Le Maître
img img Le Maître img Chapitre 3 Chapitre 2. Le chant du cygne - Adalyn.
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Chapitre 6 Chapitre 5. Un rêve envolé - Le Maître. img
Chapitre 7 Chapitre 6. Langue de serpent - Adalyn. img
Chapitre 8 Chapitre 7. Un opéra captif - Le Maître. img
Chapitre 9 Chapitre 8. À mi-mot - Adalyn. img
Chapitre 10 Chapitre 9. Écrire l'histoire entre les lignes - Le Maître. img
Chapitre 11 Chapitre 10. Une envolée funeste - Adalyn. img
Chapitre 12 Chapitre 11. L'île du Diable - Le Maître. img
Chapitre 13 Chapitre 12. Danse avec moi - Adalyn. img
Chapitre 14 Chapitre 13. Quelques mots sur un piano - Le Maître. img
Chapitre 15 Chapitre 14. L'inavouable - Adalyn. img
Chapitre 16 Chapitre 15. S'il faut s'aimer - Le Maître. img
Chapitre 17 Chapitre 16. Rêves brisés - Adalyn. img
Chapitre 18 Chapitre 17. Le chat et la souris - Luc. img
Chapitre 19 Chapitre 18. The Mist - Adalyn. img
Chapitre 20 Chapitre 19 - Inspecteur Bertrand -Luc img
Chapitre 21 Chapitre 20. Une cage dorée - Adalyn. img
Chapitre 22 Chapitre 21. Les rouages du temps - Cromwell. img
Chapitre 23 Chapitre 22. Brille, petite étoile - Adalyn. img
Chapitre 24 Chapitre 23. Une erreur tragique - Luc. img
Chapitre 25 Chapitre 24. Le vrai du faux - Adalyn. img
Chapitre 26 Chapitre 25. Un tournant audacieux - Lucian. img
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Chapitre 3 Chapitre 2. Le chant du cygne - Adalyn.

Lorsqu'on chante, rien ne doit être laissé au hasard. Certains diront que c'est simple ou encore que c'est à la portée de tout le monde. Non. Tout notre corps est sollicité, chaque muscle, chaque geste, la respiration et le regard sont importants, surtout lorsqu'on monte sur scène...

J'aime cette sensation de liberté, cette bulle qui se forme autour de moi, comme une carapace que personne ne peut briser. Ne faire qu'un avec la chanson et me laisser emporter par les notes. C'est une passion, bien plus qu'un travail pour boucler les fins de mois. J'avance doucement dans les ruelles pour rejoindre le club où je vais assurer l'animation ce soir. Mes talons résonnent et je vérifie pour la troisième fois l'adresse sur mon téléphone. Mince... Je dois encore prendre le temps de rassurer Grégory, mon colocataire, avant d'arriver. Je m'arrête quelques secondes pour lui envoyer un message comme avant chaque représentation. Ensuite, je ne touche plus à mon portable durant la soirée.

Je souffle un grand coup et reprends ma route en regardant des affiches placardées un peu partout dans la ville. C'est vraiment triste, des jeunes filles disparaissent puis sont retrouvées dans un état lamentable, c'est limite si elles ne sombrent pas dans la folie. De quoi donner des sueurs froides. Qui pourrait faire ce genre de choses ? Et surtout, qu'est-ce qu'il se passe pour qu'elles soient comme ça ?

Les questions pour plus tard ! Je porte contre moi la housse avec ma robe et ma petite mallette avec tous les accessoires pour ce soir. Ne rien laisser au hasard, je l'ai déjà dit. Je ne pensais pas que c'était aussi loin, je prendrai le métro pour rentrer. Dix minutes de marche plus tard, je pousse les énormes portes en verre du « The Lady's Night ». Deux mecs en costumes, sûrement des agents de sécurité, me fouillent à l'entrée, ça ne rigole pas... Ce club est nouveau, c'est l'ouverture ce soir et j'avoue, j'ai un peu le trac.

Après avoir montré ma bonne foi, un homme d'une quarantaine d'années, très élégant, avec des lunettes surdimensionnées sur le nez, vient vers moi pour me conduire dans les loges. Je lui souris poliment et on traverse la salle principale alors qu'il m'explique un tas de détails en faisant de grands gestes. C'est à couper le souffle, et je prends quelques instants pour observer les lieux. Il porte des chaussettes dépareillées, c'est assez étonnant.

- Monsieur le directeur général sera là ce soir. Donnez le meilleur de vous-même, les filles ! Même si je doute que cela serve à quelque chose, s'amuse le metteur en scène en remettant ses cheveux noirs en arrière.

Les danseuses sont magnifiques et elles me saluent rapidement avant que je ne file me changer. Je dois encore tout préparer, m'échauffer la voix et faire le point avec les musiciens. Donc, au boulot ! Je ferme la porte derrière moi et ouvre la housse qui contient ma robe bleu nuit en velours avec une fente sur la cuisse droite. Merveilleuse ! Un regard charbonneux, un rouge à lèvres rouge profond, et je fais onduler mes cheveux qui cascadent sensuellement sur mes épaules et dans mon dos.

Je termine ma tenue avec des escarpins vertigineux et sors des loges pour rejoindre la scène. Tout se passe très vite, j'ai déjà travaillé avec les musiciens présents et on arrive sans peine à tout mettre en place. Diego, le saxophoniste, est là aussi et je le prends rapidement dans mes bras. Il me fait un large sourire et remet en place son petit nœud papillon blanc qui contraste avec sa peau couleur chocolat.

- C'est lui le grand patron, me souffle le saxophoniste d'un coup de tête.

Je tourne la tête dans la direction indiquée et aperçois un homme brun, pas une mèche qui dépasse, il ne fait pas attention au reste de la salle. Il discute avec d'autres personnes en buvant un verre d'alcool. Une barbe de trois jours, un costume taillé à la perfection, certainement de luxe. Le parfait patron en somme. Son regard croise le mien, une demi-seconde et ses yeux couleur ambre sont vraiment peu communs. Ça fait partie de mes habitudes, j'adore observer les gens, regarder des petits détails, ce qui peut les différencier des autres. Le gérant reprend sa conversation et je me tourne vers le musicien en haussant les épaules.

- Je ne pense pas qu'il prendra le temps de nous écouter, dis-je en remettant mes cheveux derrière mon oreille.

- Il s'en fout. Il n'y a que le fric qui compte, Adalyn. Et puis, la rumeur court qu'il aime les trompettes, rit mon ami.

- Tu as peut-être une chance alors, répondis-je en riant à mon tour.

Ils répètent quelques morceaux alors que je prépare ma voix. Le stress monte un peu et les minutes s'égrènent à une vitesse folle. Le responsable de la salle nous prévient que la soirée va débuter et je me mets en place derrière un micro vintage magnifique. Les premiers invités arrivent et les musiciens jouent un air doux en attendant que le fameux discours d'ouverture commence. Ensuite, ça sera à moi. La salle est vite remplie et toutes les personnes semblent avoir un sacré compte en banque. Bien loin du mien qui est au ras des pâquerettes...

Je me recule lentement pour laisser la place au responsable de salle, il sort des petites fiches de la poche de sa veste et s'éclaircit la voix avant de parler aux convives. Tiens, ce n'est même pas le grand patron qui fait le discours ? Trop occupé dans le carré VIP à l'étage apparemment.

- Mesdames et messieurs, j'ai l'immense plaisir de vous accueillir ce soir dans le nouveau bijou du génialissime directeur de la chaîne Solaris. Le Lady's Night, joyau de technologie, saura séduire vos regards, mais aussi tous vos désirs... Bienvenue dans le monde de la nuit et maintenant, sans plus attendre, la séduisante mademoiselle Adalyn Sinclair !

J'ai buté sur un mot : désir ? Humm... Je souris doucement et m'avance lentement sous les applaudissements du public. Les premières notes s'échappent des instruments et des frissons courent sur ma peau lorsque je débute « I put a spell on you » de Nina Simone. Mes doigts s'emparent délicatement du micro et je laisse couler mon regard sur la salle. Je bouge sensuellement au rythme de la musique et je suis transportée ailleurs comme à chaque fois que je chante.

Les gens ne font plus attention à moi au bout de quelques chansons, je deviens une plante verte, comme toujours. Un bruit de fond, pour l'ambiance de la soirée. Je change parfois de place et me pose par moment contre le piano pour les morceaux plus doux. Je prends un plaisir non dissimulé à faire résonner ma voix dans la salle. J'ai droit à une première pause et les danseuses prennent ma place le temps que je puisse me désaltérer un peu... Je descends de la scène et rejoins le bar afin de demander de l'eau.

- Tu ferais un beau trophée. Tiens, ma jolie, se marre le barman. Les filles placardées au mur sont bien moins belles...

Je le fixe en levant un sourcil, blond comme les blés, avec de longs cheveux attachés en chignon décoiffé. Il a même un petit grain de beauté au-dessus de la lèvre à droite et ses yeux bleus m'indiquent qu'il est intéressé par moi... Hum... Je déteste ça.

- Pardon ? Un trophée ? dis-je en récupérant mon verre. Merci.

- Tout le monde y va de sa petite théorie. Un prédateur rôde et t'es son genre.

- C'est rassurant comme discussion...

- Je te raccompagne après mon service, si tu veux, poupée.

- La poupée va se débrouiller toute seule, merci, lancé-je en souriant.

- Encore une qui se prend pour une star, pfff...

- Pas du tout... Et encore un qui se pense irrésistible, pfff, soufflé-je en partant.

- Qui sait, je te verrai peut-être d'un peu plus près, rit ce pervers en se léchant les lèvres.

Non, mais je rêve ! Débile ! Un trophée ? C'est comme ça que ces pauvres filles se font appeler ? Je me sens mal pour elles... Je vais m'asseoir près de la scène quelques instants pour boire tranquillement avant de reprendre ma place. Les danseuses sont incroyables, elles allument le club, c'est sublime. J'ai l'habitude de me faire draguer lors des soirées, ce type n'est pas le premier. Je déteste ça...

Je dépose mon verre vide au bar avant de repartir sur la scène pour démarrer « Twenty five » de The Pretty Reckless. J'aime le rythme lent du début et la passion qui s'enflamme au fur et à mesure... Mes doigts caressent le micro, puis je les fais glisser sur mes hanches en terminant les dernières paroles de la chanson. La soirée continue jusqu'à tard dans la nuit et les premiers invités s'en vont. Les coupes de champagne terminent vides et je quitte la scène pour de bon. Je ne sens plus mes pieds et je suis épuisée. Je remercie tous les musiciens et on se promet d'aller boire un verre tous ensemble un jour.

Une fois dans la loge, je récupère mes affaires et mon téléphone afin de prévenir Greg que je viens de terminer. Un petit rituel qui le rassure et je range mon smartphone dans ma mallette. Pas le temps de me changer, je passe dire au revoir au responsable du club et récupère en même temps mon salaire. Eh bien... Ils sont généreux, avec un peu de chance, je reviendrai.

Une fois à l'extérieur, je souffle un grand coup et passe ma main sur mon front avant de me diriger vers le métro. Si j'ai le dernier, je pourrai éviter de faire tout le chemin à pied. J'avance un peu et traverse la route lorsqu'un véhicule arrive à toute vitesse dans ma direction. C'est quoi ce malade ?! Je m'enfonce dans une petite ruelle pour rejoindre la ligne de métro, mais deux hommes me barrent la route... Qu'est-ce que... Je fais volte-face et deux autres se trouvent dans mon dos. Bon sang... L'un d'eux m'attrape et je me débats en criant, mais il me colle un tissu sur le visage. Oh mon Dieu... C'est quoi ça ? Je lutte, mais finis par perdre connaissance en laissant tomber mes affaires.

            
            

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