Son ton est doux, presque gentil, mais son insistance me rend mal à l'aise.
- Je suis une femme qui travaille dur pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille. Je n'ai pas besoin de votre argent.
Il semble surpris par ma réponse, son expression indéchiffrable pendant un instant avant qu'il ne retrouve son sourire insolent. "
- C'est courageux de votre part, dit-il, sa voix basse et un peu amusée. Mais je ne vous ai pas demandé si vous aviez besoin de mon argent.
Je le regarde, stupéfaite, alors qu'il remonte dans sa limousine sans dire un mot de plus, laissant le chauffeur seul à l'extérieur pour me fixer avec un air d'excuse.
- Monsieur vous demande de monter, madame, dit le chauffeur d'une voix calme, comme si tout cela était parfaitement normal.
- Dites à votre patron que je ne suis pas intéressée, je réponds, tournant les talons pour rentrer chez moi. Je peux sentir le regard du chauffeur dans mon dos alors que je m'éloigne, mais je refuse de me retourner.
Chez moi, en me préparant pour aller à l'hôpital, je repasse sans cesse la scène de tout à l'heure dans ma tête. L'homme dans la limousine... sa proposition... son arrogance... tout cela me laisse un goût amer dans la bouche.
Je prends une longue douche, laissant l'eau chaude ruisseler sur ma peau dans l'espoir d'effacer la sensation de son regard sur moi. Mais il est là, incrusté dans ma mémoire comme une marque indélébile. Je ferme les yeux, tentant de me concentrer sur le bruit de l'eau, sur la sensation de la vapeur sur ma peau, sur n'importe quoi d'autre que lui. Mais il est là, son image obsédante s'incrustant même dans le sanctuaire de ma douche.
Une fois sèche et habillée, je me dirige vers la petite cuisine de mon appartement pour préparer un thermos de café. Je vais en avoir besoin pour rester éveillée pendant ma veillée nocturne à l'hôpital. Alors que je verse le café dans le thermos, je me surprends à penser à ce qu'il m'a dit. Pourquoi moi? Pourquoi m'avait-il fait cette proposition?
Je secoue la tête pour chasser ces pensées. Ce n'est pas le moment de me perdre dans des spéculations. Lucas a besoin de moi. Je prends mon thermos et mon sac, et sors de l'appartement.
La nuit est totalement tombée maintenant, et les lampadaires projettent des ombres fantomatiques sur le trottoir. Je marche d'un pas rapide, enfonçant mes mains dans les poches de mon manteau pour les protéger du froid. Je peux encore sentir le regard de l'homme dans la limousine sur moi, et je me hâte, espérant échapper à cette sensation oppressante.
Le chemin jusqu'à l'hôpital est court, mais ce soir, il me semble interminable. Chaque bruit me fait sursauter, chaque ombre me semble menaçante. L'homme de la limousine a réussi à me faire peur, à m'intriguer, mais je ne le laisserai pas gagner. Je ne le laisserai pas m'effrayer.
Alors je marche, une main crispée sur la anse de mon sac, l'autre serrant mon thermos de café. Je suis déterminée à ne pas laisser cet incident perturber ma vie. Lucas a besoin de moi. Je ne peux pas me permettre d'être distrait par un homme arrogant et sa proposition ridicule.
Finalement, je vois les lumières de l'hôpital au bout de la rue. Un soupir de soulagement m'échappe. Je suis presque arrivée. Je suis presque en sécurité.
Je franchis les portes de l'hôpital, accueillie par l'odeur familière de désinfectant et le bourdonnement constant des machines. Je me dirige directement vers la chambre de Luca et pousse doucement la porte. Mon cœur se serre à sa vue. Les traits de son visage sont tirés par la fatigue et la douleur, mais son sourire est toujours là, lumineux et accueillant.
- Salut Dolce, murmure-t-il, sa voix faible mais résolue. Son regard pétille malgré tout.
- Salut, je réponds, laissant échapper un petit rire malgré moi. Comment te sens-tu aujourd'hui ?
Luca haussa les épaules légèrement, une lueur de défi dans ses yeux.
- Comme un champion, comme toujours, répond-il.
Nous passons le reste de la soirée à parler. De tout et de rien. De nos souvenirs heureux. Nous rions même à certains moments, laissant les échos de notre joie remplir la chambre d'hôpital stérile.
- Te souviens-tu de cette fois où nous avons construit une cabane dans le jardin ? Je demande, une étincelle de nostalgie dans mes yeux.
Luca rit, un son doux qui réchauffe mon cœur.
- Comment pourrais-je l'oublier ? Tu étais si fière de cette cabane, même si elle n'était qu'une pile de planches mal assemblées.
Je rougis à ses mots, frappée par la tendresse dans sa voix.
- C'était notre refuge, je murmure, me remémorant ces jours d'insouciance.
- Oui, c'était ça, acquiesce Luca. C'était notre petit coin de paradis.
Le lendemain matin, je me dirige vers le café, les mots de Lucas encore frais dans mon esprit. Je suis fatiguée, mais la journée ne fait que commencer.
Je suis à peine entrée dans le café quand je le vois. L'homme de la limousine. Il est là, assis à une table, son regard fixé sur moi.
Je le vois du coin de l'œil, assis là à sa table, me regardant. Je fais de mon mieux pour ignorer sa présence, me concentrant sur le nettoyage des tables et l'accueil des clients. Ce n'est que lorsque Monsieur Barrette, le propriétaire du café, vient à ma rencontre que je suis forcée de lui prêter attention.
- Dolce, dit-il d'une voix douce, le monsieur à la table sept demande à ce que ce soit toi qui le serves. Il semble être un nouveau client, alors fais de ton mieux pour lui offrir un service de qualité.
Je hoche la tête, déglutissant difficilement. C'est avec une certaine appréhension que je me dirige vers sa table, faisant de mon mieux pour garder mon visage neutre.
- Bonjour Monsieur, que puis-je vous servir ? Je demande, ma voix aussi professionnelle que possible.
Il ne répond pas tout de suite, son regard fixé sur moi d'une manière presque déconcertante.
- Asseyez-vous, dit-il enfin, sa voix douce mais déterminée.
Je secoue la tête, une pointe d'agitation dans ma voix.
- Je suis désolée Monsieur, mais j'ai beaucoup de travail...
- Tout a été arrangé avec Monsieur Barrette, il interrompt, un sourire en coin.
Je tourne la tête vers Monsieur Barrette qui, à ma grande surprise, ne fait aucun effort pour contredire l'homme. Les mots me manquent, alors je me contente de m'asseoir en face de lui.
- Qu'est-ce que vous faites ici ? Que me voulez-vous ? je demande finalement, la tension montant en moi.
Il incline légèrement la tête, son regard toujours fixé sur moi.
- C'est simple, dit-il, je vous veux, Dolce. Ses mots résonnent dans la salle bruyante du café, laissant une impression de silence assourdissant.
Je fronce les sourcils, surprise.
- Comment savez-vous mon nom ? dis-je, mon cœur bat plus fort dans ma poitrine. Un frisson d'incertitude me traverse l'échine.
- Il y a beaucoup de choses que je sais sur vous, Dolce, il répond, ses mots résonnent comme un écho sinistre à mes oreilles. La façon dont il prononce mon nom, comme s'il était intime avec moi, rend ma peau froide.
- Qu'est-ce que vous me voulez ? Je force les mots à sortir, essayant de garder mon calme. Mon esprit tourne, essayant de comprendre la situation.
- Une nuit, il dit avec une assurance désarmante. La déclaration est si brutale, si crue que je reste stupéfaite.
- Pourquoi ? Les mots sortent avant que je ne puisse les retenir. J'ai du mal à croire ce que j'entends.
- Parce que j'en ai envie, il répond calmement. Et je peux payer le prix que vous voudrez. Ses paroles me font frissonner, une sorte de répulsion s'insinue en moi.
- Votre argent ne m'intéresse pas, je réplique, essayant de cacher la peur dans ma voix. Une rage soudaine m'envahit, ma fierté blessée par son arrogance.
- Je pense au contraire que vous en avez grandement besoin pour la chimiothérapie de votre frère. Sa réplique me frappe comme un coup de poing. Comment sait-il pour mon frère ? Comment connaît-il ces détails intimes de ma vie ?
- Une nuit avec moi et je pourrai aider à donner une chance de survie à votre frère, poursuit-il. Chaque mot qu'il prononce me glace le sang. Vous voyez bien qu'il est faible, c'est parce qu'il n'est pas bien traité par manque de moyens financiers.
Je suis terrifiée, en colère, mais aussi impuissante. L'image de Luca, mon frère chéri, souffrant dans son lit d'hôpital, me vient à l'esprit.
- Je n'ai pas besoin de votre aide, je rétorque, ma voix tremblante. Je peux très bien m'en sortir sans vous.
Mais même en disant ces mots, je ne peux pas m'empêcher de douter.
Il rit doucement, un rire qui me fait froid dans le dos.
- Vraiment ? Ce ne sont pas les miettes que vous récoltez dans ce café qui vont accomplir ce miracle. Les larmes montent à mes yeux.
Je le regarde se lever puis s'éloigner, mes pensées tourbillonnent. Avant de quitter ma table il ajoute.
- Je vous donne trois jours pour réfléchir à ma proposition.
Son offre me hante. Une nuit pour sauver Luca... Est-ce que je peux vraiment refuser ? J'essaye de rassembler mes pensées, mais la peur et l'incertitude me submergent.