Cependant, elle ne cessait de regarder autour d'elle, voyant clairement les rues grâce aux lampadaires installées l'une à quelques mètres de l'autre. Elle n'avait jamais vu pareil, juste en entendait parler. Cela peut paraître bizarre mais pas impossible. Elle l'entendit claquer le capot avant d'aller ouvrir la porte sans un mot.
Elle se demandait ce qui lui arrivait ? Et en plus, elle voulait lui poser la question à savoir où étaient les autres voitures qui venaient avec eux.
-Si tu veux passer la nuit dehors, autant me le dire. Se plaint-t-il.
Elle ramassa alors le sachet qu'elle gardait en main avant de se précipiter vers lui. Il ne souriait pas, elle l'avait bien remarqué. En plus, il était beau, oui très beau. Elle s'en est rendu compte dès leur arrivée chez elle. Il était descendu de la voiture avec tellement de grâce. Ce qui le caractérisait à première vue c'est sa grande taille: il était grand, vraiment grand avec une peau métissée qu'il aurait héritée de sa mère (elle a fait le constat dès qu'elle a vu cette dernière). Un corps bien bâti, des épaules larges, des yeux profonds encadrés par de longs cils épais. Elle avait été interrompue dans sa description par une de ses demi-sœurs.
Maintenant elle était avec lui, marchant derrière ses jambes. Elle le regardait ouvrir les portes avant de l'inviter à entrer dans une des pièces.
-C'est ici ta chambre, lui dit-il sèchement avant de la laisser sur place.
Elle le regardait partir vers la direction opposée et entrer devant une porte avant de disparaître. Elle restait là étonnée. C'est quoi le problème de son époux ? Elle pensa alors que peut-être c'est l'effet du long voyage qui l'a mis de si mauvais humeur. Elle entra
donc dans la chambre qui lui était destinée. Elle demanda si c'est bien leur chambre principale parce que ça manquait cruellement de goût. La peinture était en beige et blanche au plafond, un petit lit ornait la place, ainsi qu'une petite armoire. C'est ça la chambre des villes ? Elle espérait au fond d'elle que non, mais fatiguée par le voyage, elle pose ses affaires et se couche sur le lit, se disant que son mari allait sûrement lui montrer la vraie chambre le lendemain.
En se réveillant à l'aube pour prier, elle se rendit compte qu'elle ne savait pas où se trouvaient les toilettes. Ouvrant la porte, elle marcha en suivant son intuition. Elle ouvra une porte et voit qu'il s'agissait de la cuisine. C'est en ouvrant une autre qu'elle les trouva enfin. Ses ablutions faites, elle sort son tapis de prière qu'elle avait amené avec elle ainsi qu'un voile. Elle entama alors sa prière comme toute bonne musulmane. Elle pria deux rakats avant de faire le salut final. Joignant ses deux mains, elle commence à demander à son Seigneur de la protéger ainsi que sa famille, de l'aider à surmonter les épreuves qui se dresseront sur son chemin et aussi de toujours lui donner la foi. Elle continua à faire des invocations ainsi que des tasbihs jusqu'au lever du soleil.
Comme une bonne femme, elle se dirigea vers les toilettes pour prendre une douche. Finissant son bain, elle partit s'habiller de sa plus belle robe. Sortant de nouveau de la chambre, elle se dirigea vers la cuisine et trouva sur place tout ce dont elle avait besoin pour concocter un bon déjeuner. Comme elle ne savait pas ce qu'il aimait réellement, elle prépara deux plats différents. Heureusement chez elle, son frère ramenait des livres de Cuisine. Aimant trop la cuisine, elle aidait même ses tantes quand c'était leur tour. Après avoir fini de préparer le déjeuner, elle posa le tout dans un plateau avant de se diriger là où elle avait vu son mari entrer la nuit dernière.
Elle toqua une, deux, trois fois sans réponse. Elle se dit alors que son mari était sorti. Pour en être certaine, elle ouvrit lentement la porte et le vit couché sur ce lit. Elle avala péniblement sa salive en voyant ce torse vigoureux qui lui faisait face. Le drap qui devait le couvrir n'était qu'à moitié. En s'approchant, elle pouvait mieux voir ses traits du visage. Même si elle s'en était rendue compte hier, c'était plus flagrant à cet instant. Elle posa alors le plateau dans une petite nappe qui servait de décoration, pensa-t-elle. La chambre était tellement grande et spacieuse. Un lit baldaquin était au centre avec, à sa gauche, une grande armoire d'où elle comptait déjà six battants, alors qu'à sa droite, il y avait
une grande coiffeuse, si grande qu'on pouvait y voir tout ce qui se trouvait dans la chambre. Ce qui la perturba était le grand miroir qui se trouvait en face du lit, permettant d'avoir une vue parfaite sur celui-ci. Elle allait encore regarder une porte qui était à sa droite lorsqu'elle entendit cette voix qui avait hanté les rêves de sa nuit dernière.
-Putain, tu fous quoi ici ? Cria-t-il
-je... Je... je suis... bégaya-t-elle en ayant peur d'avoir commis un crime.
Elle le vit se lever avant de venir se mettre en face d'elle. Il la dominait de toute sa hauteur, lui faisant voir, combien elle était petite. Elle baissa alors les yeux ne pouvant faire face aux siens.
-Qui t'a permis de rentrer dans cette chambre ? Explosa-t-il
Elle avait peur de répondre, que pouvait-elle lui dire? Personne ne l'avait invité dans celle-ci. Elle essaya qu'à même de lui expliquer la situation.
-Je suis venue t'apporter ton déjeuner.
-Quoi ? Dit-il
-Je suis venue...
-J'ai entendu cela. Ce que j'aimerais savoir, c'est qui t'a permis d'entrer dans cette chambre.
Il épelait chaque mot comme si elle ne parlait pas la même langue.
-Je te demande pardon, balbutia-t-elle en le sentant tendu.
- Épargne-moi de cet air d'innocente. Je veux que tu ramasses cette merde [il désigna le plateau] et que tu sors d'ici.
Elle resta là choquée. Comment ça une merde ? Et pourquoi se comportait-il ainsi? Elle ne lui avait pourtant rien fait. Pour ne pas augmenter sa colère, elle prit le plateau et sortit de la chambre. En sortant, elle l'avait entendu jurer. Qu'avait-elle fait de mal ? N'était-ce pas du rôle de la femme de s'occuper de son mari ? Elle retourna dans la cuisine et posa le tout sur la table de service, quand elle entendit une voix derrière elle.
-Euh bonjour, je peux savoir qui vous êtes ?
Elle se tourne sur cette voix douce et calme qui ne pouvait appartenir qu'à une femme.
-Euh je suis la f...
-Ce n'est personne d'important Maty. Entendit-elle dire la voix qui lui criait tout à l'heure.
Elle resta encore plus choquée qu'avant. Elle était bien sa femme non ? Alors pourquoi réagissait-il ainsi ? En plus qui est cette femme dont son mari ne veut pas qu'elle ait connaissance de son identité ? Elle la fixa lorsque celle-ci détourna son regard pour le poser sur son mari avant de dire:
-Excusez-moi monsieur pour ce retard, il y'avait beaucoup d'embouteillages. Explique-t-elle
-Ce n'est pas grave, inutile de m'expliquer le pourquoi. Si tu veux bien me faire mon déjeuner se serait bien, l'entendit-elle dire en souriant pour la première fois.
Waouh c'est quoi cette attitude avec cette personne, alors qu'il y'a quelques minutes, il lui criait dessus?
-Donnez-moi dix minutes monsieur, souffla la concernée.
Elle pensait qu'il allait sortir comme il est rentré, mais se tourna vers elle pour lui dire:
-Toi, viens on va parler.
Elle le suit dès qu'il sortit et le voit se diriger vers des escaliers. Que pouvait-il bien lui dire après avoir tant crié? Arrivée au deuxième étage, elle le voit ouvrir une grande porte vitrée et y entra.
-Assieds-toi, ordonna-t-il lorsqu'elle rentra dans le salon.
Il ferma ainsi la porte avant de commencer à parler.
-Bon déjà, je vais être bref avec toi. Pour moi tu n'es rien. Grommela-t-il
Elle ouvrait la bouche, ne croyant pas à ce qu'elle venait d'entendre.
-Saches simplement que si j'ai accepté ce mariage, c'est à cause de la pression de mes parents, mais je n'ai rien à faire de toi. Hier j'étais là-bas parce qu'on m'avait forcé la main, si je le pouvais, jamais je n'aurais mis les pieds dans ce trou perdu. Déjà, je te mets en garde, ne me pousses pas à bout parce que crois-moi, tu n'aimerais pas voir la suite. Et deuxièmement, je t'annonce déjà que je suis en couple avec une femme que j'ai moi-même choisi, et bientôt, très bientôt, elle deviendra ma femme. Je te défends de te présenter comme telle devant qui que ce soit, si tu ne veux pas retourner dans ton trou là. Pour terminer, évites de te mettre devant mon chemin et sois aussi loin que possible de moi, pour ta survie.
Il claque de nouveau la porte en sortant.