Les Larmes du Milliardaire
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Chapitre 3 Chapitre 3

**Point de vue d'Aaron**

Elle semble embarrassée après ma question, et je me demande bien pourquoi. Elle s'agite et tremble des lèvres en dandinant sur son siège. Je lui avais posé une question banale pour savoir pourquoi elle ne me connaissait pas. C'était très étonnant. De plus, j'ai été choqué de voir son nom parmi les postulants au poste d'assistante personnelle. Celle qui est passée en première, je préfère ne pas évoquer son cas : une sans cervelle, mais quelle bêtise ! Mais alors, celle-ci devant moi, je ne pense pas pouvoir travailler avec une fille aussi bavarde.

« Serena Will, âgée de vingt-quatre ans. J'ai emménagé à Londres il y a à peine deux semaines. J'étais à Salford. »

Je n'écoutais plus le reste de sa phrase. C'était ça, en effet. Elle ne me connaissait pas car elle ne vivait pas à Londres mais à Salford. Néanmoins, elle aurait pu faire des recherches approfondies au lieu de faire ses bêtises comme il y a quelques heures.

« Si vous aviez effectué vos recherches, vous auriez pu vous empêcher de faire ces bêtises ce matin », lui crachai-je froidement.

« Vous avez raison, je vous demande pardon. En vérité, je n'avais pas de téléphone. J'ai déposé mon dossier en ligne avec l'aide d'une amie et donc je n'ai pas pu effectuer les recherches comme il le fallait. J'ai eu ce téléphone il y a trois jours, et ça m'est sorti de la tête. Je ne suis pas si ignorante, vous savez. Un peu bavarde, mais pas ignorante. Je m'en veux énormément », répondit-elle, le visage presque mouillé de larmes.

Elle reconnaît qu'elle a une grande gueule, alors. Elle est très drôle, celle-là. Peut-être que ce ne serait pas si mal de travailler avec elle ? Je vais en juger après avoir évalué ses capacités, même si son CV en dit long. Je n'arrive pas à croire qu'elle a fait ses études à Oxford. C'est un univers de riches, et elle n'a même pas un bon téléphone ? C'est très curieux.

« Bref, parlez-moi de vous », dis-je à nouveau, très professionnel.

**Point de vue de Serena**

Je crois en mes capacités et je sais que je serai prise. J'ai répondu à toutes ses questions, et parfois il me regardait furtivement. Il avait peut-être pensé qu'à cause de mes mises en scène, j'étais une bonne à rien.

« Vous pouvez disposer, nous vous appellerons dans quelques jours », dit-il en fermant mon dossier après avoir noté je ne sais quoi.

« Merci, monsieur. Je vous promets d'être à la hauteur de vos attentes. Merci et désolée encore. »

« Disposez, je vous prie », fit-il en me montrant la porte.

Je me lève de mon siège et fais tomber ma carte d'identité exprès avant de sortir du bureau. Je croise les doigts...

*

Je me gare devant un grand immeuble peint en beige. L'immense bâtiment superposé est un internat composé d'un millier d'enfants. J'entre dans l'internat et me rends au secrétariat.

« Oh, bonjour mademoiselle Serena, soyez la bienvenue. »

« Merci, alors, va-t-il bien ? »

« Bien sûr, il n'a pas arrêté de vous demander ces deux derniers mois. Venez, je vous emmène le voir », répondit la secrétaire avec un sourire.

Je lui rends son sourire et nous prenons l'ascenseur pour nous rendre dans la salle de visite. J'attends alors qu'elle aille dans sa chambre pour me l'emmener. Mon cœur fait de petits battements ; ça faisait deux mois que je ne l'avais pas vu. Depuis que je l'avais transféré dans cet internat à Londres, je ne lui avais rendu visite à cause de mes occupations.

« Maman ! », crie cette douce et tendre voix en courant dans ma direction.

Mon cœur gonfle de joie dans ma poitrine, et je le serre fortement dans mes bras après qu'il m'ait sauté dessus.

« Mon amour, tu m'as manqué », dis-je en parsemant son visage de petits baisers.

« Toi aussi, maman. Je pensais que tu allais venir, mais tu n'es jamais venue et j'ai pleuré », répondit-il avec sa voix d'enfant.

« Mon cœur, maman est désolée, okay ? J'ai été occupée, mais je suis là maintenant, et aujourd'hui nous allons la passer ensemble. »

« Je veux habiter avec toi. Maman, tu m'as promis. »

« Mon cœur, tu sais que je serai très occupée et je n'ai pas d'argent pour te prendre une nounou. D'accord, ce week-end, tu vas rester avec moi, ça te va ? Je viendrai te chercher vendredi soir et tu reviendras dimanche soir. »

« D'accord, maman, je t'aime. »

« Moi aussi, mon fils chéri. Allez, viens, je vais discuter des clauses avec la secrétaire. »

Haven me tient par la main sans que son sourire ne quitte son visage. Haven aura bientôt six ans. Mon fils me ressemble comme deux gouttes d'eau, sauf qu'il a des yeux plutôt bleus et de petits cheveux noirs bouclés. Après avoir rempli les formalités nécessaires, nous quittons l'internat pour le centre commercial. Haven était avec moi à Salford, mais je l'avais mis dans un internat public comme celui-ci. Je ne pouvais pas le laisser vivre au bas de cet hôtel. Nous avons été séparés pendant trois ans pendant que j'étais à Oxford. Lorsque je suis rentrée, j'ai repris contact avec lui, et ce n'était pas facile puisque, depuis son enfance, il avait été élevé dans cet internat à Salford sans jamais avoir posé les yeux sur sa mère. Je devais partir étudier grâce à cette bourse... il le fallait... En plus, j'aurais pu me trouver un bon travail à mon retour, mais j'avais d'autres projets... Des projets que je suis en train de réaliser maintenant...

Lorsque nous quittons le centre commercial, j'emmène Haven dans un glacier et nous dégustons nos glaces avec avidité. L'arrivée de Haven a été pour moi un choc, et quand je pense à quelques années plus tôt, je ressens tellement de frustration et de colère me parcourir le corps... Néanmoins, le voir grandir et m'appeler maman est pour moi un pansement.

« Maman, ton téléphone sonne », me dit Haven en me secouant.

Je sors de ma rêverie et décroche ce numéro inconnu qui m'appelait.

« Allô ? Qui est-ce ? »

« Bavarde et négligente », dit une voix au bout du fil.

« Monsieur Aaron Tolle ? », harlai-je faussement étonnée. « Comment avez-vous eu mon numéro ? Ah mais oui, je suis bête, vous avez mon numéro et mon mail aussi. Que puis-je faire pour vous, et pourquoi dites-vous que je suis négligente ? »

« Peut-être que vous avez deux cartes d'identité ? J'en ai une ici sous les doigts. »

« Ma carte d'identité ? Comment ? Oh mince, je l'ai oubliée ! Oh Dieu merci que ce soit vous qui l'ayez trouvée, je passerai en début de semaine pour la récupérer. Je l'ai sûrement faite tomber sans le savoir. »

« Je ne vous appelle pas uniquement pour cela. Vous êtes conviée dans mon bureau en début de semaine, pas uniquement pour récupérer cette carte, mais pour commencer le travail. »

« Je suis prise ? », hurlais-je.

« Lundi à la première heure, vous venez à sept heures précises, et vous êtes engagée. Je vous offre un contrat de trois mois renouvelable si vous faites vos preuves. Cent cinquante mille livres par mois, avec possibilité de recevoir des primes à la fin de chaque mois. Après les trois mois, si vous êtes engagée officiellement, une augmentation sera nécessaire. Je vous envoie par mail toutes les informations nécessaires pour que vous soyez au courant de ce qui vous attend. Dès lundi, vous devez être capable de me détailler mon emploi du temps. Soyez à l'écoute, et j'espère que vous serez moins bavarde... » dit-il en raccrochant sans me laisser la possibilité d'en placer une.

Quelle arrogance ! Très drôle ! Je vérifie mes mails et grande fut ma surprise de voir tout un tas de documents à ma portée. Je n'allais pas toucher cent cinquante mille livres pour rien, apparemment. Mais peu importe, ce n'était pas uniquement pour l'argent que je tiens à entrer dans cette entreprise... C'est beaucoup plus que ça... Beaucoup plus.

            
            

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