Chapitre 5 l'accord

Pendant plusieurs jours, Rose s'attela à retaper cette bicoque. Mais la tâche allait être bien plus compliquée qu'elle ne le pensait. Les lattes des murs tombaient une à une, le planché semblait avoir absorbé des liquides indésirables, la couleur des murs ne changeait toujours pas puisqu'elle devait d'abord s'occuper de réparer les trous faits par de multiples animaux.

Elle croyait qu'elle n'y arriverait jamais. Et le sergent ne faisait absolument rien pour l'aider. Lui se contentait de passer par le bas plusieurs fois par jour pour monter à l'étage. Et là haut, elle entendait aussi des bruits de marteau et clous s'enfoncer dans le bois. Il refusait impérativement de l'aider. Même si c'était dans leur accord, elle pensait que la pitié avait pris le dessus. Mais à chaque fois, il trouvait une excuse pour fuir.

Aujourd'hui, elle commençait à désespérer alors qu'elle dégageait les fenêtres de l'intérieur des planches qui les condamnaient. Mais elle avait beaucoup de peine à y arriver. Puis alors qu'elle perdait espoir, elle vit passer devant la vitre sale des mineurs se rendant au travail. C'est là qu'elle reconnut Mctavish, celui avec qui elle avait partagé un voyage.

Elle eut un sourire satisfait alors qu'elle se précipita vers l'extérieur, ses vêtements de travail complètement couvert de poussière et de taches. Dwight eut du mal à la reconnaître, bien loin de la femme bien apprêtée qu'il avait vu dans la calèche. Il leva son chapeau en signe de respect avant de lui répondre :

« Rose ... Comment allez-vous ? »

- « Cela pourrait aller mieux... J'ai un peu de mal à retaper toute seule cette bâtisse. Vous saurez où je pourrais trouver de l'aide ? Je suis évidemment prête à payer le double de la mine. »

Dwight hésita un instant. Elle lui proposait quelque chose de très intéressant, mais il n'avait aucune garantie que cela serait le cas tout le temps. Surtout que c'était une solution sur le court terme. Mais il avait besoin de cet argent pour ramener sa femme par ici. Il soupira avant de lui dire :

« D'accord, laissez-moi jusqu'à demain pour demander un congé à la mine. »

Rose sourit satisfaite de son œuvre. Elle lui serra la main en guise de preuve de leur engagement avant qu'elle ne se retourne vers la bâtisse et n'aperçoive pas Caleb à la fenêtre, visiblement agacé par la scène qu'il venait de voir. Elle afficha un sourire en coin cette fois-ci, victorieux d'avoir gagné la bataille contre cet homme.

Mais lui ne croyait pas si bien dire. Il quitta la fenêtre pour dévaler les escaliers à toute vitesse et retrouver la jeune femme dans le salon actuel qui allait sans doute se trouver changer en boutique.

Rose fit face à Caleb, la tête haute, déterminée à ne pas lâcher la proie qu'elle avait durement gagnée. Elle croisa les bras sur sa poitrine, faisant bien comprendre à Caleb qu'elle n'était pas ouverte à la discussion. Il lui dit alors, assez agacé : « Vous n'avez pas le droit de faire ça... »

- « Et pourquoi pas ? Vous refusez de me venir en aide, je dois bien essayer de trouver des solutions par moi-même puisque vous voulez que j'abandonne... »

- « Ce n'est pas de cela dont il s'agit. »

- « Non évidemment qu'est ce que cela pourrait être d'autre ? Vous croyez que je suis une femme stupide et aveugle parce que je viens de la ville ? Et bien vous avez tort, je suis tout à fait capable de m'en sortir et trouver des solutions par moi-même. Et si cela ne vous plaît pas de me voir dans les parages, grand bien vous fasses, mais je ne partirais pas. »

Caleb était maintenant surpris de sa réaction. Il n'aurait jamais cru qu'elle réagirait de la sorte. Il garda le silence un instant avant de lui répondre : « Évidemment... Je comprends. Il peut venir si vous voulez... »

- « Evidemment, il viendra... Je vais faire un tour, je dois prendre l'air. »

Elle prit son sac à main et quitta la maison sans vraiment où aller.