/0/21993/coverbig.jpg?v=f7760b193126c15b01909383c73fff86)
Le lendemain matin, Élodie se réveilla avec une sensation de malaise. Elle n'arrivait pas à échapper à l'impression que quelque chose avait changé, que tout ce qui s'était passé la veille semblait irréel, comme si elle avait vécu un rêve étrange, mais terriblement vivant. Elle se leva lentement, ses pensées tournées vers la nuit précédente. Le baiser de Julien... cette chaleur qu'il lui avait transmise, cette urgence qui les avait envahis. Pourtant, maintenant, il semblait si distant, presque absent.
Au petit-déjeuner, elle chercha du regard Julien, espérant retrouver quelque part dans son regard la passion qu'il lui avait donnée la veille, mais rien. Il était là, pourtant, son regard porté sur son assiette, son attitude figée, distante. Il ne la regardait pas, ni Clara. Seul un murmure de son prénom sembla briser le silence lorsque Clara le salua, mais la réaction de Julien était glaciale, comme s'il ne l'avait pas entendue.
Élodie se força à sourire, mais une inquiétude grandissante monta en elle. Pourquoi ce changement si soudain ? Pourquoi cette distance, cette froideur après ce qu'ils avaient partagé ? Elle ressentait comme un abîme qui s'était creusé entre eux, et la peur qu'il ne l'ait utilisée pour un moment, sans réel intérêt pour elle, s'imposa peu à peu dans son esprit. Mais comment un homme comme Julien pouvait-il avoir un tel pouvoir sur elle, l'abandonnant dans cet état de doute et de confusion ?
Après le petit-déjeuner, Clara la tira discrètement à part. Elle se pencha vers elle, son expression sérieuse, presque inquiétante.
« Élodie, il faut que tu sois prudente avec Julien. » La voix de Clara était basse, comme si elle ne voulait pas que Julien entende. « Il a une réputation. Une mauvaise réputation. »
Élodie la regarda, interloquée. « Que veux-tu dire ? »
Clara soupira profondément, ses yeux se perdant dans les alentours, comme si elle avait peur que quelqu'un puisse entendre. « Tu sais, ce n'est pas un homme comme les autres. Il a... des secrets. Beaucoup de secrets. » Elle se pencha encore plus près. « Il est capable de te faire oublier tout ce que tu crois savoir. Et ce n'est pas seulement sa séduction. C'est dans sa nature. Il a ce pouvoir de manipuler, d'entrer dans ton esprit, de t'emmener là où il veut que tu sois. »
Élodie la fixa, déstabilisée. « Mais il n'a rien fait de mal... il n'a fait que... nous parler. »
Clara la regarda, son regard durci. « Tu ne comprends pas, Élodie. Il a ce don. Il attire les gens, les envoûte. Et quand tu es sous son emprise, il peut te briser. » Elle marqua une pause, comme si les mots qu'elle venait de prononcer étaient trop lourds à porter. « Il y a des choses que même moi je ne comprends pas. Des histoires, des rumeurs. Mais il est dangereux. »
Élodie laissa échapper un soupir. « Tu veux dire que je devrais l'éviter ? »
« Je ne sais pas ce que tu devrais faire, » répondit Clara, les yeux assombris par l'inquiétude. « Mais fais attention. Reste sur tes gardes. »
La conversation laissa Élodie dans un état de confusion plus profond encore. Était-ce possible ? Était-ce lui qui avait changé, ou était-ce elle qui avait commencé à se perdre dans cette attirance dangereuse, ce désir qu'elle n'avait pas cherché à comprendre ? Mais pourquoi Clara semblait-elle si préoccupée, si urgente dans ses mises en garde ? Et pourquoi, après tout, avait-elle accepté de passer ce week-end ici, entourée par ces personnes et surtout lui, Julien ?
L'après-midi passa, mais Élodie ne parvenait pas à se débarrasser de cette sensation étrange. Alors qu'elle se promenait seule dans les jardins, elle aperçut Julien à l'horizon, marchant lentement à travers la forêt. Son regard se fixa sur lui, et avant même qu'elle ne puisse se dire que c'était une idée stupide, elle se retrouva à suivre ses pas, comme poussée par une force invisible.
Il ne tourna pas la tête lorsqu'elle s'approcha, mais son dos se raidit légèrement lorsqu'il sentit sa présence derrière lui. Puis, d'une voix calme, il parla sans se retourner.
« Tu me suis ? »
« Je pensais juste que... peut-être que nous pourrions parler un peu, » répondit-elle, sa voix douce, presque hésitante.
Il s'arrêta, lentement, et se tourna vers elle. Ses yeux brillèrent un instant, puis il esquissa un sourire léger. « Tu as des questions ? »
Élodie se sentit déstabilisée sous son regard. « Oui... J'ai... l'impression que tu es différent aujourd'hui. C'est comme si tu... avais changé. »
Julien la fixa pendant un moment, et il sembla hésiter, comme s'il cherchait quelque chose dans ses yeux. Puis, sans dire un mot, il tourna les talons et se remit en marche dans la forêt, signifiant qu'elle devait le suivre. Une nouvelle fois, elle se sentit attirée, presque forcée de marcher à ses côtés, comme une ombre.
Au fur et à mesure qu'ils s'enfonçaient dans la forêt, l'air devenait plus lourd, plus électrique. Leurs pas se perdaient dans le bruissement des feuilles et le craquement des branches. La nature autour d'eux semblait presque silencieuse, comme si elle écoutait, elle aussi, ce qui allait se passer. Élodie ressentit alors une étrange sensation de danger, comme si la forêt elle-même devenait un piège qui se refermait sur elle.
« Tu n'as pas peur ? » demanda Julien soudainement, sans se retourner.
« Peur de quoi ? » répondit-elle, ne sachant pas si c'était la question qui la troublait ou la réponse qui se cachait derrière.
« De ce qui peut se passer quand on laisse une chose aller trop loin. » Il s'arrêta brusquement, la fixant maintenant intensément. « Tu as une chance de comprendre ce que tu veux vraiment, ou de t'éloigner avant qu'il ne soit trop tard. »
Élodie sentit une vague de chaleur envahir son corps. « Pourquoi me dis-tu ça ? » demanda-t-elle, incapable de cacher l'angoisse qui montait en elle.
Julien fit un pas en avant, presque imperceptible, et tendit une main vers elle, comme pour l'inviter à le suivre dans une profondeur qu'elle ne voulait pas comprendre. « Parce que tu es déjà trop proche de moi pour revenir en arrière. »
Un bruit lourd fit écho dans la forêt, interrompant leurs échanges. Élodie tourna brusquement la tête, n'ayant pas remarqué que ses pieds avaient glissé sur une racine humide. Avant même qu'elle n'ait eu le temps de réagir, elle sentit son corps basculer en avant, l'instant suivant, elle chutait vers le sol avec une rapidité déstabilisante.
Julien réagit d'instinct, sa main se tendant vers elle. Il la saisit juste avant qu'elle ne touche le sol, la tirant vers lui avec une force qui la fit haleter. Elle s'accrocha à lui, son cœur battant la chamade dans sa poitrine. Il la tenait contre lui, solidement, son bras autour de sa taille, et elle sentit sa chaleur envahir tout son être.
« Ça va ? Tu es bien ? » demanda-t-il, ses yeux scrutant le moindre signe de douleur sur son visage.
Elle hocha la tête, mais son souffle était saccadé, son esprit encore embrouillé par la peur du moment. « Oui... oui, je vais bien. Merci. »
Julien la regarda un instant, puis ses yeux se durcirent, presque froids. « Il vaut mieux que tu restes près de moi, » murmura-t-il, « Parce que ça n'est pas fini. »
Un frisson traversa le corps d'Élodie. Quelque chose, dans la manière dont il avait prononcé ces mots, laissait entendre que ce n'était que le début de quelque chose de bien plus complexe et dangereux.