Chapitre 4 Quel Culot !

Caleb n'en revenait pas. Il allait devoir supporter une femme dans son habitation alors que sa propre fiancée ne daignait même pas le rejoindre ici. Il en avait une rage folle. En plus, ses manières si hautaines et sa façon de se tenir devant lui rappelaient l'horreur de la famille de sa fiancée. Elle avait tout pour qu'il la déteste malgré sa beauté à couper le souffle.

Et ce maire ! Quel bel enfoiré d'avoir joué ce tour. Maintenant, il était débarrassé de lui, mais il avait une femme bien plus teigneuse qui avait de véritables ambitions et un projet pour le bâtiment. Elle avait vraiment de quoi lui jouer des tours. Elle pouvait véritablement faire de sa vie dans un enfer.

Mais d'un autre côté, le rêve que le sergent s'était forgé n'était pas vraiment prêt de se réaliser. Il avait envisagé de réaménager cette maison en véritable cocon familiale, y épouser sa fiancée et avoir des enfants, beaucoup d'enfants. Et pourtant, ce moment ne venait pas. Car la femme qu'il avait rencontré tardait à s'installer à SoftCreek. Pendant un temps, c'était à cause de son travail. La douce avait un emploi du temps chargé et son père ne semblait pas prêt à laisser sa fille partir dans les territoires du Nord-ouest avec un sergent de sang impur.

Caleb n'était ni un noble, ni un enfant né d'un mariage. Il était le fruit d'un abus de confiance entre une domestique et son employeur. Et au lieu de l'abandonner, sa mère l'avait considéré comme une véritable bouée de sauvetage, le fruit d'un malheur, mais pourtant un bonheur aux yeux de celle qui l'avait mis au monde. Sa mère avait finalement démissionné et lui avait bien fait enregistrer le nom de cet employeur. Il avait juré la venger un jour.

Il ruminait en pensant à l'absence de sa fiancée et maintenant à la présence de cette femme chez lui. Et alors qu'il retournait le poste de garde énervé par la situation, son second, le sergent Brooks, le suivit en quittant le café qu'il avait dans la main. Dans son uniforme rouge de la garde royale de la police montée et son chapeau de pionnier, il avait tout d'un homme séduisant lui aussi. Ces uniformes leur allaient à merveille.

Brooks, intrigué par sa colère, lui demanda discrètement : "Que se passe-t-il sergent ?"

- "Une femme. Voilà le problème" Dit il en s'assaillant à son bureau tout en enlevant son chapeau. Il jeta un rapide coup d'œil sur l'ivrogne se trouvant dans la cellule, il dormait encore à point fermé après ses scandales de la veille au saloon. Dans celle d'en face, il y avait ce prisonnier que le juge Ofshire venait voir. Lui était bien réveillé et semblait déterminé à trouver une faille aux officiers de la police montée pour pouvoir s'enfuir.

Brooks croisa les bras sur son torse alors qu'il écoutait ses mots : "Cela pourrait être pire... Qu'a-t-elle fait exactement ?"

Caleb posa son regard sur lui avant de lui répondre : "Le maire lui a vendu la moitié de la maison."

Une voix s'éleva alors derrière eux, le prisonnier s'exprima avec beaucoup de dédain et moqueries : "Quel salopard ! Il faut faire quelque chose sergent !"

Caleb lança un regard noir au prisonnier avant de lui répondre : "La ferme le caïd, on ne t'a pas demandé ton avis."

Le prisonnier s'éloigna alors de la grille pour s'asseoir sur sa couchette. Caleb reposa à nouveau son attention sur Brooks. Ce dernier haussa les épaules face au comportement du condamné avant de lui répondre : "C'est peut-être mieux non ?"

Caleb lui dit alors : "Aucune chance, elle veut en faire une boutique de mode. On a fait un marché pour cela."

- "En conclusion, tu t'es mis une corde au cou sans même te marier. Brillante idée !" Ironisa Brooks alors que le visage de Caleb se crispa. IL avait raison et c'est cela qui le dérangeait.

Caleb garda le silence un instant avant que Brooks ne rajoute, un peu sur la réserve : "Que va penser ta fiancée ?"

-"Ne me parle pas d'elle. Elle a perdu le droit d'avoir un avis tant qu'elle ne vient pas à SoftCreek"

- "Mais lorsqu'elle va arriver et va voir une femme dans la maison que vous avez achetée, elle va être folle de rage..."

- "Je t'arrête tout de suite, elle n'a rien payé, je l'ai fait. Et pour l'instant, ce n'est pas d'actualité."

Brooks haussa une nouvelle fois les épaules avant de lui dire : "Tu le sens comme tu veux sergent, mais tu sais que cela court au désastre."

-"Cette femme sera partie avant qu'elle n'arrive. Je vais faire en sorte que cela arrive."

Il clôtura la conversation par ces mots et se remit à travailler sur les sujets importants qui les préoccupaient à savoir le procès du caïd et de réveiller le second.

            
            

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