Chapitre 6 Utilisé et étrangement trahi

Il était midi passé quand Liam est finalement sorti de son coma post-coïtal. Il s'attendait à trouver Eden à ses côtés ; ce ne serait pas la première fois que ses conquêtes avaient abusé de son hospitalité.

Mais lorsqu'il s'est tourné sur le côté et a trouvé sa place vide, il a été étrangement confus.

Il s'est assis et a grogné. Son mal de tête a été aggravé par la lumière éblouissante qui éclatait à travers les fenêtres du sol au plafond alors que son majordome actionnait l'interrupteur sur le mur pour tirer les rideaux.

« Bon Dieu, Dave, qu'est-ce que tu fais? »

« Je suis désolé, Monsieur, vous avez été convoqué à la maison. Votre père veut vous voir immédiatement. »

« Dis-lui que je ne peux pas le rencontrer aujourd'hui », a grogné Liam en acceptant avec joie le remède contre la gueule de bois et deux Aspirines. Il avait l'impression qu'il aurait besoin de quelque chose de plus fort qu'une Aspirine si son père n'en faisait qu'à sa tête.

« Il a besoin que vous rentriez à la maison dans une heure », a dit Dave et s'est tourné pour partir.

Liam l'a arrêté, « Occupe-toi d'Eden pour moi. »

« Elle est déjà partie, Monsieur. »

« Comment ça, partie? », a demandé Liam, stupéfait par l'annonce de son majordome.

« Exactement, Monsieur. »

« Est-ce qu'elle a fait une scène? » Elles le faisaient toujours. Il ne serait pas surpris si Eden l'avait fait aussi.

« Non, Monsieur. Elle avait l'air impatiente de partir. Elle s'est pratiquement enfuie de la maison en courant. Si ça ne tenait qu'à elle, elle serait partie dans un Uber... »

« Ça n'a aucun sens », a dit Liam en secouant la tête. Il n'avait pas l'habitude de ramener des femmes à la maison ; sa vie sur la piste le tenait suffisamment occupé. Mais celles qu'il ramenait, et surtout après qu'elles ont découvert son statut et sa richesse, il devait toujours les forcer à partir. Parfois, la sécurité devait aussi intervenir.

« Tu es sûr qu'il s'agissait d'Eden? Cheveux bruns, petite, mignonne, de cette taille? », a-t-il demandé, décrivant Eden et démontrant sa taille avec sa main.

Dave a hoché la tête.

Liam était persuadé qu'il y avait un problème de communication entre le majordome et lui. Il a tendu la main pour attraper son peignoir, déconcerté par la tournure des événements. Il l'a enfilé et s'est glissé hors du lit.

Il a descendu les escaliers pour vérifier le salon et la salle à manger. Quand il n'a pas retrouvé Eden, il est allé sur le patio, persuadé qu'elle était en train de paresser dans la piscine chauffée.

Mais il n'y avait pas le moindre signe de la bibliothécaire timide, et ça l'a époustouflé. Il ne l'avait pas imaginé, Eden s'éclipsant pendant qu'il dormait. Il aurait dû être heureux qu'elle lui évite d'avoir à faire une conversation gênante après un coup d'un soir, mais ce n'était pas le cas. Peut-être parce qu'elle ne lui semblait pas être quelqu'un qui se lèverait et partirait, pas avec ce tempérament et la façon audacieuse dont elle l'a abordé.

Il s'attendait à ce qu'elle commence à penser que leur expérience unique, qui ne se répéterait jamais, pourrait mener à une résolution plus permanente. Et pour la plaquer gentiment, il avait déjà décidé de l'emmener faire du shopping, de la laisser choisir le collier en diamant le plus brillant qu'elle puisse trouver et de la déposer quelque part dans le duplex où elle habitait. Elle dégageait une impression de celle qui habitait dans un duplex à une chambre.

Qui diable est-ce qu'elle pense être? Liam a râlé en revenant sur ses pas jusqu'à la chambre principale. L'idée qu'une femme qui était bien en dessous de sa catégorie, en termes d'apparence et de richesse, ait jugé bon de l'utiliser pour le sexe et de le quitter l'a rempli d'une colère qu'il n'avait jamais connue auparavant.

Il s'est assis sur le bord du lit et a repensé à la nuit dernière.

Certes, ce n'était pas la meilleure expérience sexuelle qu'il ait jamais eue. Mais il a aimé la façon dont elle lui avait répondu. C'était fou de penser qu'ils venaient de se rencontrer, mais leurs corps se connaissaient déjà. Elle prenait vie à son contact, et il aimait la façon dont elle avait gémi son nom comme aucune femme ne l'avait jamais fait. Elle avait l'air heureuse d'être dans ses bras. Alors, qu'elle s'est enfuie sans même un merci ou un au revoir, c'était pour le moins angoissant.

Il s'est senti utilisé et étrangement trahi. Deux émotions qu'il n'aurait jamais pensé ressentir après un coup d'un soir.

Dave est revenu avec d'autres révélations étonnantes en déposant les vêtements d'Eden sur le lit. « Elle a laissé ça. »

« Waouh! Est-ce qu'elle était tellement pressée de s'éloigner de moi qu'elle est partie nue? » Liam était presque en train de crier maintenant.

Qui était cette femme, mais plus important encore, ses ébats amoureux étaient-ils à ce point nuls qu'elle n'a même pas pu attendre de mettre au moins quelques vêtements avant de partir? À cet instant, Liam s'est senti vulnérable et un peu mal à l'aise. Aucune femme ne s'était jamais enfuie de la sorte après avoir passé une nuit avec lui.

« Non, Monsieur, elle portait votre chemise et son manteau », a expliqué Dave. « Mademoiselle Stone a lavé ses vêtements après qu'elle est partie. »

Liam a poussé un soupir de soulagement en entendant ce que Dave a dit. Au moins, il n'était pas aussi nul ; elle ne s'était pas enfuie nue. Mais...

Il a regardé furieusement l'homme plus âgé et lui a dit : « Elle est partie avec ma chemise, tu dis? »

Dave a hoché la tête et s'est excusé, et Liam a secoué la tête. Elle était courageuse, cette Eden. Il devait la retrouver et l'obliger à s'expliquer.

Il a jeté un regard à sa robe et à la petite culotte rose en dentelle. Que diable était-il censé en faire maintenant?

Toujours sous le coup de la gueule de bois et certainement pas d'humeur à divertir son père, Liam est retourné dans la chaleur de son lit et s'est à nouveau endormi, bizarrement réconforté par l'odeur de ses ébats avec Eden qui flottait sur ses draps.

Dave l'a réveillé en sursaut peu après 15 heures, avec un dernier avis de son père. S'il ne se montrait pas dans l'heure qui suivait, Clarke Liam Anderson Senior n'aurait d'autre choix que de venir et de régler les choses avec lui.

Liam savait qu'il ne plaisantait pas. Il s'est traîné à contrecœur hors du lit et a pris une douche, passant un temps ridicule sous les jets apaisants pour retarder un peu plus longtemps la réunion redoutée.

Dire que son père et lui ont une relation amour-haine était un euphémisme. Quand tout allait bien entre eux, ils étaient les meilleurs amis du monde. Mais quand les choses allaient mal, comme c'est le cas depuis quelques semaines, on jurerait qu'ils étaient ennemis.

La source de leur conflit était le plan de succession de l'entreprise. Son père avait pris la décision de se retirer du poste de PDG, et Liam devait prendre sa place dès lundi.

Toujours énervé d'avoir été convoqué, Liam est sorti de la douche et s'est séché, remarquant pour la première fois un suçon sur son cou alors qu'il s'essuyait devant le miroir. Il était une fois de plus énervé par l'audace d'Eden. Comme si le laisser en plan n'était pas assez grave, elle devait aussi lui laisser une marque.