Je tapote légèrement sur mes cuisses tout en suivant des yeux notre prof de maths qui partage les feuilles de devoir et d'interrogation. Un devoir si difficile que tout le monde appréhende sa note avec Monsieur Henry réputé pour serrer la correction des copies de ses élèves excepté moi.
Que je travaille ou pas j'aurai une forte note. M. Henry c'est mon mec. Ne roulez pas les yeux. Quand je dis monsieur c'est à cause de son statut de professeur sinon il n'a que 28 ans. C'est l'un des plus jeunes profs de l'établissement.
Nous sortons ensemble depuis près de trois ans déjà et c'est lui qui paye ma contribution dans ce prestigieux collège. Sinon avant je fréquentais un collège publique. Orpheline de père, j'habite avec ma mère qui n'a pas les moyens nécessaires pour me donner la vie dont j'ai toujours rêvé. Elle est vendeuse de tomates fraîches et des légumes au marché central. Commerce que je trouve honteux.
À l'âge de 13 ans, j'ai perdu ma virginité avec un vieux chauffeur qui venait souvent livrer les marchandises à me mère.
Maman était malade en cette période et c'est moi qui allait au marché à sa place après l'école. Je me suis fait escroquer 4000f par une fausse cliente. J'en pleurais quand le chauffeur est venu livrer et m'a demandé ce qui n'allait pas. Je lui ai expliqué et c'est là qu'il m'a proposé de coucher avec lui et en retour il allait couvrir ma perte. C'est ainsi que j'ai perdu mon innocence.
Ayant pris goût au bangala, j'ai continué à me donner à lui en échange de quelques sous. Il décède un an après et je me suis mise à collectionner les mecs.
Lorsque j'ai rencontré Henry c'était par un soir pluvieux et je m'abritais sous une tente devant la maison ou il louait. J'étais enrhumé et tremblante de froid et ayant eu pitié il m'a proposé de venir me réchauffer dans son appartement.
Il m'a laissé prendre une douche dans sa salle de bain bien équipée, m'a emprunté une robe appartenant à sa petite amie m'a-t-il dit et m'a fait un bouillon. Jamais je n'avais rencontré quelqu'un ayant un si bon cœur et aussi personne ne s'était si bien occupé de moi. Henry louait un appart chambre salon sanitaire classe. On peut sentir que le gars a le goût du luxe vu la manière dont était équipé son salon, la chambre et la cuisine.
Je n'étais pas habitué à un tel luxe et j'ai tout de suite succombé. J'ai alors tout fait pour créer le contact entre nous. Nous sommes devenus des amis. Il m'a présenté sa copine Raïssa que j'ai tout de suite détesté parce qu'elle avait eu la chance d'être avec celui que je voulais. Henry m'invitait souvent au resto, dans des endroits chics et huppé. C'est à cette époque que j'avais appris qu'il était professeur de mathématiques, chose étonnante vue son train de vie. Raïssa ne voyait pas de bon œil notre amitié et c'était justement ce que je voulais.
J'ai tout fait pour semer le doute dans son esprit et la rendre hystérique.
Résultat final : Elle n'a pas supporté et a rompu.
Henry en était tombé malade et l'ai consolé à ma manière même s'il m'a donné du fil à retordre (sourire). J'étais élève en classe de première à l'époque. Henry me donnait des sommes pas possible qui m'ont encore plus monté la tête. Je payais les habits ou tout article nouvellement venu à la mode. Je manquais de respect à ma mère car je savais que quoique je fasse elle ne pouvait rien me faire. À la fin de l'année scolaire j'ai redoublé la première. J'avais tellement pleuré dans les oreilles d'Henry qu'il m'a inscrit dans le privé où il bossait. La chance n'est-ce pas ?
C'est là que j'ai rencontré Akankê, une métisse gosse de riche, star sur insta, Facebook, Twitter et tiktok. Parce qu'elle a eu la chance d'être né avec une cuillère d'argent dans la bouche elle se croit le nombril du monde et ne traine qu'avec les gens de son rang social. J'ai joué le jeu, inventant que je suis une bobo dont les parents vivent en Angleterre patati patata.
Nous sommes devenus très vite amis et voilà.
- Rose ANOUA.
Je sursaute et quitte mes pensées quand j'entends Henry épeler mon nom.
Moi : Oui monsieur.
Henry (le visage fermé): Devoir 02/20, interrogation 07/20.
Quoi ? Je me lève pour récupérer ma feuille en pestant intérieurement. Henry se fout de moi ou quoi ? Comment peut-il me donner des notes si minables alors que je suis sa copine et qu'il dort pratiquement tout les soirs entre mes cuisses ?
Je fulmine tout en me promettant de lui toucher deux mots ce soir avant de rentrer. Personne n'est au courant que nous sommes en couple. Pas même Akankê. Nous finissons son cours à 17h et entamons un autre qui finit à 19h. Dès que nous sommes libres de rentrer chez nous, je prends un zem pour chez qui vous savez. Je n'ai pas besoin de toquer à la porte puisque j'avais le double des clés avec moi.
Je retrouve Henry assis confortablement sur son lit trois places, son pc sur les cuisses.
Moi ( lui jetant les feuilles à la figure): Tu peux m'expliquer ses fichues notes ?
Henry (calme): Ce sont les tiens voyons.
Moi : Tu n'as pas le droit de me donner de me donner des notes si minables Henry. Je suis ta petite amie bon sang. Tu pouvais me donner un petit 17 ou ou un 18. Ça n'allait pas te tuer.
Henry ( énervé): Parce que tu crois que ses idioties que tu as griffonné sur les feuilles valent de telles notes? Je t'ai noté à la hauteur de ce que tu as écrit et sincèrement tu me déçois beaucoup. Tu fais des efforts dans les autres matières sauf la mienne attendant que je t'invente des notes ? Ah non non Rose. Cela ne se fait pas. Je ne suis pas malhonnête et je ne le serai pas sous prétexte que tu es ma copine.
Moi : Pfffff.
Henry : Tu es en classe d'examen Rose. Le bac n'est pas du jeu. Si je t'habitue à des fausses notes en classe, que ferais-tu là bas ? Je t'ai même proposé de t'aider mais tu ne veux pas. Ta contribution s'élève à 285 mille sans oublier les frais de TD 40.000f que je paye chaque mois ainsi que ton argent de poche. Comment j'arrive à tout payer sans oublier mon loyer et tout ce qui va avec ? Tu crois que mon seul mon salaire d'enseignant peut me le permettre ?
Moi : Il y a l'argent du blanc.
Il soupire d'agacement puis se reconcentre sur son pc sans m'adresser une autre parole. Il pense que je ne sais pas qu'il est brouteur. Tsuip. Je le laisse puis me dirige dans la cuisine pour constater qu'il a cuisiné du coucous avec une sauce de sardines.
Je me sers suffisamment et une fois rassasié je ramasse le billet de 5000 qui traine sur la table de chevet et sors sans lui dire au revoir.
C'est vrai que je l'aime bien mais il me mets trop en rogne avec son attitude. Toujours prêt à faire des reproches.
" C'est parce que c'est toi que mon monde s'arrête, parce que c'est toi que ma route tourne, parce que sans toi je n'y arriverai pas. Faut que la terre sache que mon ciel c'est toi. Parce que c'est t.."
C'est la sonnerie d'appel de mon téléphone. J'adore trop cette chanson " Parce que c'est toi" du couple AnKaa et Dac et du coup j'en ai fait ma sonnerie d'appel pour tout mes contacts.
Je sors le téléphone de mon sac à dos et constate que c'est Joe, un camarade de classe, fils d'un député qui me cours après depuis quelques temps. Je n'ai pas encore accepté ses avances. J'envisage encore.
Moi (décrochant): Bonsoir mon chou.
[ Joe : Oui ma belle. Tu fais quoi actu?]
Moi : Rien hun. Un plan ?
[ Joe : Je suis au Code bar avec des potes. Tu peux venir ?]
Moi : Oki. Pas de problème. Je te préviens quand je serai sur place.
[ Joe : D'accord bb. À plus]
Je raccroche en lâchant un cri de joie puis cours à la maison pour me préparer pour le rejoindre. Je sais déjà que ma mère ne voudras pas que je sorte. Mais est-ce que je vais même la gérer ?
Que la vie est belle !
*
*
*** AKANKÊ ELISHA
Nous sommes le 13 mars et je suis devant ma copie entrain de mâcher le bout de mon stylo bleu. Nous sommes en devoir et c'est ce mercredi matin qu'on compose l'épreuve d'histoire géographie. La composition dure 4h de temps. Deux heures trente cinq minutes vient de s'écouler et je n'ai pas encore entamé la partie dissertation. J'ai seulement envie de pleurer. C'est la première fois que je néglige une partie de mon cours car je jugeais que cette partie était moins important et voilà que ça sort en devoir et je ne sais quoi écrire.
Soupirant de frustration avec une grande envie de pleurer, je baisse la tête sur la table. J'entends la voix de Merry chuchoter en m'appelant mais je l'ignore. Je ne sais pas ce qu'elle a à me dire et je ne veux même pas savoir. Avec mon humeur actuel qu'elle ne me cherche même pas sinon je ne vais pas la rater.
Merry : Hey Akankê.
Je l'ignore toujours.
Merry : Ce n'est pas pour te déranger mais j'ai glissé un papier dans...
- Que se passe-t-il ici ?
Je relève ma tête et constate que le prof qui nous surveille se tient devant notre table banc.
Merry : Euuuuh rien monsieur.
Le prof : Rien comment ? Vous avez toutes les deux vos têtes baissés en plein devoir et je constate que vous communiquez et vous me dites qu'il n'y a rien ?
Merry : Il n'y...
Moi (la coupant): Écoutez-moi monsieur je ne sais pas de quoi vous parlez. C'est vrai que j'ai la tête baissée mais je ne communique pas. C'est ma voisine de table que voici qui ne faisait que me déranger.
Le prof : Ah je vois. (s'adressant à Merry) levez-vous mademoiselle. Je vous change de place et vous aurez moins cinq sur votre copie. J'en ferai personnellement part à votre professeur d'histoire. On vous dit d'apprendre vos cours, vous ne le faites pas et venez déranger vos camarades.
Merry se lève la mine triste et suis le prof qui lui cherche une autre place. C'est vrai que je n'aurais pas dû la dénoncer comme ça mais akah, la fille là m'énerve trop. Je lui ai plusieurs fois répété de ne pas m'adresser la parole mais elle n'en fait qu'à sa tête. Je repose ma tête sur la table mais une feuille dans le casier attire mon regard.
Intriguée, je le prends discrètement pour le poser sur la table devant moi. Je constate que c'est les réponses des consignes de la dissertation qui s'y trouvent. Je me rends alors compte que c'est de ça Merry voulait me parler. Elle voulait m'aider mais je l'ai mal traité.
Je me sens mal mais ce n'est rien. Elle pouvait bien me prévenir autrement. De nouveau apte, je me remets au travail et traite mon sujet sans encombre.
*
*
Nous finissons les compos le lendemain dans l'après midi et j'ai enfin le temps de souffler. Étant connecté sur Skype, je discute avec mon mon grand frère de coeur Evan. Je lui raconte l'épisode d'hier de Merry et moi et sans que je m'y attende il se met à me réprimander.
Evan : Ce que tu as fait est très mal Akankê. Je suis très déçu.
Moi (triste): Ne dis pas ça Evan. Je n'aime pas quand tu dis que je te déçois.
Evan : C'est pourtant vrai. Quand tu as constaté que c'est la réponse qu'elle te filait pourquoi as-tu recopié ? Et pourquoi ne t'es-tu pas rapproché d'elle après les cours pour t'excuser ? Elle a remarqué que tu étais en difficulté et voulait t'aider en toute innocence mais tu l'as en quelque sorte dénoncé et tu n'as pas pris la peine de reconnaître ton tort par la suite.
Moi (gazée): C'est bon chef. Demain je vais lui présenter mes excuses.
Evan : Si c'est parce que je te l'ai dit ne le fait pas. Ça n'aura aucune importance. Que reproches-tu juste à cette fille ?
Moi : Rien. Juste que je n'aime pas trainer avec les microbes. Evan, tu t'en rends compte ? C'est une fille tellement pauvre que ça fait pitié. En plus elle est grosse. Moins un et elle frolerait l'obésité.
Evan : Donc si je comprends bien tu tries tes proches en évaluant leurs situations sociales et leurs atouts physiques ? Je te savais superficielle et égoïste mais pas à ce point. Donc tu méprises cette fille parce qu'elle n'a pas eu la chance comme toi de naître dans une famille hyper riche ? Ou parce qu'elle n'a pas la taille mannequin comme toi ? On choisit soi-même le milieu dans lequel on va naît ? Donc si j'étais un pauvre type fauché qui se démène pour survivre je n'allais même pas avoir la chance d'être compté parmi tes " amis".
Moi( me sentant mal dans ma peau) : Ne dis pas ça Evan. Ce n'est pas vrai.
Evan : Bien sûr que c'est vrai et tu le sais. Je ne vais pas beaucoup te retenir en ligne. Je te souhaite une excellente nuit.
Moi :...
Il ne me laisse même pas le temps d'en placer une qu'il se déconnecte. Je dépose mon pc les larmes aux yeux. Je n'aime du tout pas quand Evan se montre si dure avec moi. Il tient une place très importante dans mon cœur et savoir que je le déçois me fait atrocement mal. Il a raison sur route la ligne. Je suis un monstre égoïste.
La manière dont je me comporte avec Merry depuis le début n'est pas très honorable je le reconnais. Elle s'est toujours montré calme et gentille avec moi malgré tout les paroles blessantes et humiliations publique que je lui fais subir.
J'essaie de me mettre un peu à sa place et je me déteste encore plus. Je me couche tard en me détestant pour mes actes.
C'est fini. Le lundi je me promet de m'excuser auprès de Merry et reprendre sur de bonnes bases avec elle.
À SUIVRE...