Elle la regarda d'un air plein de suspicions. Ce qui n'avait rien de surprenant !
Étant la manière dont elle l'avait dit.
-C'est une blague j'espère ? Lui demanda-t-
elle.
-Non, je suis bien sérieuse, lui affirma-t-elle.
Maty éclata alors de rire jusqu'à se tenir le ventre. Lorsqu'elle réussit enfin à calmer, elle la vit lui fixer le regard avant de lui dire.
-Tu vois très grand toi. Ici ce n'est pas au village Seynabou. Tu n'as même pas de diplômes nécessaires pour ça et en plus où trouveras tu les fonds pour réaliser cela ?
-T'inquiète, je parlais juste d'un petit restau, lui dit-elle avec une moue.
Elle avait été blessée qu'elle se soit moquée d'elle si ouvertement.
-je ne veux pas te freiner, mais il te faudra beaucoup de choses pour pouvoir commencer cela et je ne crois que ton mari soit consentant.
Elle lui adressa un tendre sourire. Elles furent interrompues par l'entrée de son mari
-Je voulais te prévenir que ma femme rejoindra le domicile conjugal, samedi prochain. Annonce-t-il en direction de Maty
-Oui Monsieur.
Seynabou aurait voulu ne jamais entendre ces mots. Donc il ne lui mentait pas lorsqu'il lui avait avoué être amoureux de quelqu'un d'autre. Elle l'avait bien entendu dire ses mots.
Ainsi, Cheikh s'était bien moqué d'elle mais elle aura sa revanche.
****
-Eh toi la villageoise, c'est à toi que je m'adresse non ? Entendit-elle lui dire la nouvelle femme de son mari.
Quelques jours que cette femme était arrivée et elle commençait déjà à lui rendre la vie impossible. Elle
mettait sa patience à rude épreuve. Depuis, elle n'hésitait pas une seule seconde à la rabaisser. Elle avait envie de lui balancer à la figure qu'elle aussi jouissait des mêmes droits qu'elle. La seule chose qui la bloquait, c'est le souvenir de ses parents au village qui devaient penser qu'elle vivait la belle vie. À chaque fois qu'elle les avait au téléphone, c'était toujours pour lui demander de l'argent où un service. Au moins, son mari remplissait un rôle celui de lui donner de l'argent de poche, chaque mois, une somme colossale qui lui permettait de couvrir ses petits besoins avant d'envoyer le reste à sa chère mère.
-La villageoise eh, pourquoi es-tu si insolente alors que, d'un claquement de doigt, je peux te faire dégager de chez moi. La nargue-t-elle devant ses yeux.
-Essayes bien pour voir Madame, je me prends pour le cul du monde.
Elle savait que dès le retour de Cheikh, la femme allait courir lui raconter qu'elle lui avait manqué de respect. Mais elle s'en fichait royalement, elle l'attendait de pied ferme.
-Elle m'a insulté, oui insulté cette sauvageonne, lui clama-t-elle dès qu'il avait franchi le portail.
Ce dont il rêvait pendant tout le long du chemin, c'est d'une bonne douche et d'un bon repas. Mais il fallait qu'il passe par cela.
-Qu'est-ce que tu lui as dit pour qu'elle t'insulte ? L'interrogea-t-il en soufflant.
-Mais rien de grave, je voulais juste lui parler.
-Hum, seulement cela ? T'en es sûre que tu n'as rien oublié chérie ?
Il était sûr que ce n'était pas réellement ce qui s'était passé, mais il devait faire semblant de la croire, sinon elle allait le souler avec ça. Sans se mentir, il se posait la question à savoir si ce n'était pas mieux d'attendre avant de sauter le pas avec Marianne. Chaque jour était pareil, elle ne lui parlait que de Seynabou. Il avait compris que si elle faisait tout ce cinéma, c'était juste pour pouvoir la mettre dehors et c'était hors de question. Il savait que si jamais, il osait franchir la ligne rouge avec ses parents, il n'y aurait plus de retour possible et malgré tout il les respectait.
Il patienta alors l'écoutant lui conter encore et encore ce qu'il s'était apparemment passé avec l'autre. Même si Seynabou ne l'intéressait pas vraiment, il voyait comment elle se faisait discrète.
-Ok, après la douche, j'irais lui parler, lui proposa-t-il
-Hum, fais lui bien savoir que si elle veut rester dans cette maison autant aller sous mes ordres.
Il la contempla un moment avant de se diriger vers la salle de bain prendre une douche.
****
Cheikh était en train de s'habiller lorsque son ventre gargouilla, signe qu'il avait vraiment faim.
-Tu peux demander à Maty de faire la table ? -Euh mon chéri, je l'ai renvoyé.
Il se tourna vers elle catastrophé, avant de lui demander calmement.
-Tu as fait quoi ? demande-t-il
-Je l'ai renvoyé. Elle était très hautaine cette fille, je ne la sentais plus.
-Pourquoi tu ne m'as pas averti ?
-Avertir de quoi, baby ? Ne t'inquiète pas.
Dès demain je trouverais une remplaçante.
Il se rassit sur le fauteuil en face de lui avant de se tenir la tête, il avait besoin de changer sinon il sentait qu'il allait péter un câble. Il la vit venir se positionner en face de lui.
-Tu vas bien mon chéri ? Tu es malade ? Elle disait cela en posant sa main sur son front.
-Pourtant tu n'as pas de fièvre, lui dit-elle après constat.
-Alors tu as préparé quoi pour le dîner ? Posa-t-il comme question pour passer à autres choses.
-Euh... Mon chéri rien en fait. Euh je n'avais pas le temps. Mais si tu veux, prends le téléphone et commandes une pizza pour moi.
Elle disait cela en retournant s'asseoir devant son ordinateur. Mais pourtant, il avait bien senti une odeur de cuisson en entrant dans la maison.
-Et l'odeur de la viande grillée que j'ai sentie en entrant dans la maison, vient d'où ?
-Je pense que c'est la sauvageonne qui cuisine. Prononce-t-elle sans lever le regard.
Il avait besoin de lui faire savoir que ce n'était pas son nom, mais ne voulait pas amener une autre dispute. Il se leva de la chaise pour se diriger dehors lorsqu'elle le stoppa pour lui demander :
-Tu vas où comme ça ?
-N'est-ce pas tu m'avais dit que Seynabou t'avais insulté ? Je vais aller lui demander des comptes.
-Merci mon cœur. Souri-t-elle avec joie
Il sortit de la chambre en soufflant tout son stresse, avant de sentir de nouveau cette odeur de viande grillée qui titillait ses narines depuis qu'il avait passé la porte. L'odeur lui donnait déjà l'eau à la bouche. Il se rapprocha alors et vit Seynabou qui était en train de faire la table. Pour une fois il la regarda vraiment. Hum, elle n'était pas mal pour une femme, pas mal du tout. Mais elle était loin d'être son genre. Il les préférait grandes et minces plutôt que petite et menue. Pourtant lorsqu'elle bougea pour mettre les plateaux en place, il sentit quelque chose tressaillir à l'intérieur de lui, mais décida de ne pas vérifier. Quoi? Cette femme? Hum, d'accord, pour les hommes qui aiment ce genre. En effet, elle avait de très grandes fesses avec des formes qui semblaient se détacher à chaque pas qu'elle faisait. Il continuait de la contempler lorsqu'elle sentit son regard posé sur elle.
-Bonsoir Cheikh
-Euh... Bonsoir Zeyna. Répond-il en bégayant
Ah il n'aimait pas prononcer son nom, ça lui semblait trop long, il la vit sourire avant qu'elle ne l'invite à venir s'asseoir.
-Tu viens manger ?
Trop affamé, il venait s'asseoir sur l'une des chaises qui se trouvait près d'elle. Elle commença alors à ouvrir les couvercles qui renfermaient ces délicieuses odeurs. Au lieu d'aller se placer, Il la vit prendre son plateau avant de commencer à le remplir de bonnes choses. Il ne pouvait plus la quitter des yeux. Elle faisait bien attention à chacun de ses gestes, comme si elle avait répété encore et encore cela. Le plateau bien garni, elle venait de le poser devant lui avant de lui souhaiter bon appétit. Il la regarda entrer de nouveau dans la cuisine avant d'y sortir avec une bouteille d'eau et de jus. Elle remplit alors ses tasses et s'en alla. Il ne savait pas pourquoi mais il voulait qu'elle reste là.
Le dîner avait le même goût que ces dernières soirées: toujours aussi succulent qu'il se demandait si ce n'était pas l'œuvre d'un traiteur. C'est là qu'une idée lui vint à l'esprit: s'il se souvenait bien, les délicieux repas ont débuté avec l'arrivée de Zeyna. Il faillit s'étouffer en mettant enfin la lumière là-dessus. Il s'agissait donc de ses repas depuis le début. Comment ne s'en était-il pas rendu compte? Après le dîner, il devait absolument lui parler.