Mélissa haussa un sourcil, mais choisit de ne pas insister. « D'accord alors ! Allons-y, j'ai besoin de ton aide pour réviser ce chapitre de maths. »
Ils passèrent l'après-midi à travailler, mais cette fois, Évan se sentait distrait, incapable de chasser les paroles de Paul de son esprit. Le venin insidieux de ses propos avait planté un doute en lui, un doute qu'il n'aurait jamais cru possible. Pour la première fois, il se demanda ce que sa relation avec Mélissa pouvait réellement lui apporter... au-delà de l'amitié.
À la fin de leur séance, Mélissa, qui avait remarqué son silence inhabituel, lui lança un regard inquiet.
« Évan, tu es sûr que tout va bien ? Tu sembles ailleurs. »
Il prit une grande inspiration, cherchant à éloigner les pensées troublantes qui l'envahissaient. « Oui, désolé. J'ai juste... des choses en tête. »
Elle le regarda avec insistance, comme si elle essayait de lire dans son esprit. Puis elle posa une main réconfortante sur son épaule.
« Tu sais que tu peux tout me dire, Évan. Je suis là, d'accord ? »
Son ton chaleureux et sincère lui rappela pourquoi il s'était rapproché d'elle. Malgré tout ce que Paul avait insinué, Évan savait au fond de lui que Mélissa n'était pas comme les autres. Et pourtant, l'idée d'obtenir quelque chose de plus de cette relation lui restait en tête.
Le soir même, alors qu'il se préparait à rentrer chez lui, Évan passa devant une boutique de téléphones et remarqua l'iPhone dernier modèle exposé en vitrine. Instantanément, il se souvint de la conversation qu'ils avaient eue, lorsque Mélissa lui avait dit en plaisantant qu'elle aimerait bien un nouvel iPhone. Bien sûr, elle n'avait jamais insisté ni même sérieusement attendu qu'il le lui offre, mais cette idée s'était en quelque sorte enracinée dans son esprit.
« Peut-être que Paul a raison... Peut-être qu'elle ne se rendrait même pas compte d'un geste comme celui-ci, et pourtant, elle pourrait comprendre que je veux vraiment être à la hauteur, » se dit-il à voix basse.
Mais en même temps, il ressentit une forme de répulsion à l'idée de se plier à des attentes matérielles pour gagner son respect ou son affection. Lui, qui avait toujours méprisé les artifices et les biens superficiels, se retrouvait soudain confronté à une tentation qu'il n'aurait jamais envisagée auparavant.
Au bout d'un moment, il décida de ne pas se précipiter. Il avait travaillé trop dur pour se rabaisser à une approche aussi calculatrice. Cependant, il se promit d'observer les choses de plus près. Si Mélissa tenait vraiment à lui, elle ne devrait pas s'intéresser à ce qu'il pouvait lui offrir d'un point de vue matériel.
De retour chez lui, Évan se plongea dans ses études, tentant d'évacuer ses préoccupations par le travail. Mais, même après des heures de concentration, l'image de l'iPhone brillait encore dans son esprit, comme un rappel constant de la fracture entre leurs mondes.
Quelques jours plus tard, Mélissa et Évan se retrouvèrent pour déjeuner ensemble. À sa grande surprise, elle lui parla de ses ambitions pour l'avenir, un sujet qu'ils n'avaient jamais abordé.
« Parfois, je me dis que j'aimerais m'éloigner d'ici, » dit-elle d'un ton rêveur, les yeux fixés sur le ciel. « Voyager, découvrir d'autres horizons, vivre des expériences loin de ce que je connais déjà... »
Évan, touché par sa sincérité, l'écouta attentivement. « Ce serait génial, Mélissa. Je crois que tu as tout ce qu'il faut pour réaliser ce genre de rêves. »
Elle lui adressa un sourire énigmatique, comme si elle voyait au-delà de ses mots. « Et toi, Évan ? Tu as des rêves particuliers, quelque chose qui te tient à cœur ? »
Il hésita un instant, surpris par cette question. « Eh bien... je suppose que mon rêve serait de pouvoir étudier sans avoir à m'inquiéter de l'argent. De pouvoir consacrer tout mon temps à apprendre et à bâtir quelque chose de stable, sans cette constante pression financière. »
Mélissa sembla réfléchir à ses mots, un air pensif se dessinant sur son visage. « Ce n'est pas juste que tu aies à te battre autant pour des choses aussi simples. »
Évan haussa les épaules. « C'est la vie. On fait avec ce qu'on a, non ? »
Elle lui sourit doucement, mais il perçut un éclat de tristesse dans ses yeux, comme si elle comprenait une vérité qu'il n'avait pas encore découverte. Peut-être se rendait-elle compte de l'injustice de leur différence de situation.
Quand ils se séparèrent ce soir-là, Évan était plus confus que jamais. D'un côté, il ressentait de plus en plus cette connexion spéciale avec Mélissa. Mais de l'autre, il ne pouvait ignorer les obstacles imposés par leurs différences sociales et financières, accentués par des remarques comme celles de Paul.
Alors qu'il retournait à son travail, Évan se fit une promesse silencieuse. Il trouverait un moyen de prouver sa valeur, sans avoir recours à des gestes superficiels ou à des artifices. Il resterait fidèle à lui-même, quoi qu'il advienne, même si cela signifiait affronter ses propres insécurités et les attentes des autres.
Les semaines passèrent, et la complicité entre Évan et Mélissa s'intensifiait. Chaque jour semblait apporter son lot de moments de proximité, de rires, et de discussions profondes qui nourrissaient l'amitié, voire l'affection grandissante, entre eux. Évan commençait à ressentir quelque chose de sincère, quelque chose qui dépassait les simples apparences. Mais derrière cette façade de bonheur, une ombre demeurait : les doutes qu'avait semés Paul dans son esprit. Il ne pouvait pas totalement les écarter.
Un après-midi, alors qu'ils révisaient ensemble dans un café du campus, Mélissa posa brusquement son livre, les yeux brillants d'une excitation soudaine.
« Écoute, j'ai une idée ! » lança-t-elle en se penchant vers lui. « Ça te dirait de m'accompagner ce week-end ? Je vais chez ma tante qui vit dans une grande maison près du lac. Elle m'a invitée à passer le week-end et j'ai pensé que ce serait plus amusant si tu venais avec moi. »
Évan se sentit tiraillé entre l'envie de l'accompagner et une certaine retenue. « Je ne sais pas, Mélissa... Je travaille le week-end. Je ne peux pas vraiment me permettre de... prendre du temps. »
Elle leva les yeux au ciel, feignant un air faussement vexé. « Allez, Évan, ce n'est que pour deux jours ! Je suis sûre que tu peux trouver quelqu'un pour te remplacer. »
Il hésita, ses pensées envahies par les souvenirs de leur dernière conversation sur ses finances. Mélissa n'avait peut-être pas conscience de l'effort que cela lui coûterait de rater une journée de travail, mais il savait à quel point ces heures étaient précieuses pour lui.
« Et si... je te promettais de payer pour tout ? » proposa-t-elle finalement, captant immédiatement le regard surpris d'Évan.