Chapitre 5 Les premiers indi

La pluie battait contre les vitres sales de l'entrepôt, mais le bruit de l'eau qui frappait ne suffisait pas à étouffer les battements rapides du cœur de Selena. Son esprit tournait à toute vitesse, scrutant chaque possibilité, chaque mouvement. Viktor n'était pas le genre d'homme à se laisser surprendre, et elle savait qu'il ne tarderait pas à la retrouver. La question n'était plus de savoir si, mais quand.

Elle s'était installée dans un coin de l'entrepôt, accroupie derrière des caisses en bois. Son sac reposait à ses pieds, et l'argent volé à Viktor était encore là, bien caché. Mais même cette fortune ne suffisait pas à calmer ses nerfs. Son instinct la poussait à partir, à fuir encore plus loin. Pourtant, elle savait que Viktor ne la laisserait pas partir si facilement. Il était trop calculateur pour ignorer une telle perte.

Elle scrutait l'obscurité à travers une fissure dans le mur, tentant de capter le moindre mouvement. Rien. Pas encore.

Puis un bruit de moteur. Doucement, comme si quelqu'un essayait de ne pas faire de bruit. Elle se figea, tendue. Les pneus crissèrent brièvement sur l'asphalte. Une voiture, peut-être deux. Elle attendit un instant, ses sens en alerte, avant de se glisser hors de sa cachette.

Des pas. Légers mais déterminés. Ils venaient de l'entrée principale. Elle recula d'un pas, se fondant dans l'obscurité. Une silhouette se dessina dans la lueur tamisée de l'éclairage public extérieur. Un homme, grand, portant un manteau sombre. Selena sentit un frisson parcourir son dos. Ce n'était pas un simple passant. L'homme se dirigeait droit vers l'entrepôt.

Elle n'eut pas besoin de plus. Viktor était déjà sur ses traces.

Elle n'avait pas le temps de paniquer. Son esprit fonctionnait à toute vitesse, anticipant ses mouvements. Elle chercha un moyen de fuir avant qu'il ne la trouve, mais l'angoisse serra sa gorge. Elle se dirigea discrètement vers la sortie arrière, consciente que chaque seconde comptait. Mais avant même d'atteindre la porte, des voix s'élevèrent, étouffées mais distinctes. Des hommes. Ils étaient entrés.

La panique menaça de l'envahir, mais elle réussit à la repousser. Pas encore. Pas maintenant.

Elle jeta un regard par une petite ouverture dans le mur, observant les silhouettes des hommes de Viktor s'avancer dans l'entrepôt. Ils se déplaçaient méthodiquement, comme des prédateurs traquant leur proie. L'un d'eux s'arrêta près de la pile de caisses où elle s'était cachée quelques secondes plus tôt. Il jeta un coup d'œil, scrutant chaque recoin avec une intensité inquiétante.

Selena se figea. Chaque fibre de son corps était tendue. Un de leurs hommes s'approcha encore plus près, et elle s'efforça de ne pas faire un bruit. Son souffle se fit plus léger, plus discret.

Mais il s'arrêta juste avant de la trouver. Le soulagement lui serra la poitrine. Mais il n'était que temporaire.

« Il faut fouiller chaque recoin, tout le coin et recoin. » La voix de Viktor résonna dans l'air, froide et perçante. « Elle est encore là. Et je vais la retrouver, peu importe ce qu'il en coûte. »

Les mots de Viktor résonnèrent comme une menace. Elle avait beau se cacher dans l'ombre, elle savait qu'il ne la laisserait pas partir.

Elle entendit ses pas approcher. À moins d'un miracle, il allait la trouver. Elle n'aurait pas d'autre choix que de se rendre, ou de se battre.

Tout à coup, elle entendit une porte s'ouvrir dans l'entrepôt. Il y avait un mouvement, un bruit de pas rapides. Puis un cri.

« Là, derrière! » L'un des hommes de Viktor s'écria. « Je l'ai vue, elle est là ! »

Le cœur de Selena se serra. Ils l'avaient repérée.

Elle n'eut même pas le temps de réfléchir avant que la porte à l'arrière ne s'ouvre brutalement. Viktor, calme et implacable, entra, suivi de ses deux hommes. Il se tenait droit, sa posture imposante remplissant la pièce. Il n'avait pas l'air pressé. Ce n'était pas une simple traque. Non, c'était une démonstration de pouvoir. Il venait pour la capturer, pour la soumettre à son autorité. Le regard de Selena croisa le sien, et l'intensité du regard de Viktor fit naître une boule de chaleur dans son ventre. Pas de pitié. Pas d'échappatoire.

Elle se leva lentement, n'ayant nulle part où fuir. Ses mains se serrèrent sur le bord d'une vieille caisse métallique, et elle se força à garder son calme.

Viktor s'approcha lentement, chaque pas résonnant lourdement dans l'entrepôt déserté. Ses yeux noirs étaient fixés sur elle, et elle pouvait sentir la tension entre eux, comme une corde tendue prête à se rompre.

« Selena... » Sa voix douce, presque amusée, vibra dans l'air. « Tu pensais vraiment que tu pouvais t'échapper, hein ? »

Il fit un pas de plus, mais cette fois, il n'y avait pas de menace immédiate. Il voulait la voir réagir. Il voulait observer chaque mouvement.

Selena se redressa et le défia du regard. « J'ai survécu à pire que toi. »

Viktor sourit légèrement, un sourire qui n'atteignait pas ses yeux. « C'est ce que je trouve fascinant chez toi, Selena. » Il s'avança encore, se maintenant à une distance suffisante pour qu'elle puisse sentir la pression de sa présence, mais pas assez près pour qu'elle puisse l'attaquer. « Tu es audacieuse, mais tu te caches encore derrière ta bravade. »

Elle haussait les épaules, consciente qu'il était sur le point de jouer ses cartes. Elle devait être plus maline que jamais. Elle se força à respirer calmement.

Puis, soudain, un bruit sourd se fit entendre à l'entrée. Un de ses hommes s'effondra sur le sol, une balle sifflant dans l'air. L'autre se retourna brusquement, mais avant qu'il n'ait le temps de réagir, un autre coup de feu résonna dans l'entrepôt.

Le corps du second homme s'effondra, et dans l'ombre, une silhouette s'avança, une arme à la main.

Viktor tourna la tête, ses yeux s'illuminant de rage. « Qui diable... »

La silhouette s'approcha. Selena sentit une vague d'espoir l'envahir, mais elle se concentra. Ce n'était pas le moment pour des sentiments de soulagement. Ce n'était que le début de la fin.

« Tu veux jouer à ce jeu-là, Viktor ? » la voix de l'inconnu résonna dans l'entrepôt, pleine de défi. Et, même sans voir son visage, Selena savait que cette personne allait tout changer.