Chapitre 4 Chapitre 4

La robe noire qu'Alessia avait choisie pour le gala la serrait comme une seconde peau, sculptant chaque courbe avec une précision presque scandaleuse. Le satin glissait sur sa silhouette, à la fois luxueux et impitoyable, révélant plus qu'il ne cachait. Alors qu'elle attendait devant l'entrée de son immeuble, le vent glacial de la soirée semblait complice, soulevant délicatement l'ourlet de sa tenue pour caresser ses jambes nues. Une limousine sombre s'arrêta devant elle, le reflet des lumières de la ville dansant sur sa carrosserie.

Nathan en sortit, impeccable dans son costume noir, une incarnation vivante du pouvoir et de l'arrogance. Son regard s'attarda sur elle, un mélange de satisfaction et de quelque chose de plus trouble, presque animal.

- Vous êtes... acceptable, dit-il avec un sourire en coin.

Alessia haussa un sourcil, masquant son irritation derrière un masque de neutralité.

- Merci, répondit-elle sèchement. Je m'efforcerai de ne pas vous embarrasser.

Ils montèrent dans la voiture, le silence entre eux chargé d'une tension palpable. Nathan, toujours en contrôle, semblait à l'aise dans cette atmosphère étouffante, tandis qu'Alessia tentait de calmer son cœur qui battait à un rythme alarmant.

Le gala se déroulait dans un immense hôtel de luxe, où chaque détail – des lustres en cristal aux tapis épais – respirait une opulence presque indécente. Dès leur arrivée, les regards se tournèrent vers eux, curieux et scrutateurs. Alessia sentit une vague de panique l'envahir, mais elle la réprima rapidement, affichant un sourire confiant.

Nathan posa une main légère dans le creux de son dos, un geste à la fois possessif et rassurant.

- Respirez, murmura-t-il à son oreille. Vous êtes ici pour jouer un rôle, et je suis certain que vous en êtes capable.

Elle le détesta pour sa facilité déconcertante à lire en elle, mais elle se força à suivre son conseil.

Ils naviguèrent parmi la foule, saluant des visages inconnus, échangeant des politesses superficielles. Alessia observait, enregistrant chaque détail, chaque murmure, comme une éponge. Mais bientôt, elle comprit que ce monde n'était pas qu'un simple théâtre de faux-semblants : c'était une arène où chaque sourire dissimulait une lame prête à frapper.

Alors qu'elle sirotait une coupe de champagne, elle surprit une conversation à voix basse dans un coin isolé de la salle. Deux hommes discutaient avec Nathan, leurs expressions graves, leurs gestes tendus.

Elle s'approcha discrètement, se dissimulant derrière un groupe de convives.

- ... risqué, Nathan. Si ça échoue, nous perdons tout, murmura l'un des hommes, un investisseur au visage anguleux et aux yeux perçants.

- Rien n'échouera, répondit Nathan d'une voix froide et implacable. J'ai tout calculé.

- Et si les autorités découvrent... ? ajouta l'autre, visiblement nerveux.

Nathan esquissa un sourire, glacial et dénué d'humour.

- Elles ne découvriront rien. Faites-moi confiance.

Le ton de sa voix fit frissonner Alessia. Elle recula lentement, évitant d'attirer l'attention. Ses pensées tourbillonnaient. Que manigançait-il ? Était-elle en train de plonger dans un monde plus dangereux qu'elle ne l'avait imaginé ?

De retour au centre de la salle, elle tenta de retrouver son calme. Nathan la rejoignit peu après, son visage impassible, mais ses yeux trahissant une certaine agitation.

- Vous allez bien ? demanda-t-il, son ton plus doux qu'elle ne l'aurait attendu.

- Parfaitement, mentit-elle, esquissant un sourire qu'elle espérait convaincant.

Il la fixa un instant, comme s'il tentait de déchiffrer ses pensées.

- Je vais avoir besoin de vous ce soir, ajouta-t-il finalement. Soyez prête à improviser.

Alessia hocha la tête, bien qu'elle n'ait aucune idée de ce qu'il attendait d'elle.

Le reste de la soirée se déroula dans un flou étrange, une succession de conversations et de regards furtifs. Mais tout bascula lorsqu'ils furent invités à rejoindre une petite pièce à l'écart, réservée aux VIP.

L'atmosphère changea immédiatement. Les sourires se firent plus rares, les mots plus lourds. Nathan, fidèle à lui-même, semblait parfaitement à l'aise, mais Alessia sentait la tension dans l'air, comme une corde prête à se briser.

Elle restait en retrait, observant en silence, jusqu'à ce que l'un des hommes s'adresse à elle.

- Vous êtes la nouvelle protégée de Nathan, n'est-ce pas ? demanda-t-il d'un ton moqueur.

Avant qu'elle ne puisse répondre, Nathan intervint, sa voix tranchante comme un couperet.

- Alessia est bien plus qu'une protégée. Elle est un atout.

Le silence qui suivit était presque assourdissant. Alessia sentit ses joues s'empourprer, mais elle refusa de détourner le regard.

Après ce moment tendu, ils quittèrent finalement la pièce. La nuit avançait, et les invités commençaient à partir.

Dans la voiture qui les ramenait, le silence entre eux était différent. Moins tendu, plus chargé d'une émotion qu'Alessia ne parvenait pas à nommer.

Nathan la regarda soudainement, son visage plus ouvert qu'elle ne l'avait jamais vu.

- Vous avez bien joué votre rôle ce soir, dit-il simplement.

- Est-ce tout ce que je suis pour vous ? Un rôle ? demanda-t-elle, surprise par sa propre audace.

Il sembla hésiter, une rare vulnérabilité passant dans son regard.

- Ce que vous êtes pour moi... est encore à définir, murmura-t-il finalement.

Alessia sentit son cœur s'emballer, mais elle détourna les yeux, refusant de se laisser emporter.

La voiture s'arrêta devant son immeuble, mais avant qu'elle ne puisse descendre, Nathan attrapa doucement son poignet.

- Soyez prudente, Alessia. Ce monde n'est pas fait pour les faibles.

Elle le fixa, cherchant à comprendre la signification cachée de ses mots.

- Heureusement pour vous, je ne suis pas faible, répondit-elle avec un sourire en coin.

Il la relâcha, un éclat d'admiration dans ses yeux.

Cette nuit-là, alors qu'elle se tenait devant son miroir, encore vêtue de sa robe de gala, Alessia comprit que quelque chose avait changé. Ce n'était pas seulement une soirée, ni même un test. C'était le début d'un jeu dangereux, où chaque mouvement comptait, où chaque faux pas pouvait être fatal. Et elle était déterminée à en sortir victorieuse, quoi qu'il en coûte.