La loi et le chaos — Tome 1: Les gardiens du temple et de Saladin
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Chapitre 4 No.4

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Comme un lion en cage

Quand vous n'avez jamais mis les pieds dans un hôpital psychiatrique comme patient, vous ne pouvez pas savoir de quoi vous parlez.

Silas en avait fait l'expérience 18 jours en 2010, suite à son interdiction bancaire, le chantage de ne pas voir son premier fils, la difficulté de concilier le divorce avec sa nouvelle compagne Andreana, un travail éprouvant à l'antidrogue, et une consommation de cocaïne de fin de semaine non nécessaire.

Il avait fait une crise maniaque, et on l'avait incité à s'hospitaliser.

Il avait rencontré un des grands spécialistes local de la bipolarité : Le Dr Cheney.

Cette fois-ci, les choses se passèrent différemment, car il sentit une présence insistante de la part des infirmiers psychiatres durant les quatre premiers jours.

Il était médicamenté à mort pour faire tomber le cycle unipolaire maniaque.

Son unipolarité, peu commune, allait mettre dix ans à être diagnostiquée. Elle le serait seulement en janvier 2019.

Silas n'avait pas le cycle suicidaire et dépressif, mais seulement le cycle maniaque.

Cela le rendait dangereux physiquement, et internable à Cadillac, cet HP de haute sécurité près de Bordeaux. C'est le Dr Millot, un autre spécialiste de la bipolarité, focalisé sur les addictions, addictologue psychiatre, qui le lui confirma lors d'une séance un jour.

« Vous allez devoir changer votre algorithme de vie, monsieur Kern, car si vous continuez à vous comporter comme ça, un jour vous allez tuer quelqu'un lors d'une rixe, et là, si vous avez un très très bon avocat, vous irez 5 ans à Cadillac, endroit dont vous ne sortirez plus jamais de votre vie, car les médecins ne prendront pas le risque de vous faire ressortir, pour tuer à nouveau. Jusqu'à la fin de votre vie. Vous m'entendez ? Vous serez dans "le Silence des Agneaux." »

« Oui ! » avait dit Silas le regard lointain et pensif.

Donc, Silas n'était pas abruti par les médicaments, mais sentait une baisse de la tension dès son réveil. Il avait dormi l'après-midi jusqu'au lendemain matin de son internement de force à l'HP de Cayenne.

Coné vint le voir à son réveil pour voir comment il allait. Aucun mot ne fut échangé par lui.

Silas dit à Coné :

« Vous auriez pu me prévenir que le rendez-vous de 10 h 00 était obligatoire. »

Aucune réponse de Coné.

Les autres patients étaient différents les uns des autres. Il y avait de tout.

Des gens avec des psychoses, des maniaques comme Silas, bipolaires, des dépressifs suicidaires, deux. Deux hyperactifs. Des schizophrènes.

Les journées se déroulaient entre les discussions entre les patients, les jeux de cartes et de belote, les dominos, les parties de ping-pong entre les patients et les infirmiers, rythmées par des repas infâmes.

Tout le monde était poli

De temps à autre, un patient s'énervait et était repris de volée par les infirmiers.

Soit enfermé dans sa chambre, soit dans la chambre d'isolement.

Il y avait une femme, une aide-soignante de l'hôpital qui était arrivée depuis 3 jours, et qui ne décolérait pas dans la salle d'internement.

Elle passait son temps à frapper le plexi-glace avec ses poings.

Elle énervait tout le monde. C'est ce qu'elle cherchait.

Et puis, les journées passaient, et au bout d'un mois et demi, on proposa à Silas d'aller dans la section la plus dure de l'HP : Amarante, pour la désintox.

Deux cigarettes, matin, midi et soir. Des patients peu loquaces.

La solitude serait son sésame de sortie. Il accepta. Il voulait sortir d'ici.

Il était comme un lion en cage.

Il sortit au bout d'un mois.

Le Dr Millot s'était donné un mois pour extirper cette volonté, cette gourmandise de la tête de Silas. Ce qui fut fait.

« Vous savez, monsieur Kern, la cocaïne, le crack, c'est le péché de gourmandise. Quand on a décidé d'arrêter de se gaver pour son bien-être et celui de sa famille, on arrête tout seul. On a besoin d'aide pour ça. Ici, nous vous avons aidé, et j'espère que vous ne voudrez pas recommencer. Vous allez retravailler, même si vous devez faire très attention à votre administration.

Votre administration voit d'un sale œil ce que vous avez fait. C'est presque pire que de piquer dans la caisse et être corrompu, ce que vous n'êtes pas

Vous êtes honnête. Continuez, et allez dans le droit chemin. Ne buvez pas d'alcool.

Vous savez ? 80 % de la population mondiale ne boit pas d'alcool tous les jours car certains ont déjà du mal à boire de l'eau.

L'alcool n'est pas bon pour votre maladie. Elle entretient le cycle bipolaire et annihile les effets des médicaments dont vous avez besoin pour prévenir les rechutes.

Vous allez être seul.

La solitude est une amie que vous allez devoir vous faire.

C'est un luxe pour certains la solitude, car la promiscuité est dans le monde entier chez les pauvres. »

« Je n'aime pas la solitude, mais je vais retrouver mes enfants, et pouvoir les voir, lui répondit-il.

Mon objectif est de revoir mes enfants, c'est mon but.

Andreana est revenue du Brésil, je l'ai aidée à le faire, sinon, les enfants allaient être capturés par les services sociaux brésiliens.

Ne vous inquiétez pas pour moi. J'ai des objectifs maintenant.

Retrouver ma famille. »

Trois mois plus tard, Silas replongeait. Mais, ça, Andreana fit tout ce qu'il fallait pour que cela se reproduise.

Elle ne lui avait laissé aucune espérance réelle.

Elle allait le quitter de la pire des manières : lui laisser une espérance vaine.

Elle trouva un travail comme femme de chambre et son premier versement de la CAF fut pour payer une voiture à Silas, voiture qu'elle avait cassée le 10 octobre 2017, avant de partir dans la forêt.

Elle n'avait pas le permis, c'était normal. Elle payait sa dette. Pour lui c'était autre chose, pas pour elle.

Elle avait pris une petite chambre cachée de l'ASE. L'Aide sociale à l'enfance qui avait une ordonnance de placement des enfants en maison d'accueil.

Andreana avait les appuis de l'assistante sociale de la CAF et de la directrice de l'école de Laura et d'André pour que les enfants restent chez elle.

Par contre, le père ne devait pas être vu dans leur voisinage. C'était le contrat.

Deux femmes de l'ASE essayèrent bien d'enlever les enfants, mais Silas expliqua à Andreana que sans la police, elles n'avaient aucun moyen.

Les policiers de la brigade des mineurs avaient déjà enterré le dossier, considérant avec le procureur que les enfants n'étaient pas en danger vital. Seule possibilité pour eux d'agir.

L'ASE était déconsidérée comme étant une vengeance personnelle à l'encontre de Silas et d'Andreana qui avait déjà changé.

La grosse de l'ASE avait eu affaire à Silas au mauvais moment de leur vie commune.

Elle avait eu une fin de non-recevoir de Silas et d'Andreana, qui avait été en maison d'accueil, elle aussi au Brésil à ses 12 ans. Elle s'en était échappée.

Elle était allée dans les maisons des bas-fonds de Macapà où la police ne l'avait pas recherchée.

Sa mère l'avait prostituée à 14 ans avec une avocate de 40 ans, et après elle tomba amoureuse de son premier homme, le père de Lucien, dont elle tomba enceinte au premier rapport sexuel.

À partir de début juillet 2018, Laura venait tous les jours chez Silas passer la journée.

Au mois d'août, vers le 15, Andreana dû se réfugier chez Silas, car elle s'était fait virer du logement qu'elle occupait.

Il était heureux de retrouver sa famille.

Cela dura 15 jours, le temps qu'Andreana ait un appartement 3 pièces pour elle.

Le dernier soir, où elle déménageait, elle lui dit avant de se retirer dans son domicile, après une engueulade qu'elle avait provoquée.

« Tu ne sais pas me faire jouir... Tu nao sabe me fazer Gozar. »

Silas faillit la frapper pour la première fois : pour qu'elle se taise.

            
            

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