« Et abandonner n'est pas une option pour toi, n'est-ce pas ? » fit-elle doucement.
Évan acquiesça, le regard perdu dans le paysage autour d'eux. « Non. J'ai des responsabilités, et même si parfois c'est difficile, je ne veux pas baisser les bras. »
Un silence les enveloppa, un silence dans lequel Évan pouvait presque entendre leurs cœurs battre. Mélissa semblait troublée, et avant qu'il ne puisse comprendre pourquoi, elle posa une main légère sur son bras.
« Évan, je voulais te dire... Merci. Merci d'être comme tu es. »
Son geste, aussi simple soit-il, envoya un frisson le long de la colonne vertébrale d'Évan. Mais avant qu'il ne puisse répondre, une voix interrompit le moment.
« Mélissa ! Alors, on cache son nouveau petit ami ? »
Ils se retournèrent pour découvrir Hugo, le capitaine de l'équipe de basket, qui avançait vers eux d'un pas assuré, un sourire narquois sur les lèvres. Évan sentit ses muscles se tendre. Hugo était le genre de garçon qui attirait l'attention, et pas toujours pour les bonnes raisons. Évan avait déjà été témoin de son arrogance et de sa manière condescendante de traiter ceux qu'il jugeait « inférieurs ».
Mélissa fronça les sourcils, visiblement agacée. « Hugo, ne dis pas n'importe quoi. Évan et moi sommes juste en train d'étudier ensemble. »
Mais Hugo ne sembla pas convaincu. Il se tourna vers Évan, le dévisageant d'un air supérieur. « Juste étudier, hein ? C'est marrant, parce que j'ai l'impression que ce type-là pense pouvoir te séduire. »
Évan serra les poings, ses joues rougissant sous la pression du regard condescendant d'Hugo. Il sentait la colère bouillonner en lui, une colère qu'il s'efforçait de contenir pour ne pas céder à la provocation.
Mélissa s'interposa, croisant les bras et adoptant un ton tranchant. « Hugo, arrête. Tu n'as pas à te mêler de ma vie. Je te rappelle que je suis libre de fréquenter qui je veux. »
Hugo haussa les épaules, un sourire méprisant étirant ses lèvres. « Bien sûr, Mélissa. Mais fais attention à qui tu donnes ton attention. Certains risquent de mal interpréter les choses. »
Avant qu'Évan ne puisse répondre, Mélissa saisit sa main et l'entraîna plus loin, hors de portée de la voix d'Hugo. Il sentit un mélange de gêne et de satisfaction en sentant la chaleur de sa main dans la sienne. Lorsqu'ils furent suffisamment éloignés, elle se tourna vers lui, ses yeux brillants de frustration.
« Désolée pour ça. Hugo... il peut être vraiment insupportable. »
Évan haussa les épaules, tentant de masquer la déception qu'il ressentait. « Il ne me dérange pas vraiment... Je suis habitué aux gens comme lui. »
Elle le regarda avec tristesse, comme si elle comprenait soudain à quel point il devait se sentir constamment jugé. « Tu ne devrais pas avoir à l'être, » murmura-t-elle. « Il n'a aucun droit de te parler de cette façon. »
Évan hocha la tête, touché par sa compassion. Mais une part de lui se demandait s'il n'avait pas été trop naïf. Cette amitié qu'il commençait à développer avec Mélissa semblait pleine de promesses, mais il ne pouvait ignorer les obstacles entre leurs mondes si différents.
Ils continuèrent de marcher en silence, Évan perdu dans ses pensées, Mélissa regardant droit devant elle. Finalement, elle brisa le silence.
« Écoute, Évan... je ne veux pas que tu penses que je me rapproche de toi par pitié ou pour me divertir. Tu es quelqu'un d'unique, et j'apprécie chaque moment que je passe avec toi. »
Ces mots firent naître un sourire timide sur les lèvres d'Évan. Il ne savait pas quoi dire, mais son regard lui communiqua toute sa gratitude. Ils s'arrêtèrent près d'un banc et s'assirent, observant en silence le soleil qui déclinait, projetant des ombres dorées autour d'eux.
Alors qu'ils discutaient de tout et de rien, une complicité naturelle s'installait entre eux. Pour la première fois, Évan sentit qu'il pouvait peut-être se permettre d'espérer, que peut-être leur amitié était réelle, qu'elle pouvait dépasser les apparences et les attentes sociales qui pesaient sur eux. Pourtant, une part de lui restait sur la réserve, consciente que Mélissa était aussi entourée de gens comme Hugo, des gens qui ne comprendraient jamais ce qu'Évan avait enduré pour en arriver là.
Leurs rires résonnèrent dans l'air frais du soir, et en cet instant, rien d'autre ne semblait compter. Pour Évan, cet après-midi représentait bien plus que de simples moments de bonheur partagés. Il réalisait qu'avec Mélissa, il n'avait pas besoin de se cacher, qu'il pouvait être lui-même sans peur ni honte.
Et pour Mélissa, peut-être que cette amitié naissante lui donnait la possibilité d'échapper, ne serait-ce qu'un instant, à la superficialité de son monde. Mais un doute persistant planait dans leurs esprits, une question qu'aucun d'eux n'osait formuler à voix haute : combien de temps cela pourrait-il durer ?
Les jours suivants furent marqués par une routine agréable entre Évan et Mélissa. Ils continuaient de se retrouver à la bibliothèque, étudiant, partageant des moments de complicité, et pour Évan, chaque sourire de Mélissa allégeait un peu plus le poids de ses difficultés. Malgré tout, la méfiance d'Évan restait présente, un murmure sourd qui l'empêchait de se laisser totalement aller.
Ce matin-là, alors qu'Évan rangeait ses affaires dans son casier, un de ses camarades de classe, Paul, s'approcha de lui avec un sourire en coin. Paul était connu pour ses ambitions démesurées et son habileté à manipuler les autres pour arriver à ses fins. Il salua Évan d'un geste exagérément amical.
« Eh, Évan ! Alors, j'ai entendu dire que tu passais pas mal de temps avec Mélissa, la reine du campus. »
Évan se contenta de hocher la tête sans répondre, préférant ne pas nourrir la curiosité de Paul. Pourtant, celui-ci insista, glissant un bras autour de ses épaules d'un geste presque trop familier.
« Tu sais, t'es peut-être sur un bon coup, mon vieux. Mélissa, ce n'est pas juste n'importe quelle fille, elle vient d'une famille aisée. Imagine les opportunités que ça pourrait t'ouvrir si tu joues bien tes cartes. »
Évan s'écarta légèrement, ses sourcils froncés. « Ce n'est pas du tout comme ça que je vois les choses, Paul. Mélissa est juste une amie. »
Paul émit un rire sarcastique. « Bien sûr, bien sûr. Mais laisse-moi te donner un conseil, Évan. Les amitiés, surtout avec des gens comme elle, peuvent se transformer en quelque chose de... lucratif, si tu sais ce que je veux dire. »
Évan serra les poings, agacé par l'insinuation de Paul. Il détestait l'idée que quelqu'un puisse penser qu'il utilisait Mélissa pour ses propres intérêts. Pourtant, Paul, voyant son air irrité, insista avec plus de conviction.
« Réfléchis-y, Évan. Avec ta situation, tu pourrais profiter un peu de ce qu'elle peut t'offrir. Tu te tues à la tâche pour gagner un peu d'argent, mais elle, elle a tout, et elle pourrait facilement t'aider sans même le remarquer. »
Avant qu'Évan ne puisse répliquer, Mélissa apparut au bout du couloir, souriant en apercevant Évan. Paul se redressa aussitôt, affichant un sourire poli avant de murmurer à Évan.