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Les préparatifs du mariage étaient un fardeau que Gabriel aurait préféré ignorer, mais le poids du devoir l'obligeait à affronter ce qui allait devenir une fracture dans sa meute.
Il se tenait devant les membres rassemblés dans la grande salle du domaine, une pièce imposante avec des murs de pierre brute et des poutres de bois sombre qui résonnaient de l'histoire de leur clan. Tous les regards étaient fixés sur lui, certains emplis de respect, d'autres d'incertitude, et quelques-uns, clairement, de défi.
- Je vais être direct, commença Gabriel, sa voix grave coupant à travers le silence pesant. Un accord a été fait, il y a des générations, pour assurer la paix entre notre meute et celle de Conrad Hunt. Cet accord doit être honoré.
Un murmure parcourut la foule. Erin, assise sur un banc près du mur, serra les poings. Gabriel croisa son regard et y lut une inquiétude qu'elle ne cherchait même pas à dissimuler.
- Qu'est-ce que ça signifie, Gabriel ? demanda Caleb, l'un des lieutenants les plus anciens de la meute, en se levant.
Gabriel prit une profonde inspiration.
- Cela signifie que je vais épouser Lydia Hunt.
Un silence glacé tomba sur la salle. Les réactions furent variées. Certains baissèrent la tête en signe d'acceptation, d'autres échangèrent des regards sceptiques. Mais c'est la voix acerbe de Dylan, un jeune loup connu pour son tempérament impulsif, qui brisa l'accalmie.
- Et pourquoi devrions-nous nous soumettre à ça ? Ce n'est pas notre guerre ! Pourquoi sacrifier notre alpha pour leur politique ?
- Ce n'est pas un sacrifice, Dylan, rétorqua Gabriel, le ton tranchant. C'est un choix. Et en tant qu'alpha, je prends des décisions pour protéger cette meute.
- Mais à quel prix ? renchérit Dylan, son regard flamboyant de colère. Combien de temps avant que cette Lydia ne commence à dicter ses propres règles ici ?
Un grondement sourd s'éleva du fond de la salle, mais Gabriel leva une main pour imposer le silence.
- Assez. Nous avons survécu à des épreuves bien pires que des alliances forcées. Si vous avez confiance en moi, vous saurez que je ne prends pas cette décision à la légère.
Son regard balaya la foule, cherchant des signes d'approbation. Erin se leva lentement, sa voix calme mais ferme.
- Nous te faisons confiance, Gabriel. Mais cette décision va nous changer tous, pas seulement toi.
Gabriel hocha la tête, reconnaissant envers sa sœur pour ses paroles mesurées.
- Je le sais, répondit-il doucement. Mais ce mariage est nécessaire.
Le reste de la réunion se déroula dans un mélange de résignation et de tension palpable. Les membres de la meute quittèrent la salle par petits groupes, certains murmurant entre eux, d'autres s'éloignant dans un silence lourd. Gabriel, lui, resta un moment seul, debout au centre de la pièce vide.
Il savait que l'arrivée de Lydia marquerait un tournant, mais il ne s'attendait pas à ce que ce tournant arrive si vite. Avant même que le soleil ne disparaisse à l'horizon, un cortège de chevaux et de véhicules tout-terrain s'engagea sur le chemin menant au domaine.
Lydia Hunt était arrivée.
La scène qui se déroula devant Gabriel lorsqu'il sortit de la maison principale ressemblait davantage à une démonstration de pouvoir qu'à une simple entrée. Lydia descendit d'un véhicule noir aux vitres teintées, vêtue d'un manteau de fourrure blanche qui semblait hors de propos dans cet environnement sauvage. Sa silhouette élancée et son port altier trahissaient une femme habituée à obtenir ce qu'elle voulait, peu importe les moyens.
- Gabriel Blackwood, dit-elle en s'approchant, un sourire glacial étirant ses lèvres parfaitement maquillées. Nous nous rencontrons enfin.
Il hocha la tête, se forçant à rester courtois malgré le grondement sourd de son loup, une réaction instinctive face à cette femme qui ne sentait pas le danger mais la manipulation.
- Lydia. Bienvenue.
Elle le détailla de haut en bas, ses yeux perçants analysant chaque détail.
- Charmant, dit-elle avec un sourire qui ne toucha pas ses yeux. J'espère que vous avez prévu mieux qu'une cabane en bois pour m'accueillir.
Gabriel sentit une tension monter parmi les membres de la meute qui s'étaient rassemblés pour observer l'arrivée. Erin, toujours à ses côtés, serra discrètement son bras pour l'inciter à ne pas réagir.
- Vous trouverez vos quartiers confortables, répondit-il simplement.
Lydia haussa un sourcil, puis détourna son attention vers les autres.
- Alors, ce sont vos loups ? Intéressant. Je suppose qu'il faudra du temps pour qu'ils apprennent à m'obéir.
Un grondement échappa à Dylan, mais Gabriel lui lança un regard d'avertissement.
- Vous êtes ici pour une alliance, Lydia, pas pour imposer votre domination, dit-il d'un ton tranchant.
- Oh, mais une alliance implique des compromis, non ? Et je ne suis pas une femme qu'on relègue à l'arrière-plan.
Gabriel sentit une colère sourde monter en lui. Il inspira profondément, se forçant à rester calme.
- Suivez-moi.
Il la guida jusqu'à la maison principale, ignorant ses commentaires sarcastiques sur la décoration rustique ou l'odeur persistante du bois et de la terre. Lorsqu'ils furent seuls dans le bureau, il ferma la porte et se tourna vers elle.
- Écoutez-moi bien, Lydia. Je ne sais pas ce que votre père vous a promis, mais ici, c'est ma meute. Et je ne tolérerai pas que vous la divisiez.
Elle croisa les bras, un sourire ironique jouant sur ses lèvres.
- Et moi, je ne tolérerai pas que vous pensiez pouvoir me réduire au silence. Ce mariage n'est pas seulement une formalité, Gabriel. C'est une alliance. Et dans une alliance, les deux parties ont leur mot à dire.
- Vous croyez vraiment que vos exigences m'impressionnent ? gronda-t-il, sa voix grondant presque comme celle de son loup.
Lydia s'avança, son regard défiant le sien.
- Ce n'est pas une question d'impression, mais de réalité. Si vous voulez la paix entre nos clans, vous devrez apprendre à me respecter.
Le silence s'installa de nouveau, lourd et chargé de tension. Gabriel savait qu'elle n'était pas quelqu'un qu'il pouvait ignorer ou intimider. Mais son loup, profondément enfoui en lui, hurlait contre cette union, contre cette femme qui incarnait tout ce qu'il détestait : la froideur, l'ambition démesurée, et cette capacité à manipuler pour arriver à ses fins.
- Nous verrons, murmura-t-il enfin, tournant les talons pour quitter la pièce.
Alors qu'il refermait la porte derrière lui, il ne put s'empêcher de penser à Elena, à la douceur et à la force tranquille qu'elle dégageait. Une pensée dangereuse, mais impossible à chasser.