- Tu vivais avec quelqu'un avant tout ça, lui demanda t'il ?
- Non, je suis pas sûr que j'aurai pu vivre avec une autre personne. J'étais pas prête, j'en avais pas envie. Et toi ?
- Non plus, j'étais tellement prit avec ma boîte que ça m'est même pas venu à l'esprit. Pourtant ma mère y faisait souvent allusion mais j'avais aucune envie d'en assumer les conséquences. De devoir envisager l'avenir, de devoir m'occuper d'une famille, d'enfants, alors j'ai fais le sourd et espérant que ça lui passe puis il y a eu tout ça. Et finalement, la question ne se pose plus.
- Elle était encore en vie quand tout à commencé ?
- Oui, elle l'était encore et mon père aussi. On habitait qu'à quelques arrondissements l'un de l'autre, du cou j'ai rapidement réussit à les rejoindre mais juste après tout s'est enchaîné, trop vite. On était pas préparé, pas à ça. Les tremblements de terres se sont rapprochés, les immeubles ont commencé à s'écrouler et j'ai réussi à protéger ma mère mais mon père lui s'est retrouvé enseveli sous les décombres. On a fuit, hors de Paris, lentement, et une fois à la périphérique, quand on s'est arrêté quelques jours, je l'ai vu dépérir, s'éteindre petit à petit, sans lui, face à ce nouveau monde, elle n'avait plus envie de continuer. Au bout de trois jours, elle était morte, je l'ai enterré, je suis restée sur sa tombe quelques jours puis j'ai continué.
- Pas de frère ou sœur ?
- J'ai eu un petit frère, mais il est mort au bout de quelques jours, mort subite du nourrisson.
- Désolé.
- Y a pas de raison. Je ne m'en souviens pas. Je n'avais que deux ans. Et toi, tu les as revu ?
- Non, j'ai laissé un message chez mes parents au cas où l'un d'entre eux s'y rendrait mais personne ne m'a rejoins. J'espère qu'ils s'en sont sortie, au fond de moi, j'y crois encore mais ma grande sœur Julie a une fille, elle a cinq ans aujourd'hui. Vois les difficultés qu'on eu pour en arriver là, alors comment aurait elle pu faire ?
- Tu n'as pas essayé d'aller la chercher ?
- Non, après avoir enterré ma mère, je suis partie. J'en avais déjà trop vu sans savoir que ça n'était que le début. Je voulais juste partir, être loin, loin de tout ce qu'il pouvait resté. J'ai laissé un mot, une piste que seule ma famille pourrait suivre, une chance de me retrouver, un espoir presque vain et je ne me suis pas retournée.
- En venant jusqu'ici, est ce que tu as croisé des personnes, ou des groupes de personnes qu'on pourrait qualifié d'aussi normal que nous ?
- Si on veut. Comme je te l'ai dis, on a tous le choix. J'ai vu le pire, mais aussi ce qu'on pourrait considérer comme le meilleur. Des personnes se regroupant, pour reconstruire, tenter de rebâtir. J'en ai vu, je les ai même approché, mais je sais pas, je ne me suis pas vu recommencer. - - Faire semblant qu'une nouvelle société peut encore exister après toutes ces atrocités et j'ai préféré suivre mon plan.
- J'en ai vu aussi. Une fois, quelques jours après avoir laissé ma mère. J'étais pas prêt à suivre un groupe, pas prêt à vivre en communauté. - - Puis j'ai vu le pire et j'ai presque regretté de ne pas m'être conforté à la sécurité du groupe et j'ai continué.
Jusqu'alors allongée sur le dos, elle se retourna, emmitouflée dans une couverture, son verre à la main et après avoir but une gorgée, reprit,
- Et tu as réussis. Tu as survécu, jusqu'à aujourd'hui. Malgré les changements et les épreuves.
- C'est vrai mais à quel prix ?
- Au prix de ta survie et si on ne se bat pas pour ça, que nous reste t'il ?
Ainsi positionné, il pouvait contempler ce qu'il n'avait fait que deviner sous ces couches de vêtements. Son corps semblait parfait, il distinguait la profondeur de son décolleté, la finesse de sa peau. Même son odeur semblait l'appeler mais il ne fit que prendre la même position qu'elle, buvant une gorgée à son tour pour lui répondre :
- J'ose espérer qu'il reste encore une once d'espoir et que c'est aussi ça qui nous pousse à continuer à nous battre pour survire.
- Peut être, lui répondit elle en souriant, peut être en effet.
Charlie, vient s'installer entre eux. Comme unique rempart à cette proximité naissante, presque comme une ultime barrière qu'il ne fallait pas dépasser et aucun d'eux ne la brisa, chacun profita de la conversation, par moment plus légère, à d'autre plus sombre. Ils se livrèrent sans crainte d'être jugé et quand l'alcool finit par faire son œuvre, ils s'endormirent, face au feu alors qu'à l'extérieur, la meute rôdait, cherchant une faille dans la défense pour se délecter de ce repas plus qu'à porté de crocs.
Les premiers rayons du soleil effleurèrent sa peau, la caressant comme un amant aurait pu le faire. Une douce chaleur l'entourait et sans ouvrir les yeux, elle sut qu'elle n'avait pas envie de la quitter. Un cocon protecteur, une présence rassurante. Cette idée la dérangea, une présence rassurante, depuis quand n'avait t'elle pas eu cette sensation, et soudain, elle s'éveilla et réalisa que durant leur sommeil ils s'étaient rapprochés.
Même si de premier abord, elle avait pensé fuir, elle mit une minute de plus avant de se décaler, une seule minute durant laquelle elle se rappela toutes ces fois, après une étreinte passionnée, après une bref instant échangé, elle avait pu se sentir bien. Ces instants après l'amour, après le sexe ou juste le corps de l'autre suffit à vous rassurer.
Puis sortant de cette torpeur sentimentale, et comprenant, comme toujours que l'autre restait dangereux, elle s'écarta et fila loin de lui vite rattrapé par Charlie friand de ces caresses matinales.
Le son de ces ronronnements l'apaisa comme souvent et en réponse, elle frotta son visage contre lui avant de filer sous la douche.
L'eau dénoua ces muscles et la tension baissa à mesure que la température dans la pièce montait. Elle pencha sa tête en arrière, laissant le liquide dévaler son visage. Elle attrapa machinalement le savon et commença à passer ces mains sur son corps. Chaque mouvements éveilla ces sens, chaque frottement la poussa à plus, à se rappeler, à se souvenir d'autres mains sur son corps, de ces doigts pinçant ces tétons jusqu'à la faire gémir, de ces cuisses ferment et musclés se glissant contre les siennes, électrisant son clitoris alors qu'un membre chaud et palpitant ne demandait qu'à se glisser en elle, puis enfin, alors que la tension montait, alors que le plaisir ne demandait qu'à jaillir, la pénétration, cette sensation unique qui même si elle ne mène pas obligatoirement à l'orgasme, reste unique car puissante et révélatrice.
Le plaisir la submergea plus rapidement que d'habitude et plus violemment, la laissant tremblante durant quelques minutes.
Pauline n'avait jamais été du genre à se préoccuper de la vie de ces amants. Sans avoir une grande collection, lorsqu'elle en ressentait le besoin, elle ne s'en était jamais privé. Si elle ne se souvenait pas forcément de leurs noms, elle se rappelait de leur attitude durant leurs étreintes. Certains plus tendre, d'autres tremblant puis d'autres plus assuré où encore déchaîné.
L'image de Lucas s'invita et elle glissa sur le sol en se demandant quel amant il pourrait être.
En sortant, les cheveux encore mouillée, son tee shirt ayant légèrement glissée sur son épaule, une serviette autour de la taille, elle se retrouva face à lui dans la cuisine.
Son regard sur son corps la fit frissonner, lui rappelant l'activité à laquelle elle venait de se donner.
- Désolé, j'ai plus l'habitude de vivre avec quelqu'un. Je prendrais des vêtements la prochaine fois.
- T'as pas à t'excuser. Même si tu te baladais nue, je me jetterai pas sur toi pour autant.
- Dis comme ça, je pourrais presque croire que tu es gay si je ne venais pas de te voir me regarder comme ça.
- Tu es très belle et je suis un homme qui n'a vu aucune femme depuis très longtemps pour autant, je ne suis pas un animal. J'ai toujours eu des convictions, toujours cru qu'une femme avait le choix et que son choix comptait tout autant que celui d'un homme. Je sais comment me satisfaire, comme tout les mecs je le sais depuis longtemps. Je suis désolé que ma façon de te regarder t'ai mis mal à l'aise mais je te promet que je ne te forcerai jamais à quoique ce soit. J'ai été surpris en te voyant sortir comme ça, mais si on doit vivre ensemble quelques temps, ça serait bien qu'on est un peu confiance l'un envers l'autre. Tu m'as sauvé alors que tu aurais pu me faire n'importe quoi et hier soir, tu t'es endormi avant moi et je ne t'ai pas touché.
- Je te l'ai dis, j'ai plus l'habitude.
Avant qu'il ne puisse lui répondre, elle attrapa un pantalon et l'enfila puis s'habilla rapidement pour sortir et respirer profondément l'aire frais.
Il avait raison. Elle n'avait vu aucun homme depuis un moment et c'était sûrement pour cette raison qu'elle se sentait si fébrile en sa présence.
Comme tout les jours, machinalement, elle alla récolter les œufs, s'occuper de son potager et couper du bois pour quelques jours.
Après de longues heures à s'éreinter, à se forcer à travailler pour ne pas penser, pour ne pas repenser à tout ce qui n'était plus, elle se décida à rentrer.
Lorsqu'elle repassa la porte de chez elle, l'après midi était bien entamé et Charlie lui sauta dessus ne sachant si il devait la réprimander d'avoir été si longue ou si il était heureux de la revoir. Aussitôt le contact de l'animal la fit sourire, son pelage contre ces doigts, le son de son ronronnement sous ces caresses.
- Hé bien hé bien Charlie, on dirait que je t'ai manqué, lui dit elle en frottant sa tête contre la sienne.
Le silence fit écho à sa question et ça la rassura. Enfin, un semblant de normalité. Elle fila dans la cuisine ou elle trouva un plat encore fumant qui l'attendait avec un mot posé à côté.
« Je voulais pas te blesser, ou te vexé. J'ai préparé à mangé et je prépare un circuit avec deux trois trucs que j'ai trouvé pour ton projet. Je vais rester dans la chambre, ça sera plus facile pour nous deux. Au fait, ton chat ne veux rien manger quand tu n'es pas là, il serait pas un peu parano ?:) »
Peut être que ça serait mieux, en effet, chacun de son côté. Chacun vivant sa vie, en se croisant un minimum. Le soir venu, elle lui déposa de quoi se restaurer avant de s'installer comme toujours face à la cheminée et de s'endormir.
Le hurlement d'un loup la tira de son sommeil et dans la foulé, Lucas sortit de sa chambre. Pauline s'approchait déjà des volets de la cuisine. Avec un peu de chance, elle pourrait y voir quelque chose si elle agissait en douceur.