Nora : Dad n'est pas encore rentré. Teddy est sortie jouer au basket avec ses amis et Amou est dans sa chambre. Elle est au téléphone depuis et ne fait que rire. Je lui ai demandé de jouer avec moi mais elle a crié sur moi. (faisant la moue) Je m'ennuie toute seule depuis le matin (ses lèvres tremblent, signe que les pleurs ne vont pas tarder à couler) Ce n'est pas juste qu'on me néglige ainsi dans cette maison.
Moi (soupirant): Pardonne à ta sœur pupuce. Et excuse-nous pour la négligence. Moi je vais jouer avec toi d'accord ?
Nora : Maintenant ?
Moi (souriant): Si c'est maintenant que tu veux oui.
Nora (faisant mine de réfléchir): Bon comme tu viens de rentrer du boulot je vais te laisser te reposer un tout petit peu d'abord sinon tu vas vite te fatiguer si on commence maintenant.
Moi : Merci de me laisser me reposer ma vie. Tu as mangé ?
Nora : Depuis que tu as quitté la maison non. J'ai dit à Amou que j'avais faim mais elle m'a dit d'aller me servir moi-même. Je ne suis pas élancée, moi, pour atteindre le plan de travail.
Là ma colère est au summum mais je fais l'effort de ne rien laisser transparaître devant la petite. Nora est la petite dernière. Elle a juste 4 ans et est une vraie petite boule d'amour. Amoudath a maintenant 20 ans et est en Licence 1 en banque et finance. Teddy le second a 16 ans et fait la première. Il est la version café au lait de son père. C'est un garçon très sage et studieux. Faut dire qu'il me donne moins de migraine que Amoudath qui ne fait qu'enchainer les bêtises. Ma petite Nora je l'ai eu un peu tardivement car après la naissance de Teddy, Melvin et moi avions décidé de rester sur nos deux enfants. Ce n'est un secret pour personne qu'il a toujours considéré Amou comme étant sa propre fille. Je me suis concentrée par la suite à m'appliquer pour construire mon avenir professionnel. J'ai suivi une formation de deux ans en boulangerie-pâtisserie et tout en suivant la formation je vendais des sacs à main et des chaussures pour femmes en ligne. Cela m'a permis de faire un peu d'économie et juste après l'obtention de mon attestation en tant que pâtissière, mon mari m'a donné un coup de pouce dans les finances et j'ai ouvert ma pâtisserie qui est un lieu de référence depuis près d'une quinzaine d'années. Je ne peux qu'être fière de moi en regardant mon parcours.
J'emmène Nora à la cuisine et réchauffe la nourriture que j'ai fait avant d'aller à la pâtisserie aujourd'hui puis lui sers par la suite.
Nora : Merci maman.
Moi : Je t'en prie mon bébé. Bon appétit.
Nora : Merci.
Je la laisse et me rends dans la chambre conjugale pour prendre une douche rafraîchissante, mets juste une légère robe de maison sur le corps avant de me rendre dans la chambre de Amou.
Elle est assise en tailleur sur son lit, son ordinateur portable devant elle et un vernis rose qu'elle se met sur les ongles en main. Elle sursaute dès qu'elle me voit dans l'embrasure de la porte.
Amoudath : Oh mais, maman ! Tu ne pouvais pas frapper avant d'entrer ainsi dans ma chambre ?
Moi (calme): C'est encore ma maison à ce que je sache.
Amoudath : Pfff on n'a même plus d'intimité dans cette maison. (reportant sur n attention sur l'écran de son pc) Je te rappelle plus tard papa.
- Okay ma chérie. N'oublie pas ma proposition. C'est quand tu voudras.
Amoudath : Oui t'inquiète pas. Bisous.
Elle referme l'ordinateur et reporte son attention sur moi.
Moi : Tu vas donc dire que tu ne sais pas que je suis rentrée depuis un bon moment ?
Amoudath : Bah non !
Moi : Et tu trouves ça normal ? Donc même si quelqu'un entrait dans la maison pour voler tu n'en saurais rien.
Amoudath (désinvolte): Le gardien n'est pas là pour rien.
Moi : Comme tu trouves toujours réponse à tout, ta petite sœur, c'est au gardien de s'en occuper ? Je vais au boulot en te laissant la garde de ta petite sœur de seulement 4 ans. Quatre ans je dis bien et depuis le petit déjeuner qu'elle a pris à 8h elle n'a rien pris d'autres jusqu'à 17h ? Alors que j'ai fait la cuisine avant de partir ? Tu trouves ça normal ? Tu as 20 ans Amoudath. 20 ans ! Avant d'effectuer tes travaux de maison je dois crier ! Faire ta propre lessive je dois crier. Même t'occuper de ta petite sœur je dois aussi crier ? Tu n'as pas honte qu'à ton âge qu'on doit toujours être sur ton dos, être entrain de tout te dire ? Quand j'avais ton âge je t'avais déjà et je faisais tout de moi-même.
Amoudath : Donc tu m'envoies faire un enfant comme à mon âge tu en avais déjà c'est ça ?
Moi (dépassé): Tu t'entends parler ? Est-ce que tu t'entends parler, Amoudath ? Qu'est-ce qui ne va pas avec toi ? Donc dans tout ce que je viens de dire c'est ce que tu as retenu ? Ok c'est bien. Mais c'est la dernière fois que je te laisse mon enfant et reviens la trouver affamé et errente dans la maison.
Amoudath : Je ne peux pas être entrain de faire mes exercices et la surveiller en même temps. Tu sais bien que Nora est très agitée et turbulente. Je ne suis pas sa nounou.
Moi : C'est les exercices que tu faisais en te vernissant les ongles et entrain de faire je ne sais quoi sur ton ordinateur ?
Amoudath : J'étais entrain de discuter avec mon père. Ce n'est pas un crime à ce que je sache. Les autres ont leur père avec eux tous les jours et moi qui ne voit le mien qu'une fois en passant, je n'ai plus le droit de discuter avec ? Humm.
Je reste figé là à la regarder interloqué. Je suis tenté de dire quelque chose, tenté de me jeter sur elle pour lui faire ravaler ces paroles mais je me retiens et tourne les talons pour quitter la chambre. Les choses se sont mises à dégringoler entre Amoudath, Melvin et moi il y a six ans lorsque Amir par je ne sais quel miracle s'est souvenu qu'il avait une fille et s'est mis à vouloir se rapprocher d'elle. Amou passait la plupart de ses congés et vacances chez ses grands-parents paternels donc ça n'a pas été trop difficile pour lui de se rapprocher d'elle. J'ai voulu contester ce rapprochement subite entre mon enfant et cet imbécile qui lui sert de géniteur mais mon mari m'a retenu en me disant que du moment que ce rapprochement faisait plaisir à Amou et qu'Amir n'avait pas une mauvaise influence sur elle ça allait. Qui qu'il soit, quoi qu'on dise, il reste son père. J'ai pris sur moi et j'ai fermé les yeux. Seulement, Amou a changé du jour au lendemain en devenant irrespectueuse et virulente dans sa manière de s'adresser à Mel et moi. Je me suis plainte, on m'a dit que c'est la crise d'adolescence. Et cette crise d'adolescence persiste jusqu'à ces vingt ans ? Non c'est plus que je ne peux tolérer.
Teddy se pointe à la maison à 18h35 et m'approche avec un air de chien battu dès qu'il me voit assise dans l'un des canapés du salon.
Ted : Bonsoir mum.
Moi : Il fait quel heure Miller ?
Il jette un coup d'œil sur la montre à son poignet.
Ted : 18h36.
Moi : Tu as quitté cette maison à quelle heure ?
Ted (petite voix): 10h
Moi : OK. Tu rendras compte à ton père quand il va rentrer.
Il vient tout de suite se jeter à genoux devant moi.
Ted (suppliant) : S'il te plaît maman ne dis rien à papa. Je te promets que c'est la première et dernière fois que je rentre à cette heure.
Moi : Tu as demandé la permission à qui avant de sortir ?
Ted : À Amou et elle a dit qu'elle allait t'appeler pour te prévenir.
Moi : Et même si tu avais dit à ta sœur avant de sortir, c'est une heure pour rentrer ?
Ted : Je m'excuse Mum. C'est la dernière fois promis.
Moi : Okay.
Je ne le blâme plus. Il prend sa douche et se change et je lui donne à manger. Lorsque mon mari rentre du boulot je m'occupe de lui et une fois seul dans notre chambre, je lui fais part des évènements de la journée. Il soupire longuement en se passant la main sur le visage d'un geste lasse. Il a perdu la belle complicité avec Amoudath dès que Amir est revenu la bouche en cœur soi disant pour tenir son rôle de père.
Mel : Je vais essayer de lui parler.
Moi : Tu n'es pas obligé tu sais, bae. Juste que je ne parviens plus à comprendre Amou. (Triste) J'ai toujours rêvé de tenir une bonne relation avec ma fille, que nous soyons des meilleures amies et qu'elle se confie à moi quand elle a des soucis mais c'est tout le contraire que je vis. Malgré tous les efforts que je fournis pour qu'il y ait une bonne entente entre Amou et moi, j'ai l'impression qu'elle s'éloigne de moi chaque jour un peu plus. Et tout ça c'est de la faute à Amir.
Mel : C'est son père bb. C'est vrai qu'Amoudath n'a plus rien de notre petite fille adorable et câline qu'on avait connu mais nous n'avions aucune preuve qu'elle a ainsi changé à cause d'Amir. Tout ce que nous pouvons faire c'est d'être patient avec elle, mais je ne te cache pas être très perturbé par cette situation. Amou est ma fille et la voir me mettre de côté me fait un mal de chien.
Moi : Je suis désolée chéri.
Mel : Tu n'as pas à l'être ma reine. Elle va revenir à de meilleurs sentiments j'en suis sûr.
Nous échangeons un baiser langoureux en nous souhaitant une bonne nuit avant d'éteindre nos veilleuses chacun de son côté.
*
*
*** AMOUDATH MOUSTAPHA
Aujourd'hui c'est dimanche. Je suis réveillée depuis 7h déjà. Il sonne actuellement 8h41 mais je n'ai aucune envie de me lever.
BAM BAM BAM.
Je sursaute et mets une main sur ma poitrine. Putain. J'ai eu peur.
Maman (derrière la porte): Il est temps de te réveiller mademoiselle.
Je ronchonne et me lève du lit pour éviter qu'elle se mette à faire ses discours. Je me brosse les dents, fais ma toilette intime et sort ensuite de ma chambre pour rejoindre ma mère qui est au fourneau à la cuisine.
Maman : Tu vas rester plantée là à me regarder ? Prends les tomates, piments et oignons et coupe moi ça.
Moi : Je vais uniquement couper les tomates hein. Je ne peux pas supporter les oignons qui piquent les yeux et le piment qui va me laisser les doigts en feu ensuite.
Maman : Je ne veux pas crier ce beau matin Amoudath. Tu vas me couper tout et vite fait.
Je marmonne puis me mets à la tâche. Nora rentre dans la cuisine quelques minutes après en se frottant les yeux comme quelqu'un qui vient de se réveiller.
Nora : Bonjour ma mère.
Maman : Bonjour ma fille. Tu as bien dormi ?
Nora : Oui et toi ?
Maman : J'ai bien dormi aussi ma puce. Va voir papa pour qu'il t'aide à te débarbouiller.
Nora : D'accord. Fais moi un bisou s'il te plaît.
Maman (riant): Sache que tu grandis Nora.
Elle se baisse pour la câliner et je roule les yeux au ciel. J'en veux à ma mère à un tel point qu'elle ne peut imaginer. Jusqu'à mes quatorze ans, je considérais son mari comme mon père, il était un modèle pour moi. Je l'adorais et le fait de n'être pas proche de mon père biologique ne me gênait en rien. J'ai toujours pensé que mon père m'avait abandonné jusqu'à ce qu'il tente une approche avec moi un jour en me racontant toute l'histoire qu'il avait eu entre ma mère, mon beau-père et lui puis ma grand-mère m'a confirmé ensuite que c'était la vérité. Mon père (Amir) m'avait confié que mon beau-père (Melvin) et lui étaient meilleur ami lorsqu'ils étaient en fac. Je n'y avais pas cru mais des photos d'ensemble d'eux étant plus jeune m'a convaincu. Si ma mère ne s'était pas montré garce et son mari fourbe et traître, mon père et elle serait encore ensemble et les enfants qu'elle a eu avec l'autre auraient été les frères de sang à part entière. Je leur en veux tellement ! Ça me fout les boules lorsque nous sortons en famille et les gens font tout de suite la différence en constatant que je ne suis pas la fille de celui qui est censé être mon père car je ne suis pas métissé au même titre que les frères. Mon père m'a déjà proposé de me louer un appartement pour que j'ai mon intimité. C'est moi-même qui ai décliné car je sais d'or et déjà que ma mère n'accepterait pas.
À SUIVRE...