Chapitre 4 L'évasion

La porte se referma derrière Viktor et ses hommes avec un bruit lourd et définitif. Le silence s'installa dans l'appartement de Selena. Elle se laissa tomber sur le canapé, les bras tendus sur les accoudoirs, les yeux fixés sur le plafond. Son esprit tournait à toute vitesse, épiant chaque détail de cette confrontation. Viktor avait laissé son empreinte, et pas seulement en brisant sa porte. Sa présence, son regard... tout en lui semblait imprégner l'air d'une lourdeur presque palpable. Ce n'était pas simplement une question d'argent, et il ne semblait pas vouloir la tuer. Non.

Il voulait la soumettre. Il voulait la faire plier, la briser psychologiquement.

Et c'était exactement ce qu'il attendait d'elle.

Elle serra les poings. Non, elle ne cèderait pas. Mais elle savait aussi qu'elle ne pourrait pas rester là indéfiniment. Viktor avait laissé des hommes sur ses traces, et il reviendrait, encore plus déterminé. La situation devenait de plus en plus dangereuse. Elle devait bouger. Et vite.

Selena se redressa brusquement. Elle se dirigea vers une armoire cachée dans un coin de la pièce, y cherchant une valise usée. Elle l'ouvrit, prenant quelques affaires essentielles, puis la referma rapidement. Elle n'avait pas beaucoup de temps.

Un bruit de moteur fit vibrer la fenêtre. Des pneus crissèrent contre le sol humide. Elle se figea. Des voitures. Viktor n'avait pas tardé à envoyer ses hommes. Ils avaient probablement cerné tout le quartier, à la recherche du moindre indice.

Son regard se porta sur la fenêtre. Une évasion classique, mais efficace. Elle savait par expérience que, dans ce genre de situation, la première erreur serait de paniquer. Il fallait qu'elle prenne les devants, qu'elle se faufile comme une ombre.

Elle se précipita vers la fenêtre. Là, au coin de la rue, un véhicule en stationnement attendait. Elle l'avait préparé en cas d'urgence, un modèle discret, sans rien qui attire l'attention. Elle savait qu'elle aurait besoin de toute la discrétion possible. Il ne fallait pas qu'elle se fasse repérer.

Elle descendit les escaliers deux à deux, ne faisant aucun bruit. Sa respiration était mesurée, comme un souffle d'air dans la nuit. À l'extérieur, la pluie continuait de tomber, mais cela la favorisait. La nuit et l'orage étaient ses alliés.

En arrivant à l'angle de la rue, elle jeta un coup d'œil furtif à gauche, puis à droite. Aucun signe des hommes de Viktor. Elle était encore en sécurité, mais elle savait que ce calme n'était que temporaire. Le temps était compté.

Le véhicule qu'elle avait préparé était garé dans une ruelle sombre. Elle se faufila rapidement dans la voiture et démarra sans hésiter. La direction était déjà choisie : un entrepôt désaffecté en périphérie de la ville, loin des yeux de Viktor et de ses hommes.

Selena roulait à vive allure, glissant sur l'asphalte détrempé. Son esprit était occupé, chaque mouvement calculé. Elle savait qu'elle n'était pas encore hors de danger. Viktor, ou ses hommes, pouvaient être partout. Elle n'avait aucune certitude quant à la manière dont ils la traqueraient, mais elle savait une chose : elle devait disparaître.

Le plan était simple. Elle changerait de voiture à un endroit stratégique, se fondrait dans la masse, et disparaîtrait pour un temps. Viktor ne pourrait pas la suivre indéfiniment, pas sans laisser de traces. Et pendant ce temps, elle trouverait un moyen de frapper là où ça ferait mal. L'argent qu'elle avait volé n'était qu'un appât. Le vrai pouvoir résidait dans l'information. Elle en avait assez pour jouer un coup décisif contre Viktor.

Elle roula pendant plusieurs kilomètres, jusqu'à ce qu'elle atteigne l'entrepôt. C'était un endroit idéal pour se cacher pendant un moment. Il n'était plus utilisé depuis des années, et peu de gens connaissaient cet endroit.

Elle se gara à l'arrière du bâtiment et éteignit le moteur. Immobile, elle écouta un instant. Rien. Le bruit de la pluie battant contre le toit du véhicule était tout ce qu'elle entendait.

Un sentiment de soulagement s'empara d'elle, mais il fut de courte durée. Elle savait que tout cela n'était que temporaire. Viktor allait la retrouver. La question était : combien de temps avant qu'il ne soit sur ses traces ?

Elle sortit de la voiture et se dirigea vers l'entrée arrière de l'entrepôt. Une fois à l'intérieur, elle alluma une lampe de poche, illuminant les vieux murs poussiéreux. Ce lieu, à la fois abandonné et menaçant, semblait être un havre de tranquillité comparé au chaos qu'elle venait de fuir. Elle s'installa dans un coin, vérifiant son sac, examinant l'argent qu'elle avait pris à Viktor.

L'argent n'était pas ce qui l'inquiétait le plus à ce moment-là. Non, ce qui la rongeait, c'était la certitude que Viktor ne la laisserait pas partir si facilement. Elle ne l'avait jamais vu perdre une traque, et cette fois, il serait plus déterminé que jamais.

Elle se passa une main sur le visage, fatiguée, mais résolue. Elle savait qu'elle avait gagné une bataille, mais la guerre n'était pas terminée. Viktor la poursuivrait jusqu'au bout, et cette fois, elle serait prête.

Un bruit de voiture brisa le silence. Selena se figea, son regard se braquant sur la porte de l'entrepôt. Elle se remit immédiatement sur ses pieds, son instinct de survie prenant le dessus. Elle n'avait pas beaucoup de temps avant que les premiers hommes de Viktor n'arrivent. Elle devait se cacher, et elle devait bouger. Rapidement.

Son cœur battait la chamade. Mais elle n'était pas du genre à fuir sans se battre. Elle se tourna vers la porte, prête à faire face à ce qui viendrait, en sachant que cette fois, la confrontation serait inévitable.