En faisant attention de ne pas faire de bruit, je me lève et ramasse mes affaires. Je jette un dernier regard vers Luca, lui murmure que je reviens ce soir, bien qu'il ne puisse pas m'entendre. Puis, je quitte la pièce, laissant derrière moi le calme presque sacré de l'hôpital.
Une fois dehors, je me précipite à l'arrêt de bus, en priant pour ne pas avoir manqué le bus de 7h30. C'est souvent une course contre la montre, surtout depuis que je passe mes nuits à l'hôpital. Malheureusement, alors que j'approche de l'arrêt de bus, je vois le dernier bus disparaître au coin de la rue. Un soupir de frustration m'échappe. Cela signifie que je serai en retard pour le travail.
J'arrive finalement au café où je travaille une demi-heure en retard. Le café est déjà bondé, l'arôme riche du café frais emplit l'air. Avant même que je puisse m'excuser auprès de mon patron, il me lance un regard sévère.
- Dolce, c'est la troisième fois cette semaine, gronde-t-il, son visage exprime son mécontentement. Je comprends ta situation, mais le café a aussi besoin de toi. Essaie de mieux gérer ton temps.
- Je suis désolée, monsieur.
Même si ces mots sont devenus une rengaine familière ces derniers temps. Je promets de faire mieux, même si je sais que les choses ne vont probablement pas s'améliorer de sitôt.
Je me précipite ensuite vers le comptoir, saluant mes collègues en chemin. Maria, une de mes collègues qui est connue pour sa nature exubérante et son sens de l'humour vif, me taquine en voyant mon arrivée tardive.
- Hé, dormeuse! On a pensé que tu avais décidé de faire la grasse matinée ! lance-t-elle avec un sourire moqueur.
Je lui rends son sourire
- Si seulement Maria, si seulement.
Le reste de la journée passe dans un tourbillon de clients à servir, de commandes à préparer et de tasses de café à nettoyer. C'est un ballet incessant, mais quelque part au milieu de ce chaos, je trouve un certain répit. C'est fatigant, mais c'est aussi une distraction bienvenue de mes soucis. L'arôme du café, la cacophonie des commandes, les rires et les conversations des clients - tout cela est devenu une sorte de refuge pour moi, un havre au milieu de la tempête.
Maria s'approche de moi pendant ma pause, un sourire espiègle sur son visage.
- Alors, Dolce, dit-elle en prenant une gorgée de son café, cet homme est encore là aujourd'hui.
- Quel homme ? je demande, bien que je sache déjà de qui elle parle.
- Ne fais pas l'innocente avec moi, répond-elle avec un sourire. Le beau brun qui vient tous les après-midi. Il te regarde comme s'il était amoureux.
Je soupire, passant une main dans mes cheveux.
- Il ne m'aime pas, Maria. Il flirte juste, c'est tout.
- Tu devrais lui donner une chance, Dolce, suggère Maria. Il pourrait te faire du bien.
Je secoue la tête.
- Je n'ai pas le temps pour ça, Maria. Tu sais bien avec Luca...
Maria pose une main réconfortante sur mon bras.
- Je comprends, Dolce, dit-elle doucement. Mais n'oublie pas de vivre ta propre vie aussi.
Je souris tristement, sachant qu'elle a raison, mais incapable d'imaginer comment je pourrais trouver le temps ou l'énergie pour une relation.
La journée s'étire, une succession interminable de tasses de café et de commandes de pâtisseries. Comme prévu, l'homme dont Maria a parlé vient dans l'après-midi. Il a des cheveux bruns et des yeux d'un vert éclatant qui contrastent de manière frappante avec son teint olive. Il commande toujours le même café - un latte macchiato - et s'assoit toujours à la même table, d'où il me lance des regards discrets.
- Bonjour Dolce, dit-il avec un sourire charmant, lorsqu'il arrive à mon comptoir.
- Bonjour, Ethan, je lui réponds, lui rendant son sourire.
Ethan est charmant, c'est vrai, mais ma vie est trop compliquée en ce moment pour me lancer dans une quelconque romance.
La journée finit par se terminer, et je rentre à la maison, épuisée mais satisfaite. Je prépare un repas rapide, mangeant seule dans la tranquillité de la cuisine. Alors que je termine de manger, je regarde l'horloge. Il est presque l'heure de retourner à l'hôpital.
Alors que je termine de ranger la cuisine, je regarde par la fenêtre donnant sur la rue éclairée par les lampadaires. Le crépuscule s'est installé, transformant la ville en une mosaïque d'ombres et de lumières scintillantes. En ramassant mon sac, je jette un dernier coup d'œil à l'horloge. Il est temps de repartir pour l'hôpital.
Je sors dans la rue, une brise fraîche caressant mon visage. Mon cœur se serre à chaque pas que je fais en direction de l'hôpital. La réalité de la situation de Luca m'accable souvent, surtout dans ces moments de solitude. Mais je repousse ces pensées et me concentre sur le chemin devant moi.
Alors que je marche, je sens une présence étrange derrière moi. Comme si quelqu'un me suit. Je me retourne, scrutant les ombres, mais la rue semble vide. Peut-être n'est-ce que mon imagination, me jouant des tours à cause du stress et de la fatigue. Mais la sensation persiste, une sorte de picotement à la base de mon cou, une sensation de frisson qui me parcourt l'échine.
J'accélère le pas, mon cœur battant un peu plus vite. Chaque ombre semble prendre une forme menaçante, chaque bruit me fait sursauter. Je me dis que je dois être paranoïaque, que la ville est sûre, mais l'instinct de préservation prend le dessus sur la logique.
J'arrive à un croisement, les lumières du trafic illuminent la scène d'une lumière vive et multicolore. Je jette un coup d'œil derrière moi une fois de plus, mais il n'y a toujours personne en vue. Malgré cela, cette sensation persiste. Je suis en alerte, chaque sens en éveil.
Je traverse la rue, mes talons cliquetant sur l'asphalte. La lumière des lampadaires se reflète dans les flaques d'eau, créant un kaléidoscope de couleurs sur le sol mouillé. Alors que je m'éloigne du croisement, j'entends un bruit de pas derrière moi. C'est à peine audible par-dessus le bruit de la ville, mais suffisamment distinct pour me faire stopper net.
Je me retourne, mon cœur battant la chamade. Mais encore une fois, il n'y a personne. Seulement l'écho lointain de mes propres pas qui rebondit sur les murs des immeubles.
J'essaie de me calmer, de me rassurer que tout va bien. C'est probablement juste le produit de mon imagination, alimenté par le stress et la fatigue. Après tout, qui voudrait me suivre?
Et pourtant, cette sensation persiste. Une ombre dans le coin de mon œil, une silhouette qui disparaît chaque fois que je me retourne. C'est presque comme si...
Je secoue la tête, repoussant ces pensées. Je dois me concentrer. Pour Luca. Pour moi. La nuit tombe alors que je continue mon chemin vers l'hôpital, cette étrange sensation de suivi s'accroche à moi. Je suis déterminée à rester forte, à avancer malgré la peur. Pour Luca. Pour moi-même. Et avec chaque pas que je fais, je prie pour que cette sensation ne soit qu'une ombre de mon imagination.