Le veilleur de nuit
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Chapitre 3 Episode 2

Nuit du samedi 30 septembre

Ok, je suis seul, je peux tweeter un peu et vous raconter 2, 3 trucs.

Ce soir, en arrivant à l'hôtel, les flics étaient là. Deux voitures l'une derrière l'autre. J'ai pensé direct que c'était pour moi,

... pour la story du stop dans le Tread 0. Pas du tout, c'est juste 4 flics qui font leur ronde de nuit en passant prendre un café.

Apparemment, ils passent souvent, ils sont cools, ils nous racontent des histoires de flics. On se croirait dans un Tarantino.

Ceci dit, ils m'ont foutu la pétoche, les cons. Ils m'ont raconté ce qui était arrivé à un autre veilleur quelques années plus tôt.

- Fais gaffe quand même, une fois on en a retrouvé un, attaché au billard de l'entrée, il est resté cul nu en l'air toute la nuit.

- Non, vous dites ça pour me faire peur.

- Je t'assure, il avait une queue dans le...

- Une queue ?

- ... de billard.

Oh les cons, ils étaient sérieux en plus. C'est toujours le même billard qui se trouve devant la réception en allant vers les chambres.

Comme ces flics sont appréciés, les employés restent un peu plus tard que prévu, diminuant ma nuit. Tant mieux.

Je profite de leur présence pour fermer toutes les portes et fenêtres des salons. Ça fera ça en moins et je n'y retourne plus de la nuit.

Puis quand ils sont partis, tout le monde a suivi. Je me suis senti bien seul. J'ai éteint toutes les lumières sauf la réception.

Le week-end, les chambres sont moins pleines qu'en semaine. C'est plus tranquille. Les clients de la semaine se déplacent pour le travail.

Alors que le week-end, c'est plutôt la détente.

Il y a un bowling et une boite de nuit plus loin, j'y vois d'ailleurs leurs néons colorés.

Je commence mon taf en passant l'aspi dans le resto pas trop tard, comme ça je suis plus tranquille. Plus tôt c'est fait, mieux c'est.

Comme dans certains films et légendes, j'ai l'impression que toutes les choses bizarres se passent à partir de minuit.

Même si je pense qu'il y a plus de noctambules et d'insomniaques qu'il y a 20 ou 30 ans, à cause des nombreuses chaînes télé et d'internet.

Et que toutes les créatures maléfiques, les monstres, vampires et fantômes y trouvent de moins en moins leurs places.

Mais cette idée reste implantée dans ma tête. L'ambiance, la résonance nocturne et le vent animant les arbres amplifiant cette impression.

Bon je n'ai toujours pas confiance en ces trophées empaillés et surtout pas en ce renard.

C'était la même ambiance dans "Psychose" !

Mais je fais avec, tant pis. Pareil pour les craquements du toit et la machine à glaçons. Quand on sait ce que c'est, y a plus de problème.

Je fais même coucou à mes copains, les petits lapins magiques. Sont trop mignons finalement. Quand je pense que le patron veut les bouffer.

Oh putain, il m'arrive un truc énorme. Une meuf vient de descendre en chemise de nuit...trans-pa-rente. Truc de ouf.

Elle a rien en dessous, elle a un problème dans sa chambre, elle veut que je la suive. Je vous raconterais ;)

Alors voilà ce qui s'est passé. D'abord je la vois s'approcher de la réception en chemise de nuit très courte, pieds nus, jambes nues.

Une petite métisse, naturellement bronzée, toute mignonne. J'y voyais les aréoles foncées de ses mamelons à travers le tissu.

Ses seins gigotaient à chacun de ses pas. Plus bas je pouvais distinguer un fin gazon délicatement tondu.

Impressionné, je la regarde tendrement. Elle semble connaître le pouvoir qu'elle a sur les hommes. Elle avait l'air à l'aise et sûr d'elle.

Avec son large sourire, elle m'indique qu'elle a un souci avec la télé dans sa chambre.

- Ah oui, quel est le problème ?

- Je ne sais pas, ça ne fonctionne pas. J'y connais rien, ce serait mieux que vous veniez voir, m'a-t-elle dit d'un air mutin.

- OK, j'arrive.

Du coup elle se retourne et commence à avancer, me montrant ses petites fesses musclées aux formes arrondies bien dessinées.

- Attendez ! Je vais juste fermer la porte et vérifier un truc.

J'en ai profité pour tweeter vite fait.

Puis je la suis, je m'engage dans les escaliers, face de la réception.

Elle m'attendait sur la deuxième volée de marches, face à moi avec un pied sur une marche plus haute que l'autre, me laissant apprécier son entre-jambe.

- C'est bon ? Me dit-elle.

- Je suis là.

En montant derrière elle, les yeux plus bas que son postérieur, je rêvais devant sa vulve.

Là, je me suis dit: "C'est chouette de travailler la nuit dans un hôtel. Dès le premier week-end je vais déjà niquer. "

On monte au premier étage. On rentre dans le couloir de gauche jusqu'à la 4ème porte de droite.

On rentre dans la chambre. La télé est allumée, la neige en noir et blanc crépite sur l'écran. La métisse s'installe sur le lit.

La première chose que je regarde, c'est l'antenne débranchée de sa prise. "Oh la coquine"

Je m'engage difficilement sous la télé.

- On n'y voit rien. Je trouve pas le trou.

- Vous le trouverez peut-être plus facilement par ici.

Je la regarde intrigué au moment où j'enfonce la prise mâle dans la femelle.

Comme par hasard, la télé était branchée sur la chaîne pornographique. Tout était bien préparé. J'hallucine.

Là je me dis, c'est le moment. Et là, un grand black bien barak sort de la salle de bain.

Je change de chaîne direct.

Et je me lève, restant dos au gars pour qu'il ne voit surtout pas mon érection.

- Voilà, c'est réparé, j'ai dit d'un air couillon.

Je suis redescendu, extrêmement déçu, vous imaginez bien. Je me suis fait avoir comme un bleu.

Bon je suis dans la merde là. Je flippe grave. J'ai fait rentrer un mec pensant que c'était un client.

Mais en fait non, il cherche du taf et il ne veut plus partir. Il ne me lâche pas. C'est un malade. Il est juste devant moi.

C'est un type de la cinquantaine, visage anguleux avec petites lunettes, il est nerveux.

En le faisant entrer, je lui demande le numéro de sa chambre. Il me dit:

- Ah non, je venais juste pour savoir si vous cherchiez un cuistot.

- Vous cherchez du travail à cette heure-là ?

- Y a pas d'heure, et puis j'ai eu raison puisque vous êtes là.

- Oui, mais le patron n'est pas là, il faudra revenir en journée monsieur.

J'ai voulu lui forcer un peu le pas.

Mais il ne veut pas partir.

- Vous voulez une chambre ?

- Non ça va, je vais rester là.

- Soit vous prenez une chambre, soit vous partez.

- Je vais prendre une boisson au bar.

- À cette heure-là le bar est fermé, monsieur, on ne sert que les clients de l'hôtel.

- Allez je vous raccompagne.

Je pose ma main sur son dos dans l'idée de le pousser vers la sortie.

Il a réagi nerveusement.

- Hé, on ne me touche pas ! Qu'il me dit.

- Je ne vous ai même pas touché, je vous demande juste de sortir.

- Non, mais je suis bien ici.

Bon, j'ai pas voulu l'énerver, il me paraissait trop bizarre.

Il fallait que je travaille, que j'aille à la plonge de la cuisine, mais je ne voulais pas le quitter des yeux.

Je commence à me déplacer.

- Vous allez où ? Qu'il me fait.

- J'ai du travail moi.

- Ok allez-y, moi je reste là.

Il se prend pour qui lui ?

- Vous restez là, vous ne bougez pas ?

- Non, non, je bouge pas.

J'ai fait ce que je devais faire.

J'ai fait vite, mais il a disparu, je ne le vois plus. Soit il est parti dans les chambres, soit il se promène dans le couloir des salons.

J'ai allumé les lumières pour ne pas être surpris, mais il a quand même réussit.

Il s'est glissé derrière moi pour se montrer discrètement.

Putain il m'a foutu les jetons. Je sais pas d'où il sortait en plus.

Du coup, on est resté au bar.

J'avais une bouteille d'eau en verre d'1,5 litre à portée de main, au cas où.

S'il s'approche: BLA BLA BLA dans la gueule !

Et là, il est devant moi, il me raconte sa vie que je n'écoute pas vraiment, et il me dit:

- Mais je suis guéri.

Quoi, il est guéri de quoi, j'ai pas suivi. J'ai pas envie de lui faire répéter.

Il sort une feuille de sa poche.

- Je suis guéri, c'est marqué là. C'est le médecin qui l'a dit. C'est ma feuille de psychiatrie, mais y a rien à craindre, je suis guéri.

En effet, y a rien à craindre... non non... rien du tout. Je reste plutôt sceptique.

Je crois qu'il s'est trompé sur le diagnostic.

Et depuis, on reste assis face à face, lui sur un fauteuil, moi sur le canapé. Je lutte contre le sommeil.

Si je m'endors, il va me trucider. En plus, j'ai mal au ventre, j'arrête pas de lâcher des gaz. J'aurais pas dû manger la peau du poulet.

Je dois aller aux chiottes, mais si je le laisse tout seul, je ne sais pas ce qu'il va faire, où il va aller, s'il m'attend à la sortie.

J'ai pas envie d'appeler les flics devant lui, il peut s'en passer des choses avant qu'ils arrivent.

Là je tweete en scred, il se doute de rien.

Mais putain, ça fait déjà 2H qu'il est là. J'ai bientôt le petit dej' à préparer.

Désolé pour l'attente, je vais bien, j'espère que vous ne vous êtes pas trop inquiété, ce n'était pas mon intention.

Mon téléphone n'avait plus de batterie, je n'ai pas ramené de chargeur.

Du coup quand le taf s'est terminé, je suis rentré chez moi pour dormir, tellement j'étais crevé.

Cette nuit m'a épuisé, ce fou furieux a pris toute mon attention, il a épuisé toute mon énergie.

Donc finalement, j'ai forcément été aux chiottes, j'en pouvais plus. C'est là que mon téléphone m'a lâché.

Je n'ai même pas pu appeler les flics avec, et j'étais bien dans la merde (au propre comme au figuré).

Quand j'en suis sorti, avec précaution, je me disais bien qu'il allait se passer quelque chose.

Déjà, en ouvrant la porte des toilettes, me disant qu'il m'attendait peut-être derrière le mur, j'avance lentement.

Ensuite, je passe la tête bien droite en regardant du coin des yeux dans ma vision grand angle. Rien OK.

Là juste devant, je vois le billard. Je repense à ce que m'ont dit les flics. Les boules !!!

Je me faufile le long du mur jusqu'à la réception en jetant des petits coups d'œil furtifs derrière moi.

Puis je me dirige vers le bar, derrière la réception, lentement pour voir si le psycho est bien resté à sa place derrière le mur.

Je continue ma progression, le mur dévoilant peu à peu son verso jusqu'à le révéler entièrement.

Le mec a disparu. Où a-t-il pu aller, le con ? Je commence par vérifier les petits recoins du bar.

J'ouvre la porte derrière le comptoir donnant sur le petit couloir entre celui des salons et la cuisine.

Je l'ouvre furtivement, comme le ferait un flic, pour surprendre le planqué s'il était derrière. Personne.

Je me faufile dans ce petit couloir m'installant contre le mur d'en face pour garder un œil sur le bar à travers l'encadrure de la porte.

Je respire un grand coup avant d'ouvrir délicatement la porte donnant sur le long couloir. Je m'éloigne un peu.

Dans ces moments-là, on a toujours l'impression que quelque chose va arriver par derrière, mais au moment de tourner la tête ...

... on se dit que finalement ça peut arriver de face, donc on est toujours entre deux feux à ne plus savoir où regarder.

Et d'un coup, comme pour conjurer la peur, je rentre dans le grand couloir en courant et en criant comme le ferait une bête affolée.

Je me plaque de dos contre le mur d'en face. Pivotage de tête droite/gauche. Personne. Silence.

J'écoute un éventuel déplacement, ou une ouverture de porte. Aucun bruit, si ce n'est le craquement du toit ou le vent.

Je retourne dans le petit couloir, fermant la porte derrière moi. Puis au bar, fermant la deuxième porte.

Je reviens à la réception. Je regarde la porte d'entrée qui est fermée de l'intérieur. Donc il n'est pas sorti.

Pas par cette porte en tout cas. Il a pu explorer l'hôtel en allant peut-être dans les chambres. Aucunes clefs ne manquent.

Je vais devoir inspecter tout le bâtiment de fond en comble.

Il m'a dit qu'il cherchait une place de cuistot. Si ça se trouve il est descendu dans la cave pour le tuer et prendre sa place.

Ou alors il veut peut-être prendre la mienne. C'est moi qu'il va tuer en fait, comme ça une place se libère.

Je commence par inspecter la salle de resto, puis les cuisines, ensuite je descends dans la cave non sans inquiétude.

La cave n'est pas rassurante, les néons clignotent en faisant ce bruit d'araignée piégé dans un bocal dont les pattes cognent les parois.

Le plafond est bas, l'air insipide avec une odeur de renfermé, un bruit assourdissant d'une machine frigorifique.

Je ne sais pas comment les employés font pour dormir ici. Une salle de pause sans fenêtre pour le personnel, une réserve fermée à clef ...

... et deux chambres se situant sous la salle de resto. Visiblement, personne ne se cache ici, allez, je remonte vite.

Il me reste les salons et les étages à inspecter. Je commence par les étages. Je cours vite fait dans les escaliers.

Je commence par le deuxième étage. Placé au milieu, je scrute des deux côtés de ce couloir aussi long que celui des salons.

Je descends à l'étage inférieur pour y faire de même. Chaque couloir est terminé par une sortie de secours.

Je ne m'y aventure pas, elles donnent sur l'escalier extérieur.

Je termine par le rez-de-chaussée très rapidement.

Il ne me reste plus que les salons. Mais le problème, c'est qu'en me déplaçant d'un bout à l'autre, lui-même peut se déloger,

... passer par les portes, les couloirs ou contourner un mur. Impossible de le trouver. Il est peut-être rentré dans une chambre ...

... pour tuer un client. Mais je ne le saurais pas avant de partir. Il est là caché quelque part, il peut sortir à n'importe quel moment.

Vers 6H30, après avoir préparé le petit déjeuner en pleine angoisse, je vois les flics arriver. Les 4 mêmes que tout à l'heure.

Je suis soulagé, je leur raconte l'histoire et je leur demande de vérifier les salons et tout le reste.

Rien. Ils n'ont rien trouvé.

Il doit être bien caché, en train de nous observer par une fente, un interstice, une fissure, retenant sa respiration,

... prêt à me sauter dessus quand les flics partiront. Je ne sais pas où il est, mais finissant mon travail, je suis rentré chez moi.

S'ils découvrent un cadavre dans cet hôtel, ils m'en informeront.

En tout cas ce soir je ne travaille pas, je vais pouvoir dormir tranquille. Demain je commence l'école de ciné, ça va me changer les idées.

D'ici le week-end prochain, il sera parti... j'espère.

            
            

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