Je me suis vraiment tenu à l'écart mais c'était plus fort que moi, l'appel des sens.
Plusieurs me trouvent froid, moi-même je ne sais pas comment me définir. Je n'ai pas toujours été cet être froid, solitaire fuyant la compagnie des autres comme la peste, non je n'ai pas toujours été comme ça, c'était avant cette histoire...
J'étais un jeune plein de vie, ayant une vie sociale complètement remplie. Comme les jeunes de mon âge je sortais le vendredi soir et faisait quelques folies les weekends, j'avais les moyens de ma politique.
Je n'avais pas cherché à faire des grandes études, après mon bac technique à 18 ans, j'ai fait mon BTS dans le btp et la construction.
J'avais un métier en main, des stages cumulés et des patrons qui m'aimaient ont m'ont aidé à parfaire mon métier.
Mon père était assez assis économiquement, normale, il n'a eu que deux enfants, c'est lui qui a donné mon capital de départ, j'ai monté ma boite et trois ans plus tard elle avait pignon sur rue dans le pays, on m'offrait les chantiers aux quatre coins du Gabin et mes poches se sont très vite remplies.
Papa m'a tout montré des finances, c'était son métier, les épargnes, les investissements, les risques à prendre et à ne pas prendre et ces trois premières années il gérait lui-même les finances de la boite, il me disait que ça l'occupait et il voulait partir en me laissant bien assis.
Mon père...qu'est-ce que je l'ai aimé, il nous a élevé d'une main de fer, quelque fois, j'aimerai qu'il soit encore là.
J'ai ressenti son absence lorsque le ciel m'ait tombé dessus il y a quelques années, lorsqu'ils ont piétiné ma douleur et qu'a celle-ci ils ont ajouté l'humiliation et l'infamie, sali et trainé mon nom dans la boue.
Je revois ces vauriens m'accuser et celle pour qui j'étais tombé les soutenir dans cette besogne.
Ils m'avaient anéanti et changé ma perception du monde. Ma confiance, je ne la donnais plus à n'importe qui, je ne laissais même plus le genre humais m'approcher. Mon monde se limitait à mon travail, mes filles et ma mère. Le reste n'était pas important.
Je me perds souvent dans mes pensées et me demande ce qu'aurait été ma vie si cet événement n'était pas venu chambouler le cours de mon existence...
Ils me trouvent tous étrange et sincèrement ça ne me dérange pas, au moins je me concentre sur mes projets.
Mes parents... je m'en veux toujours lorsque je pense à l'état fragile de santé de ma mère, j'ai l'impression que je suis l'auteur de ce fait, en tout cas celui qui l'a accéléré. Ma mère, qui pourtant se portait bien, n'a pas supporté que mon nom soit trainé dans la boue, le nom de son mari, opprobre pour la famille, elle a commencé à avoir des problèmes de cœur et de tension. Je la suis de près, je n'ai pas envie de la perdre, elle reste mon dernier rempart dans ce monde, ma dernière famille après les filles.
Ils nous ont fait beaucoup de mal, quand j'y pense, une sourde colère monte en moi.
Je m'étais promis de me tenir dorénavant loin des femmes, elles n'apportent que misère et problème, c'est mon avis.
Mes parents ont eu deux enfants, une fille et un garçon.
Ma grande sœur s'en est allé il y a dix-huit mois, on n'a jamais su qui était le père de ses enfants, elle est morte en donnant la vie à Zoé, je suis sa seule famille. Je me suis promis de donner un foyer stable et de l'amour à ses enfants en souvenir de ma famille, ils n'ont plus que moi et les gens ne sont pas obligés de savoir qu'ils sont de ma sœur, aujourd'hui ce sont les miens, surtout que mon nom figurait à la case père sur leur acte de naissance.
Je n'ai jamais cherché à comprendre quel esprit animait Amélie, on avait tout juste un an et demie de différence, elle était une bonne vivante, elle aimait les sorties et les bonnes choses et ne se prenait presque pas au sérieux.
On l'a vu changer du jour au lendemain, devenir insolente et papa devenir plus dur avec elle.
Un soir, elle n'a pas donné de ses nouvelles, nous ne nous sommes pas inquiétés, elle ne vivait plus chez les parents, papa lui avait remis une de ses petites maisons à Louis, pas très loin d'ailleurs du domaine familial, mais lorsqu'au bout d'un mois on n'a plus eut de ses nouvelles maman est allé à sa recherche.
Les voisins lui ont dit que ça faisait trois semaines qu'ils l'avaient vu monter à bord d'un pick-up et depuis les lumières de sa maison ne se sont plus jamais allumées.
Evidemment, maman était dans tout ses états, papa n'a pas levé le petit doigt, elle était adulte, elle voulait faire à sa tête, libre à elle, si on la tuait il lui offrirait des funérailles.
C'était la première fois que je voyais mes parents divisés sur un sujet, ils nous avaient toujours montré qu'ils étaient soudés et c'était même un sujet de rire chez nous « ne venez pas me corrompre, je suis toujours d'accord avec ma femme » et vice versa.
Un samedi, une des sœurs de maman a débarqué à la maison,
- ah Denise ossamundé (qu'est ce qui se passe, c'est quelle affaire) si tu étais fatiguée de l'enfant tu pouvais me l'envoyer mais la laisser partir vivre dans la cambrousse gabonaise.
- ah Yeno de quoi me parles-tu ? ta jumelle ne t'a pas dit que j'ai cherché votre fille là go mpongwè dudu (dans tout Libreville) sans succès
-agnambyè (seigneur), on va donc aller la chercher dans trois jours, je prépare les pick-up. C'est un ami à ton beau frère qui m'a dit l'avoir vu dans les environs de Pana, panier au dos et ventre protubérant.
-seigneur, c'est Amélie qui va me tuer avant le temps. C'est quel goût qui va faire en sorte qu'une enfant née dans le luxe aille se vautrer dans la boue. Elle va s'installer dans une province où on ne connait personne et sans en informer sa famille. J'ai même envie de te laisser gérer ça seule
-ah maman, kokolo (pardon), n'abandonne pas l'enfant, tu as été toujours là pour nous tes petites sœurs, ce n'est pas ta fille que tu vas abandonner.
Voilà comment le samedi suivant, maman et ses sœurs jumelles ont débarqué avec une Amélie enceinte jusqu'au dent.
Une semaine plus tard, elle accouchait de Chloé et aucun homme ne s'est jamais présenté pour réclamer la paternité de cet enfant.
Maman le lui rabâchait tous les jours, tu es allé te mettre en danger pour un homme qui ne sait pas te valoriser, votre enfant nait et il n'est pas présent, pire, il n'est pas fichu de se présenter plus tard.
Quelques années plus tard, elle est tombée enceinte de Zoé, de son père on ne sait rien du tout, Amélie vivait chez elle et ne nous a pas présenté un homme, elle est morte en couche....
Je mets fin à tous ses souvenirs, je refuse de me laisser habiter par la nostalgie, de nos moments d'insouciance, mais je donnerai tout pour que ma sœur revienne, on fera les choses différemment.
Il y a dans ma maison une nymphe qui veut me faire perdre le réseau, je me bats pour ne pas succomber mais je risque de me déclarer vaincu.
Je sens que je peux me perdre si je me laisse entrainer par les courbes de cette Marlène, son corps est un appel à l'ivresse des sens, un appel au péché et franchement avec tout ce que j'ai déjà vécu, je ne veux plus tomber dans un scandale et voir mon nom à nouveau trainé dans la boue.
Je n'avais rien calculé la première fois, même si la voir me mettait les sens dessus dessous.
Ce jour, je voulais lui signifier que je m'en allais et puis je l'ai trouvé dans cette position, le derrière offert, j'ai arrêté de raisonner et je me suis laissé tenter par les belles courbes que j'avais devant mes yeux et c'était divin de sentir l'ourlée de sa peau sous mes mains, la voir perdre ou retenir le souffle avait fini de m'anéantir.
J'avais quand même 33 ans seigneur, je n'allais pas laisser une gamine de rien du tout me mener par le bout du doigt. Je gérais des hommes, j'avais toute une société à ma charge et je parlais une langue inconnue devant cette gamine !
Après l'épisode de la cuisine, je m'étais juré de ne plus poser mes mains sur elle, je ne voulais pas gâcher notre relation, elle était la nounou des enfants, rien que ça, mais ça c'était sans compter sur ses projets à elle.
J'avais soif et m'étais rendu dans la salle qui abritait le frigidaire et le congélateur quand je l'ai vu débouler et me sortir son numéro de charme. Là encore, de toutes mes forces j'ai résisté en déglutissant, je me battais pour ne pas tomber, J'entends encore les voix se discuter dans ma tête ce jour. « Je fonce ou je sors ? Qu'est-ce que je fais seigneur ? Ne va-t-on pas m'accuser d'abuser de mon personnel de maison ? Et si ça se savait dans le quartier ? Encore un scandale dans ma maison ? L'affaire Zilda et Wilda n'était –elle pas suffisante ? Même si je m'en foutais des dires des autres je me devais de préserver ma réputation car un autre scandale achèverait mes affaires, je perdrais les clients que j'avais mis du temps à fidéliser, il me fallait sortir de ce guêpier »
Mais voir l'eau dégouliner et mouiller ce tee-shirt blanc a eu raison de mes défenses, elle a fait tomber mes dernières résistances et je me suis rué sur elle tel un assoiffé et son cri a vite fait de me ramener sur terre.
« Excuse-moi Marlène, je ne voulais pas te faire mal. Quand on est une enfant on ne joue pas les professionnelles en taquinant les grands, j'aurai pu être brutal avec toi et gâcher ta vision des choses. La prochaine fois on prendra tout notre temps et on le fera dans un endroit convenable. Mais avant je promets de t'initier aux jeux de l'amour. Certains matins je te laisserai des consignes visibles et d'autres je te les enverrai sur ton téléphone, tu verras comment cela sera agréable. »
Leçon numéro 1 : être soi-même. Ne surjoue jamais, sois toi-même, écoute ton corps et apprécie ce qu'il te dit.
Demain matin, je veux que tu te touches pour moi sur mon lit alors que je serai au bureau et que tu m'envoies la vidéo.
Je posais un baiser sur ses cheveux et mettais fin à l'interlude.