Moi (bredouillant): Euh bonjour.
Akankê : Je...bon je suis pas très douée à faire mon mea culpa mais je tenais à te demander de m'excuser pour toutes les fois où je m'en suis prise injustement à toi.
Moi (toujours surprise): Euhhh...
Akankê : Je suppose que tu dois sans doute être surprise mais je suis sincère en te présentant mes excuses. J'ai beaucoup réfléchi et je me suis rendue compte que c'était vraiment garce de ma part de m'en être prise à toi depuis le début alors que tu as toujours été gentille et respectueuse envers moi. Si tu veux bien me pardonner ça me ferait beaucoup plaisir et j'aimerais aussi que nous soyons amis.
Je reste silencieuse un moment, le temps de bien me convaincre que c'était vraiment mademoiselle Elisha qui venait de dire tous ces mots.
Akankê (souriant faiblement): J'attends toujours.
Moi : J'accepte tes excuses.
Akankê : Merci Merry. Alors, nous sommes amis ?
Moi (répondant à son sourire): Oui amis.
Akankê : Merci pour les réponses que tu m'as filé la dernière fois.
Moi : Je t'en prie.
Je suis agréablement surprise par la démarche de Akankê mais je serai tout de même sur mes gardes. Qu'elle change ainsi du jour au lendemain est quand même surprenant et flippant. Je verrai bien comment elle se comportera avec moi les jours suivants.
Les jours et semaines qui ont suivi elle se comportait toujours très bien avec moi, ce qui me fait la pardonner avec joie et depuis nous entretenons une bonne relation amicale. Il n'y a que sa copine Rose qui me snobe. Je suis très contente de pouvoir tenir une bonne relation avec Akankê et je découvre qu'elle est une fille géniale quoi qu'elle se laisse un un peu ou beaucoup trop influencé par sa notoriété sur les réseaux sociaux et la position sociale de sa famille.
Le second trimestre a bien pris fin et je me suis retrouvée comme toujours première de notre classe. J'en suis trop heureuse. Même si ma mère et ma sœur ne me donnent pas de répit à la maison je parviens quand à maintenir mon rang d'honneur à l'école.
Je n'ai toujours pas trouvé un boulot et ça ne m'arrange du tout pas. Ça fait déjà un mois que je ne reçois plus d'argent de poche chez ma tante et c'est très difficile pour moi de survivre des seules nourritures que je parviens à voler dirai-je quand je cuisine les soirs. Je souffre et je ne pourrai rien faire. Les chômeurs galère pour trouver même un petit boulot de porteur de marchandises donc c'est pas moi qui suis élève avec un emploi du temps très chargée qui aurait de la chance.
Rien, rien, rien. Il n'y a rien dans ces fichues petites annonces. Pas un seul emploi correct. Je ne cherche pas le job de ma vie, loin de là, mais autre chose que technicienne de surface ou dame de compagnie. D'ailleurs, je ne suis pas bien sûre de la définition qu'accorde le mec à ce terme. A mon avis,c'est plus sexuel qu'autre chose. Non mais regardez celle-là : Homme seul, d'une cinquantaine d'années, recherche jeune femme (18-35 ans) pour moments divertissants (lecture, jeux de société...). Personnes sérieuses uniquement.
Tel : 95******
18-35 ans ? Moments divertissants ? (rire) Faut pas nous prendre pour des connes. Je vois une autre annonce : " Le supermarché EREVAN recrute de toute urgence pour pour l'ouverture de nouveaux sites à (Cotonou, Calavi, Porto-Novo, Allada, Parakou, Bohicon, Ouidah et Lokossa) des secrétaires, comptables, caissiers, agents d'entretiens, agents de sécurité et 35 réceptionnistes(fille et garçon dynamique) soit 5 par site. Contact : Appelez le +*********9"
Je finis de lire l'article avec surprise. Je suis surprise qu'un centre commercial de l'envergure d'Erevan ait lancé un tel avis de recrutement alors qu'il est très sélectif dans son personnel. Si tu as la chance de travailler à Erevan, c'est soit parce que quelqu'un de très bien placé t'a pistonné ou parce que tu as vraiment du lourd dans ton CV. Je décide quand même d'écrire le numéro dans mon petit cahier de notes pour appeler une fois à la cabine. Je parcours encore plusieurs offres d'emploi mais ne tombe que sur des annonces de nounou ou de ménage à temps plein. Je ferme énergiquement la fenêtre du site d'emplois avant de me lever de la chaise sur laquelle je suis assise depuis bientôt deux heures. Je quitte le cybercafé dégoûté mais en gardant tout de même une once d'espoir à l'idée que celui du supermarché pourrait marcher. Je ne veux même pas un truc très haut placé. Avec le job d'agent d'entretien ça peut aller car c'est un boulot d'à peine deux ou trois heures. Ça ne pourrait pas trop impacter sur mes cours.
J'arrive devant une cabine de recharge MTN-Moov-Celtis. Il y a une jeune dame très maquillé à l'intérieur.
Moi (souriante): Bonjour tata.
Elle : Bonjour.
Moi : S'il vous plaît, est-ce possible que j'achète du forfait sur votre téléphone pour passer un appel ?
Elle : Okay mais vous passerez l'appel devant moi. Je ne veux pas avoir des problèmes.
Moi : D'accord. Merci tata. Faites pour 100f s'il vous plait.
Elle le fait et me remets le petit téléphone itel dans la main. Je fais sortir mon bloc-note et compose le numéro. Ça sonne un moment avant que quelqu'un ne décroche.
La voix d'un homme se fait entendre à l'autre bout du fil.
- Bonjour, monsieur Donald à l'appareil. À qui ai-je l'honneur s'il vous plaît ?
Moi : Euh bonjour monsieur. En fait je vous appelle parce que j'ai vu une annonce à propos du recrutement de nouveaux employés par Erevan.
- Ah oui. Merci d'avoir téléphoné mademoiselle. Vous êtes intéressé par quel poste ?
Moi : Par le poste d'agent d'entretien monsieur.
- Le salaire pour ce poste est fixé à 60 mille le mois. Vous travaillerez quatre fois dans la semaine. Les mardis, jeudi, vendredi et dimanche de 6h à 9h. Est-ce que cela vous convient ?
Moi (surprise par la facilité de l'entretien et du montant du salaire): Euh oui monsieur.
- Vous habitez où ? Et quel est vôtre nom et votre âge?
Moi : J'habite à Cité Houeyiho. J'ai 19 ans et je m'appelle Merry Toumo, monsieur.
- (sur un ton joyeux) Waouh vous aviez le même prénom que mon épouse. Enchanté Merry. Vous êtes embauché.
Moi (surprise et heureuse): Oh vraiment ?
- Oui. Vous viendrez à l'erevan de la plage mardi pour commencer votre travail. Mais avant ça il faudra payer les frais de votre badge qui prouve que vous êtes un employé du centre. Le badge coûte 6500f.
Moi : Oh, euh je ne savais pas qu'il faudrait payer des frais de badge. (réfléchissant à vive allure) Je viendrai avec le mardi.
- Si je peux vous donner un conseil, Merry, c'est de payer aujourd'hui même les frais. Nous sommes un très grand centre commercial comme vous le savez et plusieurs personnes comme vous nous appelle pour le poste. Si vous payez vos frais on vous remets votre badge les minutes suivantes. Je ne vous cache pas que je vous embauche parce que le fait d'apprendre que vous avez le même prénom que ma femme m'a attendri. Si vous n'avez pas les frais de badge alors je suis désolé de vous dire...
Moi (affolée): Excusez-moi monsieur. Où dois-je venir pour déposer les frais et récupérer le badge ?
- Vous envoyez les frais par MTN money sur ce numéro. Nous vous appellerons pour récupérer le badge moins d'une heure après, le temps pour nous de mettre votre nom sur ça.
Moi : Euh je ne peux pas vous voir ou venir quelque part pour remettre directement l'argent et attendre de prendre en même temps le badge ?
- Non mademoiselle. Nous ne fonctionnons pas ainsi.
Moi : Hum j'ai peur hein monsieur.
-Si vous avez peur, rassurez-vous de notre sérieux. Notre centre commercial est le plus grand du pays et nous n'avons pas à vouloir vous escroquer alors que nous brassons des millions par jour.
Moi : D'accord monsieur. Je vous ferai le dépôt tout à l'heure.
- D'accord mademoiselle Merry. Ne tardez pas trop car nous avions plusieurs autres personnes qui sont intéressés par le poste ici. Ne ratez pas votre chance de travailler à EREVAN.
Je raccroche en soupirant et retourne le téléphone à la dame de la cabine.
Elle : Tu as utilisé tes 100f de forfait et tu es encore rentré dans les miens.
Moi : Excusez-moi beaucoup tata.
Elle : Humm j'ai écouté ta conversation téléphonique. Si tu as de l'argent à gaspiller tu peux envoyer l'argent à cette personne sinon personnellement je ne te conseille pas. Ces gens sont de grands escroc. Je suis tombé sur eux quand je cherchais un job et j'ai tout de suite cerné l'arnaque. C'est une amie à moi qui s'est faite avoir comme une conne. Ces voleurs n'ont pas froid aux yeux. Ils profitent du malheur d'autrui pour se remplir les poches. Ne désespère pas ma chérie. Tu trouveras un vrai boulot.
Moi (triste): Merci.
Je quitte la cabine plus déçu que jamais. La méchanceté des gens n'a plus de limite quoi. J'ai pris les quelques sous que j'avais sur moi pour venir payer des heures dans ce cyber café pour pouvoir explorer les offres d'emploi mais je crois que j'aurais dû garder mes sous pour manger avec. Pour ce qu'il en est des soit disant frais de badge je ne les avais pas mais je comptais emprunter chez ma mère et lui rembourser avec intérêt à la fin du mois et voilà qu'en fait cet homme comptait m'escroquer.
Je marche en cherchant un zem pour rentrer.
Moi : Cité Houeyiho vers la poste, j'ai 100f (dis-je au taxi moto que j'ai appelé)
Zem (me regardant de la tête au pied avec dédain): N'est-ce pas c'est la moto de ton père ? Viens prendre le guidon et tu conduis carrément c'est mieux. Tchrumm.
Sur ce, il démarre en trombe me laissant derrière lui avec un soulèvement de poussière. Je n'avais aucun sou sur moi à part cette dernière pièce de 100f et aucun zem (moto taximan) n'acceptait de me prendre à ce prix, la normale étant 400f. J'appelle encore plusieurs taxi moto mais ils avaient tous un mot méchant à me lancer pour le prix que je leur proposais.
Je dus marcher une bonne trentaine de minutes avant de finalement trouver un zem qui me dépose chez moi. Je retrouve ma mère et ma chipie de fille autour d'un bon plat d'akassa et de sauce pistache.
Moi : Bonsoir ma'a.
Elle me toise de la tête tête aux pieds et continue de manger. Je n'en fais pas cas et continue mon chemin mais sa voix me stop net.
Maman : J'espère que tu as commencé le travail
Moi : Non. Je n'ai pas encore trouvé un boulot.
Maman : Tu n'as pas encore trouvé un boulot ?! Tu n'as pas encore trouvé ! C'est bien. Quand la faim sera sur le point de te tuer, tu te dépêcheras pour trouver un job.
Les yeux brouillée par les larmes je m'enfuis dans ma chambre pour pleurer ma peine.
A SUIVRE...