L'arrêt de bus n'est pas loin et je m'y rends, perdue dans mes pensées. Je réussis à prendre le bus de 7h30, une petite victoire qui illumine mon matin. Le café m'accueille avec son bourdonnement familier de conversations et le parfum réconfortant du café.
- Dolce, ton latte est prêt ! L'appel de Maria me sort de mes pensées.
- Merci Maria, je réponds, souriant malgré ma fatigue.
La journée s'écoule, rythmée par le bruit des tasses et le murmure des conversations. Puis Ethan passe au café, comme toujours. Il me lance un sourire charmant et commande son latte macchiato habituel.
- Dolce, tu es une vision de beauté ce matin, déclare-t-il avec son sourire charmeur.
- Tu es de bonne humeur aujourd'hui, Ethan, je rétorque, un sourire jouant sur mes lèvres malgré ma fatigue.
Il semble malgré tout remarquer mon état et son sourire se fane en une expression de préoccupation sincère.
- Ça va ? Tu as l'air épuisée, constate-t-il.
- Juste une longue semaine, Ethan.
Il hoche la tête, semblant comprendre. Pendant un instant, nous restons silencieux. Puis, Ethan brise le silence.
- Dolce, je veux être là pour toi. Tu n'as pas à porter tout cela seule.
Ses mots me touchent. Je me force à sourire, même si une partie de moi veut s'effondrer et partager toutes mes peurs avec lui.
- Merci Ethan, c'est gentil. Mais je peux gérer.
Il semble vouloir dire quelque chose d'autre, mais se retient. Ses yeux se posent sur moi avec une tendresse que je n'ai jamais remarquée auparavant. Il semble lutter avec lui-même, avant de finalement déclarer :
- Je... Je pense que tu es une femme incroyable.
Je cligne des yeux, surprise par sa déclaration. Un sourire taquin apparaît sur son visage alors qu'il ajoute,
- Et j'aimerais vraiment passer plus de temps avec toi, en dehors de ce café.
Je ris, secouant la tête avec incrédulité.
- Tu sais que je suis débordée en ce moment. Entre l'hôpital et le café...
Il hoche la tête, semblant comprendre.
- Je sais. Je... Je voulais juste que tu saches que je suis là pour toi. Si tu as besoin de parler, ou même juste de te détendre un peu.
Je le remercie avec un sourire sincère. Même si je suis épuisée, cette conversation avec Ethan est comme une bouffée d'air frais, apportant un peu de légèreté à ma journée.
Je me lève, prête à retourner à mon travail.
- Merci, Ethan. C'est vraiment gentil.
- C'est sincère, Dolce, répond-il, me regardant avec une intensité qui fait battre mon cœur un peu plus vite.
Nous restons un moment silencieux, chacun perdu dans ses pensées. Mais le bruit du café m'appelle à retourner à mes responsabilités. Je m'éloigne de la table, emportant avec moi les mots d'Ethan et la chaleur de son regard.
La suite de la journée est plus légère, comme si les paroles d'Ethan avaient déposé un baume sur mes inquiétudes. Je sers des clients, je prépare des boissons, je nettoie des tables, mais tout au long de cette routine, une partie de moi se languit de ces moments volés avec Ethan.
C'est seulement lorsque le café ferme ses portes que je réalise à quel point je suis fatiguée. Maria me propose une sortie en boîte de nuit, histoire de décompresser, d'oublier les tracas de la vie pendant quelques heures.
- Allez Dolce, tu as besoin de t'amuser un peu, de penser à autre chose. Luca voudrait que tu prennes soin de toi aussi, insiste-t-elle.
Je souris tristement.
- Je dois rentrer, me changer et aller à l'hôpital, Maria. Je suis désolée. Une prochaine fois peut-être.
Elle fait la moue mais ne m'importune pas plus.
- Bonne soirée, ma chérie, nous nous faisons la bise avant de nous séparer.
Je me retrouve seule à l'arrêt de bus, attendant patiemment mon transport. Mes pensées s'égarent à nouveau vers Luca, les problèmes financiers qui s'accumulent. Le salaire du café ne suffit pas à couvrir toutes les dépenses. Il faut que je tienne bon.
Enfin, le bus arrive, et je m'installe à bord, une lueur de soulagement balayant mon visage. Les lumières de la ville se réfléchissent dans la vitre, miroitant comme un kaléidoscope de couleurs pendant que je me perds dans mes pensées. Les soucis de la journée sont relégués à l'arrière-plan tandis que j'apprécie ces quelques instants de tranquillité.
La route de bus ne va pas jusqu'à ma maison, l'arrêt le plus proche se trouve à environ 300 mètres de ma porte. C'est un des inconvénients de vivre dans ce quartier modeste : l'accès limité aux transports publics. Alors que je descends du bus, je respire profondément l'air frais de la nuit, mon souffle se mêlant à l'odeur douce-amer du béton mouillé.
Je commence à marcher le long du trottoir éclairé par des réverbères espacés, leurs lumières vacillantes projetant des ombres déformées sur le sol. Je me hâte, mes talons claquant contre le bitume, résonnant dans le silence nocturne.
Un grondement sourd me tire de mes pensées. Une limousine noire s'arrête à côté de moi. Le battement de mon cœur s'accélère à une vitesse alarmante et une sensation de malaise s'infiltre en moi. Le chauffeur, une figure imposante en uniforme impeccable, sort du véhicule.
- Mademoiselle, puis-je vous aider ? Il m'interroge, sa voix est douce, presque apaisante, ce qui est en totale contradiction avec la situation.
Je suis prise de court. Pourquoi une limousine s'arrêterait-elle à côté de moi ?
- Monsieur, je... Non, merci, je dois y aller, je réponds, essayant de garder ma voix aussi calme que possible.
Il semble un peu décontenancé mais insiste néanmoins :
- Mademoiselle, mon patron souhaiterait vous parler, serait-ce possible ?
Je fronce les sourcils, mes pensées s'embrouillent. Qui pourrait bien vouloir me parler à cette heure-ci ? Un sentiment d'inquiétude s'installe, mais je choisis de rester ferme.
- Dites à votre patron que je ne suis pas intéressée. Bonne soirée, monsieur, dis-je, reprenant ma marche.
Avant que je ne puisse aller plus loin, la porte arrière de la limousine s'ouvre, révélant l'homme qui était assis à l'intérieur. Mon souffle se fige. C'est le même homme qui m'a arrêtée sous la pluie. Il descend de la limousine, ses yeux ne quittant jamais les miens. Il y a une intensité dans son regard qui m'effraie un peu.
- Que voulez-vous ? Je demande, me mettant sur la défensive.
Ma voix se fait ferme, bien que l'appréhension tente d'y infiltrer ses nuances.
Il ne répond pas tout de suite, me dévisageant juste, comme s'il essayait de lire dans mon âme. Alors qu'il tend la main pour me toucher, je me dérobe instinctivement, reculant un pas.
- Ne me touchez pas ! J'ordonne, la panique commençant à gagner du terrain dans ma voix.
Il se contente de sourire, tristement. Un sourire qui ne fait qu'ajouter à mon inquiétude.
- Combien voulez-vous pour une nuit avec moi ? Il finit par demander, les mots tombant dans l'air comme un poids lourd.
Je reste figée, choquée par sa proposition. La colère commence à bouillonner en moi, ma bouche s'ouvrant et se fermant alors que je lutte pour trouver les mots appropriés pour répondre à cette absurdité.