Il sort du salon en soufflant enfin. Tout ça était de la faute de ses parents. Il se demandait encore comment était-ce possible que ces pratiques continuent d'exister au vingt-et-unième siècle. Lui Cheikh, un homme de trente ans, dirigeant une entreprise de plusieurs millions de francs Cfa avec plus de cinq cent personnes qui travaillent sous ses ordres. Il vient de laisser ses parents lui choisir une femme, cinq ans qu'il combattit avec eux pour ne pas l'épouser, mais en vain. Pff aujourd'hui il l'a sur le dos. Se retrouver avec cette espèce de..., il ne trouva même pas de mots pour qualifier ce genre de personnes qu'il croyait disparues avec le moyen âge. Hier, il s'est beaucoup retenu pour ne pas exploser, se demandant pourquoi
ces gens n'ont en vue que le poids de leur poche. Il était resté hébété en les voyant ouvrir grands les yeux devant tout l'argent et les matériaux apportés par sa famille. Il les comparait à des mouches volant autour du miel. Ils n'avaient rien, mais il pense qu'ils auraient pu se retenir jusqu'à leur départ. Et ce vieux ? Il se demandait encore c'était quoi son problème. Il parlait de sa fille comme s'il s'agissait d'un objet qu'on offrait au plus généreux. Heureusement qu'il pouvait oublier cette mésaventure auprès de sa bien-aimée, en pensant à elle, il l'appela aussitôt.
-Allô mon amour.
-Oui le plus beau, s'exclame celle-ci avec joie
-Hum, ça je le sais. Alors ça te dirait qu'on se voit maintenant ?
-Ah désolée, mais ce n'est pas possible my heart, i am very busy.
-Toi aussi, depuis deux semaines déjà qu'on s'est pas vu et tu me racontes quoi ? Souffla-t-il.
-Ah, chéri c'est le boulot, comprends moi.
-Te comprendre ? Je ne fais que ça, mais toi de ton côté tu me comprends ? Sort-t-il avec rage
-Hé, il t'arrive quoi ? On dirait que je te manque beaucoup, lui dit-elle d'un air coquin.
-Pff
-Je dois te laisser, je vais retourner au boulot, on se rappelle plus tard.
Elle lui raccroche direct sans lui laisser le temps de répondre. Il jura encore dans sa barbe avant de jeter son portable sur le lit. Il se demandait ce qu'il avait fait au bon Dieu, si ce n'était pas à cause de son long voyage, il serait parti au bureau aujourd'hui même. Mais il était sûr d'être de mauvaise humeur.
******Seynabou*****
Elle réfléchissait encore et encore en repensant aux mots que venait de lui sortir son époux. L'a-t-il épousé uniquement parce qu'il a été forcé? N'était-ce pas ce dont l'avait prévenu sa mère ? En effet, elle lui avait bien donné ce conseil « tu ne peux pas forcer un homme à t'aimer, mais tu peux lui montrer que tu es indispensable. ». Ce rappel lui fit du bien et elle se dit ok, mais jusqu'où il pouvait aller.
Elle se leva, déterminée à remplir pleinement son rôle d'épouse. Au lieu d'aller s'enfermer dans la chambre, elle retourna dans la cuisine et y trouva la jeune femme que son mari avait nommée Maty.
-Vous allez préparer quoi pour le repas ? Questionna-t-elle
-Euh, je n'ai pas encore demandé à monsieur, lui répondit-elle.
-Inutile de le faire. Je peux vous faire confiance ?
-Euh oui je crois.
Alors, elle lui conta toute l'histoire et à la fin elle la vit la bouche grandement ouverte.
-Waouh donc vous êtes sa femme ?
Elle hocha juste la tête.
-Mais pourquoi il a dit tout à l'heure que
vous...
-Laisses tomber, car moi-même, je ne sais pas c'est quoi son problème.
-Hum
-J'aimerais te demander un service.
-Oui, je t'écoute.
-J'aimerais moi-même faire la cuisine pour lui, mais il ne doit pas savoir que c'est moi.
-Hum, est-ce une bonne idée madame ?
-T'inquiète et pas de madame, moi c'est Seynabou.
Elles restèrent là à parler de tout et de rien.
Deux semaines déjà qu'elle était dans cette maison en tant qu'épouse, mais voyait rarement son mari. Avec Maty, elle avait trouvé un bon équilibre.
Maty avait sa propre chambre dans la maison et ne rentrait chez elle que par quinzaine.
Heureusement que la présence de Maty l'aidait beaucoup à tenir. Elle venait de terminer le déjeuner avant de demander à Maty d'aller servir monsieur. Celle-ci lui avait avoué que monsieur avait souligné que la cuisson paraissait différente, que c'était devenue plus succulente que d'habitude. Pour sauver la mise, elle lui avait menti. Depuis ce jour, elle fait encore plus attention à faire les repas dans les heures d'absence de son mari. C'est elle qui s'occupait de sa chambre, de son linge, presque de tout ce dont il avait besoin. Elle allait
encore retourner dans sa chambre lorsque Maty vient lui dire que son mari demandait après elle. Elle toqua, une, deux fois avant d'entendre sa voix.
-Entre, dit-il avec une voix grave.
Elle resta là près de la porte comme si elle avait peur de l'approcher.
-Ma mère va venir passer quelques jours chez moi et pendant tout son séjour, je ne veux pas qu'elle se doute de quoi que ce soit. Alors tu peux déplacer tes affaires ici pendant ce temps.
Elle resta là à le fixer des yeux, et ne pipa mot.
-N'oublies surtout pas, tous les gestes que j'aurai à ton égard ne seront que pour faire croire à maman que nous sommes heureux, la prévint-il.
Elle continua de l'écouter parler en se demandant s'il lui arrivait de réfléchir avant de parler. Penser qu'elle allait lui faciliter la tâche, c'était ne pas bien la connaître.
-Tu m'as bien entendu ? Interrogea-t-il en levant ses yeux.
-......
-Je te parle non ?
-Ahh tu me parlais à moi ? Lui demanda-t-elle en souriant.