Le chant des loups
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Chapitre 4 04

En sursaut, Phœbé se réveille et prend une profonde respiration. Son corps est couvert de sueur, son cœur semble prêt à s'échapper de sa poitrine et ses yeux s'affolent en scrutant chaque recoin de sa chambre. Que vient-il de se passer ? Faire des cauchemars n'est pas dans ses habitudes, même rêver. Ses nuits sont généralement sans rêve. Et ces yeux rouges ? Ceux du... ?

- Bordel de merde ! jure-t-elle la mâchoire crispée. Foutu prisonnier de merde !

Sa main attrape son oreiller et le balance sur le mur seulement, la chance n'est apparemment pas de son côté en ce début de matinée puisqu'il atterrit sur l'horloge offerte par sa mère et affichant quatre heures du matin. Pestant contre sa malchance, elle s'empresse de raccrocher l'horloge en priant pour ne pas avoir réveillé ses parents.

Certaine de ne pas se rendormir, Phœbé enfile un jogging, un débardeur et ses baskets. Au rez-de-chaussée, elle écrit un rapide mot sur un post-it et sort de la maison. Le ciel est encore sombre, et, même si elle essaie de passer outre sa peur, l'angoisse que ce loup apparaisse de la pénombre est bel et bien présente dans ses veines. C'est donc sur ses gardes que Phœbé fait le tour du quartier jusqu'à ce que le soleil commence à se manifester. Elle retourne chez elle et la bonne odeur de nourriture vient flatter ses narines. D'un pas jovial, elle rejoint ses parents dans la cuisine et lave ses mains avant de s'attabler.

- Je t'ai déjà dit de ne pas laver tes mains ici, rouspète sa mère en déposant une assiette de pancakes et un verre de jus d'orange devant elle.

Sa fille ne lui répond même pas, trop occupée à s'empiffrer.

- Sinon pourquoi es-tu allée courir de si bonne heure ? poursuit son père, la tête dans le journal du matin

- Mon sommeil s'est coupé et je ne réussis jamais à me rendormir dans ces cas-là.

Jay hoche la tête sans poser de questions sur la raison de ce réveil. Elle apprécie beaucoup cette façon d'agir de son père. Il ne pose jamais de questions si aucune perche ne lui est tendue ou si tout simplement, il s'aperçoit que l'envie d'en parler n'est pas d'actualité. Terminant son petit-déjeuner en quatrième de vitesse, Phœbé monte prendre sa douche et s'habille ensuite d'un jean déchiré légèrement retroussé, d'un crop top près du corps rayé blanc et gris avec sa paire de tennis blanche.

Comme la veille, c'est lui qui la dépose sur le parking et heureusement, il n'y a aucune trace de bus. Elle salue son père et s'engage dans l'allée de l'université. Les regards sur elle sont nouveaux. Ils ne présentent aucun mépris, aucun dégoût et aucune arrogance, non, c'est tout le contraire. Ils paraissent admirateurs, craintifs et envieux.

- OK..., marmonne-t-elle en resserrant sa poigne sur la lance de son sac à dos.

En rentrant dans le hall de l'établissement, elle croise la bande de la rouquine qui la fixe avec la même haine que depuis toujours, si elle n'a pas pris de l'ampleur. La sonnerie retentit sur le campus et tous les étudiants se rendent à leur salle de cours. Ce matin, Phœbé a cours de comptabilité générale avec Madame Stevens, une humaine des plus hypocrites qui semble plus apprécier la race lupine que la sienne.

L'étudiante prend sa place habituelle au fond de l'amphithéâtre et considère, avec lassitude, son enseignante faire son entrée. Sauf qu'elle n'est pas seule. Deux jeunes hommes à l'allure pour le moins affreusement banale l'accompagnent. Ils leur font face et bizarrement leurs regards, à tous les deux, se posent sur Phœbé. Ces regards ne durent pas plus de quelques secondes, mais les autres élèves, les ayant remarqués, suivent cette trajectoire et écarquillent des yeux en voyant que c'est elle que ces nouvelles venues dévisagent avec insistance. Mal à l'aise, elle se racle la gorge et tente tant bien que mal de se cacher derrière son indomptable crinière.

- Bébé ? Tu es prête ? s'écrie April en transférant l'essentiel d'un imposant sac à un autre plus petit, plus classe.

- Oui, j'arrive ! Et pour l'amour de Dieu, arrête de m'appeler comme ça, maman ! se plaint Phœbé en descendant les escaliers.

- Quoi ? râle sa mère. Ce n'est qu'un surnom à partir de ton merveilleux prénom, Phœbé, rétorque-t-elle, espiègle. Et dis-moi, n'as-tu pas autre chose que des pantalons ?

L'étudiante se détaille et finit par hausser les épaules. Vêtue d'une combinaison bleu marine surplombée d'une veste rose pâle, elle se sent bien et sûrement mieux que si elle avait opté pour une robe. Un vêtement qu'elle ne met, soit dit en passant, quasiment jamais.

- Bon, au moins, tu as mis des escarpins, ajoute-t-elle en jetant un coup d'œil à ses pieds chaussés de sandales à talons bleu marine en daim et en dentelle. Très bon choix au passage, la complimente-t-elle.

- Si tu le dis, souffle l'étudiante sans grand intérêt. Par contre, toi, tu es un peu trop sexy, lance-t-elle en la dévisageant de haut en bas. Je ne cautionne pas.

- Arrête tes bêtises, pouffe sa mère en poursuivant sa tâche.

Parée d'une robe noire plissée et moulante au léger décolleté plongeant, chacune des formes plantureuses de sa mère est perceptible. Ses sandales à talons vertes s'accordent parfaitement à sa peau laiteuse et ses accessoires imposants finissent de l'embellir. Cette femme est fatale et terriblement séduisante.

- Vous êtes prêtes, les filles ? questionne Jay en descendant lui aussi au rez-de-chaussée.

Les intéressées acquiescent et suivent au pas l'homme de la famille qui se dirige vers la sortie. Ils éteignent les lumières puis April ferme la porte à clé. Ils montent dans l'auto garée dans l'allée et Jay démarre. En presque quarante-cinq minutes, ils atteignent le Ritz Carlton. Situé derrière le Staples Center et un tas de bâtisses populaires, on ne peut être mieux placé. Un voiturier leur ouvre les portières et prend en charge le véhicule.

La jeune femme contemple avec appréhension le gigantesque immeuble qui supporte trente-cinq étages et prie pour qu'il ne s'effondre pas. Il est vrai qu'en gratte-ciel, il y a pire à Los Angeles avec des quarantaines ou des cinquantaines d'étages seulement, ces choses en verre qui ne tiennent par elle ne sait quel miracle, ne lui inspire pas confiance. Expirant profondément en baissant les yeux sur l'entrée éclairée de mille feux, elle suit ses parents.

Arrivées au vingt-quatrième étage, les portes de l'ascenseur s'ouvrent sur une importante masse de personnes. Pareille à son habitude, la salle est plongée dans une élégante noirceur avec pour source de lumière des lanternes-plafonniers. Seule la disposition des tables a été modifiée. D'ordinaire disposées pour occuper l'espace, là, elles sont poussées dans un coin et collées. Phœbé se rapproche de son père à la suite d'un coup d'œil circulaire sur la pièce.

- Ce n'est pas censé être un simple dîner d'associés ? s'inquiète-t-elle.

- Qui a parlé d'un simple dîner d'associés ? objecte son père en saluant brièvement un homme d'un signe de tête.

- Tu aurais pu préciser l'ampleur de ce dîner que je simule un truc, marmonne-t-elle. Ce n'est pas un dîner, c'est une réunion d'hypocrites.

- Filtre tes paroles, Bébé, la réprimande doucement sa mère. Il y a d'importants loups-garous qui n'accepteront aucune offense.

- Ouais, ben, qu'ils aillent se faire, lance-t-elle avant de fausser compagnie à ses parents pour se diriger vers la baie vitrée à la vue imprenable.

            
            

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