La première chose à laquelle je pense en ouvrant les yeux, est qu'il faut beaucoup trop noir. Le vent souffle et j'ai froid. Je regarde autour de moi, je ne sais absolument pas où je suis. Une rivière coule tout près éclairée par la lueur de la lune. Je me frotte les épaules lorsque je réalise soudain que je suis nue. Bordel je suis nue dans une putain de forêt ! Ma première réaction est de me couvrir la poitrine, je regarde autour de moi affolée, mais je ne vois personne, soulagée, je me lève et je marche jusqu'à la rivière, je mets ma main dans l'eau et je la recueille entre mes mains pour la boire. Pourquoi ai-je l'air aussi sereine ? Je devrais être terrifiée, mais on dirait que la forêt et moi sommes en communion. Je ne suis pourtant pas une adepte de la nature, non ces conneries c'est Katia qui en est dingue. Mais j'ai l'impression qu'aujourd'hui plus que jamais je comprends parfaitement ce qu'elle veut dire en parlant de ne faire qu'un avec la nature. J'ai l'impression que loin de me terrifier, la forêt m'apaise, on dirait presque qu'elle me protège. De quoi ? Je ne sais pas, mais cette sensation de sécurité me fait du bien. D'autant plus que ça fait des années que je n'ai rien ressenti de similaire. J'avale une gorgée d'eau et je suis surprise que cette eau soit aussi bonne, c'est l'eau la plus bonne que je n'ai jamais bu et je n'exagère rien. Une question reste cependant en suspens dans mon esprit, où suis-je ? Je regarde à nouveau autour de moi dans l'espoir de trouver un indice mais je ne vois que les arbres autour. Mon regard s'arrête soudain lorsque je pense avoir distingué une silhouette sur un rocher.
" Il y'a quelqu'un ? "
Je plisse les yeux pour mieux voir et la silhouette commence à prendre forme. Il s'agit d'un énorme chien, je me lève et je marche pieds nus dans sa direction.
" Tu es perdu toi aussi ? "
Le chien se met à grogner et je me fige. Je suis tétanisée de peur et j'avale difficilement ma salive. Ce grognement est bestial, voir même monstrueux, ça ne peut-être le grognement d'un chien, c'est un animal sauvage ! La bête saute de son rocher et atterrit à mes pieds. Tout mon corps est en alerte, mon cerveau ordonne à mes pieds de partir en courant, mais on dirait qu'il ne m'obéissent pas. Je suis comme clouée sur place. L'animal grogne en faisant un cercle autour de moi. Je ferme les yeux et je serre les poings. Peut-être que si j'arrête de respirer, il partira aussi soudainement qu'il n'est venu. Il s'arrête à nouveau devant moi et grogne. Il bondit sur moi, me plaquant au sol. Je ferme les yeux, puis je les ouvre à nouveau. L'animal me regarde comme s'il essayait de lire en moi, son regard perçant me transperce et je me contente de faire de même avec lui. Il me donne un coup de langue, comme pour me dire je t'accepte, tu n'as pas à avoir peur. Je lève une main tremblante et je la pose sur sa fourrure. Elle est tellement douce entre mes doigts qu'on dirait de la soie. Je lui gratte les oreilles et il ferme les yeux, il adore et moi j'aime l'avoir ainsi dans mes bras. Je me sens bien, je suis en sécurité avec lui. L'animal que je sais maintenant être un loup, un loup immense qui me lèche le cou. Je ferme les yeux et je gémis. Bordel ! Suis-je vraiment en train de prendre du plaisir avec un animal ? Suis-je donc réduite à ça. Les poils sous mes mains ont disparu, j'ouvre subitement les yeux quand je remarque cela, l'animal que je tenais dans mes bras s'est soudainement transformé en homme. Et quel homme ! Dans la position où je suis, la seule chose que je peux voir, c'est son dos, tout en muscle. La langue continue de me lécher le cou tout en glissant sa main entre mes jambes. Mes cuisses s'ouvrent d'elles-mêmes, comme muées par leur propre désir. Son doigt écarte mes lèvres intimes et je me mords la lèvre. Il grogne lorsqu'il découvre que je suis déjà mouillée. Son doigt fait de petits cercles sur mon clitoris et Dieu que c'est bon, ça fait des années qu'aucun homme ne m'a touché. Je me pince le téton et le plaisir devient plus fort, mon envie de jouir plus pressante.
" Retire ta main, je veux être le seul à te toucher. "
Un frisson parcourt mon corps et je pousse un gémissement. Cette voix Seigneur ! Ce timbre de voix qui a lui seul pourrait me donner un orgasme. On dirait un Dieu, il a la voix d'une personne qui est habituée à être obéit, sa voix n'appelle à aucune discussion. Ma main quitte doucement mon corps et il sourit contre mon cou. Sa bouche quitte mon cou et il me pince un téton, si fort que je crie pataugeant entre plaisir et douleur. Il descend sur mon ventre et y dépose de petits baisers, je serre les yeux si fort, j'ai peur de les ouvrir et de réaliser que ce n'était qu'un rêve. Sa tête se niche entre mes cuisses et lorsque je sens sa langue sur me laper le clitoris, je jouis bruyamment.
Je me réveille en sursaut en entendant la sonnerie de mon réveil. Je le regarde posé au chevet de mon lit et je lance l'oreiller dessus.
" Fichu réveil. "
Il tombe en pièces près de ma commode et l'oreiller lui tombe dessus. Je pousse un soupir et me recouche en gémissant de frustration. Le réveil de mon téléphone lui aussi se met à sonner et là je comprends que je n'ai pas d'autre choix que de me lever. Je tire les couvertures et je pose le pied droit par terre. Sans doute à cause des superstitions de ma grand-mère. Je sais depuis longtemps que pour commencer une bonne journée, je ne devrais jamais sortir du lit du pied gauche. Je me lève et mon regard est attiré par la tâche qui est au milieu du lit. Je l'ai trempé avec ma mouille. Je me mords la langue lorsque je repense à ce qui s'est passé et je file dans la salle de bains. Je prends une douche rapide, froide pour éteindre le brasier que j'ai entre mes jambes. Je termine et je vais dans la chambre chercher quoi me mettre. J'ai un rendez-vous avec le directeur de l'école dans laquelle j'enseigne. Je laisse tomber la serviette que j'ai enroulée autour de moi et je me regarde dans le miroir. J'ai perdu beaucoup de poids. Énormément pour être exact. Ma peau couleur café au lait m'envoie des messages comme pour me dire tu as arrêté de prendre soin de moi. Je pousse un soupir, me voir dans cet état fait remonter des souvenirs douloureux, surtout lorsque je vois les cicatrices que j'ai autour de mes poignets. À cause de ça je suis contrainte de porter uniquement des vêtements à manches longues. Peut-être qu'un jour, quand j'aurais vraiment laissé ça derrière moi, je pourrai à nouveau me mettre en valeur. Je choisis de porter un taille noir, basique, je regarde mes cheveux frisés qui forme une couronne autour de ma tête, je ne sais jamais comment les coiffer. Alors la plupart du temps je les laisse ainsi. Je termine par mettre des boucles et je prends mon sac à main. En sortant de la maison, j'appelle ma mère.
" Bonjour maman. "
" Oh ma chérie, j'étais tellement inquiète. "
" Mais pourquoi ? " Demandais-je en plissant les yeux.
" Mon Dieu ! Tu as fait deux jours sans donner de nouvelles, j'ai bien cru qu'il t'était arrivé quelque. "
Je plisse les yeux et je m'adosse contre la voiture. Je comprends très bien ce qu'elle ressent. Ils sont tous morts d'inquiétude pour moi. Je souris et je rassure ma mère en lui disant que je vais bien.
" Je vais voir le directeur aujourd'hui. "
" Penser que tu vas aller vivre à l'autre bout du monde me fait peur, mais c'est la meilleure chose à faire. Du moins temps que cette ordure est en liberté. "
Je secoue la tête comme si ma mère pouvait me voir, j'étais à soixante-dix kilomètres d'elle et là, je risque encore d'aller plus loin. Tout ça parce que je fuis un ex totalement psychopathe.
" S'il est d'accord, je risque de partir en fin de semaine, je ne pourrais pas venir te voir. " Dis-je en baissant la tête tristement. Ma famille est très importante pour moi.
" Je préfère te savoir loin en sécurité, plutôt qu'ici en danger avec ce fou ! "
" Je t'aime maman. " Dis-je en posant la tête sur la voiture.
" Moi aussi ma chérie, continue de rester forte. Nous ne pouvons pas rester longtemps au téléphone, tu sais très bien pourquoi. "
Je lui dis au revoir avant de raccrocher, je monte dans la voiture et je démarre pour me rendre sur mon lieu de service, je regarde par le rétroviseur pour être certaine que personne ne me suit. Une fois certaine de cela, je continue de rouler le cœur tranquille. Je gare ma petite Audi dans le parking de l'école, quiconque me connaissait avant serait surpris de me voir rouler dans cette voiture aujourd'hui pourtant j'ai conduit des voitures de luxe. J'entre dans le bâtiment et je salue tous les collègues que je croise au passage. Je frappe deux petits coups discrets sur la porte du bureau du directeur, puis j'entre.
" Ah Loreen ! Bonjour. "
" Bonjour Harry. "
Je tire une chaise et je m'assois dessus, il me sourit, puis ferme le dossier qu'il tenait entre ses mains et lève la tête vers moi.
" J'imagine que tu ne vas pas très bien. "
Et c'est le cas, depuis quelques jours la même voiture est garée en face de chez moi, matin et soir. Cet homme me surveille. J'en ai eu la certitude le jour où je suis allée faire les courses et que je l'ai vu entrer dans le magasin, mon ex mari paye un homme pour me suivre.
" Ta mère m'a appelé, j'ai fait de mon mieux pour te trouver une place dans une autre école, comme tu le sais c'est très loin. "
" J'irais n'importe où pourvu que je sois très loin de lui. "
" Très bien, tu iras donc enseigner au Canada. Dans ce dossier, tu as toutes les informations dont tu as besoin. "
Je prends le dossier sans toutefois l'ouvrir, je le regarde et dans mes yeux j'essaye de transmettre toute la gratitude que je ressens à l'égard de cet homme qui m'a accueilli ici au sein de son établissement il y'a de cela dix mois et qui m'a fait confiance. Le Canada ? Ce pays fait remonter en moi un souvenir lointain, un jour dans le métro, alors que je voulais sauter, j'en avais marre et je voulais en finir avec ma vie. C'était comme si le temps s'était arrêté, une femme s'est approché de moi, grande, brune, magnifique. Elle portait un manteau rouge et des escarpins noirs, ses grands yeux marrons étaient si beaux, je n'avais jamais vu pareille femme. Elle était tout ce que je n'étais pas. Elle a posé sa main sur la mienne et mes angoisses m'ont quitté d'un coup. Mes blessures ne me faisaient plus mal, les envies suicidaires m'avaient quitté. Je me sentais bien.
" Tu souffres peut-être en ce moment , mais laisse-moi te dire qu'un jour tout ira bien. Essaye de partir d'ici, recommence une nouvelle vie, pourquoi pas le Canada ? "
Elle m'a fait un grand sourire, puis est partie en me laissant là. J'ai regardé autour de moi, la vie continuait son cou, c'était comme si j'étais la seule à l'avoir vu. La seule à avouer remarqué que le temps avait ralenti. Je me suis frottée les yeux, puis je suis sortie du métro. Et c'est ce jour-là que j'ai eu le courage de quitter mon mari. Je n'en ai jamais parlé à personne et aujourd'hui on me propose d'aller au Canada, quelle coïncidence !
" Je dois avouer que c'est douloureux de te voir partir, tu as été d'une aide énorme. L'ecol perdra énormément. "
" Ce serait plutôt à moi de vous dire ça. Merci beaucoup Harry. "
" Tu vas me manquer Loreen, bonne chance. "