Le veilleur de nuit
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Chapitre 17 Episode bonus: Retour à l'hôtel. img
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Chapitre 2 Episode 1

Nuit du vendredi 29 septembre

Il est 20H, il fait nuit, je prépare mes affaires pour aller au taf. Je commence dans 3H à l'hôtel. J'y serais vers 22H30.

Je suis dans le train, direction le taf. J'angoisse déjà rien qu'à l'idée d'être seul cette nuit dans cet hôtel.

Bon ça y est, j'y suis. Devant l'hôtel de l'angoisse houououououou.

Souhaitez-moi bon courage.

Bon voilà, je me retrouve tout seul, ils sont tous parti.

C'est tellement silencieux que ça en devient étrange.

J'ai un peu de taf à faire.

J'ai dû vérifier toutes les portes et fenêtres dont celles des salons.

À côté du bar, une porte donne sur un sas, puis sur un long couloir.

Sur le mur droit du couloir, 4 portes très espacées donnent accès aux petits salons formant un plus grand. Je suis rentré dans le premier.

La lampe torche n'étant pas fournie je me suis engouffré dans l'obscurité cherchant l'interrupteur du bout des doigts. Pas fier.

Ne l'ayant pas trouvé assez rapidement, je suis ressorti très vite.

J'ai respiré un grand coup, j'y suis retourné ouvrant la double porte.

La lumière du couloir entrant, j'étais rassuré, trouver l'interrupteur c'était mieux. J'ai vérifié les portes fenêtres, une à une.

J'écarte les rideaux opaques des fenêtres pour vérifier les poignées.

À mon reflet, je panique, pensant à un rôdeur, c'est con.

Trop sombre pour y voir clair à l'extérieur.

Ma hantise, serait d'être observé comme dans les pires films d'horreur.

Je pense à X-files où un gars comprime son corps pour passer par toutes ouvertures, aération, tuyaux etc. pour s'introduire chez les gens.

Du coup, ça y est je flippe. J'aime bien voir cette série, mais après je longe les murs pour rentrer dans ma chambre chez moi. C'est flippant.

Du coup, sortant du premier salon, je longe le couloir jusqu'à la seconde porte. Mais avant, je vois une porte sur le mur d'en face.

Putain y a trop de portes ici. Bon je tourne la poignée lentement. Y a quoi derrière ? Un petit couloir donnant à l'arrière de la cuisine.

Une autre porte se trouve dans ce petit couloir. Elle donne sur le bar. Un vrai labyrinthe ; on ne m'a pas montré tout ça la dernière fois.

Je retourne à mes occupations. Je progresse à tâtons, guettant toujours derrière moi. Ce couloir résonne, chaque petit bruit est amplifié.

À chaque bruit, je reste bloqué contre le mur. Je regarde des deux côtés.

Je me dis que je devrais voir, à la réception, s'il y a client.

J'y cours, évitant de passer trop près des portes. On ne sait jamais, si quelqu'un en sort pour m'attraper, m'agripper ou je ne sais quoi.

Personne à l'accueil. Porte bloquée pour que personne ne s'infiltre en douce. Personne sur le parking. Ok, je peux y retourner pour 5 min.

Je suis retourné dans le couloir de la mort, m'aventurer dans le deuxième salon en ouvrant les doubles portes. La lueur du couloir est suffisante.

Je préfère ne pas allumer pour ne pas être surpris par mon propre reflet.

Les ouvertures de rideaux se font plus brusques et nerveuses.

J'y découvre une fenêtre ouverte que je ferme aussitôt.

Et si quelqu'un était entré ? Merde, ma progression va se faire plus déstabilisante.

Troisième salon: en ouvrant un rideau furtivement, j'ai surpris un poivrot. On s'est fait peur mutuellement, voyant nos gueules respectives.

Oh putain, il est parti en courant, mais j'ai eu un coup de sang, comme un frisson dans le dos.

En face des 3ème et 4ème portes, des toilettes sont installées, bonne cachette pour un rôdeur. J'inspecte avec précaution comme un flic.

RAS, je ferme la porte, il ne me reste plus que le dernier salon. J'évite de me faire surprendre en écartant les rideaux bras tendus.

Et là, j'entends un gros fracas comme si le poivrot forçait la porte du fond du couloir donnant sur le parking.

Ça recommence quand je me retrouve devant.

Je me suis mis à frapper sur la porte et à gueuler:

- Casse-toi, reste pas là, dégage.

Ça s'est calmé.

Inspection finie, j'ai pu revenir à l'accueil.

Une dame attendait impatiemment à la porte, son mari arrive en furie.

À ma vue, les deux me gueulent dessus:

- Ben alors, on peut rentrer ou quoi ?

- Vous foutez quoi là ? Pourquoi c'est fermé ?

- Ça fait une demi-heure qu'on attend. En allant derrière, je me fais remballer.

- Ah désolé c'était vous à la porte ? J'ai cru que...

Les clients sont montés dans leur chambre et j'en ai profité pour faire une petite vidéo en direct sur FB: (voir la vidéo sur le compte Facebook de "Le veilleur de nuit")

RETRANSCRIPTION de la vidéo:

L'image est toute noire, on entend le veilleur de nuit chuchoter.

La caméra marche pas ! Qu'est-ce qu'elle fait chier celle-là.

Bon je suis en direct ok.

Bon ben voilà, donc là je suis au taf, hein, à l'hôtel.

C'est parti donc, pour une première nuit. Je dois dire que je ne suis pas rassuré, rassuré.

Heu! Tout le monde est parti là, la réceptionniste, le serveur.

Y a le cuisinier qui dort en bas dans la cave, il a une chambre installée en bas. Et les patrons dorment dans leurs appartements, dans une chambre à côté.

À sa façon de parler, on sent le veilleur de nuit inquiet, hésitant, angoissé.

Heuuuuuu, bon voilà, là je suis vraiment tout seul, je commence ce taf de veilleur de nuit.

Donc euh, l'hôtel il est dans la zone industrielle, près des champs. Euh, donc là j'ai commencé à 23H, je suis arrivé une heure avant.

Euh, bon, la décoration, avec ces têtes de gibiers accrochées aux murs là en trophée, et bien, c'est moins mignon la nuit. Je trouvais ça sympa en pleine journée, mais la nuit, là, c'est pas rassurant. Alors, y a une tête de cerf, y a une tête de sanglier, et puis alors, y a un renard là. Alors lui il a une gueule abominable, enfin j'aime pas sa gueule, putain en plus il a une posture d'attaque, euh, non là je... il est positionné sur le petit buffet du restaurant, en plus je vais devoir passer l'aspirateur à côté de lui. Je l'aime pas trop ce renard.

Bon là je suis à la réception, donc l'entrée se trouve à ma droite, derrière sur la droite c'est la salle de restaurant avec une entrée qui donne sur les cuisines. Juste derrière moi c'est le bar sur ma gauche, y a une grande fenêtre qui donne sur le petit jardin et plus loin c'est les champs. Et derrière sur la gauche, c'est l'entrée pour les salles de réception donc, qui donne sur le long couloir, alors j'ai l'impression qu'il fait 100 mètres ce couloir, en fait il doit faire 30 mètres, mais je sais pas il est euh ... bizarre. J'ai dû y aller tout à l'heure pour vérifier les portes, pour voir si tout était bien fermé. Les portes mais aussi les fenêtres, toutes les fenêtres des salons, bon, c'est spécial, c'est plutôt angoissant.

On entend en fond sonore comme des cris d'animaux lointains, le veilleur marque un temps d'arrêt, mais n'y prête pas trop attention, il reprend rapidement sa présentation.

Bon y a un truc que j'aime pas trop c'est qu'il y a des fenêtres partout, de tous les côtés, donc moi déjà je vais éteindre pratiquement toutes les lumières, je me sentirais mieux, c'est-à-dire que j'aime pas qu'on puisse m'observer de l'extérieur, j'aime bien éteindre la lumière comme ça au moins je vois dehors, sans forcément être vu. Parce que bon, là déjà, tout à l'heure, j'ai entendu des bruits, euh... bon des bruits bizarres, bon je pense que ce sont des animaux hein, euh...voilà, bon...

Le veilleur parait perturbé, il reprend ses esprits avant de continuer.

Bon, mon travail consiste donc à surveiller, à réceptionner les gens qui vont arriver dans la nuit, il faut que je fasse du ménage, que je lave par terre, que je débarrasse la salle de restaurant parce qu'il y avait quelques clients en soirée, que je passe l'aspirateur aussi, voilà, euh, et puis au petit matin, je dois préparer le petit déjeuner.

Voilà, je commence à 23H, je termine à 9H, et là en plus, les nuits commencent à se rallonger, donc quand j'arrive à 23H il fait nuit quoiqu'il en soit. Et à cette époque-là, je sais pas à quelle heure se lève le soleil, ça doit être peut-être du 7H, 7H et demi, 8H, donc voilà, ça va être des nuits assez longues.

On entend plus distinctement des cris d'animaux très proches qui ressemblent à une bagarre de chats.

Oh, putain ! C'est quoi ce bruit ? Y a des cris bizarres là dehors, ça doit être des chats ça. (puis pour se rassurer) Oui c'est des chats ça. Je vais voir.

Attends c'est pas là, c'est de l'autre côté. (silence)

Oh putain, c'est quoi ça. (silence)

Oh, y a comme des... y a plein de...c'est comme des yeux rouges ça, y a pleins de petits yeux rouges qui me... qui m'observent, oh j'aime pas ça c'est quoi ? C'est des petites créatures là, dans l'herbe. Putain je vois rien, je vois que des petits yeux rouges là, y'en a plein partout. Oh putain ça bouge, oh non, c'est quoi ça, ça bouge là, y a comme des petits triangles blancs qui sautent dans tous les sens, c'est quoi ça, wah putain. (rire nerveux) Ça me fait pas rire, mais ... pffft ça me fait penser à des petits Schtroumpfs maléfiques là, non, non, non, c'est pas des Schtroumpfs ça j'espère. J'espère que c'est pas des Gremlins non plus, c'est flippant. On se croirait dans un des épisodes les plus flippants de Doctor Who quoi, ouais. (il souffle) C'est quoi cette connerie, putain. Oh putain ça se rapproche, non, non, non, tttt, qu'est-ce que c'est que ça ?

Ah, j'aime pas ça je vois rien, je vois que des petits yeux, je sais même pas ce que c'est.

On entend un bruit étrange et intrigant, comme du bois qui craque.

Qu'est-ce que c'est que ça putain ? Ils sont montés sur le toit, ah non, non, non, ils sont montés sur le toit j'ai l'impression. Ils me font flipper là c'est quoi ça, putain !!! (silence)

Ah, j'aime pas ça. (silence... il souffle) Oh, l'angoisse.

On entend un énorme fracas légèrement étouffé qui semble venir d'une pièce voisine, un mélange de vaisselles et de couverts tombés par terre.

Oh putaiiiiin, c'est quoi cette merde !!!

Le fracas recommence comme si on venait trifouiller dedans.

C'est quoi ce bruit ? (L'intonation de la voix est plus fébrile)

FIN DE LA VIDEO À 9mn52.

Mais le plus flippant arrive sur la fin de la vidéo.

Ces bruits que vous entendez provenaient de la cuisine. Je m'y suis engagé avec une certaine réticence.

Je suis passé par la salle de resto et je dois franchir 2 portes battantes. J'observe d'abord à travers le hublot avec prudence.

Mais je n'ai rien vu, j'avais éteint la lumière. Donc j'ai juste passé la main pour allumer les néons qui clignotent avant de se stabiliser.

Ensuite, je regarde furtivement par le hublot sans rien déceler de dangereux. Je me suis donc engager dans la cuisine en mode SWAT.

Armé d'un balai pour frapper dès que ça bouge. Je n'avais pas vérifié les portes arrière de la cuisine donnant sur les poubelles.

Je progresse lentement jusqu'à l'arrière cuisine. Les portes sont bien fermées à clef. Je reviens sur mes pas au milieu de la cuisine.

Et ce fracas sonore a recommencé juste à côté de moi, à mes pieds. Putain les créatures sont rentrées dans cette machine métallique.

Je ne veux pas l'ouvrir, je préfère reculer, mais j'entends un bruit inquiétant derrière moi, je me retourne nerveusement ...

... guettant le moindre mouvement, en parcourant toute la pièce du regard, je m'aperçois juste que dans mon champ de vision ...

... une énorme tête est apparue dans l'encadrure du hublot. En un centième de seconde je pense distinguer une sorte de taureau qui m'observe.

En y regardant plus attentivement, je me rends compte que ce n'est que mon patron. J'ai dû faire une gueule pas possible. Il est rentré.

Et il me dit:

- Je vous ai fait peur ?

- Euh oui, enfin non, je lui dis de manière soulagée.

- Vous faites quoi là ? Il me dit, curieux.

Et je lui dis que j'ai entendu un bruit assourdissant et que ça venait de cette machine.

- Et vous faites quoi avec ce balai ?

- Ben y a un truc dans la machine, un animal ou je sais pas quoi, mais ça fait un bruit bizarre.

Mon patron s'approche, sûr de lui.

Il pose sa main sur la poignée de l'appareil et me regarde.

Terrifié, j'ai fait un léger signe de tête de gauche à droite, balai à la main.

Bon, il a tiré la porte en me disant calmement:

- C'est des glaçons. C'est une machine à glaçons, pour les boissons.

- Ah d'accord, je connais pas.

Je me suis senti ridicule.

- Ce que vous avez entendu, c'est les glaçons qui sont projetés, cognant la paroi.

Avec lui, je me suis senti rassuré. Retournant à la réception, je lui montre les "yeux rouges":

- Vous avez remarqué ça ?

Il s'approche de la fenêtre et me dit, naturellement:

- Les lapins ?!

Je m'approche pour mieux voir et je comprends mieux maintenant.

Ben oui, les petits triangles blancs, c'est leur queue relevée.

Je réponds au patron tout penaud:

- Oui c'est ça, les lapins.

- Ah ben, vous faites bien de m'y faire penser, qu'il me dit, faut que j'en attrape pour faire un civet.

Ça va, ça se passe bien, sinon ?

- Oui, j'ai répondu ... mais y a beaucoup de bruit ici !!!

Bon, après ça j'ai travaillé quand même. Passé l'aspi hyper bruyant, la nuit, lumières éteintes, frôlant le renard, ça fout les jetons.

On entend rien, juste le souffle de l'aspi et uniquement les yeux pour guetter autour de soi un éventuel mouvement des animaux empaillés.

Que d'émotions pour cette première nuit. Bon là je suis crevé, j'arrive chez moi je vais dormir pour repartir en forme au taf ce soir. A+

            
            

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