Le sac de toile noir qui recouvre son visage me donne un avantage, tout comme le modulateur de voix. Je la contemple quelques instants en silence pour la laisser revenir sur terre et doucement paniquer. Sa respiration est saccadée et tout son corps tremble de terreur. Elle tire sur les liens, se débat, étouffe un sanglot et finalement, se résigne, comme toutes les autres. Sauf que cette fois, tout est différent. Elle sera mon apothéose, la touche finale à mon tableau.
Je viens à elle, toujours plus près, sans un bruit. Ma plume caresse son cou et ma prisonnière se raidit subitement alors que je descends mon arme duveteuse sur son décolleté. Sa peau frissonne et la mienne s'embrase d'excitation. Cette femme est d'une beauté presque irréelle, fascinante, comme aucune autre avant elle. Je ne regrette plus Carmen, elle n'était pas à la hauteur.
- Bonjour petit oiseau, vous revenez enfin parmi nous ?
- Qu'est-ce que... qui êtes-vous ?!
- Si je te le disais, le jeu prendrait fin. Or, il ne fait que commencer.
- Quel jeu ?! Je ne veux pas jouer, relâchez-moi !
- Je n'en ai aucunement l'intention. Tu es ma propriété à présent. Ne t'en fais pas, tu vas y prendre beaucoup de plaisir.
- Je ne suis la propriété de personne ! lance-t-elle en se débattant.
Je n'ai que trop entendu ce discours au fil du temps, il manque cruellement d'inventivité. Je sors mon canif et éventre sa robe de velours d'un simple geste, dévoilant ainsi de somptueux sous-vêtements assortis. Avec une tenue pareille, elle tente de me convaincre qu'elle n'en a pas envie ? Toutes les mêmes. Je soupire et continue de faire glisser ma plume sur ses courbes élégantes.
- Tu es sans nul doute ma plus belle captive. J'ignore combien de temps je te garderai, mais je compte bien savourer chaque instant.
- C'est toi le malade qui enlève toutes ces filles...
- Que de vilains mots. Il me semble qu'aucune d'elles n'a porté plainte. Elles semblent même heureuses.
- Toutes devenues folles, c'est ça la vérité. Mais je ne deviendrai pas comme elles.
C'est encore à voir. Ma lame finit par mettre un terme à l'existence futile du tissu recouvrant les derniers vestiges de ce qui fut son intimité. Quel spectacle ! Sa poitrine est parfaite et je ne manque pas de la caresser à pleines mains avant d'entamer un jeu plus sensuel avec ses tétons en les pinçant entre mes doigts. Elle frissonne à nouveau et se crispe en tentant de serrer les cuisses. Ne nie pas l'évidence, tu aimes déjà ton sort.
- Peut-être voudras-tu que je les perce. Peut-être me supplieras-tu pour davantage de plaisir. Une chose est certaine, tu adores.
- Vire tes sales pattes de moi ! Tu ne sais rien de ce que je ressens.
Non, mais je connais par cœur votre point de non-retour. Mes lèvres s'emparent de sa poitrine tandis que ma main gantée parcourt le bref chemin qui me sépare de son intimité pour y introduire mes doigts sans la moindre invitation. Je n'ai pas choisi d'être un preux chevalier, mais ne regrette rien. J'aime la voir lutter contre elle-même pour ne pas apprécier ce que je lui fais. Je suis certain qu'elle fronce les sourcils sous sa toile. Je ne compte pas m'arrêter en si bon chemin, c'est certain.
Je savoure cet instant comme aucun autre, la tension dans l'air est électrique. Je sais qu'elle va mettre du temps à sombrer, elle semble avoir un caractère bien trempé. Je finis par poser de petites ventouses sur la pointe durcie de ses seins. Celles qui envoient de petites décharges. Rien de douloureux, juste stimulant, comme le cliquet d'un briquet. Elle étouffe tant bien que mal un gémissement dans le fond de sa gorge et un sourire satisfait se grave sur mes lèvres alors que de la sueur perle lentement sur sa peau. Ce petit jeu ne va faire que monter crescendo jusqu'à la pousser dans ses derniers retranchements.
- Pourquoi te retenir à ce point ? Laisse-toi sombrer et fais-toi plaisir. À quand remonte ton dernier orgasme ?
- Va te faire voir ! Je ne suis pas ton jouet...
- Maintenant si. Il faudra te préparer, tu te doutes bien qu'un malade tel que moi a quelques fétiches.
- Sans blague, tu as besoin de te sentir puissant, c'est ça qui te plaît ? Je ne serai pas ta petite chienne docile.
Du challenge ? J'espère bien ! Je finis par introduire les sextoys, petit à petit. Un stimulateur clitoridien, un gode lubrifié dans le cul et un oiseau heureux qui ne l'admettra jamais. Tant qu'il n'y a pas balle, il n'y a pas match. Je ne l'ai pas encore prise. Je regarde les heures défiler et les orgasmes s'enchaîner en silence. Lorsque je la juge cuite à point, je la libère. Elle ne tient plus, c'est certain. Je peux la prendre sans le moindre problème.
- Alors, cette première soirée avec ton maître ? murmuré-je en retirant le sac de sa tête.
- Un véritable enfer, siffle-t-elle en plissant les yeux.
- Tu dois avoir soif ? Je me trompe ?
- Peut-être bien. Mais je vais me barrer d'ici et tu n'es pas mon « maître ».
Ce qu'elle peut être frustrante ! Plus tard, le dressage. Je ne peux espérer la soumettre sans gagner sa confiance. Je caresse doucement sa joue avant d'aller la mettre à table et de lui servir de quoi se désaltérer ainsi qu'un repas bien mérité.
- Adalyn Sinclair, un charmant prénom.
- Tu t'en lasseras rapidement, ne t'en fais pas.
- J'en doute fort, tu es vraiment magnifique. Tu es ma première à être aussi belle.
- Je ne suis pas un trophée, espèce de cinglé, dit-elle en prenant le verre.
- Tu vas devenir ma soumise, pas un trophée. Quoi que...
Le verre termine sa course en plein dans ma gueule. Comme c'est charmant. Après notre souper en tête à tête, je reprends madame, qui se débat à nouveau comme une lionne en m'insultant. Quelques prises de bec et quatre gifles dans ma joue droite plus tard, je finis par coller cette garce dans le lit et la menotter aux barreaux. Il y avait quoi dans le repas ? Un énergisant ? Note pour moi-même : ne plus commander dans ce restaurant. J'ai de la chance d'avoir un maquillage qui tient l'eau, voilà qu'elle me crache au visage maintenant.
- Je vois que tu es courageux, cacher son identité, c'est pathétique.
- Tu crois ça ? Quel artiste ne se costume pas ? Aucun.
- Ne mélange pas tout, tu n'es pas un artiste, juste un malade.
- C'est très vilain de juger un livre à sa couverture, ma belle Adalyn.
- Et c'est très vilain d'enlever des femmes pour satisfaire tes envies de détraqué !
Je suis juste un homme qui aime jouer, nuance. Je me place au-dessus d'elle avec un petit sourire mesquin et ne me fais pas prier pour lentement la pénétrer en m'emparant de ses seins. Malgré ses refus, son corps s'arc sous la déferlante de plaisir que je lui inflige jusqu'à ce que la jouissance lui fasse perdre le fil. Quant à moi, je dois m'y reprendre à plusieurs reprises pour venir. Je déteste les préservatifs, putain. Au final, je n'y ai pas vraiment pris de plaisir, c'est juste pour la forme. J'ai hâte qu'elle se donne à moi entièrement. Je n'ai jamais été d'un naturel patient et je la regarde reprendre son souffle en évitant soigneusement mon regard. Est-ce que j'ai entendu un « oui » pendant que je la finissais ? En tout cas, ses joues se sont agréablement teintées de rouge.
- C'était une première fois surprenante.
- Extrêmement désagréable.
- C'est vrai que le préservatif à la banane, c'est la pire invention du siècle. Il piquait un peu. C'est moi ou tu as joui dans les règles de l'art ?
- Ne prends pas tes rêves pour la réalité. Je suis allergique aux connards et à la banane, du con.
Je pouffe de rire et elle fait la gueule. Le résumé d'une bonne femme en somme. Pour une chanteuse maniérée, elle est dotée d'une répartie cinglante. En règle générale, ça me mettrait hors de moi, sauf que là, ça m'excite et ne fait que rendre le jeu plus attrayant. Je caresse sa peau sucrée en la faisant trembler et la regarde jusqu'à ce que son regard croise le mien. Peut-être que je la garderai plus longtemps que la dernière, je n'en ai aucune idée. Je sais juste qu'elle est ma plus belle prise et que j'aime la posséder. Je la détache à nouveau pour la coller de force dans la douche.
Est-ce que j'ai remis ça avec une capote à la fraise ? Ouais. Mais qui a inventé ces merdes que je lui colle un procès ? Je ne tiens pas à la voir préparer sa vengeance alors, je l'attache nue au lit par la cheville. À ce stade, elle ne se débat plus vraiment, elle est bien trop épuisée pour râler. Elle est posée sur les draps, fraîchement lavée et peine à se remettre de sa journée. Je crois que le petit oiseau va avoir du mal à tenir la longueur. Je la recouvre et la laisse pour la nuit. Demain, il y aura un peu de dressage à faire et je suis également rincé. J'ai encore beaucoup de travail. Je me demande ce qu'elle pense de notre coup dans la douche. Elle n'était pas ligotée et ne m'a pas frappé.