Caleb était tellement agacé par cette femme et pourtant, il ne pouvait s'empêcher de la trouver séduisante et unique. Il était pourtant fiancé, sa promise était encore là même s'il ne la voyait que très peu. Ou plutôt pas du tout. Cela faisait des mois qu'il n'avait pas vu ses yeux ni entendu le son de sa voix. Et voilà, qu'une femme, lui plaisant en tout point, débarquait dans sa vie pour mettre un véritable coup de pied dans la fourmilière.
Il voulait la voir partir non pas par pur égoïsme, mais bien parce qu'il sentait cette tentation si forte en la regardant. Il ne voulait pas l'avoir plus longtemps qu'il ne le devrait dans les pieds. Et voilà qu'elle avait trouvé le moyen de contrer ses véritables objectifs.
Caleb retourna à l'étage alors qu'il l'avait abandonné quelques minutes plus tôt pour aller discuter avec Rose. Il y avait aussi un véritable chantier, mais bien moins complexe que pour la pionnière. Il devait simplement refaire la peinture et surtout, il y avait installé son atelier de menuiserie. C'était sa passion, confectionner des objets en tout genre. Cela lui permettait d'oublier ce qui pouvait se passer au poste de garde.
Il prit une profonde inspiration alors que par la fenêtre, il voyait passer cette douce jeune femme pour s'éloigner de la demeure. Il n'avait clairement plus les idées claires quand il la voyait. Mais il devait se ressaisir. Enfin, jusqu'à ce qu'il repose une nouvelle fois le regard vers la rue. Rose n'était maintenant plus seule.
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Bien loin de se préoccuper de ce que pouvait faire Caleb, Rose était déterminée à oublier cette conversation avec cet homme au culot démesuré. Et puis alors qu'elle regardait l'institutrice s'occuper des enfants au milieu de la grande rue, elle se fit interpellée par une personne qu'elle aurait préféré ne pas revoir tout de suite : le maire.
Elle soupira lourdement alors qu'elle le regardait s'approcher d'elle. Lui affichait un sourire ravageur, bien différent de la première fois. Il lui dit alors tout en gardant ses mains dans son pantalon de costume lui allant à la perfection : "Mademoiselle Delaway, je suis ravi de vous revoir..."
Rose, lui répondit alors sèchement :"ce plaisir n'est pas partagé ..."
Après un court blanc, le maire lui dit, faisant semblant de ne pas avoir écouté : "Nous sommes partis du mauvais pied tous les deux et je dois admettre que je n'ai pas été honnête ni gentleman avec vous."
Rose se détendit avec ces mots et se permit alors de se tourner correctement vers lui pour entendre la suite de son discours. Il lui dit alors en tendant la main vers elle : "Je m'excuse pour mon comportement aussi ignoble avec vous. Laissez-moi me présenter correctement. Mon nom est Tyson Smith et vous savez déjà ce que je suis."
Elle posa son regard sur sa main, hésitante avant de finalement la serrer, sans pour autant avoir fait disparaître la fierté sur son visage. Elle lui dit alors : "Eh bien je peux enfin mettre un prénom sur la personne qui m'a prise pour une idiote."
- "Ce n'était pas mon intention même si je dois admettre que mon but était bel et bien de me débarrasser de ce bâtiment."
Rose soupira une nouvelle fois lourdement, montrant son mécontentement à Tyson. Elle s'apprêtait à partir quand il la stoppa une nouvelle fois net, en lui tenant fermement la main : "Permettez-moi de me faire pardonner en vous invitant à dîner."
La colère disparue du regard de Rose pour laisser place à l'étonnement. Pourquoi diable voulait-il sortir avec elle ? Il est vrai qu'elle avait caché à tous ici depuis son arrivée qu'elle était mariée sur le point de divorcer, mais elle n'était pas dans l'optique de trouver un autre mari. Elle écarta tout contact avec le maire avant de lui répondre, assez maladroitement : "Votre invitation est plus que... Gentille. Mais je suis dans le regret de la refusée."
Tyson, âgé d'une trentaine d'années, aussi beau qu'il pouvait être, ne comprit pas le refus : "Et pourquoi cela ?"
Elle hésita avant de finalement donner une réponse qui risquait de ne pas vraiment lui plaire : "Vous n'êtes pas mon style..."
Elle tourna les talons, laissant le maire sans voix au milieu du chemin. Elle n'avait pas envie de continuer cette conversation. Il lui fallait un refuge au plus vite. Elle s'approcha alors de la maîtresse d'école, bien décidée à faire régner la discipline malgré le moment à l'extérieur. Elle lui dit alors sans vraiment de pincettes : "S'il vous plaît Jane, dites moi que le maire ne me regarde plus."
Sans vraiment comprendre, elle regarda par-dessus son épaule et lui confirma finalement le départ du brun ténébreux : "Vous pouvez souffler, il est parti."
Rose soupira de soulagement avant de remercier la jeune institutrice. Intriguée, celle-ci lui demanda alors pourquoi elle réagissait de la sorte :
"Il m'a proposé un dîner."
Jane plissa les yeux alors qu'elle lui dit : "Et en quoi cela est un problème ?"
- "Je ne... J'ai été déçue par les hommes."
Rose ne voulait pas entrer dans les détails. Les blessures que Charles lui avait infligées étaient bien trop grandes pour être partagées ainsi.