Cela fait bientôt trentes minutes que le soleil est sortit de l'ombre et a éclaboussé cette petite ville de ses plus beaux rayons. Des cris d'oiseaux par ci, des bruits de commerces qui ouvrent par là... La journée s'annonce aussi simple qu'elle l'avait été hier et avant-hier et les jours d'avant aussi. Une tendre et fraiche brise semble se joindre à la partie et vient faire danser les feuilles mortes, celles qui tenaient toujours sur les quelques branches pas encore dénudées.
Avançant dans sa marche, ce majestueux prince de lumière dévoile alors un bâtiment imposant, à plusieurs étages avec une allée de pierre, une grande entrée et d'immenses fenêtres. L'aspect grandiose que lui donne le soleil devient alors, à cet instant, caractéristique de ce bâtiment qui semble être le cœur de la ville, et, même, la raison d'exister de celle-ci.
Une villa glamour issue d'une aventure de poupées Barbie ? Un château évadé d'un de ces contes de fées romantiques ? L'inscription prônant sur l'édifice nous ramène alors d'un coup dans la cordiale trivialité de cette ville : orphelinat.
Dans ce calme apparent, des cris jaillirent soudain de ce géant de pierre et, bien-sûr, ce sont toujours les mêmes...
- Arrête de sauter sur mon lit comme ça !
- Mais purée Chloé, c'est le matin.
- Bah je me réveillerai l'après-midi, voilà !
À cet instant, un jeune garçon manifeste sa présence dernière la porte.
- Tu nous l'avait promis Chloé, dit-il.
- Mais je veux dormir..., s'exclame la petite tête blonde sous sa couverture.
Alors le jeune garçon aux cheveux brun s'avance doucement, un doigt devant la bouche, comme pour demander le silence. Puis, d'un geste brusque, arrache la couverture de Chloé. Il nous est découvert alors une jeune fille aux cheveux blonds. On dirait qu'ils rivalisent avec les rayons de soleil. Elle mesure à peine un mètre soixante-huit. Quand elle ouvre les yeux, c'est la lune qui nous ébloui, donnant l'impression qu'elle a décidé d'élire domicile les yeux de cette jeune fille, avec ses reflets bleus et son charme mystérieux. Chloé est donc, à seize ans à peine, une jeune fille jolie, séduisante et polie.
- Je vous déteste bande de connards !
Ou peut-être presque polie.
C'est alors que le perturbateur, la couverture à la main, recule de deux pas, voyant le visage de Chloé.
- Eh bien. On dirait que tu es passé sous un train..., s'exclame t-il avec une légère grimace de dégoût.
- Je dirai plutôt qu'elle s'est choppé un truc, genre le choléra, ajoute sérieusement celle qui était venu réveillé Chloé.
- Ne sois pas idiote, Elize, s'exclame agacé le jeune garçon.
Il est vrai que Chloé n'est pas sous son meilleur jour maquillée de ces cernes affreux accompagnés de poches sous les yeux et des bleus recouvrant ses maigres bras.
- En tout cas, si Ma mère voit cela..., marmone le garçon.
- Je mettrai un pull, dit froidement Chloé, se levant de son lit et allant vers sa malle de vêtements, aux pieds de celui-ci.
- Mais comment tu t'es fait ça ?, demande Elize.
- Encore une escapade nocturne Chloé, comme d'habitude ? Où étais-tu allé cette fois ? Et, en plus, sans nous, interroge le garçon.
- Mais nulle-part les gars, c'est bon ! Tout ce qui compte c'est que je sois là et que je vais la tenir ma promesse !, répond Chloé agacée.
Sur ces mots, elle sort de la pièce commune, occupée par plusieurs lits, pour aller dans les salles de bain. Les deux amis, désormais seuls, se regardent.
- Tu pense qu'elle y est retourné, Gab' ?
- Sûrement.
Sans prévenir, la directrice de l'institution, une nonne, surgit derrière la porte et, de sa voix sèche, sans une bride d'intonation, les mains croisées, interpelle Elize et Gab', qui sursautent.
- Qui est retourné où ?
Elize, tentant de sauver la situation, balbutie une phase.
- Le... Christ. On parle du Christ. On pense qu'il était peut-être retourné dans sa tombe pour chercher sa tunique.
- Vous n'arrêterez donc jamais de dire des sottises, Elizabeth ? C'est vous deux qui devriez plutôt penser à retourner sur le droit chemin et à arrêter de sécher les cours de catéchèse ! Les autres sont en classe je vous signale !
- Mais Ma mère, nous sommes en congés et..., commence à protester Gab'.
- Alors vous, Gabriel, vous me décevez fortement. Dire que j'avais beaucoup d'espoir en vous. Et puis ce n'est pas comme si vous étiez obligé de suivre ces cours tous les étés. Nous avons enfin récolté les fonds pour instaurer cela ici, pour vous tous, et vous trouvez quand-même le moyen de faire preuve d'autant d'inconvenance ! En plus que ce soit inapproprié pour un jeune homme comme vous, Gabriel, de traîner dans le dortoir des filles !
Elle reprend son souffle et, avant de s'en aller, ajoute calmement cette fois-ci :
- Puisque vous vous croyez au dessus des cours de catéchèse, vous vous contenterez d'aller faire les courses, Elizabeth, Chloé et vous. Vous passerez à mon bureau pour récupérer la liste.
Après le départ de la nonne, Elizabeth se retourne doucement en direction de Gabriel et lui tient le bras avec un air amusé.
- Mon pauvre Gabriel, tant d'espérances en vous.
- Bâts les pattes !, repoussant la main énergiquement.