De l'Autre Côté du Miroir
img img De l'Autre Côté du Miroir img Capítulo 4 Chapitre III
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Capítulo 4 Chapitre III

Voyager jusqu'au bout du chemin, seuls ceux qui partent avec la foi et la détermination y parviennent."

Thibault

~

Des coups de tambour se font entendre dans la poitrine des trois intrus. Leur bouche voudraient crier à l'aide mais la musique de l'effroi est trop violente et couvre tout autre sens.

Soudain, l'homme géant en face d'eux se met à rire. Il rie aux éclats sans même se retenir. Son rire s'avère être comme le son que produirait une boite à musique au fin fond d'une forêt maudite : il n'a rien à faire là.

Le fou rire de l'homme élégant s'éteint lentement emportant l'excès de frayeur que son apparence a provoqué chez nos trois aventuriers.

- Alors, dit-il, j'ai des invités, enfin ! Que c'est réjouissant ! Prenez place, je vous prie.

Il dit cette dernière phrase en désignant de la main des chaises de fer, dans le fond de la pièce, qui sont du même style que la table vu précédemment.

- Mais... Elles n'étaient pas là avant, se dit Chloé à voix basse.

- Quelques fois, il faut simplement apprendre à bien observer autour de soi, lui répond l'homme en la regardant droit dans les yeux pendant qu'elle s'installe.

Il s'installe à son tour sur une chaise, semblable à celles qu'il vient de proposer à ses invités, qui se trouve, elle, juste de l'autre côté de la table. Une chaise, autant que celles sur lesquelles les trois amis sont installés maintenant, qu'ils auraient jurés ne pas être là à leur arrivé.

- Alors, reprend t-il, je suppose que ce n'est pas une visite de courtoisie. Que faites-vous ici ?

- Je pensais que vous étiez voyant. Vous êtes sensé pouvoir le savoir, nan ?, répond Elize, encore rancunière de l'horrible frayeur qu'il lui avait inspiré tantôt.

- Je vois qu'on sait utiliser sa langue. Mais c'est dommage que ce ne soit pas pour dire les bonnes choses... Soit. Oui, je suis un voyant, si vous voulez. Mais je préfère que l'on m'appelle Eclaireur. Et, si vous tenez à le savoir, je sais pourquoi vous êtes là mais vos pensés sont confuses. Alors disons que ma question est pour démêler tout ça.

- C'est n'importe quoi, ce n'est qu'un imposteur, il ne sait absolument rien de nous, j'en suis sûr, murmure Gabriel à l'oreille d'Elizabeth.

- Oh, ça va le Casanova. Non seulement nous sommes assis dans une pièce de cinq mètres carrés, alors j'entends tout, mais en plus je vois d'ici que ton cœur balance pour l'une des personnes présentes dans cette pièce, mais que tu es trop peureux pour aller le lui avouer, rétorque alors l'homme en costard.

A cet moment, le silence se fait entendre, bourdonnant dans les oreilles de tous, avant que l'homme en noir ne le brise.

- Ah et ce n'est pas moi ! Juste pour ne pas laisser place à une quelconque équivoque...

- Oui, ne vous inquiétez pas pour ça. Nous savons déjà de qui il s'agit, répond Elize.

Comme pointé ouvertement du doigt, Chloé baisse les yeux et, sentant ses joues la bruler rapidement, se retourne vers Eclaireur pour commencer à parler et mettre fin à ce malaise.

- En fait, c'est moi qui les ai trainé ici parce que j'ai besoin de réponses. J'ai besoin de connaître clairement ce que je n'arrive pas à comprendre.

- C'est bien que tu sois venu me voir, répond t-il, j'espère que ça t'évitera de retourner, de nuit, dans cette maison lugubre, dans laquelle tu habitais longtemps auparavant, et d'y trébucher dans les escaliers.

Les yeux d'Elizabeth et de Gabriel se mettent à briller : ils savaient qu'ils avaient raison, malheureusement. Notre bon monsieur se lève alors et se met à marcher dans la pièce, les mains derrière le dos, passant continuellement de l'obscurité à la faible lumière puis de la faible lumière à l'obscurité.

- Ne penses-tu pas plutôt, comme tes amis, qu'il n'y a rien de bon à demander des réponses à ce qui n'est plus ? A provoquer l'ouverture de tombes que tu ne pourras plus refermer ?

- Je veux ouvrir ces tombes, dit-elle sans lâcher du regard le monsieur élégant, je veux connaître mon passé ! J'ai besoin de savoir ! Je me fiche de combien est-ce que ça va me coûter !

- On ne peut avancer en regardant sans cesse en arrière...

- Mais on ne peut pas non plus construire un avenir solide sans savoir d'où l'on vient !

Après une courte pause, toujours en observant l'homme qui persiste dans ses va-et-vient, elle reprend.

- Montrez moi, s'il vous plaît. Je crois que vous le pouvez. Montrez moi... Et, de toutes manières, c'est ma responsabilité, c'est mon choix !

S'arrêtant dans l'obscurité au fond de la pièce il répond alors.

- Souvent, les gens endossent des responsabilités qui excèdent la largeur de leurs épaules. Souvent, ils embrassent une fosse qu'ils imaginent peu profonde alors qu'elle est sans fin... Mais, en réalité, le plus important est qu'ils se soient engagés et aient eux-mêmes provoqué leur sort.

Repassant rapidement à la lumière, il continue d'un ton moins grave, plus enjoué.

- Petite, je vais t'aider, puisque tu y tiens. Mais les réponses tu devras aller les chercher toute seule. Parce que, quand-même, je ne vais pas faire tout le boulot non-plus ! En parlant de boulot, commence t-il par dire en chuchotant, il faut glisser des billets sur la table, avant toutes choses.

Chloé sort quelques billets de l'une des poches avant de son pantalon et les glisse sur la table.

- Bien, reprend t-il, pour débuter, il faut que vous fermiez tous les trois vos yeux et que vous vous concentriez sur moi uniquement. Allez !

Faisant preuve d'un peu de réticence au départ, les trois finissent par céder et s'exécutent.

- A présent, le passé devient le présent et le présent le passé. Je vous lie et vous enveloppe ainsi d'obscurité et je déclare... Que la lumière soit !

Alors, Chloé, Elizabeth et Gabriel ouvrent lentement les yeux et, au lieu de la lumière annoncée, c'est sur les ténèbres les plus complets qu'ils tombent.

- Ah mince, s'écrit le monsieur, ma bougie est morte. Bon, bah, on passe aux moyens conventionnels.

Puis il va derrière les rideaux de perles et appui sur un interrupteur qui permet ainsi l'éclairage de la pièce par une ampoule LED au plafond.

- Vous avez l'électricité ?, s'étonne Gabriel.

- L'eau courante et la connexion Wifi aussi, répond t-il réapparaissant devant eux. Non mais tu me prend pour qui ? Robin des bois ? Peter pan ?

- Non, je... Je ne voit toujours rien..., dit brusquement Chloé. Je ne voit rien !

- Eh bien, ça viendra, ça viendra. Maintenant, il est temps de sortir de chez moi, dit l'homme élégant en les soulevant chacun par le bras puis les poussant vers la sortie. Merci pour tout, faîtes attention sur la route et ne revenez jamais.

- Mais, je ne vois rien de ce que vous aviez accepté de me montrer !, rétorque Chloé déjà à l'extérieur de la caravane.

- Pètes et bon coup et ça viendra. Allez, ciao !

Sur ces mots, l'Eclaireur claque sa porte.

- Mais..., souffle encore Chloé.

- Ne te fatigue pas, dit Elize enroulant son bras autour du cou de Chloé, après tout, tu viens juste de perdre trente balles.

- Oh Elize, tu es incorrigible, dit Gab'. Maintenant ça suffit, il est temps de rentrer, surtout que nous n'avons plus que cinq minutes...

            
            

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