants et ils font peur.