Je ne dois pas me laisser gagner par la panique, il faut que je trouve un moyen de m'enfuir. J'observe la chambre dans laquelle je suis, très simple, sans la moindre décoration qui pourrait me donner un indice sur sa situation ou même ses goûts. Il est malin. Je me redresse subitement, après avoir joué les gentilles prisonnières et vire la couverture qu'il a déposée sur moi. Il m'a attachée à la cheville, merde !
Je jure entre mes dents et glisse au fond du lit pour essayer de me libérer. C'est quoi ce bazar ?! Je tire dessus et tente un tas de trucs pour le retirer, mais c'est impossible. En plus d'être un enfoiré, il est doué avec les liens. Je passe ma main dans mes cheveux bruns et souffle un coup avant de me lever, sans tomber. Avec cette fichue chaîne, impossible de faire un pas dans la chambre. OK, je vais tirer le lit ! Mais ce n'est pas discret... je dois à tout prix savoir où je me trouve ! Il n'y a pas de fenêtres et c'est une pièce carrée, pas de caméras non plus ? Ou alors c'est bien planqué.
Je plisse les yeux et tourne sur moi-même en soupirant. La porte n'est pas proche et je tire sur ce satané lit qui pèse une tonne ! Bon sang, je ne vais pas y arriver. J'aurais dû aller à la salle de sport plutôt que de prendre des cours de chant. Ce type me répugne et il est hors de question que je devienne sa soumise, son jouet ou je ne sais quoi. J'ai une carapace et je sais mettre certaines choses de côté, ma vie n'est pas rose. Je tire une nouvelle fois et la lampe sur la table de chevet s'écrase sur le sol. L'ampoule se brise et je me retrouve dans le noir. Fais chier ! Je donne un coup de pied dans le lit et retiens un hurlement. Ça fait mal, bon Dieu !!!
- C'est quoi ce bordel ?! gronde mon ravisseur.
- Manquait plus que lui... soufflé-je en m'asseyant sur les draps.
- Tu comptais fuir avec le lit ? Et la lampe est brisée...
Il est grand, bon, trouve une excuse. Bonne nouvelle, il n'est pas nu et je l'ai clairement dérangé puisqu'il porte un masque. Ses cheveux sont gris, alors qu'ils étaient noirs un peu plus tôt. Intéressant. Même son parfum n'est pas le même.
- Je me suis fait mal au pied.
Pas un mensonge. Il s'approche de moi et je dois lever la tête pour le regarder dans les yeux, qui sont marron cette fois. Il n'est pas vieux, pas jeune non plus, du moins, d'après ce que je vois.
- Qu'est-ce que tu as fait ? Pff, soupire-t-il en prenant mon pied.
- Je ne t'ai pas demandé de me toucher, dis-je en lui mettant un coup avec. Relâche-moi.
- Cette fois ! Trop, c'est trop ! s'énerve-t-il en me collant dans le lit.
- Tu n'as aucun droit sur moi !
- Je crois que tu n'as pas saisi ! Tu m'appartiens et tu vas m'obéir !
Je le fusille du regard en me débattant, mais il est extrêmement fort.
- Même pas en rêve ! Si tu essayes de me briser, tu n'y arriveras jamais !
- Tu penses vraiment que je ne vais pas y arriver ? Il y a toujours moyen de faire pire, rit-il en m'attachant au lit.
- Tu comptes encore me violer ?!
- Là, non. Je vais ramasser tes conneries et regarder à ton orteil. Idiote.
Hein ? Il s'est pris un coup sur la tête ? J'ai frappé aussi fort que ça ? Je grogne en tirant sur mes liens et il nettoie le sol avant de me mettre un pansement sur l'orteil. N'importe quoi. Comme si j'allais devenir gentille et oublier ce qu'il m'a fait. Pfff. Je lève les yeux au ciel et laisse tomber ma tête sur l'oreiller. On dirait une étoile de mer.
- Si tu attends un merci ou autre, tu peux courir.
- Je n'attends rien, soupire ce malade en me recouvrant. Je vais juste bien dormir, pas toi. Quand on est ridicule, hein.
- C'est ça, dégage.
Ridicule ? Et toi avec ton maquillage, ton enlèvement et le reste, tu ne l'es pas ridicule ?! J'ai juste envie de pleurer et de rentrer chez moi. Mon colocataire va certainement me mettre à la rue si je ne reviens pas. Ma famille s'en fout et personne ne va me chercher.
- La prochaine fois, si tu n'es pas sage, je risque d'oublier la capote !
- Que de maturité, c'est affligeant !
- Ou peut-être maintenant, finalement, murmure-t-il en se mettant au-dessus de moi.
- C'est bien ce que je dis, affligeant, déclaré-je en serrant les dents.
- On verra plus tard, les reproches. Je vais devoir t'enseigner le respect.
- Tu prendrais le risque de ne pas te protéger ? Tu ne me connais pas, le défié-je en le fixant.
- C'est de moi que tu dois avoir peur. J'en ai eu beaucoup avant toi.
- Ravie pour toi, c'est pareil pour moi.
C'est un demi-mensonge ça. Il ne m'écoute pas et me pénètre avec force alors que je mords l'intérieur de ma joue en détournant le visage. Il me dégoûte, j'ai envie de vomir. Comment peut-on agir comme ça ? Comment est-ce que ce type est devenu ainsi ? Je n'en sais rien, mais je m'en moque à vrai dire et je ferme les yeux en me retenant de pleurer. Je devrais haïr tout ce qu'il me fait, mais mon corps en a décidé autrement, c'est un véritable enfer ! Est-ce qu'il va me rendre malade ?! Est-ce qu'il va me garder longtemps ? Je l'ignore et encaisse chacun de ses coups de reins en camouflant des gémissements. J'aurais dû me taire, mais je ne veux pas me laisser faire. Je ne veux pas être faible, je ne veux pas ramper devant ses pieds, hors de question. Je n'ai déjà pas grand-chose dans ma vie, mais j'ai ma liberté et je ne veux pas la perdre.
Son souffle brûlant glisse dans mon cou et il continue d'abuser de moi en posant ses mains partout sur mon corps. Ma peau frissonne et je tire sur mes liens. Les minutes durent une éternité et il finit par jouir avant de se redresser. Je crois qu'à force d'enfoncer mes ongles dans mes paumes, je me suis fait saigner. Qu'importe... j'ouvre les paupières et mon corps entier tremble, encore complètement secoué après cette agression.
- C'était bien mieux sans. Ton idée était la bonne, Adalyn.
- Va au diable, dis-je en le regardant.
- Tu apprendras à aimer, ne t'en fais pas.
N'y compte pas trop. Je continue de le fixer sans répondre et il quitte la pièce en riant. Pauvre type, j'ai très envie de te tuer. Une fois seule, je laisse couler quelques larmes en silence pendant un long moment avant de m'endormir d'épuisement. Je ne suis qu'un vulgaire jouet pour lui, un moyen de se divertir, mais je ne compte pas lui rendre la vie facile. Je vais tout perdre par sa faute, mon job, mon appartement, tout. Peu importe, j'y arriverai et je trouverai qui il est.
La nuit est horrible et mon corps me fait souffrir. Je passe en revue tous les détails que j'ai pu récolter. Mais je n'arrive pas à faire le vide, trop de choses se bousculent en moi. Je voudrais comprendre ses intentions. Il m'a dit qu'il voulait faire de moi sa soumise, c'est n'importe quoi. Je tente à de multiples reprises de me défaire de ces liens, mais rien n'y fait. J'ai même des marques sur les chevilles et les poignets à force de tirer dessus. Lorsque je ferme un œil, je revis sans cesse des cauchemars de mon enfance ou alors mon enlèvement. Peut-être que je vais craquer mentalement, finalement.
Est-ce qu'il avait prévu tout ça ou est-ce qu'il m'a choisi au hasard ? Une pathétique chanteuse sans la moindre attache et sans la moindre famille. La cible idéale. Pas de recherches, pas de problème. La fille qui ne manquera à personne. Bravo monsieur Mystère. Bien joué. Ouais, je lui ai trouvé un nom, parce qu'il est hors de question que je l'appelle maître. Je finis par m'assoupir à nouveau en essayant de réfléchir aux preuves que j'ai. Il doit bien y avoir un grain de sable dans son plan, quelque chose qui puisse m'aider à le démasquer.