Le prince du sang
img img Le prince du sang img Chapitre 4 Le chant du rossignol
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Chapitre 6 Un être inhumain img
Chapitre 7 Le monde magique img
Chapitre 8 Le souverain des volants img
Chapitre 9 Mission img
Chapitre 10 Le royaume des ombres img
Chapitre 11 La cité de Dirius img
Chapitre 12 Sacrifice img
Chapitre 13 Yriane img
Chapitre 14 La cité d'Orios img
Chapitre 15 Imprévu img
Chapitre 16 Fureur souveraine img
Chapitre 17 Les abris souterrains img
Chapitre 18 Zeog img
Chapitre 19 Abios img
Chapitre 20 Pouvoir du sang img
Chapitre 21 Au sommet du monde img
Chapitre 22 La cité de Mirrilio img
Chapitre 23 Première fois img
Chapitre 24 Bénédiction img
Chapitre 25 La cité de l'Histoire img
Chapitre 26 Esis img
Chapitre 27 Déchirement img
Chapitre 28 Souvenir esien img
Chapitre 29 Grandeur de l'humble img
Chapitre 30 Souvenir zeogien img
Chapitre 31 La demeure astrale img
Chapitre 32 Souhait funeste img
Chapitre 33 Pensées obscures img
Chapitre 34 Acte interdit img
Chapitre 35 Désolante confusion img
Chapitre 36 SÉPARATION img
Chapitre 37 L'arrivée img
Chapitre 38 La boutique img
Chapitre 39 Son serviteur img
Chapitre 40 Juste l'évidence img
Chapitre 41 Inimitié img
Chapitre 42 Splendeur solitaire img
Chapitre 43 Acceptation img
Chapitre 44 Acte de sang img
Chapitre 45 Conviction img
Chapitre 46 Réveil img
Chapitre 47 Désordre img
Chapitre 48 Découverte inattendue img
Chapitre 49 Inimaginable loyauté img
Chapitre 50 Souverains des ombres img
Chapitre 51 Révélation img
Chapitre 52 Ogeoris img
Chapitre 53 Lien img
Chapitre 54 Sentiment maternel img
Chapitre 55 Adieu img
Chapitre 56 Leur histoire img
Chapitre 57 Scission img
Chapitre 58 Idiot img
Chapitre 59 Là-bas img
Chapitre 60 Victoire img
Chapitre 61 Retour img
Chapitre 62 Héritage img
Chapitre 63 Famille img
Chapitre 64 Détermination img
Chapitre 65 Secret absolu img
Chapitre 66 Vers son royaume img
Chapitre 67 Arrivée img
Chapitre 68 Étrangère img
Chapitre 69 Amie img
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Chapitre 4 Le chant du rossignol

Quelque part dans cette immense jungle vivait un rossignol aussi beau que talentueux, il avait construit son nid au sommet d'un arbre, car il désirait éprouver la sensation irrésistible de croire résider au sommet du monde. Et de là-haut, il pouvait sans fin contempler les horizons infinis, c'est pourquoi à chaque matin au moment du levant, il laissa ses ailes le transporter dans le bleu de ce firmament. C'était une créature était magnifique, peut-être la plus belle de cette forêt aimée de tous, sa beauté égalant même celle de cette peinture matinale lumineuse.

Il avait des amis, beaucoup d'amis, et partait les rejoindre aussi souvent qu'il le pouvait, insouciant et superficiel, ne pensant à rien d'autre qu'à ce monde de bonheur et d'inconscience dans lequel il était plongé, à cette vie de privilège et de clarté qui lui fut offert à la naissance et qui lui suffisait amplement, dans l'adoration de tous. Mais cette existence, bénie de largesse, devait un jour s'altérer quand un être déformé, différent de tous les autres entra dans sa vie.

Un jour, le rossignol et ses amis, s'amusant abondamment, s'éloignèrent sans se rendre compte de leurs territoires, alors quand ils s'en aperçurent, au lieu de rentrer, ils décidèrent de pousser l'audace encore plus loin en volant jusqu'à ce que la fatigue les contraignit à se reposer. Le beau rossignol s'arrêta en dernier, il reprit son souffle sur une branche pourvue de larges feuilles, alors il lui fallut un moment pour constater la présence de cet animal étrange qui l'observait d'une drôle de manière.

- Qui est là ? demanda-t-il, suspicieux, mais surtout ennuyé.

Mais aucune réponse ne lui vint.

- Qui es-tu ? ajouta-t-il.

Mais le petit inconnu continua de rester dans l'ombre. Alors le rossignol haussa l'épaule et s'apprêta à s'envoler pour changer de place quand enfin l'étrange animal se décida à émerger de son coin. Alors à sa vue, le rossignol poussa un cri d'horreur, et ses amis qui le rejoignirent et à leur tour, alertés par le cri de leur cher ami, s'offusquèrent encore plus à la vue de cet inconnu. Il était si frêle et osseux, son plumage noir de nuit était de si mauvaise nature qu'il accentuait encore plus sa maigreur. Ils furent tous choqués devant ce spectacle désolé. Si choqués qu'ils ne perdirent pas de temps pour s'enfuir aussi vite que possible, comme si rester une minute de plus en présence de cet être étrange et maudit pouvait affecter leur beauté. Mais l'étranger, malgré sa fragilité, eut la force de retenir le rossignol. Ce dernier, d'abord surpris, se débattit, remplit d'une sensation d'horreur à son toucher.

- Veux-tu être mon ami ? Demanda encore la singulière créature comme si de rien était.

Bien que la peur le posséda, les mots pénétrèrent la peau du bel oiseau, mais ne l'empêchèrent tout de même pas d'ouvrir ses ailes majestueuses et de s'en aller dès que l'animal noir le libéra. D'ailleurs, en y repensant, ce dernier ne lui fit aucun mal, il en était incapable, et le rossignol le savait. Ses délicates petites griffes, le retenant faiblement, il voulait seulement l'empêcher de partir, le garder un moment pour lui faire part de son souhait. C'était aussi évident que le jour. Mais notre rossignol partit tout de même. Il rentra tout de suite dans sa splendide demeure, mais ne put s'empêcher de repenser inlassablement à ce petit animal et à sa prière dépourvue d'égoïsme.

Depuis cet instant, le rossignol au cœur libre perdit sa quiétude. Il fut bientôt hanté, bouleversé par les brefs souvenirs de cet animal qui pourtant n'a effleuré sa vie qu'une minute.

Notre rossignol essaya vainement de rester l'oiseau insouciant qu'il était, riant de la plus légère chose, voyant son monde d'un rose lumineux. Cependant, cette phrase revenait dans son esprit, l'obsédant jusqu'aux rêves. Cette voix claire et pathétique, qui ne désirait que la lumière. Il la rejeta avec toute la force de sa volonté, jusqu'a ce qu'une fissure apparaisse à la surface de son cœur.

Un jour, alors qu'il traînait avec ses amis comme à son habitude, il ne fit pas attention et les perdit de vue. Il partit à leur recherche quand une feuille lui révéla un corps familier. Il reconnaissait immédiatement cette stature si médiocre mais digne.

Le rossignol s'arrêta sous le coup de la surprise, il ne s'est jamais attendu à le retrouver chez lui. Ils se regardèrent dans un silence profond et significatif. Les autres vinrent à leur tour. L'intrus pris son courage à deux mains et s'approcha d'eux.

- Je peux jouer avec vous ? demanda-t-il timidement.

La qualité de sa voix répondait parfaitement à la forme de son pauvre corps, faible et sans attrait. Le rossignol ne sut que répondre, mais ses amis, eux, étaient déjà sûrs de leur décision. Ils rirent jusqu'à ce que la fatigue eût raison de leur hilarité.

- Quoi ! s'exclama celui qui se prétendait être le meilleur ami du rossignol. Mon conseil, regarde ton reflet dans les eaux, enfin si tu l'oses. Cela seule saura t'expliquer la raison pour laquelle en aucun cas tu ferais jamais parti de notre monde.

Puis après un dernier regard méprisant ils s'en allèrent.

- Viens, demandèrent-ils au beau rossignol, qui après un temps de réflexion acquiesça et déploya ses ailes.

Mais le maigrelet n'avait pas fini. Et les mots qu'il sortit ensuite, jamais ne devaient s'effacer de la mémoire de l'oiseau enchanté.

- J'ai besoin d'aide. Je t'en prie, arrête-toi un instant pour me sauver.

Il savait ce que tout être au cœur juste devait faire en entendant de telles suppliques. Mais le rossignol décida de taire la voix de sa conscience et partit, le laissant seul sur l'arbre. Et ainsi, une seconde fois l'abandonna-t-il à son pauvre sort.

Les jours se succédèrent, laissant le rossignol dans un état de désolation totale.

Pour garder sa dignité et... sa vie parfaite, il a rejeté la main d'un être, un être qui a demandé son amitié. Il commençait seulement à entrevoir la valeur de ce qui est en dehors de sa vision étroite, et il comprit enfin d'innombrables choses. Des choses essentielles.

« Il voulait me voir rester, c'est tout. Et à cet instant il utilisa tout ce qu'il avait de force pour me retenir, soutenu par l'espoir que je le regarderai tel qu'il a toujours souhaite être regardé, moi plus que quiconque, puisque j'étais le plus beau, et en contradiction à même de le comprendre, avec tendresse, cette même tendresse je crois qu'il a toujours possédé en lui, en son cœur et avec laquelle il devait contempler le monde. Et à présent, qu'importe ce qui se passera ou ce qu'il était, il était déjà excusé. » Mais pour lui dont la beauté fut acclamé de tous, ce qui s'y cachait était plus laid que tous les maigrelets du monde.

« Je vois, pensa-t-il encore. Le véritable hideux n'était pas l'oiseau noir en fait. »

Et tandis que les rayons du soleil éclairèrent le visage baigné de pleurs du rossignol qui pour la première fois connut les larmes, son cœur retrouva enfin sa sérénité.

- Où vas-tu ainsi ? Demandèrent ses amis, en le voyant ouvrir en grand ses ailes.

- Je pars rejoindre mon ami. Répondit le beau rossignol.

- Et bien on est là maintenant, alors allons-y.

Mais il rit en secouant la tête.

- Pas vous voyant. L'autre. Précisa-t-il en les regardant avec quiétude et sachant que ces derniers comprirent immédiatement de qui leur ami parlait.

- Ah je vois ! Ce petit anorexique noire hein !? On dirait que tu l'aimes. Mais si tu vas rejoindre ce soi-disant ami, tu ne seras plus des nôtres, et ne reviens plus jamais nous voir. Tu vois, nous autres, nous baignons dans la beauté, aussi notre club jamais n'accueillera des oiseaux de son espèce. Et je doute même qu'il en ait une. Les êtres comme lui sont fait pour être relégué dans un coin sombre et solitaire, je ne ternirais jamais ma réputation aux yeux des autres en l'acceptant. Voilà notre condition. Alors tu as le choix. C'est nous tous ou c'est lui. Nous tous avec ta vie de lumière ou lui.

Il se tourna vers ces amis qui, comprenait-il parfaitement, désiraient seulement le protéger.

- Je vous aime, cela je ne le nierai jamais. Et je pense que vous le savez déjà. Mais je vous en prie, vous deviez aussi comprendre ce que vous aviez déjà réalisés, que je l'aime.

Et il s'envola... laissant derrière lui tout ce qui a fait sa vie. Maintenant il comprenait.

Mais quand il arriva à retrouver le petit nid de son nouvel ami, il ne vit qu'une demeure saccagée, du sang tâchait le plancher. Ses petites plumes arrachées et éparpillées dans ce chaos.

Le cœur battant à tout rompre, le rossignol le chercha partout, dans ce ravage invraisemblable, il ne cessa de chercher, et le trouva, coincé sous un énorme tronc d'arbre.

- Qu'ai-je fait... ?

Le rossignol eut tellement mal à la vue de ce petit être si fragile abimé, qu'il sentit son cœur se vider de tout sentiment.

- J'ignore ce mal étrange...ce qu'il faut faire...

Mais son cœur refusa ce chagrin, aussi immense fut-il. Certes sa maison était dévastée mais, s'il n'était pas mort, alors cela signifiait encore de l'espoir. Le rossignol se leva et essaya de toutes ses forces de repousser l'énorme tronc d'arbre.

- Mon ami, je suis désolé de t'avoir abandonné ainsi, je me rachèterai, je te le promets. Alors on vivra ces merveilleux moments que tu désirais tant.

Mais le combat ne venait que de commencer. Car les ennemis étaient cachés dans l'ombre, attendant la venue qu'ils pensèrent improbable, du rossignol enchanteur. Mais le maigrelet s'était trompé, il était venu. Alors deux grands rapaces aux plumages encore plus noirs que celui de leur victime, et luisants dans les ténèbres surgirent de leur cachette et foncèrent, toutes griffes dehors sur leur précieuse cible. C'était une paire de monstres qui s'attaquaient au plus faible pour les dominer, les torturer et les exploiter. Mais le rossignol tout en esquivant de justesse l'attaque de ses adversaires, se demanda par quel moyen son ami, si faible peut-être, mais si brave avait pu été capable d'être à ce point régi. Se faufilant entre les ruines pour essayer d'étourdir les avides ennemis, il se demanda s'il arriverait à leur sortir, lui et son maigrelet blessé, de cette situation dangereuse.

Mais il était dit que c'était le jour des erreurs, car outre le fait d'être un ami sincère, il en avait aussi.

- Nous arrivons tiens bon !

Ses amis qu'il avait crus incapable de franchir le pas de l'acceptance, vinrent ensemble à leur rescousse. Ils s'occupèrent ensemble des deux grands rapaces en les retenant avec force et lancer sur eux le grand tronc qui avait écrasé l'oiseau auquel leur beau rossignol s'attachait tant. Les deux rapaces s'écrasèrent à leur tour au sol et disparurent sous des feuilles mortes. Un magnifique symbole de défaite.

- Merci les gars, vous êtes de vrais amis ! Le rossignol s'exclama, ému, les entourant de ses ailes radieuses.

- Et comment ! Si tu tiens vraiment autant à ce petit oisillon, il fallait seulement qu'on s'y fasse. S'il est ton ami alors il est tout aussi le nôtre. Et puis tu es désespérément naïf et beau, mais surtout juste, c'est pourquoi on a le devoir de te protéger ?

- Vous êtes formidable les amis !

Et il retourna aux côtés de son cher ami à l'agonie, un instant ravi, mais quand le rossignol constata l'état dans lequel était ce dernier, il crut s'écrouler de douleur. Son corps était recouvert de blessures, du sang giclait de là où les plumes furent sauvagement arrachées.

Aussi l'encouragea-t-il avec force.

- Je t'en prie fait un petit effort, rien qu'un peu. Nous sommes tous là, nous sommes tous venus. Et nous nous sommes débarrassés à jamais de ces monstres détestables qui t'ont meurtri.

Alors il le prit dans ses ailes, doucement, tendrement.

-Mon ami...

Mais ce dernier était très épuisé, il ne pouvait même plus bouger, et sa respiration ne se sentait presque plus.

Les larmes du rossignol pleuvaient sur lui, l'inondant de gouttes scintillantes.

- Réveille-toi je t'en prie mon ami !

- Tu es venu ...

- Bien sûr, bien sûr que oui... on va sortir d'ici. Je vais te soigner, ne t'inquiètes pas.

Le petit oiseau noir regarda le rossignol avec des yeux remplis de clarté.

- Regarde-moi, il n'y a plus rien à faire,... J'ai voulu un instant les oublier, ces monstres qui m'ont asservis et m'ont maudit. Ta beauté, ta majesté m'ont aidé à le faire. Je ne peux plus avancer maintenant. Se résigna-t-il douloureusement mais en paix.

- Mais toi tu dois vivre et ainsi je vivrai un peu à travers toi. Tu me retrouveras dans chaque feuille d'arbres que les vents d'Est emporteront dans leur ballet indéfini, et dans les murmures intemporels de cette forêt enchantée que tu aimes tant.

Mais le rossignol, incapable d'accepter, de concevoir cette fin tragique se révolta.

- Non, tu vivras, car tu le feras pour moi !

Le petit maigrelet pleura

- Je ne crois pas que j'y arriverai encore.

- Il le faut ! Je ne le supporterai pas autrement...

Le frêle oiseau ferma un instant ses yeux, ébranlé par une insupportable émotion.

- Alors, dis-tu vraiment la vérité, tu veux vraiment que je vive ?

- Quelle question ! Bien sûr.

- Mais la vraie raison, dis-le-moi. J'ai besoin de l'entendre. J'en ai besoin. S'il te plait, dis-le-moi.

Le rossignol le serra contre lui et murmura.

- Tu le sais déjà. Tu l'as toujours su. Tu t'es moqué de moi... tout ce temps pour ce que je ressentais pour toi...

- Dis-le. Je t'en prie.

- Je t'aime.

L'oiseau noir gémit et sa joie devint infinie. Son cœur semblait se libérer enfin de cette magie noire qui l'emprisonnait, lui et sa splendeur. Alors, une grande vague magique lumineuse jaillit de son corps blessé, et se débarrassa de son carcan sombre et déchiré, ainsi que du nid en ruine. Aussi, furent-ils tous ensemble baigner de la lumière resplendissante du soleil. Puis le rossignol se tourna vers ses amis et chanta. Son chant fabuleux que tout le monde aimait déjà tant, mais qui cette fois, naquit d'un amour sans limite et pure, se répandit dans tout le royaume, le faisait rayonner et guérit les anciennes blessures.

Quand il eut fini, le maigrelet devenu un sublime oiseau aux plumages multicolore se jeta dans les ailes du rossignol qui fut ébloui de la transformation de son ami.

- Mais tu es une fille. Put-il enfin dire quand sa surprise et les effusions furent un peu apaisées.

- Oui sourit l'oiseau arc-en-ciel, avec un sourire hésitant. Es-tu déçu ? Demanda-t-elle tremblante.

Le rossignol la rassura par son sourire et son affection.

- Voyons. Jamais.

Puis enlacés dans leur beau plumage, le rossignol se tourna vers ses amis.

- En fait, comment m'avez-vous retrouvé ?

Ils répondirent avec sincérité.

- Tes ailes, ton plumage, et ton amour des autres, tout cela nous avait guidés.

- Car leur beauté merveilleuse ne s'estompera jamais.

- Oui, ils sont le reflet de ton âme, termina le bel oiseau arc-en-ciel.

Et ainsi ils vécurent tout ensemble, heureux, jusqu'à la fin des temps.

            
            

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