Chapitre 4 Chapitre 4

Les semaines passèrent dans une brume épaisse de confusion, et Élodie se retrouva à jongler avec des pensées qui se bousculaient dans son esprit, un tourbillon d'incertitude et d'anxiété. Les jours s'étaient écoulés depuis son départ précipité de la maison de campagne, mais l'ombre de Julien, aussi insaisissable soit-elle, restait suspendue au-dessus de sa tête, comme une menace invisible. Elle n'avait pas voulu y penser. Elle n'avait pas voulu se confronter à ce qu'elle avait ressenti pour lui.

Et pourtant, quelque chose d'inexplicable s'était tissé entre eux, une connexion étrange et inévitable, un lien qu'elle ne pouvait ni comprendre ni ignorer. Mais il n'était plus là, et elle n'avait aucune intention de le chercher. Pas après tout ça.

Cependant, la réalité n'eut pas de pitié. Un matin, après une série de nausées et de sensations de vertige qu'elle ne pouvait plus ignorer, Élodie se rendit chez le médecin. La nouvelle qu'elle reçut à l'hôpital la laissa sans voix, glacée dans ses os. Elle était enceinte. Le poids de ces mots lui tomba dessus comme un marteau, écrasant tout dans son esprit. Comment cela était-il possible ? Elle avait cru que tout était fini entre eux. Mais cette simple vérité bouleversa tout ce qu'elle croyait savoir, faisant apparaître une multitude de nouvelles questions. Est-ce que Julien savait ? Que devait-elle faire ? Que signifiait cette grossesse pour elle, pour lui, pour leur avenir ?

Élodie s'assit dans la salle d'attente, la tête entre les mains, ses doigts tremblants, se sentant soudainement vide, un vide qu'elle ne pouvait pas combler. La réalité semblait s'être effondrée autour d'elle. Et elle ne savait pas comment réagir. Pourquoi la vie choisissait-elle ce moment, ce silence, pour la confronter à cette vérité ?

« Élodie ? »

Elle releva la tête, surprise de voir Clara devant elle. Sa demi-sœur, bien plus calme qu'elle ne l'aurait imaginé dans un tel moment, la regardait d'un air à la fois concerné et déterminé. Clara avait dû la suivre après avoir reçu son message. Elle s'assit à côté d'Élodie, la main posée sur son épaule, un geste apaisant, mais qui, en cet instant, n'apportait aucune consolation.

« Alors, c'est vrai ? » demanda Clara, son ton un peu plus doux que d'habitude.

Élodie acquiesça en silence, ses yeux vides de toute expression. Elle n'avait pas encore trouvé les mots, pas encore trouvé comment annoncer ce qui semblait être une catastrophe. « Je suis enceinte, » murmura-t-elle enfin, la voix tremblante.

Clara resta silencieuse un moment, comme pour digérer l'information, puis soupira profondément. « Qu'est-ce que tu vas faire, Élodie ? »

La question se répercutait dans la tête d'Élodie, se réclamant une réponse qu'elle n'avait pas. Que faire ? Elle n'en savait rien. Comment tout avait-il pu arriver si vite ? Ce qui était censé être un moment éphémère, un simple flirt, une brève rencontre en dehors de la réalité, s'était soudainement transformé en un lien irréversible, un fardeau qu'elle ne savait pas porter seule.

« Je... » Elle s'interrompit, cherchant les mots, mais ils restaient coincés dans sa gorge. « Je ne sais pas. Je... » Elle ferma les yeux, luttant contre les larmes. « Je ne peux pas le faire seule, Clara. »

Clara hocha la tête. « Alors il faut lui dire, Élodie. Il faut lui dire à Julien. Tu ne peux pas garder tout ça pour toi. »

Les paroles de Clara étaient pleines de raison, mais Élodie n'était pas prête à faire face à Julien. Pas encore. Pas après tout ce qu'il s'était passé. Pourquoi l'impliquer dans cette situation alors qu'il avait disparu de sa vie comme si de rien n'était ? Elle ne pouvait pas se résoudre à lui tendre la main, à chercher son aide. Pas maintenant.

Clara la fixa intensément, insistant. « Élodie, il a le droit de savoir. Et toi, tu as besoin de réponses. Tu as besoin de savoir ce qu'il veut, ce qu'il attend. Tu ne peux pas prendre cette décision seule. Il fait partie de tout ça. Tu as besoin de parler. »

Élodie serra les poings. Clara avait raison, mais l'idée même de retrouver Julien, après tout ce qui s'était passé, lui glacait le cœur. Mais elle savait aussi qu'il n'y avait pas de fuite. Elle devait lui dire. Elle devait savoir où elle en était. Elle ne pouvait pas garder cela pour elle-même.

Après quelques jours d'hésitation, Élodie prit la décision difficile de se rendre à l'hôpital où elle espérait trouver des réponses. Elle avait l'intention d'avoir une conversation, mais elle ne savait pas comment elle allait l'amorcer. Elle ne savait même pas comment il réagirait. Et, en vérité, cela la terrifiait. Mais elle n'avait plus le choix.

Ce matin-là, en entrant dans le hall de l'hôpital, elle sentit un frisson parcourir son dos. La brise était plus fraîche qu'à l'habitude, comme si quelque chose de mystérieux se préparait, comme si le destin se jouait d'elle, la poussant dans une direction qu'elle n'avait pas choisie. Alors qu'elle se dirigeait vers la salle d'attente, un bruit la fit se figer sur place. Une silhouette dans le couloir, une présence qui lui était familière.

Julien. Il était là. Et il la regardait, ses yeux sombres fixant les siens avec une intensité qu'elle ne pouvait ignorer. Il n'avait pas changé. Il semblait toujours aussi implacable, toujours aussi mystérieux, mais il y avait quelque chose dans son regard qui trahissait une émotion plus profonde. Et avant qu'elle ne puisse réagir, il s'approcha d'elle avec une assurance glacée, mais ses gestes étaient étrangement tendres.

« Élodie, » dit-il simplement, sa voix rauque mais contrôlée. « Je savais que tu reviendrais. »

Un frisson glissa dans le corps d'Élodie. Elle s'était préparée à tout sauf à ça. Elle se sentit vulnérable, démunie, mais sa colère l'empêcha de fléchir. « Pourquoi as-tu disparu ? Pourquoi tout ça ? » demanda-t-elle, une pointe d'amertume dans la voix. « Tu m'as laissée sans explication, sans regard, sans rien. Et maintenant, je suis ici, à cause de toi. »

Julien se pencha légèrement vers elle, son regard se durcissant. « Tu crois que ça m'a été facile ? De disparaître ? Mais il y a des choses que tu ne comprends pas. Je suis ce que je suis, et je ne pouvais pas te laisser m'approcher davantage. »

Il s'arrêta, puis sembla réfléchir un instant avant de reprendre. « Je sais ce que tu veux me dire, Élodie. Je sais pourquoi tu es ici. »

Ses paroles, à la fois directes et mystérieuses, la firent vaciller. Il savait déjà. Comment ? Pourquoi était-il si sûr de lui ? Une boule se forma dans sa gorge, mais elle résista, ne voulant pas céder à l'émotion. « Alors, parle-moi, » dit-elle, ses yeux l'implorant presque. « Parle-moi de ce que je suis censée faire, de ce que tu attends de moi. »

Julien la fixa longuement avant de répondre. « Viens avec moi. Je veux qu'on parle, mais pas ici. Pas comme ça. » Il attrapa doucement son poignet, et Élodie ne protesta pas. Elle était trop perdue dans ses pensées, dans l'étrange sensation de déjà-vu, pour lutter.

Ils sortirent discrètement du hall, et alors qu'ils s'éloignaient, Élodie sentit son cœur battre plus vite. La conversation qu'elle redoutait tant était sur le point de commencer.